Lachute libre en soufflerie moins chère avec un simulateur proche de Nantes ! Spécialiste de la chute libre indoor et d'avion, Flydust vous propose ses nombreuses formules pour vous faire découvrir la simulateur de chute libre en soufflerie.Situés à l'aérodrome de La Roche sur Yon, nous vous accueillons dans un cadre idéal pour vivre des sensations fortes avec : le saut en
Vous vous êtes enfin décidé à réaliser l’un de vos rêves de sensations fortes le parachute ! Mais combien de temps ce saut en parachute va-t-il durer ? Il faut tout d’abord savoir que l’avion dans lequel vous allez prendre place mettra une quinzaine de minutes pour atteindre l’altitude de saut. Vous devriez avoir le temps d’admirer le paysage. Une fois à la bonne altitude, vous vous élancez dans le vide avec votre instructeur si vous sautez en tandem. Combien de temps dure un saut en parachute ? La durée de votre saut en parachute dépend donc de plusieurs critères, et notamment de l’altitude du saut. Combien de temps dure la chute libre pendant un saut en parachute ? Si vous réalisez un saut en tandem, vous sauterez généralement de l’avion à une altitude d’environ 4 000 m. Au-delà, il faudrait vous équiper de bouteilles d’oxygène pour respirer, mais cela ne vous sera pas proposé si vous réalisez votre premier saut. À cette hauteur, vous aurez environ une minute de chute libre pour faire le plein de sensations fortes et d’adrénaline. Vous découvrirez alors un sentiment de liberté indescriptible et aurez l’impression de voler comme un oiseau. En effet, lors de la chute, vous n’aurez pas la sensation de tomber dans le vide, mais plutôt celle de flotter sur l’air. Combien de temps dure un vol sous toile pendant saut en parachute ? Autour de 1500 m d’altitude, vous déploierez votre parachute. Vous aurez alors une durée d’environ 5 minutes de vol sous voile qui vous permettront de profiter pleinement du ciel et des paysages. Si vous le souhaitez, et selon votre aisance, vous pourrez vous essayer au pilotage de votre aile et vous amuser à réaliser une série de virages, plus ou moins serrés, ou encore à faire de la balançoire. De quoi vous amuser avant d’atterrir en toute sécurité. Ainsi, en totalisant les deux phases de votre saut en parachute, la durée sera d’environ 6 minutes. Vous souhaitez profiter d’une expérience unique ? Sport Découverte vous propose de nombreuses offres de saut en parachute d’une durée assez longue pour vous permettre de profiter de tout le paysage qui vous entoure et du surplus d’adrénaline qui va avec 😉 Ces activités pourraient vous intéresser Hautes Alpes 05 La note de ce produit est sur 5. 936 avis 250 € Voir plusà propos du produit Saut en parachute Tandem à Gap Tallard Val d'oise 95 La note de ce produit est 5 sur 5. 184 avis 260 € Voir plusà propos du produit Saut en Parachute Tandem près de Pontoise Rhône 69 La note de ce produit est sur 5. 161 avis 275 € Voir plusà propos du produit Saut en Parachute Tandem près de Lyon Gironde 33 La note de ce produit est sur 5. 359 avis 295 € Voir plusà propos du produit Saut en Parachute Tandem à Arcachon Seine et marne 77 La note de ce produit est sur 5. 327 avis 280 € Voir plusà propos du produit Saut en Parachute Tandem près de Provins Somme 80 La note de ce produit est sur 5. 842 avis 260 € Voir plusà propos du produit Saut en Parachute Tandem à Peronne proche Paris Voir plus d'activités
Lapartie chute libre (où vous atteignez 200 km/h en moins de 10 secondes) dure entre 50 et 60 secondes et c’est le meilleur moment de l’expérience car c’est là que vous aurez le plus d’adrénaline et de sensations fortes. À environ 1500 mètres au-dessus du sol, votre moniteur activera votre parachute, ce qui aura pour effet de ralentir votre chute.
Retour vers Saut en tandem Voir les sauts en tandem Déroulement de la journée Avant votre départ Téléphonez-nous avant de partir de la maison pour vous assurer que la météo est favorable pour votre saut en tandem. Aussi, il est recommandé de manger normalement avant de sauter en parachute. C'est pour cela qu'il nous fait plaisir de mettre à votre disposition un kiosque de collations et de breuvages! Prévoyez des vêtements supplémentaires pour le saut que vous n’avez pas peur de salir. Par temps plus froid, privilégiez le principe de la pelure d’oignon et optez pour plusieurs chandails plutôt qu'un seul manteau. Accueil À votre heure de convocation, vous devez vous présenter à l'entrée au bout du stationnement. Nos préposés à l'accueil seront heureux de vous y accueillir! À partir de votre heure de convocation, prévoyez être chez Parachute Voltige pour une durée totale de 2 à 3 heures. Formation Vous serez appelé à la formation par un membre du personnel qui vous expliquera le déroulement du saut en tandem. Une vidéo informative vous sera ensuite présentée. À la fin de la formation, on vous demandera de compléter un document de décharge de responsabilité. En signant ce document, vous attestez avoir pris connaissance des conditions d’admission à la pratique du parachutisme. C’est aussi le moment de mentionner si vous avez des maladies connues ou des blessures. Habillage Par la suite, vous serez invité à vous présenter à l’habillage. C’est à cette étape que vous rencontrerez votre instructeur tandem! Une combinaison de saut vous sera prêtée. L’instructeur effectuera tous les ajustements nécessaires pour que celui-ci soit confortable et sécuritaire. Montée Direction l'embarquement! En montée, vous aurez 20 minutes pour profiter du paysage de Joliette dans notre belle région de Lanaudière. Par journée de beau temps, vous aurez l'impression d'être à un pas de Montréal. Ainsi, pour le prix d'un saut en parachute, vous profiterez aussi d'un tour d'avion et d'une vue à vol d'oiseau imprenable! La sortie de l'avion Cinq minutes avant de sauter, votre instructeur tandem révisera les points clés de la chute libre et fera une dernière vérification de votre harnais. Vous serez solidement attaché à lui. La sortie de l'avion est l'un des moments forts d'un saut en parachute. La porte s'ouvre, vous glissez sur le banc, les émotions montent. Si vous avez pris le coffret souvenir, votre vidéaste sortira le premier et s'accrochera à l'extérieur de l'avion pour capter la meilleure prise de vue. Vous et votre instructeur serez agenouillés aux rebords de la porte. Puis, le moment venu, il donnera l'impulsion de départ, vous propulsant dans le vide… Vous voilà parti pour près d'une minute de pure adrénaline! La chute libre Notre saut en tandem le plus populaire est bien entendu le saut à l’altitude de 13 500 pieds 4 200 mètres car celui-ci vous permet de vivre une belle et longue chute libre. Cette altitude est reconnue internationalement et pratiquée dans les plus grandes écoles de parachutisme. Une fois que vous aurez atteint votre vitesse optimale 200KM/H et que votre instructeur vous aura stabilisé dans les airs, vous aurez l’impression de voler comme un oiseau. Contrairement à l'idée reçue, la chute libre ne donne pas l'impression de tomber dans le vide, car la friction avec l'air vous permet de contrôler vos mouvements. On se sent comme si on était sur un immense coussin moelleux. Votre maître tandem effectuera des tours complets de 360 degrés, afin de vous permettre de voir des kilomètres de paysage incroyable. Profitez de chaque instant et gardez les yeux grand ouverts, le temps passe vite avec toutes ces émotions, surtout quand on vit la meilleure expérience de saut en parachute de notre vie! L'ouverture du parachute À une altitude de 1 524 mètres 5 000 pieds, c'est-à-dire près d’une minute après la sortie de l'avion, votre instructeur vous signalera l'ouverture prochaine du parachute. Sous-voilure Après la chute libre, un merveilleux vol en parachute de 5 minutes vous attend. Vous en profiterez pour admirer le paysage splendide de Lanaudière et de la rivière L'Assomption. Un sentiment de liberté sans égal vous habitera. Sur demande, l'instructeur pourra vous faire piloter le parachute et vous pourrez vous amuser à faire des virages rapides. Si vous avez choisi l’option photo en vol, c’est à ce moment que l’instructeur captera entre 20 et 30 photos de votre expérience. L'atterrissage Un sentiment d'accomplissement et de puissance vous envahira, ce sont les effets de l'adrénaline. Vous ne regarderez plus jamais le ciel de la même façon! La remise du certificat de saut À votre retour à la maison, vous recevrez un diplôme officiel numérisé par courriel attestant de votre exploit. C'est à ce moment que les plus audacieux prendront goût au sport et s'informeront au sujet de la formation pour sauter en parachute. Le saut en tandem est l'un des prérequis pour suivre le cours de parachutisme, appelé PAC progression assistée de chute libre. Voir tous les détails Les options vidéos et photos Trois différentes options s’offrent à vous pour un magnifique souvenir de votre saut en parachute! Voir tous les détails
Ainsi pour faire un saut en parachute à Toulouse, par exemple, il faudra compter entre 30 et 45 minutes de voiture pour vous rendre jusqu’à l’école de parachutisme la plus proche. Sans une structure officielle, assurée et encadrée par des professionnels, il est strictement interdit de sauter en parachute.
mazig Verified answer Bonjour ´En 1 heure il parcourt 2342,8kmEn 38969,3 m ou 38,9693 km, il aura parcouru 38,9693 km/2342,8km= 0,0166 heureSoit 0,0166x60= 0,99 Min ou0,99x60= 59 courage . 1 votes Thanks 2 mazig Sa chute aurait duré 59 secondes matteotroca Merci beaucoup
Unsaut en parachute en tandem a une hauteur maximale de 4000 mètres selon votre expertise. D’ailleurs, sachez que si vous comptez allez plus haut, vous aurez obligatoirement besoin de bouteilles à oxygène, car la respiration sera impossible plus haut. Le saut en chute libre de 200km/h dure environ 50 60 secondes.
Le saut en parachute est une expérience unique et intense. Si vous avez l’occasion de le faire, vous ne le regretterez pas ! Voici comment se déroule un baptême de saut en parachute Après vous être inscrit pour le saut, vous serez briefé par un instructeur sur les consignes de sécurité. Ensuite, vous enfilerez votre combinaison et vous vous équiperez de votre casque et de vos lunettes. Vous monterez dans l’avion avec l’instructeur et d’autres parachutistes, et l’avion décollera. Une fois en hauteur, l’instructeur vous attachera à lui et vous vous approcherez de la porte de l’avion. Vous sauterez ensemble et, une fois en chute libre, l’instructeur ouvrira le parachute. Vous flotterez ensemble jusqu’au sol, où vous atterrirez en douceur. La préparation d’un saut en parachute Le saut en parachute est une activité extrême qui nécessite une préparation en amont, tant sur le plan physique que mental. Avant de sauter, il est important de se renseigner sur les conditions météorologiques, de choisir un équipement adapté et de suivre les consignes de sécurité. Le saut en parachute est une activité extrême qui nécessite une préparation en amont, tant sur le plan physique que mental. Avant de sauter, il est important de se renseigner sur les conditions météorologiques, de choisir un équipement adapté et de suivre les consignes de sécurité. Il existe différents types de sauts en parachute, mais le plus courant est le saut en tandem, où l’on est attaché à un moniteur expérimenté. Le saut en solo est possible mais il est plus risqué et requiert une formation préalable. Le jour du saut, il est important de bien écouter les consignes du moniteur et de se détendre. Lorsque l’on saute, il faut inspirer profondément et expirer lentement. Il ne faut surtout pas paniquer, car cela pourrait entraîner des accidents. L’atterrissage se fait en général en douceur, mais il peut y avoir quelques secousses. Il est important de bien suivre les instructions du moniteur pour réaliser une bonne landing et éviter les blessures. L’équipement nécessaire pour un saut en parachute Un saut en parachute est une expérience unique et mémorable. Cependant, il est important de se préparer adéquatement et d’utiliser le bon équipement pour garantir une expérience sécuritaire. Voici ce dont vous aurez besoin pour votre saut en parachute – Un parachute Bien sûr, vous aurez besoin d’un parachute certifié et en bon état pour réaliser votre saut. Votre instructeur vous aidera à choisir le bon parachute en fonction de votre expérience, de votre poids et de vos objectifs. – Une combinaison de saut Il est important de porter une combinaison de saut pour protéger votre corps contre le froid et les éléments. Votre instructeur vous aidera à choisir la combinaison qui vous convient le mieux. – Des lunettes de saut Les lunettes de saut protègent vos yeux du vent et des éclaboussures. Votre instructeur vous aidera à choisir des lunettes qui vous conviennent le mieux. – Des gants de saut Les gants de saut protègent vos mains contre le froid et les éléments. Votre instructeur vous aidera à choisir des gants qui vous conviennent le mieux. – Un casque de saut Le port d’un casque de saut est obligatoire pour tous les sauts en parachute. Votre instructeur vous aidera à choisir le casque qui vous convient le mieux. Les consignes de sécurité avant un saut en parachute Avant de vous lancer dans l’aventure d’un saut en parachute, il est important de bien connaître les consignes de sécurité. En effet, un saut en parachute est une activité extrêmement dangereuse et il est important de suivre scrupuleusement les consignes pour minimiser les risques. Voici donc quelques conseils à suivre avant de sauter Assurez-vous d’être en bonne condition physique et psychique. En effet, un saut en parachute est une activité physique et mentale exigeante et il est important d’être en forme pour pouvoir l’affronter. Si vous avez des doutes, n’hésitez pas à en parler à votre instructeur avant le saut. Informez-vous sur les conditions météorologiques avant le saut. En effet, les conditions météorologiques peuvent être un facteur déterminant dans la réussite ou l’échec d’un saut. Prenez donc le temps de vous renseigner avant de sauter. Suivez scrupuleusement les consignes de votre instructeur. En effet, c’est lui qui est le plus à même de vous guider et de vous conseiller. Écoutez-le et suivez-le à la lettre. Respectez les limites de poids et de taille. En effet, chaque parachute est conçu pour un poids et une taille précis et il est important de respecter ces limites pour éviter tout accident. Portez les vêtements et les chaussures appropriés. En effet, il est important de porter des vêtements confortables et des chaussures stables pour éviter tout risque de blessure. Prenez le temps de bien vous équiper. En effet, il est important de bien vérifier que tout votre équipement est en bon état avant de sauter. Prenez le temps de bien vous équiper et de vérifier que tout est en ordre. En suivant ces quelques conseils, vous serez paré pour effectuer votre saut en toute sécurité. N’oubliez pas que le saut en parachute est une activité extrêmement dangereuse et qu’il faut donc suivre scrupuleusement les consignes pour minimiser les risques. Prenez le temps de vous préparer et de bien vous équiper avant de sauter, et suivez les consignes de votre instructeur à la lettre. Le déroulement d’un saut en parachute Le déroulement d’un saut en parachute Le saut en parachute est une activité extrême qui peut être très impressionnante pour les spectateurs, mais aussi pour les participants. Cependant, il est important de se rappeler que les sauts en parachute sont extrêmement sûrs et que les accidents sont extrêmement rares. De plus, les professionnels du saut en parachute ont toutes les formations et les équipements nécessaires pour assurer la sécurité des participants. Avant le saut, les participants rencontreront leur moniteur de saut qui leur expliquera comment se passera le saut. Ils apprendront également comment utiliser l’équipement de saut et comment se préparer pour le saut. Une fois que toutes les explications seront terminées, ils seront habillés avec un harnais de saut et un casque, puis ils seront attachés à un moniteur de saut. Lorsque tout le monde est prêt, l’avion décollera et commencera à monter à une altitude de 4 000 mètres. À ce stade, les portes de l’avion s’ouvriront et les participants se prépareront à sauter. Le moniteur de saut donnera alors le signal et les participants sauteront ensemble de l’avion. Le saut en parachute est une expérience incroyable et inoubliable. La sensation de tomber librement pendant quelques minutes est quelque chose que tout le monde devrait essayer au moins une fois dans sa vie. L’arrivée après un saut en parachute Le saut en parachute est une activité extrême qui requiert une grande concentration et une bonne condition physique. Avant de sauter, il est important de suivre les instructions de l’instructeur et de bien se préparer mentally et physiquement. Lorsque vous arrivez au lieu du saut, vous devrez signer un formulaire de consentement et de responsabilité. Vous revêtirez ensuite votre combinaison de saut et votre casque. L’instructeur passera ensuite en revue les dernières instructions avec vous avant de vous attacher à lui. Une fois que vous serez prêt, vous monterez dans l’avion et l’instructeur vous briefera sur ce qui va se passer durant le saut. L’avion montera à une altitude d’environ 4000 mètres et lorsque vous serez prêt, l’instructeur ouvrira la porte de l’avion et vous sauterez ensemble. Le saut en parachute est une expérience extrêmement intense et exhilarante. Vous ressentirez une sensation de chute libre pendant environ 30 secondes avant que l’instructeur n’ouvre le parachute. Vous flotterez ensuite jusqu’au sol en douceur, où vous serez accueilli par l’équipe de secours. Le baptême de saut en parachute est une expérience unique et inoubliable. C’est un moment où vous pouvez vous sentir libre et vivre pleinement. C’est une aventure qui vous permettra de découvrir de nouvelles sensations et de vous dépasser. Blogueur et Journaliste Pratiquant le parachutisme depuis plus de 10 ans Je vous parage ce que j’en sais !
Programmedes sauts en parachute du stage PAC. 1er saut du stage PAC : Découverte de la chute libre accompagné par deux moniteurs. Après la sortie de l’avion à 4200m d’altitude, l’un des deux moniteurs vous lâche et vole face à vous. Ce saut vous permet de participer plus activement à votre baptême de chute. Vous ouvrez ensuite
BALZAC HISTOIRE DES TREIZE II LA DUCHESSE DE LANGEAIS À FRANTZ LISTZ. Il existe dans une ville espagnole située sur une Ãle de la Méditerranée, un couvent de Carmélites Déchaussées où la règle de l’Ordre institué par sainte Thérèse s’est conservée dans la rigueur primitive de la réformation due à cette illustre femme. Ce fait est vrai, quelque extraordinaire qu’il puisse paraÃtre. Quoique les maisons religieuses de la Péninsule et celles du Continent aient été presque toutes détruites ou bouleversées par les éclats de la révolution française et des guerres napoléoniennes, cette Ãle ayant été constamment protégée par la marine anglaise, son riche couvent et ses paisibles habitants se trouvèrent à l’abri des troubles et des spoliations générales. Les tempêtes de tout genre qui agitèrent les quinze premières années du dix-neuvième siècle se brisèrent donc devant ce rocher, peu distant des côtes de l’Andalousie. Si le nom de l’Empereur vint bruire jusque sur cette plage, il est douteux que son fantastique cortége de gloire et les flamboyantes majestés de sa vie météorique aient été comprises par les saintes filles agenouillées dans ce cloÃtre. Une rigidité conventuelle que rien n’avait altérée recommandait cet asile dans toutes les mémoires du monde catholique. Aussi, la pureté de sa règle y attira-t-elle, des points les plus éloignés de l’Europe, de tristes femmes dont l’âme, dépouillée de tous liens humains, soupirait après ce long suicide accompli dans le sein de Dieu. Nul couvent n’était d’ailleurs plus favorable au détachement complet des choses d’ici-bas, exigé par la vie religieuse. Cependant, il se voit sur le Continent un grand nombre de ces maisons magnifiquement bâties au gré de leur destination. Quelques-unes sont ensevelies au fond des vallées les plus solitaires ; d’autres suspendues au-dessus des montagnes les plus escarpées, ou jetées an bord des précipices ; partout l’homme a cherché les poésies de l’infini, la solennelle horreur du silence ; partout il a voulu se mettre au plus près de Dieu il l’a quêté sur les cimes, au fond des abÃmes, au bord des falaises, et l’a trouvé partout. Mais nulle autre part que sur ce rocher à demi européen, africain à demi, ne pouvaient se rencontrer autant d’harmonies différentes qui toutes concourussent à si bien élever l’âme, à en égaliser les impressions les plus douloureuses, à en attiédir les plus vives, à faire aux peines de la vie un lit profond. Ce monastère a été construit à l’extrémité de l’Ãle, au point culminant du rocher, qui, par un effet de la grande révolution du globe, est cassé net du côté de la mer, où, sur tous les points, il présente les vives arêtes de ses tables légèrement rongées à la hauteur de l’eau, mais infranchissables. Ce roc est protégé de toute atteinte par des écueils dangereux qui se prolongent au loin, et dans lesquels se joue le flot brillant de la Méditerranée. Il faut donc être en mer pour apercevoir les quatre corps du bâtiment carré dont la forme, la hauteur, les ouvertures ont été minutieusement prescrites par les lois monastiques. Du côté de la ville, l’église masque entièrement les solides constructions du cloÃtre, dont les toits sont couverts de larges dalles qui les rendent invulnérables aux coups de vent, aux orages et à l’action du soleil. L’église, due aux libéralités d’une famille espagnole, couronne la ville. La façade hardie, élégante, donne une grande et belle physionomie à cette petite cité maritime. N’est-ce pas un spectacle empreint de toutes nos sublimités terrestres que l’aspect d’une ville dont les toits pressés, presque tous disposés en amphithéâtre devant un joli port, sont surmontés d’un magnifique portail à triglyphe gothique, à campaniles, à tours menues, à flèches découpées ? La religion dominant la vie, en en offrant sans cesse aux hommes la fin et les moyens, image tout espagnole d’ailleurs ! Jetez ce paysage au milieu de la Méditerranée, sous un ciel brûlant ; accompagnez-le de quelques palmiers, de plusieurs arbres rabougris, mais vivaces qui mêlaient leurs vertes frondaisons agitées aux feuillages sculptés de l’architecture immobile ! Voyez les franges de la mer blanchissant les rescifs, et s’opposant au bleu saphir des eaux ; admirez les galeries, les terrasses bâties en haut de chaque maison et où les habitants viennent respirer l’air du soir parmi les fleurs, entre la cime des arbres de leurs petits jardins. Puis, dans le port, quelques voiles. Enfin, par la sérénité d’une nuit qui commence, écoutez la musique des orgues, le chant des offices, et les sons admirables des cloches en pleine mer. Partout du bruit et du calme ; mais plus souvent le calme partout. Intérieurement, l’église se partageait en trois nefs sombres et mystérieuses. La furie des vents ayant sans doute interdit à l’architecte de construire latéralement ces arcs-boutants qui ornent presque partout les cathédrales, et entre lesquels sont pratiquées des chapelles, les murs qui flanquaient les deux petites nefs et soutenaient ce vaisseau, n’y répandaient aucune lumière. Ces fortes murailles présentaient à l’extérieur l’aspect de leurs masses grisâtres, appuyées, de distance en distance, sur d’énormes contreforts. La grande nef et ses deux petites galeries latérales étaient donc uniquement éclairées par la rose à vitraux coloriés, attachée avec un art miraculeux au-dessus du portail, dont l’exposition favorable avait permis le luxe des dentelles de pierre et des beautés particulières à l’ordre improprement nommé gothique. La plus grande portion de ces trois nefs était livrée aux habitants de la ville, qui venaient y entendre la messe et les offices. Devant le chÅ“ur, se trouvait une grille derrière laquelle pendait un rideau brun à plis nombreux, légèrement entr’ouvert au milieu, de manière à ne laisser voir que l’officiant et l’autel. La grille était séparée, à intervalles égaux, par des piliers qui soutenaient une tribune intérieure et les orgues. Cette construction, en harmonie avec les ornements de l’église, figurait extérieurement, en bois sculpté, les colonnettes des galeries supportées par les piliers de la grande nef. Il eût donc été impossible à un curieux assez hardi pour monter sur l’étroite balustrade de ces galeries de voir dans le chÅ“ur autre chose que les longues fenêtres octogones et coloriées qui s’élevaient par pans égaux, autour du maÃtre-autel. Lors de l’expédition française faite en Espagne pour rétablir l’autorité du roi Ferdinand VII, et après la prise de Cadix, un général français, venu dans cette Ãle pour y faire reconnaÃtre le gouvernement royal, y prolongea son séjour, dans le but de voir ce couvent, et trouva moyen de s’y introduire. L’entreprise était certes délicate. Mais un homme de passion, un homme dont la vie n’avait été, pour ainsi dire, qu’une suite de poésies en action, et qui avait toujours fait des romans au lieu d’en écrire, un homme d’exécution surtout, devait être tenté par une chose en apparence impossible. S’ouvrir légalement les portes d’un couvent de femmes ? A peine le pape ou l’archevêque métropolitain l’eussent-ils permis. Employer la ruse ou la force ? en cas d’indiscrétion, n’était-ce pas perdre son état, toute sa fortune militaire, et manquer le but ? Le duc d’Angoulême était encore en Espagne, et de toutes les fautes que pouvait impunément commettre un homme aimé par le généralissime, celle-là seule l’eût trouvé sans pitié. Ce général avait sollicité sa mission afin de satisfaire une secrète curiosité, quoique jamais curiosité n’ait été plus désespérée. Mais cette dernière tentative était une affaire de conscience. La maison de ces Carmélites était le seul couvent espagnol qui eût échappé à ses recherches. Pendant la traversée, qui ne dura pas une heure, il s’éleva dans son âme un pressentiment favorable à ses espérances. Puis, quoique du couvent il n’eût vu que les murailles, que de ces religieuses il n’eût pas même aperçu les robes, et qu’il n’eût écouté que les chants de la Liturgie, il rencontra sous ces murailles et dans ces chants de légers indices qui justifièrent son frêle espoir. Enfin, quelque légers que fussent des soupçons si bizarrement réveillés, jamais passion humaine ne fut plus violemment intéressée que ne l’était alors la curiosité du général. Mais il n’y a point de petits événements pour le cÅ“ur ; il grandit tout ; il met dans les mêmes balances la chute d’un empire de quatorze ans et la chute d’un gant de femme, et presque toujours le gant y pèse plus que l’empire. Or, voici les faits dans toute leur simplicité positive. Après les faits viendront les émotions. Une heure après que le général eut abordé cet Ãlot, l’autorité royale y fut rétablie. Quelques Espagnols constitutionnels, qui s’y étaient nuitamment réfugiés après la prise de Cadix, s’embarquèrent sur un bâtiment que le général leur permit de fréter pour s’en aller à Londres. Il n’y eut donc là ni résistance ni réaction. Cette petite Restauration insulaire n’allait pas sans une messe, à laquelle durent assister les deux compagnies commandées pour l’expédition. Or, ne connaissant pas la rigueur de la clôture chez les Carmélites Déchaussées, le général avait espéré pouvoir obtenir, dans l’église, quelques renseignements sur les religieuses enfermées dans le couvent, dont une d’elles peut-être lui était plus chère que la vie et plus précieuse que l’honneur. Ses espérances furent d’abord cruellement déçues. La messe fut, à la vérité, célébrée avec pompe. En faveur de la solennité, les rideaux qui cachaient habituellement le chÅ“ur furent ouverts, et en laissèrent voir les richesses, les précieux tableaux et les chasses ornées de pierreries dont l’éclat effaçait celui des nombreux ex-voto d’or et d’argent attachés par les marins de ce port aux piliers de la grande nef. Les religieuses s’étaient toutes réfugiées dans la tribune de l’orgue. Cependant, malgré ce premier échec, durant la messe d’actions de grâces, se développa largement le drame le plus secrétement intéressant qui jamais ait fait battre un cÅ“ur d’homme. La sÅ“ur qui touchait l’orgue excita un si vif enthousiasme qu’aucun des militaires ne regretta d’être venu à l’office. Les soldats même y trouvèrent du plaisir, et tous les officiers furent dans le ravissement. Quant au général, il resta calme et froid en apparence. Les sensations que lui causèrent les différents morceaux exécutés par la religieuse sont du petit nombre de choses dont l’expression est interdite à la parole, et la rend impuissante, mais qui, semblables à la mort, à Dieu, à l’Eternité, ne peuvent s’apprécier que dans le léger point de contact qu’elles ont avec les hommes. Par un singulier hasard, la musique des orgues paraissait appartenir à l’école de Rossini, le compositeur qui a transporté le plus de passion humaine dans l’art musical, et dont les Å“uvres inspireront quelque jour, par leur nombre et leur étendue, un respect homérique. Parmi les partitions dues à ce beau génie, la religieuse semblait avoir plus particulièrement étudié celle du Mosè, sans doute parce que le sentiment de la musique sacrée s’y trouve exprimé au plus haut degré. Peut-être ces deux esprits, l’un si glorieusement européen, l’autre inconnu, s’étaient-ils rencontrés dans l’intuition d’une même poésie. Cette opinion était celle de deux officiers, vrais dilettanti, qui regrettaient sans doute en Espagne le théâtre Favart. Enfin, au Te Deum, il fut impossible de ne pas reconnaÃtre une âme française dans le caractère que prit soudain la musique. Le triomphe du Roi Très-Chrétien excitait évidemment la joie la plus vive au fond du cÅ“ur de cette religieuse. Certes elle était Française. Bientôt le sentiment de la patrie éclata, jaillit comme une gerbe de lumière dans une réplique des orgues où la sÅ“ur introduisit des motifs qui respirèrent toute la délicatesse du goût parisien, et auxquels se mêlèrent vaguement les pensées de nos plus beaux airs nationaux. Des mains espagnoles n’eussent pas mis, à ce gracieux hommage fait aux armes victorieuses, la chaleur qui acheva de déceler l’origine de la musicienne. — Il y a donc de la France partout ? dit un soldat. Le général était sorti pendant le Te Deum, il lui avait été impossible de l’écouter. Le jeu de la musicienne lui dénonçait une femme aimée avec ivresse, et qui s’était si profondément ensevelie au cÅ“ur de la religion et si soigneusement dérobée aux regards du monde, qu’elle avait échappé jusqu’alors à des recherches obstinées adroitement faites par des hommes qui disposaient et d’un grand pouvoir et d’une intelligence supérieure. Le soupçon réveillé dans le cÅ“ur du général fut presque justifié par le vague rappel d’un air délicieux de mélancolie, l’air de Fleuve du Tage, romance française dont souvent il avait entendu jouer le prélude dans un boudoir de Paris à la personne qu’il aimait, et dont cette religieuse venait alors de se servir pour exprimer, au milieu de la joie des triomphateurs, les regrets d’une exilée. Terrible sensation ! Espérer la résurrection d’un amour perdu, le retrouver encore perdu, l’entrevoir mystérieusement, après cinq années pendant lesquelles la passion s’était irritée dans le vide, et agrandie par l’inutilité des tentatives faites pour la satisfaire ! Qui, dans sa vie, n’a pas, une fois au moins, bouleversé son chez-soi, ses papiers, sa maison, fouillé sa mémoire avec impatience en cherchant un objet précieux, et ressenti l’ineffable plaisir de le trouver, après un jour ou deux consumés en recherches vaines ; après avoir espéré, désespéré de le rencontrer ; après avoir dépensé les irritations les plus vives de l’âme pour ce rien important qui causait presque une passion ? Eh ! bien, étendez cette espèce de rage sur cinq années ; mettez une femme, un cÅ“ur, un amour à la place de ce rien ; transportez la passion dans les plus hautes régions du sentiment ; puis supposez un homme ardent, un homme à cÅ“ur et face de lion, un de ces hommes à crinière qui imposent et communiquent à ceux qui les envisagent une respectueuse terreur ! Peut-être comprendrez-vous alors la brusque sortie du général pendant le Te Deum, au moment où le prélude d’une romance jadis écoutée avec délices par lui, sous des lambris dorés, vibra sous la nef de cette église marine. Il descendit la rue montueuse qui conduisait à cette église, et ne s’arrêta qu’au moment où les sons graves de l’orgue ne parvinrent plus à son oreille. Incapable de songer à autre chose qu’à son amour, dont la volcanique éruption lui brûlait le cÅ“ur, le général français ne s’aperçut de la fin du Te Deum qu’au moment où l’assistance espagnole descendit par flots. Il sentit que sa conduite ou son attitude pouvaient paraÃtre ridicules, et revint prendre sa place à la tête du cortége, en disant à l’alcade et au gouverneur de la ville qu’une subite indisposition l’avait obligé d’aller prendre l’air. Puis, afin de pouvoir rester dans l’Ãle, il songea soudain à tirer parti de ce prétexte d’abord insouciamment donné. Objectant l’aggravation de son malaise, il refusa de présider le repas offert par les autorités insulaires aux officiers français ; il se mit au lit, et fit écrire au major général pour lui annoncer la passagère maladie qui le forçait de remettre à un colonel le commandement des troupes. Cette ruse si vulgaire, mais si naturelle, le rendit libre de tout soin pendant le temps nécessaire à l’accomplissement de ses projets. En homme essentiellement catholique et monarchique, il s’informa de l’heure des offices et affecta le plus grand attachement aux pratiques religieuses, piété qui, en Espagne, ne devait surprendre personne. Le lendemain même, pendant le départ de ses soldats, le général se rendit au couvent pour assister aux vêpres. Il trouva l’église désertée par les habitants qui, malgré leur dévotion, étaient allés voir sur le port l’embarcation des troupes. Le Français, heureux de se trouver seul dans l’église, eut soin d’en faire retentir les voûtes sonores du bruit de ses épérons ; il y marcha bruyamment, il toussa, il se parla tout haut à lui-même pour apprendre aux religieuses, et surtout à la musicienne, que, si les Français partaient, il en restait un. Ce singulier avis fut-il entendu, compris ?… le général le crut. Au Magnificat, les orgues semblèrent lui faire une réponse qui lui fut apportée par les vibrations de l’air. L’âme de la religieuse vola vers lui sur les ailes de ses notes, et s’émut dans le mouvement des sons. La musique éclata dans toute sa puissance ; elle échauffa l’église. Ce chant de joie, consacré par la sublime liturgie de la Chrétienté Romaine pour exprimer l’exaltation de l’âme en présence des splendeurs du Dieu toujours vivant, devint l’expression d’un cÅ“ur presque effrayé de son bonheur, en présence des splendeurs d’un périssable amour qui durait encore et venait l’agiter au delà de la tombe religieuse où s’ensevelissent les femmes pour renaÃtre épouses du Christ. L’orgue est certes le plus grand, le plus audacieux, le plus magnifique de tous les instruments créés par le génie humain. Il est un orchestre entier, auquel une main habile peut tout demander, il peut tout exprimer. N’est-ce pas, en quelque sorte, un piédestal sur lequel l’âme se pose pour s’élancer dans les espaces lorsque, dans son vol, elle essaie de tracer mille tableaux, de peindre la vie, de parcourir l’infini qui sépare le ciel de la terre ? Plus un poète en écoute les gigantesques harmonies, mieux il conçoit qu’entre les hommes agenouillés et le Dieu caché par les éblouissants rayons du Sanctuaire les cent voix de ce chÅ“ur terrestre peuvent seules combler les distances, et sont le seul truchement assez fort pour transmettre au ciel les prières humaines dans l’omnipotence de leurs modes, dans la diversité de leurs mélancolies, avec les teintes de leurs méditatives extases, avec les jets impétueux de leurs repentirs et les mille fantaisies de toutes les croyances. Oui, sous ces longues voûtes, les mélodies enfantées par le génie des choses saintes trouvent des grandeurs inouïes dont elles se parent et se fortifient. Là , le jour affaibli, le silence profond, les chants qui alternent avec le tonnerre des orgues, font à Dieu comme un voile à travers lequel rayonnent ses lumineux attributs. Toutes ces richesses sacrées semblèrent être jetées comme un grain d’encens sur le frêle autel de l’Amour à la face du trône éternel d’un Dieu jaloux et vengeur. En effet, la joie de la religieuse n’eut pas ce caractère de grandeur et de gravité qui doit s’harmonier avec les solennités du Magnificat ; elle lui donna de riches, de gracieux développements, dont les différents rhythmes accusaient une gaieté humaine. Ses motifs eurent le brillant des roulades d’une cantatrice qui tâche d’exprimer l’amour, et ses chants sautillèrent comme l’oiseau près de sa compagne. Puis, par moments, elle s’élançait par bonds dans le passé pour y folâtrer, pour y pleurer tour à tour. Son mode changeant avait quelque chose de désordonné comme l’agitation de la femme heureuse du retour de son amant. Puis, après les fugues flexibles du délire et les effets merveilleux de cette reconnaissance fantastique, l’âme qui parlait ainsi fit un retour sur elle-même. La musicienne, passant du majeur au mineur, sut instruire son auditeur de sa situation présente. Soudain elle lui raconta ses longues mélancolies et lui dépeignit sa lente maladie morale. Elle avait aboli chaque jour un sens, retranché chaque nuit quelque pensée, réduit graduellement son cÅ“ur en cendres. Après quelques molles ondulations, sa musique prit, de teinte en teinte, une couleur de tristesse profonde. Bientôt les échos versèrent les chagrins à torrents. Enfin tout à coup les hautes notes firent détonner un concert de voix angéliques, comme pour annoncer à l’amant perdu, mais non pas oublié, que la réunion des deux âmes ne se ferait plus que dans les cieux touchante espérance ! Vint l’ Amen. Là , plus de joie ni de larmes dans les airs ; ni mélancolie, ni regrets. L’ Amen fut un retour à Dieu ; ce dernier accord fut grave, solennel, terrible. La musicienne déploya tous les crêpes de la religieuse, et, après les derniers grondements des basses, qui firent frémir les auditeurs jusque dans leurs cheveux, elle sembla s’être replongée dans la tombe d’où elle était pour un moment sortie. Quand les airs eurent, par degrés, cessé leurs vibrations oscillatoires, vous eussiez dit que l’église, jusque là lumineuse, rentrait dans une profonde obscurité. Le général avait été rapidement emporté par la course de ce vigoureux génie, et l’avait suivi dans les régions qu’il venait de parcourir. Il comprenait, dans toute leur étendue, les images dont abonda cette brûlante symphonie, et pour lui ces accords allaient bien loin. Pour lui, comme pour la sÅ“ur, ce poème était l’avenir, le présent et le passé. La musique, même celle du théâtre, n’est-elle pas, pour les âmes tendres et poétiques, pour les cÅ“urs souffrants et blessés, un texte qu’ils développent au gré de leurs souvenirs ? S’il faut un cÅ“ur de poète pour faire un musicien, ne faut-il pas de la poésie et de l’amour pour écouter, pour comprendre les grandes Å“uvres musicales ? La Religion, l’Amour et la Musique ne sont-ils pas la triple expression d’un même fait, le besoin d’expansion dont est travaillée toute âme noble ? Ces trois poésies vont toutes à Dieu, qui dénoue toutes les émotions terrestres. Aussi cette sainte Trinité humaine participe-t-elle des grandeurs infinies de Dieu, que nous ne configurons jamais sans l’entourer des feux de l’amour, des sistres d’or de la musique, de lumière et d’harmonie. N’est-il pas le principe et la fin de nos Å“uvres ? Le Français devina que, dans ce désert, sur ce rocher entouré par la mer, la religieuse s’était emparée de la musique pour y jeter le surplus de passion qui la dévorait. Etait-ce un hommage fait à Dieu de son amour, était-ce le triomphe de l’amour sur Dieu ? questions difficiles à décider. Mais, certes, le général ne put douter qu’il ne retrouvât en ce cÅ“ur mort au monde une passion tout aussi brûlante que l’était la sienne. Les vêpres finies, il revint chez l’alcade, où il était logé. Restant d’abord en proie aux mille jouissances que prodigue une satisfaction long-temps attendue, péniblement cherchée, il ne vit rien au delà . Il était toujours aimé. La solitude avait grandi l’amour dans ce cÅ“ur, autant que l’amour avait été grandi dans le sien par les barrières successivement franchies et mises par cette femme entre elle et lui ! Cet épanouissement de l’âme eut sa durée naturelle. Puis vint le désir de revoir cette femme, de la disputer à Dieu, de la lui ravir, projet téméraire qui plut à cet homme audacieux. Après le repas, il se coucha pour éviter les questions, pour être seul, pour pouvoir penser sans trouble, et resta plongé dans les méditations les plus profondes, jusqu’au lendemain matin. Il ne se leva que pour aller à la messe. Il vint à l’église, il se plaça près de la grille ; son front touchait le rideau ; il aurait voulu le déchirer, mais il n’était pas seul son hôte l’avait accompagné par politesse, et la moindre imprudence pouvait compromettre l’avenir de sa passion, en ruiner les nouvelles espérances. Les orgues se firent entendre, mais elles n’étaient plus touchées par les mêmes mains. La musicienne des deux jours précédents ne tenait plus le clavier. Tout fut pâle et froid pour le général. Sa maÃtresse était-elle accablée par les mêmes émotions sous lesquelles succombait presque un vigoureux cÅ“ur d’homme ? Avait-elle si bien partagé, compris un amour fidèle et désiré, qu’elle en fût mourante sur son lit dans sa cellule ? Au moment où mille réflexions de ce genre s’élevaient dans l’esprit du Français, il entendit résonner près de lui la voix de la personne qu’il adorait, il en reconnut le timbre clair. Cette voix, légèrement altérée par un tremblement qui lui donnait toutes les grâces que prête aux jeunes filles leur timidité pudique, tranchait sur la masse du chant, comme celle d’une prima donna sur l’harmonie d’un finale. Elle faisait à l’âme l’effet que produit aux yeux un filet d’argent ou d’or dans une frise obscure. C’était donc bien elle ! Toujours Parisienne, elle n’avait pas dépouillé sa coquetterie, quoiqu’elle eût quitté les parures du monde pour le bandeau, pour la dure étamine des Carmélites. Après avoir signé son amour la veille, au milieu des louanges adressées au Seigneur, elle semblait dire à son amant — Oui, c’est moi, je suis là , j’aime toujours mais je suis à l’abri de l’amour. Tu m’entendras, mon âme t’enveloppera, et je resterai sous le linceul brun de ce chÅ“ur d’où nul pouvoir ne saurait m’arracher. Tu ne me verras pas. — C’est bien elle ! se dit le général en relevant son front, en le dégageant de ses mains, sur lesquelles il l’avait appuyé ; car il n’avait pu d’abord soutenir l’écrasante émotion qui s’éleva comme un tourbillon dans son cÅ“ur quand cette voix connue vibra sous les arceaux, accompagnée par le murmure des vagues. L’orage était au dehors, et le calme dans le sanctuaire. Cette voix si riche continuait à déployer toutes ses câlineries, elle arrivait comme un baume sur le cÅ“ur embrasé de cet amant, elle fleurissait dans l’ air, qu’on désirait mieux aspirer pour y reprendre les émanations d’une âme exhalée avec amour dans les paroles de la prière. L’alcade vint rejoindre son hôte, il le trouva fondant en larmes à l’Elévation, qui fut chantée par la religieuse, et l’emmena chez lui. Surpris de rencontrer tant de dévotion dans un militaire français, l’alcade avait invité à souper le confesseur du couvent, et il en prévint le général, auquel jamais nouvelle n’avait fait autant de plaisir. Pendant le souper, le confesseur fut l’objet des attentions du Français, dont le respect intéressé confirma les Espagnols dans la haute opinion qu’ils avaient prise de sa piété. Il demanda gravement le nombre des religieuses, des détails sur les revenus du couvent et sur ses richesses, en homme qui paraissait vouloir entretenir poliment le bon vieux prêtre des choses dont il devait être le plus occupé. Puis il s’informa de la vie que menaient ces saintes filles. Pouvaient-elles sortir ? les voyait-on ? — Seigneur, dit le vénérable ecclésiastique, la règle est sévère. S’il faut une permission de Notre Saint-Père pour qu’une femme vienne dans une maison de Saint-Bruno, ici même rigueur. Il est impossible à un homme d’entrer dans un couvent de Carmélites Déchaussées, à moins qu’il ne soit prêtre et attaché par l’archevêque au service de la Maison. Aucune religieuse ne sort. Cependant LA GRANDE SAINTE la mère Thérèse a souvent quitté sa cellule. Le Visiteur ou les Mères Supérieures peuvent seules permettre à une religieuse, avec l’autorisation de l’archevêque, de voir des étrangers, surtout en cas de maladie. Or nous sommes un Chef d’Ordre, et nous avons conséquemment une Mère Supérieure au Couvent. Nous avons, entre autres étrangères, une Française, la sÅ“ur Thérèse, celle qui dirige la musique de la Chapelle. — Ah ! répondit le général en feignant la surprise. Elle a dû être satisfaite du triomphe des armes de la maison de Bourbon ? — Je leur ai dit l’objet de la messe, elles sont toujours un peu curieuses. — Mais la sÅ“ur Thérèse peut avoir des intérêts en France, elle voudrait peut-être y faire savoir quelque chose, en demander des nouvelles ? — Je ne le crois pas, elle se serait adressée à moi pour en savoir. — En qualité de compatriote, dit le général, je serais bien curieux de la voir… Si cela est possible, si la Supérieure y consent, si… — A la grille, et même en présence de la Révérende Mère, une entrevue serait impossible pour qui que ce soit ; mais en faveur d’un libérateur du trône catholique et de la sainte religion, malgré la rigidité de la Mère, la règle peut dormir un moment, dit le confesseur en clignant les yeux. J’en parlerai. — Quel âge a la sÅ“ur Thérèse ? demanda l’amant qui n’osa pas questionner le prêtre sur la beauté de la religieuse. — Elle n’a plus d’âge, répondit le bonhomme avec une simplicité qui fit frémir le général. Le lendemain matin, avant la sieste, le confesseur vint annoncer au Français que la sÅ“ur Thérèse et la Mère consentaient à le recevoir à la grille du parloir, avant l’heure des vêpres. Après la sieste, pendant laquelle le général dévora le temps en allant se promener sur le port, par la chaleur du midi, le prêtre revint le chercher, et l’introduisit dans le couvent ; il le guida sous une galerie qui longeait le cimetière, et dans laquelle quelques fontaines, plusieurs arbres verts et des arceaux multipliés entretenaient une fraÃcheur en harmonie avec le silence du lieu. Parvenus au fond de cette longue galerie, le prêtre fit entrer son compagnon dans une salle partagée en deux parties par une grille couverte d’un rideau brun. Dans la partie en quelque sorte publique, où le confesseur laissa le général, régnait, le long du mur, un banc de bois ; quelques chaises également en bois se trouvaient près de la grille. Le plafond était composé de solives saillantes, en chêne vert, et sans nul ornement. Le jour ne venait dans cette salle que par deux fenêtres situées dans la partie affectée aux religieuses, en sorte que cette faible lumière, mal reflétée par un bois à teintes brunes, suffisait à peine pour éclairer le grand Christ noir, le portrait de sainte Thérèse et un tableau de la Vierge qui décoraient les parois grises du parloir. Les sentiments du général prirent donc, malgré leur violence, une couleur mélancolique. Il devint calme dans ce calme domestique. Quelque chose de grand comme la tombe le saisit sous ces frais planchers. N’était-ce pas son silence éternel, sa paix profonde, ses idées d’infini ? Puis, la quiétude et la pensée fixe du cloÃtre, cette pensée qui se glisse dans l’air, dans le clair-obscur, dans tout, et qui, n’étant tracée nulle part, est encore agrandie par l’imagination, ce grand mot la paix dans le Seigneur, entre là , de vive force, dans l’âme la moins religieuse. Les couvents d’hommes se conçoivent peu ; l’homme y semble faible il est né pour agir, pour accomplir une vie de travail à laquelle il se soustrait dans sa cellule. Mais dans un monastère de femmes, combien de vigueur virile et de touchante faiblesse ! Un homme peut être poussé par mille sentiments au fond d’une abbaye, il s’y jette comme dans un précipice ; mais la femme n’y vient jamais qu’entraÃnée par un seul sentiment elle ne s’y dénature pas, elle épouse Dieu. Vous pouvez dire aux religieux Pourquoi n’avez-vous pas lutté ? Mais la réclusion d’une femme n’est-elle pas toujours une lutte sublime ? Enfin, le général trouva ce parloir muet et ce couvent perdu dans la mer tout pleins de lui. L’amour arrive rarement à la solennité ; mais l’amour encore fidèle au sein de Dieu, n’était-ce pas quelque chose de solennel, et plus qu’un homme n’avait le droit d’espérer au dix-neuvième siècle, par les mÅ“urs qui courent ? Les grandeurs infinies de cette situation pouvaient agir sur l’âme du général, il était précisément assez élevé pour oublier la politique, les honneurs, l’Espagne, le monde de Paris, et monter jusqu’à la hauteur de ce dénoûment grandiose. D’ailleurs, quoi de plus véritablement tragique ? Combien de sentiments dans la situation des deux amants seuls réunis au milieu de la mer sur un banc de granit, mais séparés par une idée, par une barrière infranchissable ! Voyez l’homme se disant — Triompherai-je de Dieu dans ce cÅ“ur ? Un léger bruit fit tressaillir cet homme, le rideau brun se tira ; puis il vit dans la lumière une femme debout, mais dont la figure lui était cachée par le prolongement du voile plié sur la tête suivant la règle de la maison, elle était vêtue de cette robe dont la couleur est devenue proverbiale. Le général ne put apercevoir les pieds nus de la religieuse, qui lui en auraient attesté l’effrayante maigreur ; cependant, malgré les plis nombreux de la robe grossière qui couvrait et ne parait plus cette femme, il devina que les larmes, la prière, la passion, la vie solitaire l’avaient déjà desséchée. La main glacée d’une femme, celle de la Supérieure sans doute, tenait encore le rideau ; et le général, ayant examiné le témoin nécessaire de cet entretien, rencontra le regard noir et profond d’une vieille religieuse, presque centenaire, regard clair et jeune, qui démentait les rides nombreuses par lesquelles le pâle visage de cette femme était sillonné. — Madame la duchesse, demanda-t-il d’une voix fortement émue à la religieuse qui baissait la tête, votre compagne entend-elle le français ? — Il n’y a pas de duchesse répondit la religieuse. Vous êtes devant la sÅ“ur Thérèse. La femme, celle que vous nommez ma compagne, est ma Mère en Dieu, ma Supérieure ici-bas. Ces paroles, si humblement prononcées par la voix qui jadis s’harmoniait avec le luxe et l’élégance au milieu desquels avait vécu cette femme, reine de la mode à Paris, par une bouche dont le langage était jadis si léger, si moqueur, frappèrent le général comme l’eût fait un coup de foudre. — Ma sainte mère ne parle que le latin et l’espagnol, ajouta-t-elle. — Je ne sais ni l’un ni l’autre. Ma chère Antoinette, excusez-moi près d’elle. En entendant son nom doucement prononcé par un homme naguère si dur pour elle, la religieuse éprouva une vive émotion intérieure que trahirent les légers tremblements de son voile, sur lequel la lumière tombait en plein. — Mon frère, dit-elle en portant sa manche sous son voile pour s’essuyer les yeux peut-être, je me nomme la sÅ“ur Thérèse… Puis elle se tourna vers la mère, et lui dit, en espagnol, ces paroles que le général entendait parfaitement ; il en savait assez pour le comprendre, et peut-être aussi pour le parler — Ma chère mère, ce cavalier vous présente ses respects, et vous prie de l’excuser de ne pouvoir les mettre lui-même à vos pieds ; mais il ne sait aucune des deux langues que vous parlez… La vieille inclina la tête lentement, sa physionomie prit une expression de douceur angélique, rehaussée néanmoins par le sentiment de sa puissance et de sa dignité. — Tu connais ce cavalier ? lui demanda la Mère en lui jetant un regard pénétrant. — Oui, ma mère. — Rentre dans ta cellule, ma fille ! dit la Supérieure d’un ton impérieux. Le général s’effaça vivement derrière le rideau, pour ne pas laisser deviner sur son visage les émotions terribles qui l’agitaient ; et, dans l’ombre, il croyait voir encore les yeux perçants de la Supérieure. Cette femme, maÃtresse de la fragile et passagère félicité dont la conquête coûtait tant de soins, lui avait fait peur, et il tremblait, lui qu’une triple rangée de canons n’avait jamais effrayé. La duchesse marchait vers la porte, mais elle se retourna — Ma Mère, dit-elle d’un ton de voix horriblement calme, ce Français est un de mes frères. — Reste donc, ma fille ! répondit la vieille femme après une pause. Cet admirable jésuitisme accusait tant d’amour et de regrets, qu’un homme moins fortement organisé que ne l’était le général se serait senti défaillir en éprouvant de si vifs plaisirs au milieu d’un immense péril, pour lui tout nouveau. De quelle valeur étaient donc les mots, les regards, les gestes dans une scène où l’amour devait échapper à des yeux de lynx, à des griffes de tigre ! La sÅ“ur Thérèse revint. — Vous voyez, mon frère, ce que j’ose faire pour vous entretenir un moment de votre salut, et des vÅ“ux que mon âme adresse pour vous chaque jour au ciel. Je commets un péché mortel. J’ai menti. Combien de jours de pénitence pour effacer ce mensonge ! mais ce sera souffrir pour vous. Vous ne savez pas, mon frère, quel bonheur est d’aimer dans le ciel, de pouvoir s’avouer ses sentiments alors que la religion les a purifiés, les a transportés dans les régions les plus hautes, et qu’il nous est permis de ne plus regarder qu’à l’âme. Si les doctrines, si l’esprit de la sainte à laquelle nous devons cet asile ne m’avaient pas enlevée loin des misères terrestres, et ravie bien loin de la sphère où elle est, mais certes au-dessus du monde, je ne vous eusse pas revu. Mais je puis vous voir, vous entendre et demeurer calme…. — Hé ! bien, Antoinette, s’écria le général en l’interrompant à ces mots, faites que je vous voie, vous que j’aime maintenant avec ivresse, éperdûment, comme vous avez voulu être aimée par moi. — Ne m’appelez pas Antoinette, je vous en supplie. Les souvenirs du passé me font mal. Ne voyez ici que la sÅ“ur Thérèse, une créature confiante en la miséricorde divine. Et, ajouta-t-elle après une pause, modérerez-vous, mon frère. Notre Mère nous séparerait impitoyablement, si votre visage trahissait des passions mondaines, ou si vos yeux laissaient tomber des pleurs. Le général inclina la tête comme pour se recueillir. Quand il leva les yeux sur la grille, il aperçut, entre deux barreaux, la figure amaigrie, pâle, mais ardente encore de la religieuse. Son teint, où jadis fleurissaient tous les enchantements de la jeunesse, où l’heureuse opposition d’un blanc mat contrastait avec les couleurs de la rose du Bengale, avait pris le ton chaud d’une coupe de porcelaine sous laquelle est enfermée une faible lumière. La belle chevelure dont cette femme était si fière avait été rasée. Un bandeau ceignait son front et enveloppait son visage. Ses yeux, entourés d’une meurtrissure due aux austérités de cette vie, lançaient, par moments, des rayons fiévreux, et leur calme habituel n’était qu’un voile. Enfin, de cette femme il ne restait que l’âme. — Ah ! vous quitterez ce tombeau, vous qui êtes devenue ma vie ! Vous m’apparteniez, et n’étiez pas libre de vous donner, même à Dieu. Ne m’avez-vous pas promis de sacrifier tout au moindre de mes commandements ? Maintenant vous me trouverez peut-être digne de cette promesse, quand vous saurez ce que j’ai fait pour vous. Je vous ai cherchée dans le monde entier. Depuis cinq ans, vous êtes ma pensée de tous les instants, l’occupation de ma vie. Mes amis, des amis bien puissants, vous le savez, m’ont aidé de toute leur force à fouiller les couvents de France, d’Italie, d’Espagne, de Sicile, de l’Amérique. Mon amour s’allumait plus vif à chaque recherche vaine ; j’ai souvent fait de longs voyages sur un faux espoir, j’ai dépensé ma vie et les plus larges battements de mon cÅ“ur autour des murailles de plusieurs cloÃtres. Je ne vous parle pas d’une fidélité sans bornes, qu’est-ce ? un rien en comparaison des vÅ“ux infinis de mon amour. Si vous avez été vraie jadis dans vos remords, vous ne devez pas hésiter à me suivre aujourd’hui. — Vous oubliez que je ne suis pas libre. — Le duc est mort, répondit-il vivement. La sÅ“ur Thérèse rougit. — Que le ciel lui soit ouvert, dit-elle avec une vive émotion, il a été généreux pour moi. Mais je ne parlais pas de ces liens, une de mes fautes a été de vouloir les briser tous sans scrupule pour vous. — Vous parlez de vos vÅ“ux, s’écria le général en fronçant les sourcils. Je ne croyais pas que quelque chose vous pesât au cÅ“ur plus que votre amour. Mais n’en doutez pas, Antoinette, j’obtiendrai du Saint-Père un bref qui déliera vos serments. J’irai certes à Rome, j’implorerai toutes les puissances de la terre ; et si Dieu pouvait descendre, je le… — Ne blasphémez pas. — Ne vous inquiétez donc pas de Dieu ! Ah ! j’aimerais bien mieux savoir que vous franchiriez pour moi ces murs ; que, ce soir même, vous vous jetteriez dans une barque au bas des rochers. Nous irions être heureux je ne sais où, au bout du monde ! Et, près de moi, vous reviendriez à la vie, à la santé, sous les ailes de l’Amour. — Ne parlez pas ainsi, reprit la sÅ“ur Thérèse, vous ignorez ce que vous êtes devenu pour moi. Je vous aime bien mieux que je ne vous ai jamais aimé. Je prie Dieu tous les jours pour vous et je ne vous vois plus avec les yeux du corps. Si vous connaissiez, Armand, le bonheur de pouvoir se livrer sans honte à une amitié pure que Dieu protége ! Vous ignorez combien je suis heureuse d’appeler les bénédictions du ciel sur vous. Je ne prie jamais pour moi Dieu fera de moi suivant ses volontés. Mais vous, je voudrais, au prix de mon éternité, avoir quelque certitude que vous êtes heureux en ce monde, et que vous serez heureux en l’autre, pendant tous les siècles. Ma vie éternelle est tout ce que le malheur m’a laissé à vous offrir. Maintenant, je suis vieillie dans les larmes, je ne suis plus ni jeune ni belle ; d’ailleurs vous mépriseriez une religieuse devenue femme, qu’aucun sentiment, même l’amour maternel, n’absoudrait pas…. Que me direz-vous qui puisse balancer les innombrables réflexions accumulées dans mon cÅ“ur depuis cinq années, et qui l’ont changé, creusé, flétri ? J’aurais dû le donner moins triste à Dieu ! — Ce que je dirai, ma chère Antoinette ! je dirai que je t’aime ; que l’affection, l’amour, l’amour vrai, le bonheur de vivre dans un cÅ“ur tout à nous, entièrement à nous, sans réserve, est si rare et si difficile à rencontrer, que j’ai douté de toi, que je t’ai soumise à de rudes épreuves ; mais aujourd’hui je t’aime de toute les puissances de mon âme si tu me suis dans la retraite, je n’entendrai plus d’autre voix que la tienne, je ne verrai plus d’autre visage que le tien… — Silence, Armand ! Vous abrégez le seul instant pendant lequel il nous sera permis de nous voir ici-bas. — Antoinette, veux-tu me suivre ? — Mais je ne vous quitte pas. Je vis dans votre cÅ“ur, mais autrement que par un intérêt de plaisir mondain, de vanité, de jouissance égoïste ; je vis ici pour vous, pâle et flétrie, dans le sein de Dieu ! S’il est juste, vous serez heureux… — Phrases que tout cela ! Et si je te veux pâle et flétrie ? Et si je ne puis être heureux qu’en te possédant ? Tu connaÃtras donc toujours des devoirs en présence de ton amant ? Il n’est donc jamais au-dessus de tout dans ton cÅ“ur ? Naguère, tu lui préférais la société, toi, je ne sais quoi ; maintenant, c’est Dieu, c’est mon salut. Dans la sÅ“ur Thérèse, je reconnais toujours la duchesse ignorante des plaisirs de l’amour, et toujours insensible sous les apparences de la sensibilité. Tu ne m’aimes pas, tu n’as jamais aimé… — Ha, mon frère… — Tu ne veux pas quitter cette tombe, tu aimes mon âme, dis-tu ? Eh ! bien, tu la perdras à jamais, cette âme, je me tuerai… — Ma mère, cria la sÅ“ur Thérèse en espagnol, je vous ai menti, cet homme est mon amant ! Aussitôt le rideau tomba. Le général, demeuré stupide, entendit à peine les portes intérieures se fermant avec violence. — Ah ! elle m’aime encore ! s’écria-t-il en comprenant tout ce qu’il y avait de sublime dans le cri de la religieuse. Il faut l’enlever d’ici… Le général quitta l’Ãle, revint au quartier-général, il allégua des raison de santé, demanda un congé et retourna promptement en France. Voici maintenant l’aventure qui avait déterminé la situation respective où se trouvaient alors les deux personnages de cette scène. Ce que l’on nomme en France le faubourg Saint-Germain n’est ni un quartier, ni une secte, ni une institution, ni rien qui se puisse nettement exprimer. La place Royale, le faubourg Saint-Honoré, la Chaussée-d’Antin possèdent également des hôtels où se respire l’air du faubourg Saint-Germain. Ainsi, déjà tout le faubourg n’est pas dans le faubourg. Des personnes nées fort loin de son influence peuvent la ressentir et s’agréger à ce monde, tandis que certaines autres qui y sont nées peuvent en être à jamais bannies. Les manières, le parler, en un mot la tradition faubourg Saint-Germain est à Paris, depuis environ quarante ans, ce que la Cour y était jadis, ce qu’était l’hôtel Saint-Paul dans le quatorzième siècle, le Louvre au quinzième, le Palais, l’hôtel Rambouillet, la place Royale au seizième, puis Versailles au dix-septième et au dix-huitième siècle. A toutes les phases de l’histoire, le Paris de la haute classe et de la noblesse a eu son centre, comme le Paris vulgaire aura toujours le sien. Cette singularité périodique offre une ample matière aux réflexions de ceux qui veulent observer ou peindre les différentes zones sociales ; et peut-être ne doit-on pas en rechercher les causes seulement pour justifier le caractère de cette aventure, mais aussi pour servir à de graves intérêts, plus vivaces dans l’avenir que dans le présent, si toutefois l’expérience n’est pas un non-sens pour les partis comme pour la jeunesse. Les grands seigneurs et les gens riches, qui singeront toujours les grands seigneurs, ont, à toutes les époques, éloigné leurs maisons des endroits très habités. Si le duc d’Uzès se bâtit, sous le règne de Louis XIV, le bel hôtel à la porte duquel il mit la fontaine de la rue Montmartre, acte de bienfaisance qui le rendit, outre ses vertus, l’objet d’une vénérations si populaire que le quartier suivit en masse son convoi, ce coin de Paris était alors désert. Mais aussitôt que les fortifications s’abattirent, que les marais situés au delà des boulevards s’emplirent de maisons, la famille d’Uzès quitta ce bel hôtel, habité de nos jours par un banquier. Puis la noblesse, compromise au milieu des boutiques, abandonna la place Royale, les alentours du centre parisien, et passa la rivière afin de pouvoir respirer à son aise dans le faubourg Saint-Germain, où déjà des palais s’étaient élevés autour de l’hôtel bâti par Louis XIV au duc du Maine, le Benjamin de ses légitimés. Pour les gens accoutumés aux splendeurs de la vie, est-il en effet rien de plus ignoble que le tumulte, la boue, les cris, la mauvaise odeur, l’étroitesse des rues populeuses ? Les habitudes d’un quartier marchand ou manufacturier ne sont-elles pas constamment en désaccord avec les habitudes des Grands ? Le commerce et le Travail se couchent au moment où l’aristocratie songe à dÃner, les uns s’agitent bruyamment quand l’autre se repose ; leurs calculs ne se rencontrent jamais, les uns sont la recette, et l’autre est la dépense. De là des mÅ“urs diamétralement opposées. Cette observation n’a rien de dédaigneux. Une aristocratie est en quelque sorte la pensée d’une société, comme la bourgeoisie et les prolétaires en sont l’organisme et l’action. De là des siéges différents pour ces forces ; et, de leur antagonisme, vient une antipathie apparente que produit la diversité de mouvements faits néanmoins dans un but commun. Ces discordances sociales résultent si logiquement de toute charte constitutionnelle, que le libéral le plus disposé à s’en plaindre, comme d’un attentat envers les sublimes idées sous lesquelles les ambitieux des classes inférieures cachent leurs desseins, trouverait prodigieusement ridicule à monsieur le prince de Montmorency de demeurer rue Saint-Martin, au coin de la rue qui porte son nom, ou à monsieur le duc de Fitz-James, le descendant de la race royale écossaise, d’avoir son hôtel rue Marie-Stuart, au coin de la rue Montorgueil. Sint ut sunt, aut non sint, ces belles paroles pontificales peuvent servir de devise aux Grands de tous les pays. Ce fait, patent à chaque époque, et toujours accepté par le peuple, porte en lui des raisons d’état il est à la fois un effet et une cause, un principe et une loi. La masses ont un bon sens qu’elles ne désertent qu’au moment où les gens de mauvaise foi les passionnent. Ce bon sens repose sur des vérités d’un ordre général, vraies à Moscou comme à Londres, vraies à Genève comme à Calcutta. Partout, lorsque vous rassemblerez des familles d’inégale fortune sur un espace donné, vous verrez se former des cercles supérieurs, des patriciens, des première, seconde et troisième sociétés. L’égalité sera peut-être un droit, mais aucune puissance humaine ne saura le convertir en fait. Il serait bien utile pour le bonheur de la France d’y populariser cette pensée. Aux masses les moins intelligentes se révèlent encore les bienfaits de l’harmonie politique. L’harmonie la poésie de l’ordre, et les peuples ont un vif besoin d’ordre. La concordance des choses entre elles, l’unité, pour tout dire en un mot, n’est-elle pas la plus simple expression de l’ordre ? L’Architecture, la musique, la poésie, tout dans la France s’appuie, plus qu’en aucun autre pays, sur ce principe, qui d’ailleurs est écrit au fond de son clair et pur langage, et la langue sera toujours la plus infaillible formule d’une nation. Aussi, voyez-vous le peuple y adoptant les airs les plus poétiques, les mieux modulés ; s’attachant aux idées les plus simples ; aimant les motifs incisifs qui contiennent le plus de pensées. La France est le seul pays où quelque petite phrase puisse faire une grande révolution. Les masses ne s’y sont jamais révoltées que pour essayer de mettre d’accord les hommes, les choses et les principes. Or, nulle autre nation ne sent mieux la pensée d’unité qui doit exister dans la vie aristocratique, peut-être parce que nulle autre n’a mieux compris les nécessités politiques l’histoire ne la trouvera jamais en arrière. La France est souvent trompée, mais comme une femme l’est, par des idées généreuses, par des sentiments chaleureux dont la portée échappe d’abord au calcul. Ainsi déjà , pour premier trait caractéristique, le faubourg Saint-Germain a la splendeur de ses hôtels, ses grands jardins, leur silence, jadis en harmonie avec la magnificence de ses fortunes territoriales. Cet espace mis entre une classe et toute une capitale n’est-il pas une consécration matérielle des distances morales qui doivent les séparer ? Dans toutes les créations, la tête a sa place marquée. Si par hasard une nation fait tomber son chef à ses pieds, elle s’aperçoit tôt ou tard qu’elle s’est suicidée. Comme les nations ne veulent pas mourir, elles travaillent alors à se refaire une tête. Quand la nation n’en a plus la force, elle périt, comme ont péri Rome, Venise et tant d’autres. La distinction introduite par la différence des mÅ“urs entre les autres sphères d’activité sociale et la sphère supérieure implique nécessairement une valeur réelle, capitale, chez les sommités aristocratiques. Dès qu’en tout l’État, sous quelque forme qu’affecte le Gouvernement, les patriciens manquent à leurs conditions de supériorité complète, ils deviennent sans force, et le peuple les renverse aussitôt. Le peuple veut toujours leur voir aux mains, au cÅ“ur et à la tête, la fortune, le pouvoir et l’action ; la parole, l’intelligence et la gloire. Sans cette triple puissance, tout privilége s’évanouit. Les peuples, comme les femmes, aiment la force en quiconque les gouverne, et leur amour ne va pas sans le respect ; ils n’accordent point leur obéissance à qui ne l’impose pas. Une aristocratie mésestimée est comme un roi fainéant, un mari en jupon ; elle est nulle avant de n’être rien. Ainsi, la séparation des Grands, leurs mÅ“urs tranchées ; en un mot, le costume général des castes patriciennes est tout à la fois le symbole d’une puissance réelle, et les raisons de leur mort quand elles ont perdu la puissance. Le faubourg Saint-Germain s’est laissé momentanément abattre pour n’avoir pas voulu reconnaÃtre les obligations de son existence qu’il lui était encore facile de perpétuer. Il devait avoir la bonne foi de voir à temps, comme le vit l’aristocratie anglaise, que les institutions ont leurs années climatériques où les mêmes mots n’ont plus les mêmes significations, où les idées prennent d’autres vêtements, et où les conditions de la vie politique changent totalement de forme, sans que le fond soit essentiellement altéré. Ces idées veulent des développements qui appartiennent essentiellement à cette aventure, dans laquelle ils entrent, et comme définition des causes, et comme explication des faits. Le grandiose des châteaux et des palais aristocratiques, le luxe de leurs détails, la somptuosité constante des ameublements, l’ aire dans laquelle s’y meut sans gêne, et sans éprouver de froissement, l’heureux propriétaire, riche avant de naÃtre ; puis l’habitude de ne jamais descendre au calcul des intérêts journaliers et mesquins de l’existence, le temps dont il dispose, l’instruction supérieure peut prématurément acquérir ; enfin les traditions patriciennes qui lui donnent des forces sociales que ses adversaires compensent à peine par des études, par une volonté, par une vocation tenaces ; tout devrait élever l’âme de l’homme qui, dès le jeune âge, possède de tels priviléges, lui imprimer ce haut respect de lui-même dont la moindre conséquence est une noblesse de cÅ“ur en harmonie avec la noblesse du nom. Cela est vrai pour quelques familles. Cà et là , dans le faubourg Saint-Germain, se rencontrent de beaux caractères, exceptions qui prouvent contre l’égoïsme général qui a causé la perte de ce monde à part. Ces avantages sont acquis à l’aristocratie française, comme à toutes les efflorescences patriciennes qui se produiront à la surface des nations aussi long-temps qu’elles assiéront leur existence sur le domaine, le domaine-sol comme le domaine-argent, seule base solide d’une société régulière ; mais ces avantages ne demeurent aux patriciens de toute sorte qu’autant qu’ils maintiennent les conditions auxquelles le peuple les leur laisse. C’est des espèces de fiefs moraux dont la tenure oblige envers le souverain, et ici le souverain est certes aujourd’hui le peuple. Les temps sont changés, et aussi les armes. Le Banneret à qui suffisait jadis de porter la cotte de maille, le haubert, de bien manier la lance et de montrer son pennon, doit aujourd’hui faire preuve d’intelligence ; et là où il n’était besoin que d’un grand cÅ“ur, il faut, de nos jours, un large crâne. L’art, la science et l’argent forment le triangle social où s’inscrit l’écu du pouvoir, et d’où doit procéder la moderne aristocratie. Un beau théorème vaut un grand nom. Les Fugger modernes sont princes de fait. Un grand artiste est réellement un oligarque, il représente tout un siècle, et devient presque toujours une loi. Ainsi, le talent de la parole, les machines à haute pression de l’écrivain, le génie du poète, la constance du commerçant, la volonté de l’homme d’état qui concentre en lui mille qualités éblouissantes, le glaive du général, ces conquêtes personnelles faites par un seul sur toute la société pour lui imposer, la classe aristocratique doit s’efforcer d’en avoir aujourd’hui le monopole, comme jadis elle avait celui de la force matérielle. Pour rester à la tête d’un pays, ne faut-il pas être toujours digne de le conduire ; en être l’âme et l’esprit, pour en faire agir les mains ? Comment mener un peuple sans avoir les puissances qui font le commandement ? Que serait le bâton des maréchaux sans la force intrinsèque du capitaine qui le tient à la main ? Le faubourg Saint-Germain a joué avec des bâtons, en croyant qu’ils étaient tout le pouvoir. Il avait renversé les termes de la proposition qui commande son existence. Au lieu de jeter les insignes qui choquaient le peuple et de garder secrètement la force, il a laissé saisir la force à la bourgeoisie, s’est cramponné fatalement aux insignes, et a constamment oublié les lois que lui imposait sa faiblesse numérique. Une aristocratie, qui personnellement fait à peine le millième d’une société, doit aujourd’hui, comme jadis, y multiplier ses moyens d’action pour y opposer, dans les grandes crises, un poids égal à celui des masses populaires. De nos jours, les moyens d’action doivent être des forces réelles, et non des souvenirs historiques. Malheureusement, en France, la noblesse, encore grosse de son ancienne puissance évanouie, avait contre elle une sorte de présomption dont il était difficile qu’elle se défendÃt. Peut-être est-ce un défaut national. Le Français, plus que tout autre homme, ne conclut jamais en dessous de lui, il va du degré sur lequel il se trouve au degré supérieur il plaint rarement les malheureux au-dessus desquels il s’élève, il gémit toujours de voir tant d’heureux au-dessus de lui. Quoiqu’il ait beaucoup de cÅ“ur, il préfère trop souvent écouter son esprit. Cet instinct national qui fait toujours aller les Français en avant, cette vanité qui ronge leurs fortunes et les régit aussi absolument que le principe d’économie régit les Hollandais, a dominé depuis trois siècles la noblesse, qui, sous ce rapport, fut éminemment française. L’homme du faubourg Saint-Germain a toujours conclu de sa supériorité matérielle en faveur de sa supériorité intellectuelle. Tout, en France, l’en a convaincu, parce que depuis l’établissement du faubourg Saint-Germain, révolution aristocratique commencée le jour où la monarchie quitta Versailles, le faubourg Saint-Germain s’est, sauf quelques lacunes, toujours appuyé sur le pouvoir, qui sera toujours en France plus ou moins faubourg Saint-Germain de là sa défaite en 1830. A cette époque, il était comme une armée opérant sans avoir de base. Il n’avait point profité de la paix pour s’implanter dans le cÅ“ur de la nation. Il péchait par un défaut d’instruction et par un manque total de vue sur l’ensemble de ses intérêts. Il tuait un avenir certain, au profit d’un présent douteux. Voici peut-être la raison de cette fausse politique. La distance physique et morale que ces supériorités s’efforçaient de maintenir elles et le reste de la nation, a fatalement eu pour tout résultat, depuis quarante ans, d’entretenir dans la haute classe le sentiment personnel en tuant le patriotisme de caste. Jadis, alors que la noblesse française était grande, riche et puissante, les gentilshommes savaient, dans le danger, se choisir des chefs et leur obéir. Devenus moindres, ils se sont montrés indisciplinables ; et, comme dans le Bas-Empire, chacun d’eux voulait être empereur ; en se voyant tous égaux par leur faiblesse, ils se crurent tous supérieurs. Chaque famille ruinée par la révolution, ruinée par le partage égal des biens, ne pensa qu’à elle, au lieu de penser à la grande famille aristocratique, et il leur semblait que si toutes s’enrichissaient, le parti serait fort. Erreur. L’argent aussi n’est qu’un signe de la puissance. Composées de personnes qui conservaient les hautes traditions de bonne politesse, d’élégance vraie, de beau langage, de pruderie et d’orgueil nobiliaires, en harmonie avec leurs existences, occupations mesquines quand elles sont devenues le principal d’une vie de laquelle elles ne doivent être que l’accessoire, toutes ces familles avaient une certaine valeur intrinsèque, qui, mise en superficie, ne leur laisse qu’une valeur nominale. Aucune de ces familles n’a eu le courage de se dire Sommes-nous assez fortes pour porter le pouvoir ? Elle se sont jetées dessus comme firent les avocats en 1830. Au lieu de se montrer protecteur comme un Grand, le faubourg Saint-Germain fut avide comme un parvenu. Du jour où il fut prouvé à la nation la plus intelligente du monde, que la noblesse restaurée organisait le pouvoir et le budget à son profit, ce jour, elle fut mortellement malade. Elle voulait être une aristocratie quand elle ne pouvait plus être qu’une oligarchie, deux systèmes bien différents, et que comprendra tout homme assez habile pour lire attentivement les noms patronymiques des lords de la chambre haute. Certes, le gouvernement royal eut de bonnes intentions ; mais il oubliait constamment qu’il faut tout faire vouloir au peuple, même son bonheur, et que la France, femme capricieuse, veut être heureuse ou battue à son gré. S’il y avait eu beaucoup de ducs de Laval, que sa modestie a fait digne de son nom, le trône de la branche aÃnée serait devenu solide autant que l’est celui de la maison de Hanovre. En 1814, mais surtout en 1820, la noblesse française avait à dominer l’époque la plus instruite, la bourgeoisie la plus aristocratique, le pays le plus femelle du monde. Le faubourg Saint-Germain pouvait bien facilement conduire et amuser une classe moyenne, ivre de distinctions, amoureuse d’art et de science. Mais les mesquins meneurs de cette grande époque intelligentielle haïssaient tous l’art et la science. Ils ne surent même pas présenter la religion, dont ils avaient besoin, sous les poétiques couleurs qui l’eussent fait aimer. Quand Lamartine, La Mennais, Montalembert et quelques autres écrivains de talent doraient de poésie, rénovaient ou agrandissaient les idées religieuses, tous ceux qui gâchaient le gouvernement faisaient sentir l’amertume de la religion. Jamais nation ne fut plus complaisante, elle était alors comme une femme fatiguée qui devient facile ; jamais pouvoir ne fit alors plus de maladresses la France et la femme aiment mieux les fautes. Pour se réintégrer, pour fonder un grand gouvernement oligarchique, la noblesse du faubourg devait se fouiller avec bonne foi afin de trouver en elle-même la monnaie de Napoléon, s’éventrer pour demander aux creux de ses entrailles un Richelieu constitutionnel ; si ce génie n’était pas en elle, aller le chercher jusque dans le froid grenier où il pouvait être en train de mourir, et se l’assimiler, comme la chambre des lords anglais s’assimile constamment les aristocrates de hasard. Puis, ordonner à cet homme d’être implacable, de retrancher les branches pourries, de recéper l’arbre aristocratique. Mais d’abord, le grand système du torysme anglais était trop immense pour de petites têtes ; et son importation demandait trop de temps aux Français, pour lesquels une réussite lente vaut un fiasco. D’ailleurs, loin d’avoir cette politique rédemptrice qui va chercher la force là où Dieu l’a mise, ces grandes petites gens haïssaient toute force qui ne venait pas d’eux ; enfin, loin de se rajeunir, le faubourg Saint-Germain s’est avieilli. L’étiquette, institution de seconde nécessité, pouvait être maintenue si elle n’eût paru que dans les grandes occasions ; mais l’étiquette devint une lutte quotidienne, et au lieu d’être une question d’art ou de magnificence, elle devint une question de pouvoir. S’il manqua d’abord au trône un de ces conseillers aussi grands que les circonstances étaient grandes, l’aristocratie manqua surtout de la connaissance de ses intérêts généraux, qui aurait pu suppléer à tout. Elle s’arrêta devant le mariage de monsieur de Talleyrand, le seul homme qui eût une de ces têtes métalliques où se forgent à neuf les systèmes politiques par lesquels revivent glorieusement les nations. Le faubourg se moqua des ministres qui n’étaient pas gentilshommes, et ne donnait pas de gentilshommes assez supérieurs pour être ministres ; il pouvait rendre des services véritables au pays en ennoblissant les justices de paix, en fertilisant le sol, en construisant des routes et des canaux, en se faisant puissance territoriale agissante ; mais il vendait ses terres pour jouer à la Bourse. Il pouvait priver la bourgeoisie de ses hommes d’action et de talent dont l’ambition minait le pouvoir, en leur ouvrant ses rangs ; il a préféré les combattre, et sans armes ; car il n’avait plus qu’en tradition ce qu’il possédait jadis en réalité. Pour le malheur de cette noblesse, il lui restait précisément assez de ses diverses fortunes pour soutenir sa morgue. Contente de ses souvenirs, aucune de ces familles ne songea sérieusement à faire prendre des armes à ses aÃnés, parmi le faisceau que le dix-neuvième siècle jetait sur la place publique. La jeunesse, exclue des affaires, dansait chez Madame, au lieu de continuer à Paris, par l’influence de talents jeunes, consciencieux, innocents de l’Empire et de la République, l’œuvre que les clefs de chaque famille auraient commencées dans les départements en y conquérant la reconnaissance de leurs titres par de continuels plaidoyers en faveur des intérêts locaux, en s’y conformant à l’esprit du siècle, en refondant la caste au goût du temps. Concentrée dans son faubourg Saint-Germain, où vivait l’esprit des anciennes oppositions féodales mêlé à celui de l’ancienne cour, l’aristocratie, mal unie au château des Tuileries, fut plus facile à vaincre, n’existant que sur un point et surtout aussi mal constituée qu’elle l’était dans la Chambre des Pairs. Tissue dans le pays, elle devenait indestructible ; acculée dans son faubourg, adossée au château, étendue dans le budget, il suffisait d’un coup de hache pour trancher le fil de sa vie agonisante, et la plate figure d’un petit avocat s’avança pour donner ce coup de hache. Malgré l’admirable discours de monsieur Royer-Collard, l’hérédité de la pairie et ses majorats tombèrent sous les pasquinades d’un homme qui se vantait d’avoir adroitement disputé quelques têtes au bourreau, mais qui tuait maladroitement de grandes institutions. Il se trouve là des exemples et des enseignements pour l’avenir. Si l’oligarchie française n’avait pas une vie future, il y aurait je ne sais quelle cruauté triste à la gehenner après son décès, et alors il ne faudrait plus que penser à son sarcophage ; mais si le scalpel des chirurgiens est dur à sentir, il rend parfois la vie aux mourants. Le faubourg Saint-Germain peut se trouver pluspuissant persécuté qu’il ne l’était triomphant, s’il veut avoir un chef et un système. Maintenant il est facile de résumer cet aperçu semi-politique. Ce défaut de vues larges et ce vaste ensemble de petites fautes ; l’envie de rétablir de hautes fortunes dont chacun se préoccupait ; un besoin réel de religion pour soutenir la politique ; une soif de plaisir, qui nuisait à l’esprit religieux, et nécessita des hypocrisies ; les résistances partielles de quelques esprits élevés qui voyaient juste et que contrarièrent les rivalités de cour ; la noblesse de province, souvent plus pure de race que ne l’est la noblesse de cour, mais qui, trop souvent froissée, se désaffectionna ; toutes ces causes se réunirent pour donner au faubourg Saint-Germain les mÅ“urs les plus discordantes. Il ne fut ni compacte dans son système, ni conséquent dans ses actes, ni complétement moral, ni franchement licencieux, ni corrompu ni corrupteur ; il n’abandonna pas entièrement les questions qui lui nuisaient et n’adopta pas les idées qui l’eussent sauvé. Enfin, quelque débiles que fussent les personnes, le parti s’était néanmoins armé de tous les grands principes qui font la vie des nations. Or, pour périr dans sa force, que faut-il être ? Il fut difficile dans le choix des personnes présentées ; il eut du bon goût, du mépris élégant ; mais sa chute n’eut certes rien d’éclatant ni de chevaleresque. L’émigration de 89 accusait encore des sentiments ; en 1830, l’émigration à l’intérieur n’accuse plus que des intérêts. Quelques hommes illustres dans les lettres, les triomphes de la tribune, monsieur de Talleyrand dans les congrès, la conquête d’Alger, et plusieurs noms redevenus historiques sur les champs de bataille, montrent à l’aristocratie française les moyens qui lui restent de se nationaliser et de faire encore reconnaÃtre ses titres, si toutefois elle daigne. Chez les êtres organisés il se fait un travail d’harmonie intime. Un homme est-il paresseux, la paresse se trahit en chacun de ses mouvements. De même, la physionomie d’une classe d’hommes se conforme à l’esprit général, à l’âme qui en anime le corps. Sous la Restauration, la femme du faubourg Saint-Germain ne déploya ni la fière hardiesse que les dames de la cour portaient jadis dans leurs écarts, ni la modeste grandeur des tardives vertus par lesquelles elles expiaient leurs fautes, et qui répandaient autour d’elles un si vif éclat. Elle n’eut rien de bien léger, rien de bien grave. Ses passions, sauf quelques exceptions, furent hypocrites ; elle transigea pour ainsi dire avec leurs jouissances. Quelques-unes de ces familles menèrent la vie bourgeoise de la duchesse d’Orléans, dont le lit conjugal se montrait si ridiculement aux visiteurs du Palais-Royal ; deux ou trois à peine continuèrent les mÅ“urs de la Régence, et inspirèrent une sorte de dégoût à des femmes plus habiles. Cette nouvelle grande dame n’eut aucune influence sur les mÅ“urs elle pouvait néanmoins beaucoup, elle pouvait, en désespoir de cause, offrir le spectacle imposant des femmes de l’aristocratie anglaise ; mais elle hésita niaisement entre d’anciennes traditions, fut dévote de force, et cacha tout, même ses belles qualités. Aucune de ces Françaises ne put créer de salon où les sommités sociales vinssent prendre des leçons de goût et d’élégance. Leur voix, jadis si imposante en littérature, cette vivante expression des sociétés, y fut tout à fait nulle. Or, quand une littérature n’a pas de système général, elle ne fait pas corps et se dissout avec son siècle. Lorsque, dans un temps quelconque, il se trouve au milieu d’une nation un peuple à part ainsi constitué, l’historien y rencontre presque toujours une figure principale qui résume les vertus et les défauts de la masse à laquelle elle appartient Coligny chez les huguenots, le Coadjuteur au sein de la Fronde, le maréchal de Richelieu sous Louis XV, Danton dans la Terreur. Cette identité de physionomie entre un homme et son cortége historique est dans la nature des choses. Pour mener un parti ne faut-il pas concorder à ses idées, pour briller dans une époque ne faut-il pas la représenter ? De cette obligation constante où se trouve la tête sage et prudente des partis d’obéir aux préjugés et aux folies des masses qui en font la queue dérivent les actions que reprochent certains historiens aux chefs de parti, quand, à distance des terribles ébullitions populaires, ils jugent à froid les passions les plus nécessaires à la conduite des grandes luttes séculaires. Ce qui est vrai dans la comédie historique des siècles est également vrai dans la sphère plus étroite des scènes partielles du drame national appelé les MÅ“urs. Au commencement de la vie éphémère que mena le faubourg Saint-Germain pendant la Restauration, et à laquelle, si les considérations précédentes sont vraies, il ne sut pas donner de consistance, une jeune femme fut passagèrement le type le plus complet de la nature à la fois supérieure et faible, grande et petite, de sa caste. C’était une femme artificiellement instruite, réellement ignorante ; pleine de sentiments élevés, mais manquant d’une pensée qui les coordonnât ; dépensant les plus riches trésors de l’âme à obéir aux convenances ; prête à braver la société, mais hésitant et arrivant à l’artifice par suite de ses scrupules ; ayant plus d’entêtement que de caractère, plus d’engouement que d’enthousiasme, plus de tête que de cÅ“ur ; souverainement femme et souverainement coquette, Parisienne surtout ; aimant l’éclat, les fêtes ne réfléchissant pas, ou réfléchissant trop tard ; d’une imprudence qui arrivait presque à de la poésie ; insolente à ravir, mais humble au fond du cÅ“ur ; affichant la force comme un roseau bien droit, mais, comme ce roseau, prête à fléchir sous une main puissante ; parlant beaucoup de la religion, mais ne l’aimant pas, et cependant prête à l’accepter comme un dénoûment. Comment expliquer une créature véritablement multiple, susceptible d’héroïsme, et oubliant d’être héroïque pour dire une méchanceté ; jeune et suave, moins vieille de cÅ“ur que vieillie par les maximes de ceux qui l’entouraient, et comprenant leur philosophie égoïste sans l’avoir appliquée ; ayant tous les vices du courtisan et toutes les noblesses de la femme adolescente ; se défiant de tout, et néanmoins se laissant parfois aller à tout croire ? Ne serait-ce pas toujours un portrait inachevé que celui de cette femme en qui les teintes les plus chatoyantes se heurtaient, mais en produisant une confusion poétique, parce qu’il y avait une lumière divine, un éclat de jeunesse qui donnait à ces traits confus une sorte d’ensemble ? La grâce lui servait d’unité. Rien n’était joué. Ces passions, ces demi-passions, cette velléité de grandeur, cette réalité de petitesse, ces sentiments froids et ces élans chaleureux étaient naturels et ressortaient de sa situation autant que de celle de l’aristocratie à laquelle elle appartenait. Elle se comprenait toute seule et se menait orgueilleusement au-dessus du monde, à l’abri de son nom. Il y avait du moi de Médée dans sa vie, comme dans celle de l’aristocratie, qui se mourait sans vouloir ni se mettre sur son séant, ni tendre la main à quelque médecin politique, ni toucher, ni être touchée, tant elle se sentait faible ou déjà poussière. La duchesse de Langeais, ainsi se nommait-elle, était mariée depuis environ quatre ans quand la Restauration fut consommée, c’est-à -dire en 1816, époque à laquelle Louis XVIII, éclairé par la révolution des Cent Jours, comprit sa situation et son siècle, malgré son entourage, qui, néanmoins, triompha plus tard de ce Louis XI moins la hache, lorsqu’il fut abattu par la maladie. La duchesse de Langeais était une Navarreins, famille ducale, qui, depuis Louis XIV, avait pour principe de ne point abdiquer son titre dans ses alliances. Les filles de cette maison devaient avoir tôt ou tard, de même que leur mère, un tabouret à la cour. A l’âge de dix-huit ans, Antoinette de Navarreins sortit de la profonde retraite où elle avait vécu pour épouser le fils aÃné du duc de Langeais. Les deux familles étaient alors éloignées du monde ; mais l’invasion de la France faisait présumer aux royalistes le retour des Bourbons comme la seule conclusion possible aux malheurs de la guerre. Les ducs de Navarreins et de Langeais, restés fidèles aux Bourbons, avaient noblement résisté à toutes les séductions de la gloire impériale, et, dans les circonstances où ils se trouvaient lors de cette union, ils durent naturellement obéir à la vieille politique de leurs familles. Mademoiselle Antoinette de Navarreins épousa donc, belle et pauvre, monsieur le marquis de Langeais, dont le père mourut quelques mois après ce mariage. Au retour des Bourbons, les deux familles reprirent leur rang, leurs charges, leurs dignités à la cour, et rentrèrent dans le mouvement social, en dehors duquel elles s’étaient tenues jusqu’alors. Elles devinrent les plus éclatantes sommités de ce nouveau monde politique. Dans ce temps de lâchetés et de fausses conversions, la conscience publique se plut à reconnaÃtre en ces deux familles la fidélité sans tache, l’accord entre la vie privée et le caractère politique, auxquels tous les partis rendent involontairement hommage. Mais, par un malheur assez commun dans les temps de transaction, les personnes les plus pures et qui, par l’élévation de leurs vues, la sagesse de leurs principes, auraient fait croire en France à la générosité d’une politique neuve et hardie, furent écartées des affaires, qui tombèrent entre les mains de gens intéressés à porter les principes à l’extrême, pour faire preuve de dévouement. Les familles de Langeais et de Navarreins restèrent dans la haute sphère de la cour, condamnées aux devoirs de l’étiquette ainsi qu’aux reproches et aux moqueries du libéralisme, accusées de se gorger d’honneurs et de richesses, tandis que leur patrimoine ne s’augmenta point, et que les libéralités de la Liste Civile se consumèrent en frais de représentation, nécessaires à toute monarchie européenne, fût-elle même républicaine. En 1818, monsieur le duc de Langeais commandait une division militaire, et la duchesse avait, près d’une princesse, une place qui l’autorisait à demeurer à Paris, loin de son mari, sans scandale. D’ailleurs, le duc avait, outre son commandement, une charge à la cour, où il venait, en laissant, pendant son quartier, le commandement à un maréchal-de-camp. Le duc et la duchesse vivaient donc entièrement séparés, de fait et de cÅ“ur, à l’insu du monde. Ce mariage de convention avait eu le sort assez habituel de ces pactes de famille. Les deux caractères les plus antipathiques du monde s’étaient trouvés en présence, s’étaient froissés secrètement, secrètement blessés, désunis à jamais. Puis, chacun d’eux avait obéi à sa nature et aux convenances. Le duc de Langeais, esprit aussi méthodique que pouvait l’être le chevalier de Folard, se livra méthodiquement à ses goûts, à ses plaisirs, et laissa sa femme libre de suivre les siens, après avoir reconnu chez elle un esprit éminemment orgueilleux, un cÅ“ur froid, une grande soumission aux usages du monde, une loyauté jeune, et qui devait rester pure sous les yeux des grands parents, à la lumière d’une cour prude et religieuse. Il fit donc à froid le grand seigneur du siècle précédent, abandonnant à elle-même une femme de vingt-deux ans, offensée gravement, et qui avait dans le caractère une épouvantable qualité, celle de ne jamais pardonner une offense quand toutes ses vanités de femme, quand son amour-propre, ses vertus peut-être, avaient été méconnus, blessés occultement. Quand un outrage est public, une femme aime à l’oublier, elle a des chances pour se grandir, elle est femme dans sa clémence ; mais les femmes n’absolvent jamais de secrètes offenses, parce qu’elles n’aiment ni les lâchetés, ni les vertus, ni les amours secrètes. Telle était la position, inconnue du monde, dans laquelle se trouvait madame la duchesse de Langeais, et à laquelle ne réfléchissait pas cette femme, lorsque vinrent des fêtes données à l’occasion du mariage du duc de Berri. En ce moment, la cour et le faubourg Saint-Germain sortirent de leur atonie et de leur réserve. Là , commença réellement cette splendeur inouïe qui abusa le gouvernement de la Restauration. En ce moment, la duchesse de Langeais, soit calcul, soit vanité, ne paraissait jamais dans le monde sans être entourée ou accompagnée de trois ou quatre femmes aussi distinguées par leur nom que par leur fortune. Reine de la mode, elle avait ses dames d’atours, qui reproduisaient ailleurs ses manières et son esprit. Elle les avait habilement choisies parmi quelques personnes qui n’étaient encore ni dans l’intimité de la cour, ni dans le cÅ“ur du faubourg Saint-Germain, et qui avaient néanmoins la prétention d’y arriver ; simples Dominations qui voulaient s’élever jusqu’aux environs du trône et se mêler aux séraphiques puissances de la haute sphère nommée le petit château. Ainsi posée, la duchesse de Langeais était plus forte, elle dominait mieux, elle était plus en sûreté. Ses dames la défendaient contre la calomnie, et l’aidaient à jouer le détestable rôle de femme à la mode. Elle pouvait à son aise se moquer des hommes, des passions, les exciter, recueillir les hommages dont se nourrit toute nature féminine, et rester maÃtresse d’elle-même. A Paris et dans la plus haute compagnie, la femme est toujours femme ; elle vit d’encens, de flatteries, d’honneurs. La plus réelle beauté, la figure la plus admirable n’est rien si elle n’est admirée un amant, des flagorneries sont les attestations de sa puissance. Qu’est un pouvoir inconnu ? Rien. Supposez la plus jolie femme seule dans le coin d’un salon, elle y est triste. Quand une de ces créatures se trouve au sein des magnificences sociales, elle veut donc régner sur tous les cÅ“urs, souvent faute de pouvoir être souveraine heureuse dans un seul. Ces toilettes, ces apprêts, ces coquetteries étaient faites pour les plus pauvres êtres qui se soient rencontrés, des fats sans esprit, des hommes dont le mérite consistait dans une jolie figure, et pour lesquels toutes les femmes se compromettaient sans profit, de véritables idoles de bois doré qui, malgré quelques exceptions, n’avaient ni les antécédents des petits-maÃtres du temps de la Fronde, ni la bonne grosse valeur des héros de l’empire, ni l’esprit et les manières de leurs grands-pères, mais qui voulaient être gratis quelque chose d’approchant ; qui étaient braves comme l’est la jeunesse française, habiles sans doute s’ils eussent été mis à l’épreuve, et qui ne pouvaient rien être par le règne des vieillards usés qui les tenaient en lisière. Ce fut une époque froide, mesquine et sans poésie. Peut-être faut-il beaucoup de temps à une restauration pour devenir une monarchie. Depuis dix-huit mois, la duchesse de Langeais menait cette vie creuse, exclusivement remplie par le bal, par les visites faites pour le bal, par des triomphes sans objet, par des passions éphémères, nées et mortes pendant une soirée. Quand elle arrivait dans un salon, les regards se concentraient sur elle, elle moissonnait des mots flatteurs, quelques expressions passionnées qu’elle encourageait du geste, du regard, et qui ne pouvaient jamais aller plus loin que l’épiderme. Son ton, ses manières, tout en elle faisait autorité. Elle vivait dans une sorte de fièvre de vanité, de perpétuelle jouissance qui l’étourdissait. Elle allait assez loin en conversation, elle écoutait tout, et se dépravait, pour ainsi dire, à la surface du cÅ“ur. Revenue chez elle, elle rougissait souvent de ce dont elle avait ri, de telle histoire scandaleuse dont les détails l’aidaient à discuter les théories de l’amour qu’elle ne connaissait pas, et les subtiles distinctions de la passion moderne, que de complaisantes hypocrites lui commentaient ; car les femmes, sachant se tout dire entre elles, en perdent plus que n’en corrompent les hommes. Il y eut un moment où elle comprit que la créature aimée était la seule dont la beauté, dont l’esprit pût être universellement reconnu. Que prouve un mari ? Que, jeune fille, une femme était ou richement dotée, ou bien élevée, avait une mère adroite, ou satisfaisait aux ambitions de l’homme ; mais un amant est le constant programme de ses perfections personnelles. Madame de Langeais apprit, jeune encore, qu’une femme pouvait se laisser aimer ostensiblement sans être complice de l’amour, sans l’approuver, sans le contenter autrement que par les plus maigres redevances de l’amour, et plus d’une Sainte-n’y-touche lui révéla les moyens de jouer ces dangereuses comédies. La duchesse eut donc sa cour, et le nombre de ceux qui l’adoraient ou la courtisaient fut une garantie de sa vertu. Elle était coquette, aimable, séduisante jusqu’à la fin de la fête, du bal, de la soirée ; puis, le rideau tombé, elle se retrouvait seule, froide, insouciante, et néanmoins revivait le lendemain pour d’autres émotions également superficielles. Il y avait deux ou trois jeunes gens complétement abusés qui l’aimaient véritablement, et dont elle se moquait avec une parfaite insensibilité. Elle se disait — Je suis aimée, il m’aime ! Cette certitude lui suffisait. Semblable à l’avare satisfait de savoir que ses caprices peuvent être exaucés ; elle n’allait peut-être même plus jusqu’au désir. Un soir elle se trouva chez une de ses amies intimes, madame la vicomtesse de Fontaine, une de ses humbles rivales, qui la haïssaient cordialement et l’accompagnaient toujours espèce d’amitié armée dont chacun se défie, et où les confidences sont habilement discrètes, quelquefois perfides. Après avoir distribué de petits saluts protecteurs, affectueux ou dédaigneux de l’air naturel à la femme qui connaÃt toute la valeur de ses sourires, ses yeux tombèrent sur un homme qui lui était conplétement inconnu, mais dont la physionomie large et grave la surprit. Elle sentit en le voyant une émotion assez semblable à celle de la peur. — Ma chère, demanda-t-elle à madame de Maufrigneuse, quel est ce nouveau venu ? — Un homme dont vous avez sans doute entendu parler, le marquis de Montriveau. — Ah ! c’est lui. Elle prit son lorgnon et l’examina fort impertinemment, comme elle eût fait d’un portrait qui reçoit des regards et n’en rend pas. — Présentez-le-moi donc, il doit être amusant. — Personne n’est plus ennuyeux ni plus sombre, ma chère, mais il est à la mode. Monsieur Armand de Montriveau se trouvait en ce moment, sans le savoir, l’objet d’une curiosité générale, et le méritait plus qu’aucune de ces idoles passagères dont Paris a besoin et dont il s’amourache pour quelques jours, afin de satisfaire cette passion d’engouement et d’enthousiasme factice dont il est périodiquement travaillé. Armand de Montriveau était le fils unique du général de Montriveau, un de ces ci-devant qui servirent noblement la République, et qui périt, tué près de Joubert, à Novi. L’orphelin avait été placé par les soins de Bonaparte à l’école de Châlons, et mis, ainsi que plusieurs autres fils de généraux morts sur le champ de bataille, sous la protection de la République française. Après être sorti de cette école sans aucune espèce de fortune, il entra dans l’artillerie, et n’était encore que chef de bataillon lors du désastre de Fontainebleau. L’arme à laquelle appartenait Armand de Montriveau lui avait offert peu de chances d’avancement. D’abord le nombre des officiers y est plus limité que dans les autres corps de l’armé ; puis, les opinions libérales et presque républicaines que professait l’artillerie, les craintes inspirées à l’Empereur par une réunion d’hommes savants accoutumés à réfléchir, s’opposaient à la fortune militaire de la plupart d’entre eux. Aussi, contrairement aux lois ordinaires, les officiers parvenus au généralat ne furent-ils pas toujours les sujets les plus remarquables de l’arme, parce que, médiocres, ils donnaient peu de craintes. L’artillerie faisait un corps à part dans l’armée, et n’appartenait à Napoléon que sur les champs de bataille. A ces causes générales, qui peuvent expliquer les retards éprouvés dans sa carrière par Armand de Montriveau, il s’en joignait d’autres inhérentes à sa personne et à son caractère. Seul dans le monde, jeté dès l’âge de vingt ans à travers cette tempête d’hommes au sein de laquelle vécut Napoléon, et n’ayant aucun intérêt en dehors de lui-même, prêt à périr chaque jour, il s’était habitué à n’exister que par une estime intérieure et par le sentiment du devoir accompli. Il était habituellement silencieux comme le sont tous les hommes timides ; mais sa timidité ne venait point d’un défaut de courage, c’était une sorte de pudeur qui lui interdisait toute démonstration vaniteuse. Son intrépidité sur les champs de bataille n’était point fanfaronne ; il y voyait tout, pouvait donner tranquillement un bon avis à ses camarades, et allait au-devant des boulets tout en se baissant à propos pour les éviter. Il était bon, mais sa contenance le faisait passer pour hautain et sévère. D’une rigueur mathématique en toute chose, il n’admettait aucune composition hypocrite ni avec les devoirs d’une position, ni avec les conséquences d’un fait. Il ne se prêtait à rien de honteux, ne demandait jamais rien pour lui ; enfin, c’était un de ces grands hommes inconnus, assez philosophes pour mépriser la gloire, et qui vivent sans s’attacher à la vie, parce qu’ils ne trouvent pas à y développer leur force ou leurs sentiments dans toute leur étendue. Il était craint, estimé, peu aimé. Les hommes nous permettent bien de nous élever au-dessus d’eux, mais ils ne nous pardonnent jamais de ne pas descendre aussi bas qu’eux. Aussi le sentiment qu’ils accordent aux grands caractères ne va-t-il pas sans un peu de haine et de crainte. Trop d’honneur est pour eux une censure tacite qu’ils ne pardonnent ni aux vivants ni aux morts. Après les adieux de Fontainebleau, Montriveau, quoique noble et titré, fut mis en demi-solde. Sa probité antique effraya le Ministère de la Guerre, où son attachement aux serments faits à l’aigle impériale était connu. Lors des Cent-Jours il fut nommé colonel de la garde et resta sur le champ de bataille de Waterloo. Ses blessures l’ayant retenu en Belgique, il ne se trouva pas à l’armée de la Loire ; mais le gouvernement royal ne voulut pas reconnaÃtre les grades donnés pendant les Cent-Jours, et Armand de Montriveau quitta la France. EntraÃné par son génie entreprenant, par cette hauteur de pensée que, jusqu’alors, les hasards de la guerre avaient satisfaite, et passionné par sa rectitude instinctive pour les projets d’une grande utilité, le général Montriveau s’embarqua dans le dessein d’explorer la Haute-Égypte et les parties inconnues de l’Afrique, les contrées du centre surtout, qui excitent aujourd’hui tant d’intérêt parmi les savants. Son expédition scientifique fut longue et malheureuse. Il avait recueilli des notes précieuses destinées à résoudre les problèmes géographiques ou industriels si ardemment cherchés, et il était parvenu, non sans avoir surmonté bien des obstacles, jusqu’au cÅ“ur de l’Afrique, lorsqu’il tomba par trahison au pouvoir d’une tribu sauvage. Il fut dépouillé de tout, mis en esclavage et promené pendant deux années à travers les déserts, menacé de mort à tout moment et plus maltraité que ne l’est un animal dont s’amusent d’impitoyables enfants. Sa force de corps et sa constance d’âme lui firent supporter toutes les horreurs de sa captivité ; mais il épuisa presque toute son énergie dans son évasion, qui fut miraculeuse. Il atteignit la colonie française du Sénégal, demi-mort, en haillons, et n’ayant plus que d’informes souvenirs. Les immenses sacrifices de son voyage, l’étude des dialectes de l’Afrique, ses découvertes et ses observations, tout fut perdu. Un seul fait fera comprendre ses souffrances. Pendant quelques jours les enfants du scheik de la tribu dont il était l’esclave s’amusaient à prendre sa tête pour but dans un jeu qui consistait à jeter loin des osselets de cheval, et à les y faire tenir. Montriveau revint à Paris vers le milieu de l’année 1818, il s’y trouva ruiné, sans protecteurs, et n’en voulant pas. Il serait mort vingt fois avant de solliciter quoi que ce fût, même la reconnaissance de ses droits acquis. L’adversité, ses douleurs avaient développé son énergie jusque dans les petites choses, et l’habitude de conserver sa dignité d’homme en face de cet être moral que nous nommons la conscience, donnait pour lui du prix aux actes en apparence les plus indifférents. Cependant ses rapports avec les principaux savants de Paris et quelques militaires instruits firent connaÃtre et son mérite et ses aventures. Les particularités de son évasion et de sa captivité, celles de son voyage attestaient tant de sang-froid, d’esprit et de courage, qu’il acquit, sans le savoir, cette célébrité passagère dont les salons de Paris sont si prodigues, mais qui demande des efforts inouïs aux artistes quand ils veulent la perpétuer. Vers la fin de cette année, sa position changea subitement. De pauvre, il devint riche, ou du moins il eut extérieurement tous les avantages de la richesse. Le gouvernement royal, qui cherchait à s’attacher les hommes de mérite afin de donner de la force à l’armée, fit alors quelques concessions aux anciens officiers dont la loyauté et le caractère connu offraient des garanties de fidélité. Monsieur de Montriveau fut rétabli sur les cadres, dans son grade, reçut sa solde arriérée et fut admis dans la Garde royale. Ces faveurs arrivèrent successivement au marquis de Montriveau sans qu’il eût fait la moindre demande. Des amis lui épargnèrent les démarches personnelles auxquelles il se serait refusé. Puis, contrairement à ses habitudes, qui se modifièrent tout à coup, il alla dans le monde, où il fut accueilli favorablement, et où il rencontra partout les témoignages d’une haute estime. Il semblait avoir trouvé quelque dénoûment pour sa vie ; mais chez lui tout se passait en l’homme, il n’y avait rien d’extérieur. Il portait dans la société une figure grave et recueillie, silencieuse et froide. Il y eut beaucoup de succès, précisément parce qu’il tranchait fortement sur la masse des physionomies convenues qui meublent les salons de Paris, où il fut effectivement tout neuf. Sa parole avait la concision du langage des gens solitaires ou des sauvages. Sa timidité fut prise pour de la hauteur et plut beaucoup. Il était quelque chose d’étrange et de grand, et les femmes furent d’autant plus généralement éprises de ce caractère original, qu’il échappait à leurs adroites flatteries, à ce manège par lequel elles circonviennent les hommes les plus puissants, et corrodent les esprits les plus inflexibles. Monsieur de Montriveau ne comprenait rien à ces petites singeries parisiennes, et son âme ne pouvait répondre qu’aux sonores vibrations des beaux sentiments. Il eût promptement été laissé là , sans la poésie qui résultait de ses aventures et de sa vie, sans les prôneurs qui le vantaient à son insu, sans le triomphe d’amour propre qui attendait la femme dont il s’occuperait. Aussi la curiosité de la duchesse de Langeais était-elle vive autant que naturelle. Par un effet du hasard, cet homme l’avait intéressée la veille, car elle avait entendu raconter la veille une des scènes qui, dans le voyage de monsieur de Montriveau, produisaient le plus d’impression sur les mobiles imaginations de femme. Dans une excursion vers les sources du Nil, monsieur de Montriveau eut avec un de ses guides le débat le plus extraordinaire qui se connaisse dans les annales des voyages. Il avait un désert à traverser, et ne pouvait aller qu’à pied au lieu qu’il voulait explorer. Un seul guide était capable de l’y mener. Jusqu’alors aucun voyageur n’avait pu pénétrer dans cette partie de la contrée, où l’intrépide officier présumait devoir trouver la solution de plusieurs problèmes scientifiques. Malgré les représentations que lui firent et les vieillards du pays et son guide, il entreprit ce terrible voyage. S’armant de tout son courage aiguisé déjà par l’annonce d’horribles difficultés à vaincre, il partit au matin. Après avoir marché pendant une journée entière, il se coucha le soir sur le sable, éprouvant une fatigue inconnue, causée par la mobilité du sol, qui semblait à chaque pas fuir sous lui. Cependant il savait que le lendemain il lui faudrait, dès l’aurore, se remettre en route ; mais son guide lui avait promis de lui faire atteindre, vers le milieu du jour, le but de son voyage. Cette promesse lui donna du courage, lui fit retrouver des forces, et, malgré ses souffrances, il continua sa route, en maudissant un peu la science ; mais honteux de se plaindre devant son guide, il garda le secret de ses peines. Il avait déjà marché pendant le tiers du jour lorsque, sentant ses forces épuisées et ses pieds ensanglantés par la marche, il demanda s’il arriverait bientôt. — Dans une heure, lui dit le guide. Armand trouva dans son âme pour une heure de force et continua. L’heure s’écoula sans qu’il aperçût, même à l’horizon, horizon de sables aussi vaste que l’est celui de la pleine mer, les palmiers et les montagnes dont les cimes devaient annoncer le terme de son voyage. Il s’arrêta, menaça le guide, refusa d’aller plus loin, lui reprocha d’être son meurtrier, de l’avoir trompé ; puis des larmes de rage et de fatigue roulèrent sur ses joues enflammées ; il était courbé par la douleur renaissante de la marche, et son gosier lui semblait coagulé par la soif du désert. Le guide, immobile, écoutait ses plaintes d’un air ironique, tout en étudiant, avec l’apparente indifférence des Orientaux, les imperceptibles accidents de ce sable presque noirâtre comme est l’or bruni. — Je me suis trompé, reprit-il froidement. Il y a trop long-temps que j’ai fait ce chemin pour que je puisse reconnaÃtre les traces ; nous y sommes bien, mais il faut encore marcher pendant deux heures. — Cet homme a raison, pensa monsieur de Montriveau. Puis il se remit en route, suivant avec peine l’Africain impitoyable, auquel il semblait lié par un fil, comme un condamné l’est invisiblement au bourreau. Mais les deux heures se passent, le Français a dépensé ses dernières gouttes d’énergie, et l’horizon est pur, et il n’y voit ni palmiers ni montagnes. Il ne trouve plus ni cris ni gémissements, il se couche alors sur le sable pour mourir ; mais ses regards eussent épouvanté l’homme le plus intrépide, il semblait annoncer qu’il ne voulait pas mourir seul. Son guide, comme un vrai démon, lui répondait par un coup d’œil calme, empreint de puissance, et le laissait étendu, en ayant soin de se tenir à une distance qui lui permÃt d’échapper au désespoir de sa victime. Enfin monsieur de Montriveau trouva quelques forces pour une dernière imprécation. Le guide se rapprocha de lui, le regarda fixement, lui imposa silence et lui dit — N’as-tu pas voulu, malgré nous, aller là ou je te mène ? Tu me reproches de te tromper si je ne l’avais pas fait, tu ne serais pas venu jusqu’ici. Veux-tu la vérité, la voici. Nous avons encore cinq heures de marche, et nous ne pouvons plus retourner sur nos pas. Sonde ton cÅ“ur, si tu n’as pas assez de courage, voici mon poignard. Surpris par cette effroyable entente de la douleur et de la force humaine, monsieur de Montriveau ne voulut pas se trouver au-dessous d’un barbare ; et puisant dans son orgueil d’Européen une nouvelle dose de courage, il se releva pour suivre son guide. Les cinq heures étaient expirées, monsieur de Montriveau n’apercevait rien encore, il tourna vers le guide un Å“il mourant ; mais alors le Nubien le prit sur ses épaules, l’éleva de quelques pieds, et lui fit voir à une centaine de pas un lac entouré de verdure et d’une admirable forêt, qu’illuminaient les feux du soleil couchant. Ils étaient arrivés à quelque distance d’une espèce de banc de granit immense, sous lequel ce paysage sublime se trouvait comme enseveli. Armand crut renaÃtre, et son guide, ce géant d’intelligence et de courage, acheva son Å“uvre de dévouement en le portant à travers les sentiers chauds et polis à peine tracés sur le granit. Il voyait d’un côté l’enfer des sables, et de l’autre le paradis terrestre de la plus belle oasis qui fût en ces déserts. La duchesse, déjà frappée par l’aspect de ce poétique personnage, le fut encore bien plus en apprenant qu’elle voyait en lui le marquis de Montriveau, de qui elle avait rêvé pendant la nuit. S’être trouvée dans les sables brûlants du désert avec lui, l’avoir eu pour compagnon de cauchemar, n’était-ce pas chez une femme de cette nature un délicieux présage d’amusement ? Jamais homme n’eut mieux qu’Armand la physionomie de son caractère, et ne pouvait plus justement intriguer les regards. Sa tête, grosse et carrée, avait pour principal trait caractéristique une énorme et abondante chevelure noire qui lui enveloppait la figure de manière à rappeler parfaitement le général Kléber auquel il ressemblait par la vigueur de son front, par la coupe de son visage, par l’audace tranquille des yeux, et par l’espèce de fougue qu’exprimaient ses traits saillants. Il était petit, large de buste, musculeux comme un lion. Quand il marchait, sa pose, sa démarche, le moindre geste trahissait et je ne sais quelle sécurité de force qui imposait, et quelque chose de despotique. Il paraissait savoir que rien ne pouvait s’opposer à sa volonté, peut-être parce qu’il ne voulait rien que de juste. Néanmoins, semblable à tous les gens réellement forts, il était doux dans son parler, simple dans ses manières, et naturellement bon. Seulement toutes ces belles qualités semblaient devoir disparaÃtre dans les circonstances graves où l’homme devient implacable dans ses sentiments, fixe dans ses résolutions, terrible dans ses actions. Un observateur aurait pu voir dans la commissure de ses lèvres un retroussement habituel qui annonçait des penchants vers l’ironie. La duchesse de Langeais, sachant de quel prix passager était la conquête de cet homme, résolut, pendant le peu de temps que mit la duchesse de Maufrigneuse à l’aller prendre pour le lui présenter, d’en faire un de ses amants, de lui donner le pas sur tous les autres, de l’attacher à sa personne, et de déployer pour lui toutes ses coquetteries. Ce fut une fantaisie, pur caprice de duchesse avec lequel Lope de Véga ou Calderon a fait le Chien du jardinier. Elle voulut que cet homme ne fût à aucune femme, et n’imagina pas d’être à lui. La duchesse de Langeais avait reçu de la nature les qualités nécessaires pour jouer les rôles de coquette, et son éducation les avait encore perfectionnées. Les femmes avaient raison de l’envier, et les hommes de l’aimer. Il ne lui manquait rien de ce qui peut inspirer l’amour, de ce qui le justifie et de ce qui le perpétue. Son genre de beauté, ses manières, son parler, sa pose s’accordaient pour la douer d’une coquetterie naturelle, qui, chez une femme, semble être la conscience de son pouvoir. Elle était bien faite, et décomposait peut-être ses mouvements avec trop de complaisance, seule affectation qu’on lui pût reprocher. Tout en elle s’harmoniait, depuis le plus petit geste jusqu’à la tournure particulière de ses phrases, jusqu’à la manière hypocrite dont elle jetait son regard. Le caractère prédominant de sa physionomie était une noblesse élégante, que ne détruisait pas la mobilité toute française de sa personne. Cette attitude incessamment changeante avait un prodigieux attrait pour les hommes. Elle paraissait devoir être la plus délicieuse des maÃtresses en déposant son corset et l’attirail de sa représentation. En effet, toutes les joies de l’amour existaient en germe dans la liberté de ses regards expressifs, dans les câlineries de sa voix, dans la grâce de ses paroles. Elle faisait voir qu’il y avait en elle une noble courtisane, que démentaient vainement les religions de la duchesse. Qui s’asseyait près d’elle pendant une soirée, la trouvait tour à tour gaie, mélancolique, sans qu’elle eût l’air de jouer ni la mélancolie ni la gaieté. Elle savait être à son gré affable, méprisante, ou impertinente, ou confiante. Elle semblait bonne et l’était. Dans sa situation, rien ne l’obligeait à descendre à la méchanceté. Par moments, elle se montrait tour à tour sans défiance et rusée, tendre à émouvoir, puis dure et sèche à briser le cÅ“ur. Mais pour la bien peindre ne faudrait-il pas accumuler toutes les antithèses féminines ; en un mot, elle était ce qu’elle voulait être ou paraÃtre. Sa figure un peu trop longue avait de la grâce, quelque chose de fin, de menu qui rappelait les figures du moyen âge. Son teint était pâle, légèrement rosé. Tout en elle péchait pour ainsi dire par un excès de délicatesse. Monsieur de Montriveau se laissa complaisamment présenter à la duchesse de Langeais, qui, suivant l’habitude des personnes auxquelles un goût exquis fait éviter les banalités, l’accueillit sans l’accabler ni de questions ni de compliments, mais avec une sorte de grâce respectueuse qui devait flatter un homme supérieur, car la supériorité suppose chez un homme un peu de ce tact qui fait deviner aux femmes tout ce qui est sentiment. Si elle manifesta quelque curiosité, ce fut par ses regards ; si elle complimenta, ce fut par ses manières ; et elle déploya cette chatterie de paroles, cette fine envie de plaire qu’elle savait montrer mieux que personne. Mais toute sa conversation ne fut en quelque sorte que le corps de la lettre, il devait y avoir un post-scriptum où la pensée principale allait être dite. Quand, après une demi-heure de causeries insignifiantes, et dans lesquelles l’accent, les sourires, donnaient seuls de la valeur aux mots, monsieur de Montriveau parut vouloir discrètement se retirer, la duchesse le retint par un geste expressif. — Monsieur, lui dit-elle, je ne sais si le peu d’instants pendant lesquels j’ai eu le plaisir de causer avec vous vous a offert assez d’attrait pour qu’il me soit permis de vous inviter à venir chez moi ; j’ai peur qu’il n’y ait beaucoup d’égoïsme à vouloir vous y posséder. Si j’étais assez heureuse pour que vous vous y plussiez, vous me trouveriez toujours le soir jusqu’à dix heures. Ces phrases furent dites d’un ton si coquet, que monsieur de Montriveau ne pouvait se défendre d’accepter l’invitation. Quand il se rejeta dans les groupes d’hommes qui se tenaient à quelque distance des femmes, plusieurs de ses amis le félicitèrent, moitié sérieusement, moitié plaisamment, sur l’accueil extraordinaire que lui avait fait la duchesse de Langeais. Cette difficile, cette illustre conquête, était décidément faite, et la gloire en avait été réservée à l’artillerie de la Garde. Il est facile d’imaginer les bonnes et mauvaises plaisanteries que ce thème, une fois admis, suggéra dans un de ces salons parisiens où l’on aime tant à s’amuser, et où les railleries ont si peu de durée que chacun s’empresse d’en tirer toute la fleur. Ces niaiseries flattèrent à son insu le général. De la place où il s’était mis, ses regards furent attirés par mille réflexions indécises vers la duchesse ; et il ne put s’empêcher de s’avouer à lui-même que, de toutes les femmes dont la beauté avait séduit ses yeux, nulle ne lui avait offert une plus délicieuse expression des vertus, des défauts, des harmonies que l’imagination la plus juvénile puisse vouloir en France à une maÃtresse. Quel homme, en quelque rang que le sort l’ait placé, n’a pas senti dans son âme une jouissance indéfinissable en rencontrant, chez une femme qu’il choisit, même rêveusement, pour sienne, les triples perfections morales, physiques et sociales qui lui permettent de toujours voir en elle tous ses souhaits accomplis ? Si ce n’est pas une cause d’amour, cette flatteuse réunion est certes un des plus grands véhicules du sentiment. Sans la vanité, disait un profond moralise du siècle dernier, l’amour est un convalescent. Il y a certes, pour l’homme comme pour la femme, un trésor de plaisirs dans la supériorité de la personne aimée. N’est-ce pas beaucoup, pour ne pas dire tout, de savoir que notre amour-propre ne souffrira jamais en elle ; qu’elle est assez noble pour ne jamais recevoir les blessures d’un coup d’œil méprisant, assez riche pour être entourée d’un éclat égal à celui dont s’environnent même les rois éphémères de la finance, assez spirituelle pour ne jamais être humiliée par une fine plaisanterie, et assez belle pour être la rivale de tout son sexe ? Ces réflexions, un homme les fait en un clin d’œil. Mais si la femme qui les lui inspire lui présente en même temps, dans l’avenir de sa précoce passion, les changeantes délices de la grâce, l’ingénuité d’une âme vierge, les mille plis du vêtement des coquettes, les dangers de l’amour, n’est-ce pas à remuer le cÅ“ur de l’homme le plus froid ? Voici dans quelle situation se trouvait en ce moment monsieur de Montriveau, relativement à la femme, et le passé de sa vie garantit en quelque sorte la bizarrerie du fait. Jeté jeune dans l’ouragan des guerres françaises, ayant toujours vécu sur les champs de bataille, il ne connaissait de la femme que ce qu’un voyageur pressé, qui va d’auberge en auberge, peut connaÃtre d’un pays. Peut-être aurait-il pu dire de sa vie ce que Voltaire disait à quatre-vingts ans de la sienne, et n’avait-il pas trente-sept sottises à se reprocher ? Il était, à son âge, aussi neuf en amour que l’est un jeune homme qui vient de lire Faublas en cachette. De la femme, il savait tout ; mais de l’amour, il ne savait rien ; et sa virginité de sentiment lui faisait ainsi des désirs tout nouveaux. Quelques hommes, emportés par les travaux auxquels les ont condamnés la misère ou l’ambition, l’art ou la science, comme monsieur de Montriveau avait été emporté par le cours de la guerre et les événements de sa vie, connaissent cette singulière situation, et l’avouent rarement. A Paris, tous les hommes doivent avoir aimé. Aucune femme n’y veut de ce dont aucune n’a voulu. De la crainte d’être pris pour un sot, procèdent les mensonges de la fatuité générale en France, où passer pour un sot, c’est ne pas être du pays. En ce moment, monsieur de Montriveau fut à la fois saisi par un violent désir, un désir grandi dans la chaleur des déserts, et par un mouvement de cÅ“ur dont il n’avait pas encore connu la bouillante étreinte. Aussi fort qu’il était violent, cet homme sut réprimer ses émotions ; mais, tout en causant de choses indifférentes, il se retirait en lui-même, et se jurait d’avoir cette femme, seule pensée par laquelle il pouvait entrer dans l’amour. Son désir devint un serment fait à la manière des Arabes avec lesquels il avait vécu, et pour lesquels un serment est un contrat passé entre eux et toute leur destinée, qu’ils subordonnent à la réussite de l’entreprise consacrée par le serment, et dans laquelle ils ne comptent même plus leur mort que comme un moyen de plus pour le succès. Un jeune homme se serait dit — Je voudrais bien avoir la duchesse de Langeais pour maÃtresse ! un autre — Celui qui sera aimé de la duchesse de Langeais sera un bien heureux coquin ! Mais le général se dit — J’aurai pour maÃtresse madame de Langeais. Quand un homme vierge de cÅ“ur, et pour qui l’amour devient une religion, conçoit une semblable pensée, il ne sait pas dans quel enfer il vient de mettre le pied. Monsieur de Montriveau s’échappa brusquement du salon, et revint chez lui dévoré par les premiers accès de sa première fièvre amoureuse. Si, vers milieu de l’âge, un homme garde encore les croyances, les illusions, les franchises, l’impétuosité de l’enfance, son premier geste est pour ainsi dire d’avancer la main pour s’emparer de ce qu’il désire ; puis, quand il a sondé les distances presque impossibles à franchir qui l’en séparent, il est saisi, comme les enfants, d’une sorte d’étonnement ou d’impatience qui communique de la valeur à l’objet souhaité, il tremble ou il pleure. Aussi le lendemain, après les plus orageuses réflexions qui lui eussent bouleversé l’âme, Armand de Montriveau se trouva-t-il sous le joug de ses sens, que concentra la pression d’un amour vrai. Cette femme si cavalièrement traitée la veille était devenue le lendemain le plus saint, le plus redouté des pouvoirs. Elle fut dès lors pour lui le monde et la vie. Le seul souvenir des plus légères émotions qu’elle lui avait données faisait pâlir ses plus grandes joies, ses plus vives douleurs jadis ressenties. Les révolutions les plus rapides ne trompent que les intérêts de l’homme, tandis qu’une passion en renverse les sentiments. Or, pour ceux qui vivent plus par le sentiment que par l’intérêt, pour ceux qui ont plus d’âme et de sang que d’esprit et de lymphe, un amour réel produit un changement complet d’existence. D’un seul trait, par une seule réflexion, Armand de Montriveau effaça donc toute sa vie passée. Après s’être vingt fois demandé, comme un enfant — Irai-je ? N’irai-je pas ? il s’habilla, vint à l’hôtel de Langeais vers huit heures du soir, et fut admis auprès de la femme, non pas de la femme, mais de l’idole qu’il avait vue la veille, aux lumières, comme une fraÃche et pure jeune fille vêtue de gaze, de blondes et de voiles. Il arrivait impétueusement pour lui déclarer son amour, comme s’il s’agissait du premier coup de canon sur un champ de bataille. Pauvre écolier ! Il trouva sa vaporeuse sylphide enveloppée d’un peignoir de cachemire brun habilement bouillonné, languissamment couchée sur le divan d’un obscur boudoir. Madame de Langeais ne se leva même pas, elle ne montra que sa tête, dont les cheveux étaient en désordre, quoique retenus dans un voile. Puis d’une main qui, dans le clair obscur produit par la tremblante lueur d’une seule bougie placée loin d’elle, parut aux yeux de Montriveau blanche comme une main de marbre, elle lui fit signe de s’asseoir, et lui dit d’une voix aussi douce que l’était la lueur si ce n’eût pas été vous, monsieur le marquis, si c’eût été un ami avec lequel j’eusse pu agir sans façon, ou un indifférent qui m’eût légèrement intéressée, je vous aurais renvoyé. Vous me voyez affreusement souffrante. Armand se dit en lui-même — Je vais m’en aller. — Mais, reprit-elle en lui lançant un regard dont l’ingénu militaire attribua le feu à la fièvre, je ne sais si c’est un pressentiment de votre bonne visite à l’empressement de laquelle je suis on ne peut pas plus sensible, depuis un instant je sentais ma tête se dégager de ses vapeurs. — Je puis donc rester, lui dit Montriveau. — Ah ! je serais bien fâchée de vous voir partir. Je me disais déjà ce matin que je ne devais pas avoir fait sur vous la moindre impression ; que vous aviez sans doute pris mon invitation pour une de ces phrases banales prodiguées au hasard par les Parisiennes, et je pardonnais d’avance à votre ingratitude. Un homme qui arrive des déserts n’est pas tenu de savoir combien notre faubourg est exclusif dans ses amitiés. Ces gracieuses paroles, à demi murmurées, tombèrent une à une, et furent comme chargées du sentiment joyeux qui paraissait les dicter. La duchesse voulait avoir tous les bénéfices de sa migraine, et sa spéculation eut un plein succès. Le pauvre militaire souffrait réellement de la fausse souffrance de cette femme. Comme Crillon entendant le récit de la passion de Jésus-Christ, il était prêt à tirer son épée contre les vapeurs. Hé ! comment alors oser parler à cette malade de l’amour qu’elle inspirait ? Armand comprenait déjà qu’il était ridicule de tirer son amour à brûle-pourpoint sur une femme si supérieure. Il entendit par une seule pensée toutes les délicatesses du sentiment et les exigences de l’âme. Aimer, n’est-ce pas savoir bien plaider, mendier, attendre ? Cet amour ressenti, ne fallait-il pas le prouver ? Il se trouva la langue immobile, glacée par les convenances du noble faubourg, par la majesté de la migraine, et par les timidités de l’amour vrai. Mais nul pouvoir au monde ne put voiler les regards de ses yeux dans lesquels éclataient la chaleur, l’infini du désert, des yeux calmes comme ceux des panthères, et sur lesquels ses paupières ne s’abaissaient que rarement. Elle aima beaucoup ce regard fixe qui la baignait de lumière et d’amour. — Madame la duchesse, répondit-il, je craindrais de vous mal dire la reconnaissance que m’inspirent vos bontés. En ce moment je ne souhaite qu’une seule chose, le pouvoir de dissiper vos souffrances. — Permettez que je me débarrasse de ceci, j’ai maintenant trop chaud, dit-elle en faisant sauter par un mouvement plein de grâce le coussin qui lui couvrait les pieds, qu’elle laissa voir dans toute leur clarté. — Madame, en Asie, vos pieds vaudraient presque dix mille sequins. — Compliment de voyageur, dit-elle en souriant. Cette spirituelle personne prit plaisir à jeter le rude Montriveau dans une conversation pleine de bêtises, de lieux communs et de non-sens, où il manÅ“uvra, militairement parlant, comme eût fait le prince Charles aux prises avec Napoléon. Elle s’amusa malicieusement à reconnaÃtre l’étendue de cette passion commencée, d’après le nombre de sottises arrachées à ce débutant, qu’elle amenait à petits pas dans un labyrinthe inextricable où elle voulait le laisser honteux de lui-même. Elle débuta donc par se moquer de cet homme, à qui elle se plaisait néanmoins à faire oublier le temps. La longueur d’une première visite est souvent une flatterie, mais Armand n’en fut pas complice. Le célèbre voyageur était dans ce boudoir depuis une heure, causant de tout, n’ayant rien dit, sentant qu’il n’était qu’un instrument dont jouait cette femme, quand elle se dérangea, s’assit, se mit sur le cou le voile qu’elle avait sur la tête, s’accouda, lui fit les honneurs d’une complète guérison, et sonna pour faire allumer les bougies du boudoir. A l’inaction absolue dans laquelle elle était restée, succédèrent les mouvements les plus gracieux. Elle se tourna vers monsieur de Montriveau, et lui dit, en réponse à une confidence qu’elle venait de lui arracher et qui parut la vivement intéresser — Vous voulez vous moquer de moi en tâchant de me donner à penser que vous n’avez jamais aimé. Voilà la grande prétention des hommes auprès de nous. Nous les croyons. Pure politesse ! Ne savons-nous pas à quoi nous en tenir là -dessus par nous-mêmes ? Où est l’homme qui n’a pas rencontré dans sa vie une seule occasion d’être amoureux ! Mais vous aimez nous tromper, et nous vous laissons faire, pauvres sottes que nous sommes, parce que vos tromperies sont encore des hommages rendus à la supériorité de nos sentiments, qui sont tout pureté. Cette dernière phrase fut prononcée avec un accent plein de hauteur et de fierté qui fit de cet amant novice une balle jetée au fond d’un abÃme, et de la duchesse un ange revolant vers son ciel particulier. — Diantre ! s’écriait en lui-même Armand de Montriveau, comment s’y prendre pour dire à cette créature sauvage que je l’aime ? Il l’avait déjà dit vingt fois, ou plutôt la duchesse l’avait vingt fois lu dans ses regards, et voyait, dans la passion de cet homme vraiment grand, un amusement pour elle, un intérêt à mettre dans sa vie sans intérêt. Elle se préparait donc déjà fort habilement à élever autour d’elle une certaine quantité de redoutes qu’elle lui donnerait à emporter avant de lui permettre l’entrée de son cÅ“ur. Jouet de ses caprices, Montriveau devait rester stationnaire tout en sautant de difficultés en difficultés comme un de ces insectes tourmenté par un enfant saute d’un doigt sur un autre en croyant avancer, tandis que son malicieux bourreau le laisse au même point. Néanmoins, la duchesse reconnut avec un bonheur inexprimable que cet homme de caractère ne mentait pas à sa parole. Armand n’avait, en effet, jamais aimé. Il allait se retirer mécontent de lui, plus mécontent d’elle encore ; mais elle vit avec joie une bouderie qu’elle savait pouvoir dissiper par un mot, d’un regard, d’un geste. — Viendrez-vous demain soir ? lui dit-elle. Je vais au bal, je vous attendrai jusqu’à dix heures. Le lendemain Montriveau passa la plus grande partie de la journée assis à la fenêtre de son cabinet, et occupé à fumer une quantité indéterminée de cigares. Il put atteindre ainsi l’heure de s’habiller et d’aller à l’hôtel de Langeais. C’eût été grande pitié pour l’un de ceux qui connaissaient la magnifique valeur de cet homme, de le voir devenu si petit, si tremblant, de savoir cette pensée dont les rayons pouvaient embrasser des mondes, se rétrécir aux proportions du boudoir d’une petite-maÃtresse. Mais il se sentait lui-même déjà si déchu dans son bonheur, que, pour sauver sa vie, il n’aurait pas confié son amour à l’un de ses amis intimes. Dans la pudeur qui s’empare d’un homme quand il aime, n’y a-t-il pas toujours un peu de honte, et ne serait-ce pas sa petitesse qui fait l’orgueil de la femme ? Enfin ne serait-ce pas une foule de motifs de ce genre, mais que les femmes ne s’expliquent pas, qui les porte presque toutes à trahir les premières le mystère de leur amour, mystère dont elles se fatiguent peut-être ? — Monsieur, dit le valet de chambre, madame la duchesse n’est pas visible, elle s’habille, et vous prie de l’attendre ici. Armand se promena dans le salon en étudiant le goût répandu dans les moindres détails. Il admira madame de Langeais, en admirant les choses qui venaient d’elle et en trahissaient les habitudes, avant qu’il pût en saisir la personne et les idées. Après une heure environ, la duchesse sortit de sa chambre sans faire de bruit. Montriveau se retourna, la vit marchant avec la légèreté d’une ombre, et tressaillit. Elle vint à lui, sans lui dire bourgeoisement — Comment me trouvez-vous ? Elle était sûre d’elle, et son regard fixe disait — Je me suis ainsi parée pour vous plaire. Une vieille fée, marraine de quelque princesse méconnue, avait seule pu tourner autour du cou de cette coquette personne le nuage d’une gaze dont les plis avaient des tons vifs que soutenait encore l’éclat d’une peau satinée. La duchesse était éblouissante. Le bleu clair de sa robe, dont les ornements se répétaient dans les fleurs de sa coiffure, semblait donner, par la richesse de la couleur, un corps à ses formes frêles devenues tout aériennes ; car, en glissant avec rapidité vers Armand, elle fit voler les deux bouts de l’écharpe qui pendait à ses côtés, et le brave soldat ne put alors s’empêcher de la comparer aux jolis insectes bleus qui voltigent au-dessus des eaux, parmi les fleurs, avec lesquelles ils paraissent se confondre. — Je vous ai fait attendre, dit-elle de la voix que savent prendre les femmes pour l’homme auquel elles veulent plaire. — J’attendrais patiemment une éternité, si je savais trouver la Divinité belle comme vous l’êtes ; mais ce n’est pas un compliment que de vous parler de votre beauté, vous ne pouvez plus être sensible qu’à l’adoration. Laissez-moi donc seulement baiser votre écharpe. — Ah, fi ! dit-elle en faisant un geste d’orgueil, je vous estime assez pour vous offrir ma main. Et elle lui tendit à baiser sa main encore humide. Une main de femme, au moment où elle sort de son bain de senteur, conserve je ne sais quelle fraÃcheur douillette, une mollesse veloutée dont la chatouilleuse impression va des lèvres à l’âme. Aussi, chez un homme épris qui a dans les sens autant de volupté qu’il a d’amour au cÅ“ur, ce baiser, chaste en apparence, peut-il exciter de redoutables orages. — Me la tendrez-vous toujours ainsi ? dit humblement le général en baisant avec respect cette main dangereuse. — Oui ; mais nous en resterons là , dit-elle en souriant. Elle s’assit et parut fort maladroite à mettre ses gants, en voulant en faire glisser la peau d’abord trop étroite le long de ses doigts, et regarder en même temps monsieur de Montriveau, qui admirait alternativement la duchesse et la grâce de ses gestes réitérés. — Ah ! c’est bien, dit-elle, vous avez été exact, j’aime l’exactitude. Sa Majesté dit qu’elle est la politesse des rois ; mais, selon moi, de vous à nous, je la crois la plus respectueuse des flatteries. Hé ! n’est-ce pas ? Dites donc. Puis elle le guigna de nouveau pour lui exprimer une amitié décevante, en le trouvant muet de bonheur, et tout heureux de ces riens. Ah ! la duchesse entendait à merveille son métier de femme, elle savait admirablement rehausser un homme à mesure qu’il se rapetissait, et le récompenser par de creuses flatteries à chaque pas qu’il faisait pour descendre aux niaiseries de la sentimentalité. — Vous n’oublierez jamais de venir à neuf heures. — Oui, mais irez-vous donc au bal tous les soirs ? — Le sais-je ? répondit-elle en haussant les épaules par un petit geste enfantin comme pour avouer qu’elle était toute caprice et qu’un amant devait la prendre ainsi. — D’ailleurs, reprit-elle, que vous importe ? vous m’y conduirez. — Pour ce soir, dit-il, ce serait difficile, je ne suis pas mis convenablement. — Il me semble, répondit-elle en le regardant avec fierté, que si quelqu’un doit souffrir de votre mise, c’est moi. Mais sachez, monsieur le voyageur, que l’homme dont j’accepte le bras est toujours au-dessus de la mode, personne n’oserait le critiquer. Je vois que vous ne connaissez pas le monde, je vous en aime davantage. Et elle le jetait déjà dans les petitesses du monde, en tâchant de l’initier aux vanités d’une femme à la mode. — Si elle veut faire une sottise pour moi, se dit en lui-même Armand, je serais bien niais de l’en empêcher. Elle m’aime sans doute, et, certes, elle ne méprise pas le monde plus que je ne le méprise moi-même ! ainsi va pour le bal ! La duchesse pensait sans doute qu’en voyant le général la suivre au bal en bottes et en cravate noire, personne n’hésiterait à le croire passionnément amoureux d’elle. Heureux de voir la reine du monde élégant vouloir se compromettre pour lui, le général eut de l’esprit en ayant de l’espérance. Sûr de plaire, il déploya ses idées et ses sentiments, sans ressentir la contrainte qui, la veille, lui avait gêné le cÅ“ur. Cette conversation substantielle, animée, remplie par ces premières confidences aussi douces à dire qu’à entendre, séduisit-elle madame de Langeais, ou avait-elle imaginé cette ravissante coquetterie ; mais elle regarda malicieusement la pendule quand minuit sonna. — Ah ! vous me faites manquer le bal ! dit-elle en exprimant de la surprise et du dépit de s’être oubliée. Puis, elle se justifia le changement de ses jouissances par un sourire qui fit bondir le cÅ“ur d’Armand. — J’avais bien promis à madame de Beauséant, ajouta-t-elle. Ils m’attendent tous. — Hé ! bien, allez. — Non, continuez, dit-elle. Je reste. Vos aventures en Orient me charment. Racontez-moi bien toute votre vie. J’aime à participer aux souffrances ressenties par un homme de courage, car je les ressens, vrai ! Elle jouait avec son écharpe, la tordait, la déchirait par des mouvements d’impatience qui semblaient accuser un mécontentement intérieur et de profondes réflexions. — Nous ne valons rien, nous autres, reprit-elle. Ah ! nous sommes d’indignes personnes, égoïstes, frivoles. Nous ne savons que nous ennuyer à force d’amusements. Aucune de nous ne comprend le rôle de sa vie. Autrefois, en France, les femmes étaient des lumières bienfaisantes, elles vivaient pour soulager ceux qui pleurent, encourager les grandes vertus, récompenser les artistes et en animer la vie par de nobles pensées. Si le monde est devenu si petit, à nous la faute. Vous me faites haïr ce monde et le bal. Non, je ne vous sacrifie pas grand’chose. Elle acheva de détruire son écharpe, comme un enfant qui, jouant avec une fleur, finit par en arracher tous les pétales ; elle la roula, la jeta loin d’elle, et put ainsi montrer son cou de cygne. Elle sonna. — Je ne sortirai pas, dit-elle à son valet de chambre. Puis elle reporta timidement ses longs yeux bleus sur Armand, de manière à lui faire accepter, par la crainte qu’ils exprimaient, cet ordre pour un aveu, pour une première, pour une grande faveur. — Vous avez eu bien des peines, dit-elle après une pause pleine de pensées et avec cet attendrissement qui souvent est dans la voix des femmes sans être dans le cÅ“ur. — Non, répondit Armand. Jusqu’aujourd’hui, je ne savais pas ce qu’était le bonheur. — Vous le savez donc, dit-elle en le regardant en dessous d’un air hypocrite et rusé. — Mais, pour moi désormais, le bonheur, n’est-ce pas de vous voir, de vous entendre… Jusqu’à présent je n’avais que souffert, et maintenant je comprends que je puis être malheureux… — Assez, assez, dit-elle, allez-vous-en, il est minuit, respectons les convenances. Je ne suis pas allée au bal, vous étiez là . Ne faisons pas causer. Adieu. Je ne sais ce que je dirai, mais la migraine est bonne personne et ne nous donne jamais de démentis. — Y a-t-il bal demain ? demanda-t-il. — Vous vous y accoutumeriez, je crois. Hé ! bien, oui, demain nous irons encore au bal. Armand s’en alla l’homme le plus heureux du monde, et vint tous les soirs chez madame de Langeais à l’heure qui, par une sorte de convention tacite, lui fut réservée. Il serait fastidieux et ce serait pour une multitude de jeunes gens qui ont de ces beaux souvenirs une redondance que de faire marcher ce récit pas à pas, comme marchait le poème de ces conversations secrètes dont le cours avance ou retarde au gré d’une femme par une querelle de mots quand le sentiment va trop vite, par une plainte sur les sentiments quand les mots ne répondent plus à sa pensée. Aussi, pour marquer le progrès de cet ouvrage à la Pénélope, peut-être faudrait-il s’en tenir aux expressions matérielles du sentiment. Ainsi, quelques jours après la première rencontre de la duchesse et d’Armand de Montriveau, l’assidu général avait conquis en toute propriété le droit de baiser les insatiables mains de sa maÃtresse. Partout où allait madame de Langeais, se voyait inévitablement monsieur de Montriveau, que certaines personnes nommèrent, en plaisantant, le planton de la duchesse. Déjà la position d’Armand lui avait fait des envieux, des jaloux, des ennemis. Madame de Langeais avait atteint à son but. Le marquis se confondait parmi ses nombreux admirateurs, et lui servait à humilier ceux qui se vantaient d’être dans ses bonnes grâces, en lui donnant publiquement le pas sur tous les autres. — Décidément, disait madame de Sérizy, monsieur de Montriveau est l’homme que la duchesse distingue le plus. Qui ne sait pas ce que veut dire, à Paris, être distingué par une femme ? Les choses étaient ainsi parfaitement en règle. Ce qu’on se plaisait à raconter du général le rendit si redoutable, que les jeunes gens habiles abdiquèrent tacitement leurs prétentions sur la duchesse, et ne restèrent dans sa sphère que pour exploiter l’importance qu’ils y prenaient, pour se servir de son nom, de sa personne, pour s’arranger au mieux avec certaines puissances du second ordre, enchantées d’enlever un amant à madame de Langeais. La duchesse avait l’œil assez perspicace pour apercevoir ces désertions et ces traités dont son orgueil ne lui permettait pas d’être la dupe. Alors elle savait, disait monsieur le prince de Talleyrand, qui l’aimait beaucoup, tirer un regain de vengeance par un mot à deux tranchants dont elle frappait ces épousailles morganatiques. Sa dédaigneuse raillerie ne contribuait pas médiocrement à la faire craindre et passer pour une personne excessivement spirituelle. Elle consolidait ainsi sa réputation de vertu, tout en s’amusant des secrets d’autrui, sans laisser pénétrer les siens. Néanmoins, après deux mois d’assiduités, elle eut, au fond. de l’âme, une sorte de peur vague en voyant que monsieur de Montriveau ne comprenait rien aux finesses de la coquetterie Faubourg-Saint-Germanesque, et prenait au sérieux les minauderies parisiennes. — Celui-là , ma chère duchesse, lui avait dit le vieux vidame de Pamiers, est cousin germain des aigles, vous ne l’apprivoiserez pas, et il vous emportera dans son aire, si vous n’y prenez garde. Le lendemain du soir où le rusé vieillard lui avait dit ce mot, dans lequel madame de Langeais craignit de trouver une prophétie, elle essaya de se faire haïr, et se montra dure, exigeante, nerveuse, détestable pour Armand, qui la désarma par une douceur angélique. Cette femme connaissait si peu la bonté large des grands caractères, qu’elle fut pénétrée des gracieuses plaisanteries par lesquelles ses plaintes furent d’abord accueillies. Elle cherchait une querelle et trouva des preuves d’affection. Alors elle persista. — En quoi, lui dit Armand, un homme qui vous idolâtre a-t-il pu vous déplaire ? — Vous ne me déplaisez pas, répondit-elle en devenant tout à coup douce et soumise ; mais pourquoi voulez-vous me compromettre ? Vous ne devez être qu’un ami pour moi. Ne le savez-vous pas ? Je voudrais vous voir l’instinct, les délicatesses de l’amitié vraie, afin de ne perdre ni votre estime, ni les plaisirs que je ressens près de vous. — N’être que votre ami s’écria monsieur de Montriveau à la tête de qui ce terrible mot donna des secousses électriques. Sur la foi des heures douces que vous m’accordez, je m’endors et me réveille dans votre cÅ“ur ; et aujourd’hui, sans motif, vous vous plaisez gratuitement à tuer les espérances secrètes qui me font vivre. Voulez-vous, après m’avoir fait promettre tant de constance, et avoir montré tant d’horreur pour les femmes qui n’ont que des caprices, me faire entendre que, semblable à toutes les femmes de Paris, vous avez des passions, et point d’amour ? Pourquoi donc m’avez-vous demandé ma vie, et pourquoi l’avez-vous acceptée ? — J’ai eu tort, mon ami. Oui, une femme a tort de se laisser aller à de tels enivrements quand elle ne peut ni ne doit les récompenser. — Je comprends, vous n’avez été que légèrement coquette, et… — Coquette ?… je hais la coquetterie. Etre coquette, Armand, mais c’est se promettre à plusieurs hommes et ne pas se donner. Se donner à tous est du libertinage. Voilà ce que j’ai cru comprendre de nos mÅ“urs. Mais se faire mélancolique avec les humoristes, gaie avec les insouciants, politique avec les ambitieux ; écouter avec une apparente admiration les bavards, s’occuper de guerre avec les militaires, être passionnée pour le bien du pays avec les philanthropes, accorder à chacun sa petite dose de flatterie, cela me paraÃt aussi nécessaire que de mettre des fleurs dans nos cheveux, des diamants, des gants et des vêtements. Le discours est la partie morale de la toilette, il se prend et se quitte avec la toque à plumes. Nommez-vous ceci coquetterie ? Mais je ne vous ai jamais traité comme je traite tout le monde. Avec vous, mon ami, je suis vraie. Je n’ai pas toujours partagé vos idées, et quand vous m’avez convaincue, après une discussion, ne m’en avez-vous pas vue tout heureuse ? Enfin, je vous aime, mais seulement comme il est permis à une femme religieuse et pure d’aimer. J’ai fait des réflexions. Je suis mariée, Armand. Si la manière dont je vis avec monsieur de Langeais me laisse la disposition de mon cÅ“ur, les lois, les convenances m’ont ôté le droit de disposer de ma personne. En quelque rang qu’elle soit placée, une femme déshonorée se voit chassée du monde, et je ne connais encore aucun exemple d’un homme qui ait su ce à quoi l’engageaient alors nos sacrifices. Bien mieux, la rupture que chacun prévoit entre madame de Beauséantet monsieur d’Ajuda, qui, dit-on, épouse mademoiselle de Rochefide, m’a prouvé que ces mêmes sacrifices sont presque toujours les causes de votre abandon. Si vous m’aimiez sincèrement, vous cesseriez de me voir pendant quelque temps ! Moi, je dépouillerai pour vous toute vanité ; n’est-ce pas quelque chose ? Que ne dit-on pas d’une femme à laquelle aucun homme ne s’attache ? Ah ! elle est sans cÅ“ur, sans esprit, sans âme, sans charme surtout. Oh ! les coquettes ne me feront grâce de rien, elles me raviront les qualités qu’elles sont blessées de trouver en moi. Si ma réputation me reste, que m’importe de voir contester mes avantages par des rivales ? elles n’en hériteront certes pas. Allons, mon ami, donnez quelque chose à qui vous sacrifie tant ! Venez moins souvent, je ne vous en aimerai pas moins. — Ah ! répondit Armand avec la profonde ironie d’un cÅ“ur blessé, l’amour, selon les écrivassiers, ne se repaÃt que d’illusions ! Rien n’est plus vrai, je le vois, il faut que je m’imagine être aimé. Mais tenez, il est des pensées comme des blessures dont on ne revient pas vous étiez une de mes dernières croyances, et je m’aperçois en ce moment que tout est faux ici bas. Elle se prit à sourire. — Oui, reprit Montriveau d’une voix altérée, votre foi catholique à laquelle vous voulez me convertir est un mensonge que les hommes se font, l’espérance est un mensonge appuyé sur l’avenir, l’orgueil est un mensonge de nous à nous, la pitié, la sagesse, la terreur sont des calculs mensongers. Mon bonheur sera donc aussi quelque mensonge, il faut que je m’attrape moi-même et consente à toujours donner un louis contre un écu. Si vous pouvez si facilement vous dispenser de me voir, si vous ne m’avouez ni pour ami, ni pour amant, vous ne m’aimez pas ! Et moi, pauvre fou, je me dis cela, je le sais, et j’aime. — Mais, mon Dieu, mon pauvre Armand, vous vous emportez. — Je m’emporte ? — Oui, vous croyez que tout est en question, parce que je vous parle de prudence. Au fond, elle était enchantée de la colère qui débordait dans les yeux de son amant. En ce moment, elle le tourmentait ; mais elle le jugeait, et remarquait les moindres altérations de sa physionomie. Si le général avait eu le malheur de se montrer généreux sans discussion, comme il arrive quelquefois à certaines âmes candides, il eût été forbanni pour toujours, atteint et convaincu de ne pas savoir aimer. La plupart des femmes veulent se sentir le moral violé. N’est-ce pas une de leurs flatteries de ne jamais céder qu’à la force ? Mais Armand n’était pas assez instruit pour apercevoir le piége habilement préparé par la duchesse. Les hommes forts qui aiment ont tant d’enfance dans l’âme ! — Si vous ne voulez que conserver les apparences, dit-il avec naïveté, je suis prêt à …. — Ne conserver que les apparences, s’écria-t-elle en l’interrompant, mais quelles idées vous faites-vous donc de moi ? Vous ai-je donné le moindre droit de penser que je puisse être à vous ? — Ah çà , de quoi parlons-nous donc ? demanda Montriveau. — Mais, monsieur, vous m’effrayez. Non, pardon, merci, reprit-elle d’un ton froid, merci, Armand vous m’avertissez à temps d’une imprudence bien involontaire, croyez-le, mon ami. Vous savez souffrir, dites-vous ? Moi aussi, je saurai souffrir. Nous cesserons de nous voir ; puis, quand l’un et l’autre nous aurons su recouvrer un peu de calme, eh ! bien, nous aviserons à nous arranger un bonheur approuvé par le monde. Je suis jeune, Armand, un homme sans délicatesse ferait faire bien des sottises et des étourderies à une femme de vingt-quatre ans. Mais, vous ! vous serez mon ami, promettez-le moi. — La femme de vingt-quatre ans, répondit-il, sait calculer. Il s’assit sur le divan du boudoir, et resta la tête appuyée dans ses mains. — M’aimez-vous, madame ? demanda-t-il en relevant la tête et lui montrant un visage plein de résolution. Dites hardiment oui ou non. La duchesse fut plus épouvantée de cette interrogation qu’elle ne l’aurait été d’une menace de mort, ruse vulgaire dont s’effraient peu de femmes au dix-neuvième siècle, en ne voyant plus les hommes porter l’épée au coté ; mais n’y a-t-il pas des effets de cils, de sourcils, des contractions dans le regard, des tremblements de lèvres qui communiquent la terreur qu’ils expriment si vivement, si magnétiquement ? — Ah ! dit-elle, si j’étais libre, si…. — Eh ! n’est-ce que votre mari qui nous gêne ? s’écria joyeusement le général en se promenant à grands pas dans le boudoir. Ma chère Antoinette, je possède un pouvoir plus absolu que ne l’est celui de l’autocrate de toutes les Russies. Je m’entends avec la Fatalité ; je puis, socialement parlant, l’avancer ou la retarder à ma fantaisie, comme on fait d’une montre. Diriger la Fatalité, dans notre machine politique, n’est-ce pas tout simplement en connaÃtre les rouages ? Dans peu, vous serez libre, souvenez-vous alors de votre promesse. — Armand, s’écria-t-elle, que voulez-vous dire ? Grand Dieu ! croyez-vous que je puisse être le gain d’un crime ? voulez-vous ma mort ? Mais vous n’avez donc pas du tout de religion ? Moi, je crains Dieu. Quoique monsieur de Langeais m’ait donné le droit de le haïr, je ne lui souhaite aucun mal. Monsieur de Montriveau, qui battait machinalement la retraite avec ses doigts sur le marbre de la cheminée, se contenta de regarder la duchesse d’un air calme. — Mon ami, dit-elle en continuant, respectez-le. Il ne m’aime pas, il n’est pas bien pour moi, mais j’ai des devoirs à remplir envers lui. Pour éviter les malheurs dont vous le menacez, que ne ferais-je pas ? — Ecoutez, reprit-elle après une pause, je ne vous parlerai plus de séparation, vous viendrez ici comme par le passé, je vous donnerai toujours mon front à baiser ; si je vous le refusais quelquefois, c’était pure coquetterie, en vérité. Mais, entendons-nous, dit-elle en le voyant s’approcher. Vous me permettrez d’augmenter le nombre de mes poursuivants, d’en recevoir dans la matinée encore plus que par le passé je veux redoubler de légèreté, je veux vous traiter fort mal en apparence, feindre une rupture ; vous viendrez un peu moins souvent ; et puis, après… En disant ces mots, elle se laissa prendre par la taille, parut sentir, ainsi pressée par Montriveau, le plaisir excessif que trouvent la plupart des femmes à cette pression, dans laquelle tous les plaisirs de l’amour semblent promis ; puis, elle désirait sans doute se faire faire quelque confidence, car elle se haussa sur la pointe des pieds pour apporter son front sous les lèvres bûlantes d’Armand. — Après, reprit Montriveau, vous ne me parlerez plus de votre mari vous n’y devez plus penser. Madame de Langeais garda le silence. — Au moins, dit-elle après une pause expressive, vous ferez tout ce que je voudrai, sans gronder, sans être mauvais, dites, mon ami ? N’avez-vous pas voulu m’effrayer ? Allons, avouez-le ?… vous êtes trop bon pour jamais concevoir de criminelles pensées. Mais auriez-vous donc des secrets que je ne connusse point ? Comment pouvez-vous donc maÃtriser le sort ? — Au moment où vous confirmez le don que vous m’avez déjà fait de votre cÅ“ur, je suis trop heureux pour bien savoir ce que je vous répondrais. J’ai confiance en vous, Antoinette, je n’aurai ni soupçons, ni fausses jalousies. Mais, si le hasard vous rendait libre, nous sommes unis… — Le hasard, Armand, dit-elle en faisant un de ces jolis gestes de tête qui semblent pleins de choses et que ces sortes de femmes jettent à la légère, comme une cantatrice joue avec sa voix. Le pur hasard, reprit-elle. Sachez-le bien s’il arrivait, par votre faute, quelque malheur à monsieur de Langeais, je ne serais jamais à vous. Ils se séparèrent contents l’un et l’autre. La duchesse avait fait un pacte qui lui permettait de prouver au monde, par ses paroles et ses actions, que monsieur de Montriveau n’était point son amant. Quant à lui, la rusée se promettait bien de le lasser en ne lui accordant d’autres faveurs que celles surprises dans ces petites luttes dont elle arrêtait le cours à son gré. Elle savait si joliment le lendemain révoquer les concessions consenties la veille, elle était si sérieusement déterminée à rester physiquement vertueuse, qu’elle ne voyait aucun danger pour elle à des préliminaires redoutables seulement aux femmes bien éprises. Enfin, une duchesse séparée de son mari offrait peu de chose à l’amour, en lui sacrifiant un mariage annulé depuis long-temps. De son côté, Montriveau, tout heureux d’obtenir la plus vague des promesses, et d’écarter à jamais les objections qu’une épouse puise dans la foi conjugale pour se refuser à l’amour, s’applaudissait d’avoir conquis encore un peu plus de terrain. Aussi, pendant quelque temps, abusa-t-il des droits d’usufruit qui lui avaient été si difficilement octroyés. Plus enfant qu’il ne l’avait jamais été, cet homme se laissait aller à tous les enfantillages qui font du premier amour la fleur de la vie. Il redevenait petit en répandant et son âme et toutes les forces trompées que lui communiquait sa passion sur les mains de cette femme, sur ses cheveux blonds dont il baisait les boucles floconneuses, sur ce front éclatant qu’il voyait pur. Inondée d’amour, vaincue par les effluves magnétiques d’un sentiment si chaud, la duchesse hésitait à faire naÃtre la querelle qui devait les séparer à jamais. Elle était plus femme qu’elle ne le croyait, cette chétive créature, en essayant de concilier les exigences de la religion avec les vivaces émotions de vanité, avec les semblants de plaisir dont s’affolent les Parisiennes. Chaque dimanche elle entendait la messe, ne manquait pas un office ; puis, le soir, elle se plongeait dans les enivrantes voluptés que procurent des désirs sans cesse réprimés. Armand et madame de Langeais ressemblaient à ces faquirs de l’Inde qui sont récompensés de leur chasteté par les tentations qu’elle leur donne. Peut-être aussi, la duchesse avait-elle fini par résoudre l’amour dans ces caresses fraternelles, qui eussent paru sans doute innocentes à tout le monde, mais auxquelles les hardiesses de sa pensée prêtaient d’excessives dépravations. Comment expliquer autrement le mystére incompréhensible de ses perpétuelles fluctuations ? Tous les matins elle se proposait de fermer sa porte au marquis de Montriveau ; puis, tous les soirs, à l’heure dite, elle se laissait charmer par lui. Après une molle défense, elle se faisait moins méchante ; sa conversation devenait douce, onctueuse ; deux amants pouvaient seuls être ainsi. La duchesse déployait son esprit le plus scintillant, ses coquetteries les plus entraÃnantes ; puis quand elle avait irrité l’âme et les sens de son amant, s’il la saisissait, elle voulait bien se laisser briser et tordre par lui, mais elle avait son nec plus ultra de passion ; et, quand il en arrivait là , elle se fâchait toujours si, maÃtrisé par sa fougue, il faisait mine d’en franchir les barrières. Aucune femme n’ose se refuser sans motif à l’amour, rien n’est plus naturel que d’y céder ; aussi madame de Langeais s’entoura-t-elle bientôt d’une seconde ligne de fortifications plus difficile à emporter que ne l’avait été la première. Elle évoqua les terreurs de la religion. Jamais le Père de l’Église le plus éloquent ne plaida mieux la cause de Dieu ; jamais les vengeances du Très-Haut ne furent mieux justifiées que par la voix de la duchesse. Elle n’employait ni phrases de sermon, ni amplifications de rhétorique. Non, elle avait son pathos à elle. A la plus ardente supplique d’Armand elle répondait par un regard mouillé de larmes, par un geste qui peignait une affreuse plénitude de sentiments ; elle le faisait taire en lui demandant grâce ; un mot de plus, elle ne voulait pas l’entendre, elle succomberait, et la mort lui semblait préférable à un bonheur criminel. — N’est-ce donc rien que de désobéir à Dieu ! lui disait-elle en retrouvant une voix affaiblie par des combats intérieurs sur lesquels cette jolie comédienne paraissait prendre difficilement un empire passager. Les hommes, la terre entière, je vous les sacrifierais volontiers ; mais vous êtes bien égoïste de me demander tout mon avenir pour un moment de plaisir. Allons ! voyons, n’êtes-vous pas heureux ? ajoutait-elle en lui tendant la main et se montrant à lui dans un négligé qui certes offrait à son amant des consolations dont il se payait toujours. Si, pour retenir un homme dont l’ardente passion lui donnait des émotions inaccoutumées, ou si, par faiblesse, elle se laissait ravir quelque baiser rapide, aussitôt elle feignait la peur, elle rougissait et bannissait Armand de son canapé au moment où le canapé devenait dangereux pour elle. — Vos plaisirs sont des péchés que j’expie, Armand ; ils me coûtent des pénitences, des remords, s’écriait-elle. Quand Montriveau se voyait à deux chaises de cette jupe aristocratique, il se prenait à blasphémer, il maugréait Dieu. La duchesse se fâchait alors. — Mais, mon ami, disait-elle sèchement, je ne comprends pas pourquoi vous refusez de croire en Dieu, car il est impossible de croire aux hommes. Taisez-vous, ne parlez pas ainsi ; vous avez l’âme trop grande pour épouser les sottises du libéralisme, qui a la prétention de tuer Dieu. Les discussions théologiques et politiques lui servaient de douches pour calmer Montriveau, qui ne savait plus revenir à l’amour quand elle excitait sa colère, en le jetant à mille lieues de ce boudoir dans les théories de l’absolutisme qu’elle défendait à merveille. Peu de femmes osent être démocrates, elles sont alors trop en contradiction avec leur despotisme en fait de sentiments. Mais souvent aussi le général secouait sa crinière, laissait la politique, grondait comme un lion, se battait les flancs, s’élançait sur sa proie, revenait terrible d’amour à sa maÃtresse, incapable de porter long-temps son cÅ“ur et sa pensée en flagrance. Si cette femme se sentait piquée par une fantaisie assez incitante pour la compromettre, elle savait alors sortir de son boudoir elle quittait l’air chargé de désirs qu’elle y respirait, venait dans son salon, s’y mettait au piano, chantait les airs les plus délicieux de la musique moderne, et trompait ainsi l’amour des sens, qui parfois ne lui faisait pas grâce, mais qu’elle avait la force de vaincre. En ces moments elle était sublime aux yeux d’Armand elle ne feignait pas, elle était vraie, et le pauvre amant se croyait aimé. Cette résistance égoïste la lui faisait prendre pour une sainte et vertueuse créature, et il se résignait, et il parlait d’amour platonique, le général d’artillerie ! Quand elle eut assez joué de la religion dans son intérêt personnel, madame de Langeais en joua dans celui d’Armand elle voulut le ramener à des sentiments chrétiens, elle lui refit le Génie du Christianisme à l’usage des militaires. Montriveau s’impatienta, trouva son joug pesant. Oh ! alors, par esprit de contradiction, elle lui cassa la tête de Dieu pour voir si Dieu la débarrasserait d’un homme qui allait à son but avec une constance dont elle commençait à s’effrayer. D’ailleurs, elle se plaisait à prolonger toute querelle qui paraissait éterniser la lutte morale, après laquelle venait une lutte matérielle bien autrement dangereuse. Mais si l’opposition faite au nom des lois du mariage représente l’ époque civile de cette guerre sentimentale, celle-ci en constituerait l’ époque religieuse, et elle eut, comme la précédente, une crise après laquelle sa rigueur devait décroÃtre. Un soir, Armand, venu fortuitement de très bonne heure, trouva monsieur l’abbé Gondrand, directeur de conscience de madame de Langeais, établi dans un fauteuil au coin de la cheminée, comme un homme en train de digérer son dÃner et les jolis péchés de sa pénitente. La vue de cet homme au teint frais et reposé, dont le front était calme, la bouche ascétique, le regard malicieusement inquisiteur, qui avait dans son maintien une véritable noblesse ecclésiastique, et déjà dans son vêtement violet épiscopal, rembrunit singulièrement le visage de Montriveau qui ne salua personne et resta silencieux. Sorti de son amour, le général ne manquait pas de tact ; il devina donc, en échangeant quelques regards avec le futur évêque, que cet homme était le promoteur des difficultés dont s’armait pour lui l’amour de la duchesse. Qu’un ambitieux abbé bricolât et retint le bonheur d’un homme trempé comme l’était Montriveau ? cette pensée bouillonna sur sa face, lui crispa les doigts, le fit lever, marcher, piétiner ; puis, quand il revenait à sa place, avec l’intention de faire un éclat, un seul regard de la duchesse suffisait à le calmer. Madame de Langeais, nullement embarrassée du noir silence de son amant, par lequel toute autre femme eût été gênée, continuait à converser fort spirituellement avec monsieur Gondrand sur la nécessité de rétablir la religion dans son ancienne splendeur. Elle exprimait mieux que ne le faisait l’abbé pourquoi l’Église devait être un pouvoir à la fois temporel et spirituel, et regrettait que la chambre des Pairs n’eût pas encore son banc des évêques, comme la chambre des Lords avait le sien. Néanmoins l’abbé, sachant que le carême lui permettait de prendre sa revanche, céda la place au général et sortit. A peine la duchesse se leva-t-elle pour rendre à son directeur l’humble révérence qu’elle en reçut, tant elle était intriguée par l’attitude de Montriveau. — Qu’avez-vous, mon ami ? — Mais j’ai votre abbé sur l’estomac. — Pourquoi ne preniez-vous pas un livre ? lui dit-elle sous se soucier d’être ou non entendue par l’abbé qui fermait la porte. Montriveau resta muet pendant un moment, car la duchesse accompagna ce mot d’un geste qui en relevait encore la profonde impertinence. — Ma chère Antoinette, je vous remercie de donner à l’Amour le pas sur l’Église ; mais, de grâce, souffrez que je vous adresse une question. — Ah ! vous m’interrogez. Je le veux bien, reprit-elle. N’êtes-vous pas mon ami ? je puis, certes, vous montrer le fond de mon cÅ“ur, vous n’y verrez qu’une image. — Parlez-vous à cet homme de notre amour ? — Il est mon confesseur. — Sait-il que je vous aime ? — Monsieur de Montriveau, vous ne prétendez pas, je pense, pénétrer les secrets de ma confession ? — Ainsi cet homme connaÃt toutes nos querelles et mon amour pour vous… — Un homme, monsieur ! dites Dieu. — Dieu ! Dieu ! je dois être seul dans votre cÅ“ur. Mais laissez Dieu tranquille là où il est, pour l’amour de lui et de moi. Madame, vous n’irez plus à confesse, ou… — Ou ? dit-elle en souriant. — Ou je ne reviendrai plus ici. — Partez, Armand. Adieu, adieu pour jamais. Elle se leva et s’en alla dans son boudoir, sans jeter un seul regard à Montriveau, qui resta debout, la main appuyée sur une chaise. Combien de temps resta-t-il ainsi, jamais il ne le sut lui-même. L’âme a le pouvoir inconnu d’étendre comme de resserrer l’espace. Il ouvrit la porte du boudoir, il y faisait nuit. Une voixfaible devint forte pour dire aigrement — Je n’ai pas sonné. D’ailleurs pourquoi donc entrer sans ordre ? Suzette, laissez-moi. — Tu souffres donc ? s’écria Montriveau. — Levez-vous, monsieur, reprit-elle en sonnant, et sortez d’ici, au moins pour un moment. — Madame la duchesse demande de la lumière, dit-il au valet de chambre, qui vint dans le boudoir y allumer les bougies. Quand les deux amants furent seuls, madame de Langeais demeura couchée sur son divan, muette, immobile, absolument comme si Montriveau n’eût pas été là . — Chère, dit-il avec un accent de douleur et de bonté sublime, j’ai tort. Je ne te voudrais certes pas sans religion… — Il est heureux, répliqua-t-elle sans le regarder et d’une voix dure, que vous reconnaissiez la nécessité de la conscience. Je vous remercie pour Dieu. Ici le général, abattu par l’inclémence de cette femme, qui savait devenir à volonté une étrangère ou une sÅ“ur pour lui, fit, vers la porte, un pas de désespoir, et allait l’abandonner à jamais sans lui dire un seul mot. Il souffrait, et la duchesse riait en elle-même des souffrances causées par une torture morale bien plus cruelle que ne l’était jadis la torture judiciaire. Mais cet homme n’était pas maÃtre de s’en aller. En toute espèce de crise, une femme est en quelque sorte grosse d’une certaine quantité de paroles ; et quand elle ne les a pas dites, elle éprouve la sensation que donne la vue d’une chose incomplète. Madame de Langeais, qui n’avait pas tout dit, reprit la parole. — Nous n’avons pas les mêmes convictions, général, j’en suis peinée. Il serait affreux pour la femme de ne pas croire à une religion qui permet d’aimer au delà du tombeau. Je mets à part les sentiments chrétiens, vous ne les comprenez pas. Laissez-moi vous parler seulement des convenances. Voulez-vous interdire à une femme de la cour la sainte table quand il est reçu de s’en approcher à Pâques ? mais il faut pourtant bien savoir faire quelque chose pour son parti. Les Libéraux ne tueront pas, malgré leur désir, le sentiment religieux. La religion sera toujours une nécessité politique Vous chargeriez-vous de gouverner un peuple de raisonneurs ! Napoléon ne l’osait pas, il persécutait les idéologues. Pour empêcher les peuples de raisonner, il faut leur imposer des sentiments. Acceptons donc la religion catholique avec toutes ses conséquences. Si nous voulons que la France aille à la messe, ne devons nous pas commencer par y aller nous-mêmes ? La religion, Armand, est, vous le voyez, le lien des principes conservateurs qui permettent aux riches de vivre tranquilles. La religion est intimement liée à la propriété. Il est certes plus beau de conduire les peuples par des idées morales que par des échafauds, comme au temps de la Terreur, seul moyen que votre détestable révolution ait inventé pour se faire obéir. Le prêtre et le roi, mais c’est vous, c’est moi, c’est la princesse ma voisine ; c’est en un mot tous les intérêts des honnêtes gens personnifiés. Allons, mon ami, veuillez donc être de votre parti, vous qui pourriez en devenir le Sylla, si vous aviez la moindre ambition. J’ignore la politique, moi, j’en raisonne par sentiment ; mais j’en sais néanmoins assez pour deviner que la société serait renversée si l’on en faisait mettre à tout moment les bases en question…. — Si votre cour, si votre gouvernement pensent ainsi, vous me faites pitié, dit Montriveau. La Restauration, madame, doit se dire comme Catherine de Médicis, quand elle crut la bataille de Dreux perdue — Eh ! bien, nous irons au prêche ! Or, 1815 est votre bataille de Dreux. Comme le trône de ce temps-là , vous l’avez gagnée en fait, mais perdue en droit. Le protestantisme politique est victorieux dans les esprits. Si vous ne voulez pas faire un Edit de Nantes ; ou si, le faisant, vous le révoquez ; si vous êtes un jour atteints et convaincus de ne plus vouloir de la Charte, qui n’est qu’un gage donné au maintien des intérêts révolutionnaires, la Révolution se relèvera terrible, et ne vous donnera qu’un seul coup ; ce n’est pas elle qui sortira de France ; elle y est le sol même. Les hommes se laissent tuer, mais non les intérêts…. Eh ! mon Dieu, que nous font la France, le trône, la légitimité, le monde entier ? Ce sont des billevesées auprès de mon bonheur. Régnez, soyez renversés, peu m’importe. Où suis-je donc ? — Mon ami, vous êtes dans le boudoir de madame la duchesse de Langeais. — Non, non, plus de duchesse, plus de Langeais, je suis près de ma chère Antoinette ! — Voulez-vous me faire le plaisir de rester où vous êtes, dit-elle en riant et en le repoussant, mais sans violence. — Vous ne m’avez donc jamais aimé, dit-il avec une rage qui jaillit de ses yeux par des éclairs. — Non, mon ami. — Ce non valait un oui. — Je suis un grand sot, reprit-il en baisant la main de cette terrible reine redevenue femme. — Antoinette, reprit-il s’appuyant la tête sur ses pieds, tu es trop chastement tendre pour dire nos bonheurs à qui que ce soit au monde. — Ah ! vous êtes un grand fou, dit-elle en se levant par un mouvement gracieux quoique vif. Et sans ajouter une parole, elle courut dans le salon. — Qu’a-t-elle donc ? demanda le général, qui ne savait pas deviner la puissance des commotions que sa tête brûlante avait électriquement communiquées des pieds à la tête de sa maÃtresse. Au moment où il arrivait furieux dans le salon, il y entendit de célestes accords. La duchesse était à son piano. Les hommes de science ou de poésie qui peuvent à la fois comprendre et jouir sans que la réflexion nuise à leurs plaisirs, sentent que l’alphabet et la phraséologie musicale sont les instruments intimes du musicien, comme le bois ou le cuivre sont ceux de l’exécutant. Pour eux, il existe une musique à part au fond de la double expression de ce sensuel langage des âmes. Andiamo mio ben peut arracher des larmes de joie ou faire rire de pitié, selon la cantatrice. Souvent, çà et là , dans le monde, une jeune fille expirant sous le poids d’une peine inconnue, un homme dont l’âme vibre sous les pincements d’une passion, prennent un thème musical et s’entendent avec le ciel, ou se parlent à eux-mêmes dans quelque sublime mélodie, espèce de poème perdu. Or, le général écoutait en ce moment une de ces poésies inconnues autant que peut l’être la plainte solitaire d’un oiseau mort sans compagne dans une forêt vierge. — Mon Dieu, que jouez-vous donc là ? dit-il d’une voix émue. — Le prélude d’une romance appelée, je crois, Fleuve du Tage. — Je ne savais pas ce que pouvait être une musique de piano, reprit-il. — Hé, mon ami, dit-elle en lui jetant pour la première fois un regard de femme amoureuse, vous ne savez pas non plus que je vous aime, que vous me faites horriblement souffrir, et qu’il faut bien que je me plaigne sans trop me faire comprendre, autrement je serais à vous… Mais vous ne voyez rien. — Et vous ne voulez pas me rendre heureux ! — Armand, je mourrais de douleur le lendemain. Le général sortit brusquement ; mais quand il se trouva dans la rue, il essuya deux larmes qu’il avait eu la force de contenir dans ses yeux. La religion dura trois mois. Ce terme expiré, la duchesse, ennuyée de ses redites, livra Dieu pieds et poings liés à son amant. Peut-être craignait-elle, à force de parler éternité, de perpétuer l’amour du général en ce monde et dans l’autre. Pour l’honneur de cette femme, il est nécessaire de la croire vierge, même de cÅ“ur ; autrement elle serait trop horrible. Encore bien loin de cet âge où mutuellement l’homme et la femme se trouvent trop près de l’avenir pour perdre du temps et se chicaner leurs jouissances, elle en était, sans doute, non pas à son premier amour, mais à ses premiers plaisirs. Faute de pouvoir comparer le bien au mal, faute de souffrances qui lui eussent appris la valeur des trésors jetés à ses pieds, elle s’en jouait. Ne connaissant pas les éclatantes délices de la lumière, elle se complaisait à rester dans les ténèbres. Armand, qui commençait à entrevoir cette bizarre situation, espérait dans la première parole de la nature. Il pensait, tous les soirs, en sortant de chez madame de Langeais, qu’une femme n’acceptait pas pendant sept mois les soins d’un homme et les preuves d’amour les plus tendres, les plus délicates, ne s’abandonnait pas aux exigences superficielles d’une passion pour la tromper en un moment, et il attendait patiemment la saison du soleil, ne doutant pas qu’il n’en recueillÃt les fruits dans leur primeur. Il avait parfaitement conçu les scrupules de la femme mariée et les scrupules religieux. Il était même joyeux de ces combats. Il trouvait la duchesse pudique là où elle n’était qu’horriblement coquette ; et il ne l’aurait pas voulue autrement. Il aimait donc à lui voir inventer des obstacles ; n’en triomphait-il pas graduellement ? Et chaque triomphe n’augmentait-il pas la faible somme des privautés amoureuses long-temps défendues, puis concédées par elle avec tous les semblants de l’amour ? Mais il avait si bien dégusté les menues et processives conquêtes dont se repaissent les amants timides, qu’elles étaient devenues des habitudes pour lui. En fait d’obstacles, il n’avait donc plus que ses propres terreurs à vaincre ; car il ne voyait plus à son bonheur d’autre empêchement que les caprices de celle qui se laissait appeler Antoinette. Il résolut alors de vouloir plus, de vouloir tout. Embarrassé comme un amant jeune encore qui n’ose pas croire à l’abaissement de son idole, il hésita long-temps, et connut ces terribles réactions de cÅ“ur, ces volontés bien arrêtées qu’un mot anéantit, ces décisions prises qui expirent au seuil d’une porte. Il se méprisait de ne pas avoir la force de dire un mot, et ne le disait pas. Néanmoins un soir il procéda par une sombre mélancolie à la demande farouche de ses droits illégalement légitimes. La duchesse n’attendit pas la requête de son esclave pour en deviner le désir. Un désir d’homme est-il jamais secret ? les femmes n’ont-elles pas toutes la science infuse de certains bouleversements de physionomie ? — Hé quoi ! voulez-vous cesser d’être mon ami ? dit-elle en l’interrompant au premier mot et lui jetant des regards embellis par une divine rougeur qui coula comme un sang nouveau sur son teint diaphane. Pour me récompenser de mes générosités, vous voulez me déshonorer. Réfléchissez donc un peu. Moi, j’ai beaucoup réfléchi ; je pense toujours à nous. Il existe une probité de femme à laquelle nous ne devons pas plus manquer que vous ne devez faillir à l’honneur. Moi, je ne sais pas tromper. Si je suis à vous, je ne pourrai plus être en aucune manière la femme de monsieur de Langeais. Vous exigez donc le sacrifice de ma position, de mon rang, de ma vie, pour un douteux amour qui n’a pas eu sept mois de patience. Comment ! déjà vous voudriez me ravir la libre disposition de moi-même. Non, non, ne me parlez plus ainsi. Non, ne me dites rien. Je ne veux pas, je ne peux pas vous entendre. Là , madame de Langeais prit sa coiffure à deux mains pour reporter en arrière les touffes de boucles qui lui échauffaient le front, et parut très animée. — Vous venez chez une faible créature avec des calculs bien arrêtés, en vous disant Elle me parlera de son mari pendant un certain temps, puis de Dieu, puis des suites inévitables de l’amour ; mais j’userai, j’abuserai de l’influence que j’aurai conquise ; je me rendrai nécessaire ; j’aurai pour moi les liens de l’habitude, les arrangements tout faits par le public ; enfin, quand le monde aura fini par accepter notre liaison, je serai le maÃtre de cette femme. Soyez franc, ce sont là vos pensées…. Ah ! vous calculez, et vous dites aimer, fi ! Vous êtes amoureux, ha ! je le crois bien ! Vous me désirez, et voulez m’avoir pour maÃtresse, voilà tout. Hé ! bien, non, la duchesse de Langeais ne descendra pas jusque-là . Que de naïves bourgeoises soient les dupes de vos faussetés ; moi, je ne le serai jamais. Rien ne m’assure de votre amour. Vous me parlez de ma beauté, je puis devenir laide en six mois, comme la chère princesse ma voisine. Vous êtes ravi de mon esprit, de ma grâce ; mon Dieu, vous vous y accoutumerez comme vous vous accoutumeriez au plaisir. Ne vous êtes-vous pas habitué depuis quelques mois aux faveurs que j’ai eu la faiblesse de vous accorder ? Quand je serai perdue, un jour, vous ne me donnerez d’autre raison de votre changement que le mot décisif Je n’aime plus. Rang, fortune, honneur, toute la duchesse de Langeais se sera engloutie dans une espérance trompée. J’aurai des enfants qui attesteront ma honte, et… mais, reprit-elle en laissant échapper un geste d’impatience, je suis trop bonne de vous expliquer ce que vous savez mieux que moi. Allons ! restons-en là . Je suis trop heureuse de pouvoir encore briser les liens que vous croyez si forts. Y a-t-il donc quelque chose de si héroïque à être venu à l’hôtel de Langeais passer tous les soirs quelques instants auprès d’une femme dont le babil vous plaisait, de laquelle vous vous amusiez comme d’un joujou ? Mais quelques jeunes fats arrivent chez moi, de trois heures à cinq heures, aussi régulièrement que vous venez le soir. Ceux-là sont donc bien généreux. Je me moque d’eux, ils supportent assez tranquillement mes boutades, mes impertinences, et me font rire ; tandis que vous, à qui j’accorde les plus précieux trésors de mon âme, vous voulez me perdre, et me causez mille ennuis. Taisez-vous, assez, assez, dit-elle en le voyant prêt à parler, vous n’avez ni cÅ“ur, ni âme, ni délicatesse. Je sais ce que vous voulez me dire. Eh ! bien, oui. J’aime mieux passer à vos yeux pour une femme froide, insensible, sans dévouement, sans cÅ“ur même, que de passer aux yeux du monde pour une femme ordinaire, que d’être condamnée à des peines éternelles après avoir été condamnée à vos prétendus plaisirs, qui vous lasseront certainement. Votre égoïste amour ne vaut pas tant de sacrifices… Ces paroles représentent imparfaitement celles que fredonna la duchesse avec la vive prolixité d’une serinette. Certes, elle put parler long-temps, le pauvre Armand n’opposait pour toute réponse à ce torrent de notes flûtées qu’un silence plein de sentiments horribles. Pour la première fois, il entrevoyait la coquetterie de cette femme, et devinait instinctivement que l’amour dévoué, l’amour partagé ne calculait pas, ne raisonnait pas ainsi chez une femme vraie. Puis il éprouvait une sorte de honte en se souvenant d’avoir involontairement fait les calculs dont les odieuses pensées lui étaient reprochées. Puis, en s’examinant avec une bonne foi tout angélique, il ne trouvait que de l’égoïsme dans ses paroles, dans ses idées, dans ses réponses conçues et non exprimées. Il se donna tort, et, dans son désespoir, il eut l’envie de se précipiter par la fenêtre. Le moi le tuait. Que dire, en effet, à une femme qui ne croit pas à l’amour ? -. Laissez-moi vous prouver combien je vous aime. " Toujours moi. Montriveau ne savait pas, comme en ces sortes de circonstances le savent les héros de boudoir, imiter le rude logicien marchant devant les Pyrrhoniens, qui niaient le mouvement. Cet homme audacieux manquait précisément de l’audace habituelle aux amants qui connaissent les formules de l’algèbre féminine. Si tant de femmes, et même les plus vertueuses, sont la proie des gens habiles en amour auxquels le vulgaire donne un méchant nom, peut-être est-ce parce qu’ils sont de grands prouveurs, et que l’amour veut, malgré sa délicieuse poésie de sentiment, un peu plus de géométrie qu’on ne le pense. Or, la duchesse et Montriveau se ressemblaient en ce point qu’ils étaient également inexperts en amour. Elle en connaissait très-peu la théorie, elle en ignorait la pratique, ne sentait rien et réfléchissait à tout. Montriveau connaissait peu de pratique, ignorait la théorie, et sentait trop pour réfléchir. Tous deux subissaient donc le malheur de cette situation bizarre. En ce moment suprême, ses myriades de pensées pouvaient se réduire à celle-ci " Laissez-vous posséder. " Phrase horriblement égoïste pour une femme chez qui ces mots n’apportaient aucun souvenir et ne réveillaient aucune image. Néanmoins, il fallait répondre. Quoiqu’il eût le sang fouetté par ces petites phrases en forme de flèches, bien aiguÃs, bien froides, bien acérées, décochées coup sur coup, Montriveau devait aussi cacher sa rage, pour ne pas tout perdre par une extravagance. — Madame la duchesse, je suis au désespoir que Dieu n’ait pas inventé pour la femme une autre façon de confirmer le don de son cÅ“ur que d’y ajouter celui de sa personne. Le haut prix que vous attachez à vous-même me montre que je ne dois pas en attacher un moindre. Si vous me donnez votre âme et tous vos sentiments, comme vous me le dites, qu’importe donc le reste ? D’ailleurs, si mon bonheur vous est un si pénible sacrifice, n’en parlons plus. Seulement, vous pardonnerez à un homme de cÅ“ur de se trouver humilié en se voyant pris pour un épagneul. Le ton de cette dernière phrase eût peut-être effrayé d’autres femmes ; mais quand une de ces porte-jupes s’est mise au-dessus de tout en se laissant diviniser, aucun pouvoir ici-bas n’est orgueilleux comme elle sait être orgueilleuse. — Monsieur le marquis, je suis au désespoir que Dieu n’ait pas inventé pour l’homme une plus noble façon de confirmer le don de son cÅ“ur que la manifestation de désirs prodigieusement vulgaires. Si, en donnant notre personne, nous devenons esclaves, un homme ne s’engage à rien en nous acceptant. Qui m’assurera que je serai toujours aimée ? L’amour que je déploierais à tout moment pour vous mieux attacher à moi serait peut-être une raison d’être abandonnée. Je ne veux pas faire une seconde édition de madame de Beauséant. Sait-on jamais ce qui vous retient près de nous ? Notre constante froideur est le secret de la constante passion de quelques-uns d’entre vous ; à d’autres, il faut un dévouement perpétuel, une adoration de tous les moments ; à ceux-ci, la douceur ; à ceux-là , le despotisme. Aucune femme n’a encore pu bien déchiffrer vos cÅ“urs. Il y eut une pause, après laquelle elle changea de ton. — Enfin, mon ami, vous ne pouvez pas empêcher une femme de trembler à cette question Serai-je aimée toujours ? Quelque dures qu’elles soient, mes paroles me sont dictées par la crainte de vous perdre. Mon Dieu ! ce n’est pas moi, cher, qui parle, mais la raison ; et comment s’en trouve-t-il chez une personne aussi folle que je le suis ? En vérité, je n’en sais rien. Entendre cette réponse commencée par la plus déchirante ironie, et terminée par les accents les plus mélodieux dont une femme se soit servie pour peindre l’amour dans son ingénuité, n’était-ce pas aller en un moment du martyre au ciel ? Montriveau pâlit, et tomba pour la première fois de sa vie aux genoux d’une femme. Il baisa le bas de la robe de la duchesse, les pieds, les genoux ; mais, pour l’honneur du faubourg Saint-Germain, il est nécessaire de ne pas révéler les mystères de ses boudoirs, où l’on voulait tout de l’amour, moins ce qui pouvait attester l’amour. — Chère Antoinette, s’écria Montriveau dans le délire où le plongea l’entier abandon de la duchesse qui se crut généreuse en se laissant adorer ; oui, tu as raison, je ne veux pas que tu conserves de doutes. En ce moment, je tremble aussi d’être quitté par l’ange de ma vie, et je voudrais inventer pour nous des liens indissolubles. — Ah ! dit-elle tout bas, tu vois, j’ai donc raison. — Laisse-moi finir, reprit Armand, je vais d’un seul mot dissiper toutes tes craintes. Ecoute, si je t’abandonnais, je mériterais mille morts. Sois toute à moi, je te donnerai le droit de me tuer si je te trahissais. J’écrirai moi-même une lettre par laquelle je déclarerai certains motifs qui me contraindraient à me tuer ; enfin, j’y mettrai mes dernières dispositions. Tu posséderas ce testament qui légitimerait ma mort, et pourras ainsi te venger sans avoir rien à craindre de Dieu ni des hommes. — Ai-je besoin de cette lettre ? Si j’avais perdu ton amour, que me ferait la vie ? Si je voulais te tuer, ne saurais-je pas te suivre ? Non, je te remercie de l’idée, mais je ne veux pas de la lettre. Ne pourrais-je pas croire que tu m’es fidèle par crainte, ou le danger d’une infidélité ne pourrait-il pas être un attrait pour celui qui livre ainsi sa vie ? Armand, ce que je demande est seul difficile à faire. — Et que veux-tu donc ? — Ton obéissance et ma liberté. — Mon Dieu, s’écria-t-il, je suis comme un enfant. — Un enfant volontaire et bien gâté, dit-elle en caressant l’épaisse chevelure de cette tête qu’elle garda sur ses genoux. Oh ! oui, bien plus aimé qu’il ne le croit, et cependant bien désobéissant. Pourquoi ne pas rester ainsi ? pourquoi ne pas me sacrifier des désirs qui m’offensent ? pourquoi ne pas accepter ce que j’accorde, si c’est tout ce que je puis honnêtement octroyer ? N’êtes-vous donc pas heureux ? — Oh ! oui, dit-il, je suis heureux quand je n’ai point de doutes. Antoinette, en amour, douter, n’est-ce pas mourir ? Et il se montra tout à coup ce qu’il était et ce que sont tous les hommes sous le feu des désirs, éloquent, insinuant. Après avoir goûté les plaisirs permis sans doute par un secret et jésuitique oukase, la duchesse éprouva ces émotions cérébrales dont l’habitude lui avait rendu l’amour d’Armand nécessaire autant que l’étaient le monde, le bal et l’opéra. Se voir adorée par un homme dont la supériorité, le caractère inspirent de l’effroi ; en faire un enfant ; jouer, comme Poppée, avec un Néron ; beaucoup de femmes, comme firent les épouses d’Henri VIII, ont payé ce périlleux bonheur de tout le sang de leurs veines. Hé ! bien, pressentiment bizarre ! en lui livrant les jolis cheveux blanchement blonds dans lesquels il aimait à promener ses doigts, en sentant la petite main de cet homme vraiment grand la presser, en jouant elle-même avec les touffes noires de sa chevelure, dans ce boudoir où elle régnait, la duchesse se disait — Cet homme est capable de me tuer, s’il s’aperçoit que je m’amuse de lui. Monsieur de Montriveau resta jusqu’à deux heures du matin près de sa maÃtresse, qui, dès ce moment, ne lui parut plus ni une duchesse, ni une Navarreins Antoinette avait poussé le déguisement jusqu’à paraÃtre femme. Pendant cette délicieuse soirée, la plus douce préface que jamais Parisienne ait faite pour ce que le monde appelle une faute, il fut permis au général de voir en elle, malgré les minauderies d’une pudeur jouée, toute la beauté des jeunes filles. Il put penser avec quelque raison que tant de querelles capricieuses formaient des voiles avec lesquels une âme céleste s’était vêtue, et qu’il fallait lever un à un, comme ceux dont elle enveloppait son adorable personne. La duchesse fut pour lui la plus naïve, la plus ingénue des maÃtresses, et il en fit la femme de son choix ; il s’en alla tout heureux de l’avoir enfin amenée à lui donner tant de gages d’amour, qu’il lui semblait impossible de ne pas être désormais, pour elle, un époux secret dont le choix était approuvé par Dieu. Dans cette pensée, avec la candeur de ceux qui sentent toutes les obligations de l’amour en en savourant les plaisirs, Armand revint chez lui lentement. Il suivit les quais, afin de voir le plus grand espace possible de ciel, il voulait élargir le firmament et la nature en se trouvant le cÅ“ur agrandi. Ses poumons lui paraissaient aspirer plus d’air qu’ils n’en prenaient la veille. En marchant, il s’interrogeait, et se promettait d’aimer si religieusement cette femme qu’elle pût trouver tous les jours une absolution de ses fautes sociales dans un constant bonheur. Douces agitations d’une vie pleine ! Les hommes qui ont assez de force pour teindre leur âme d’un sentiment unique ressentent des jouissances infinies en contemplant par échappées toute une vie incessamment ardente, comme certains religieux pouvaient contempler la lumière divine dans leurs extases. Sans cette croyance en sa perpétuité, l’amour ne serait rien ; la constance le grandit. Ce fut ainsi qu’en s’en allant en proie à son bonheur, Montriveau comprenait la passion. — Nous sommes donc l’un à l’autre à jamais ! Cette pensée était pour cet homme un talisman qui réalisait les vÅ“ux de sa vie. Il ne se demandait pas si la duchesse changerait, si cet amour durerait ; non, il avait la foi, l’une des vertus sans laquelle il n’y a pas d’avenir chrétien, mais qui peut-être est encore plus nécessaire aux Sociétés. Pour la première fois, il concevait la vie par les sentiments, lui qui n’avait encore vécu que par l’action la plus exorbitante des forces humaines, le dévouement quasi-corporel du soldat. Le lendemain, monsieur de Montriveau se rendit de bonne heure au faubourg Saint-Germain. Il avait un rendez-vous dans une maison voisine de l’hôtel de Langeais, où, quand ses affaires furent faites, il alla comme on va chez soi. Le général marchait alors de compagnie avec un homme pour lequel il paraissait avoir une sorte d’aversion quand il le rencontrait dans les salons. Cet homme était le marquis de Ronquerolles, dont la réputation devint si grande dans les boudoirs de Paris ; homme d’esprit, de talent, homme de courage surtout, et qui donnait le ton à toute la jeunesse de Paris ; un galant homme dont les succès et l’expérience étaient également enviés, et auquel ne manquaient ni la fortune, ni la naissance, qui ajoutent à Paris tant de lustre aux qualités des gens à la mode. — Où vas-tu ? dit monsieur de Ronquerolles à Montriveau. — Chez madame de Langeais. — Ah ! c’est vrai, j’oubliais que tu t’es laissé prendre à sa glu. Tu perds chez elle un amour que tu pourrais bien mieux employer ailleurs. J’avais à te donner dans la Banque dix femmes qui valent mille fois mieux que cette courtisane titrée, qui fait avec sa tête ce que d’autres femmes plus franches font… — Que dis-tu là , mon cher, dit Armand en interrompant Ronquerolles, la duchesse est un ange de candeur. Ronquerolles se prit à rire. — Puisque tu en es là , mon cher, dit-il, je dois t’éclairer. Un seul mot ! entre nous, il est sans conséquence. La duchesse t’appartient-elle ? En ce cas, je n’aurai rien à dire. Allons, fais-moi tes confidences. Il s’agit de ne pas perdre ton temps à greffer ta belle âme sur une nature ingrate qui doit laisser avorter les espérances de ta culture. Quand Armand eut naïvement fait une espèce d’état de situation dans lequel il mentionna minutieusement les droits qu’il avait si péniblement obtenus, Ronquerolles partit d’un éclat de rire si cruel, qu’à tout autre il aurait coûté la vie. Mais à voir de quelle manière ces deux êtres se regardaient et se parlaient seuls au coin d’un mur, aussi loin des hommes qu’ils eussent pu l’être au milieu d’un désert, il était facile de présumer qu’une amitié sans bornes les unissait et qu’aucun intérêt humain ne pouvait les brouiller. — Mon cher Armand, pourquoi ne m’as-tu pas dit que tu t’embarrassais de la duchesse ? je t’aurais donné quelques conseils qui t’auraient fait mener à bien cette intrigue. Apprends d’abord que les femmes de notre faubourg aiment, comme toutes les autres, à se baigner dans l’amour ; mais elles veulent posséder sans être possédées. Elles ont transigé avec la nature. La jurisprudence de la paroisse leur a presque tout permis, moins le péché positif. Les friandises dont te régale ta jolie duchesse sont des péchés véniels dont elle se lave dans les eaux de la pénitence. Mais si tu avais l’impertinence de vouloir sérieusement le grand péché mortel auquel tu dois naturellement attacher la plus haute importance, tu verrais avec quel profond dédain la porte du boudoir et de l’hôtel te serait incontinent fermée. La tendre Antoinette aurait tout oublié, tu serais moins que zéro pour elle. Tes baisers, mon cher ami, seraient essuyés avec l’indifférence qu’une femme met aux choses de sa toilette. La duchesse épongerait l’amour sur ses joues comme elle en ôte le rouge. Nous connaissons ces sortes de femmes, la Parisienne pure. As-tu jamais vu dans les rues une grisette trottant menu ? sa tête vaut un tableau joli bonnet, joues fraÃches, cheveux coquets, fin sourire, le reste est à peine soigné. N’en est-ce pas bien le portrait ? Voilà la Parisienne, elle sait que sa tête seule sera vue ; à sa tête, tous les soins, les parures, les vanités. Hé ! bien, la duchesse est tout tête, elle ne sent que par sa tête, elle a un cÅ“ur dans la tête, une voix de tête, elle est friande par la tête. Nous nommons cette pauvre chose une Laïs intellectuelle. Tu es joué comme un enfant. Si tu en doutes, tu en auras la preuve ce soir, ce matin, à l’instant. Monte chez elle, essaie de demander, de vouloir impérieusement ce que l’on te refuse ; quand même tu t’y prendrais comme feu monsieur le maréchal de Richelieu, néant au placet. Armand était hébêté. — La désires-tu au point d’en être devenu sot ? — Je la veux à tout prix, s’écria Montriveau déséspéré. — Hé ! bien, écoute. Sois aussi implacable qu’elle le sera, tâche de l’humilier, de piquer sa vanité ; d’intéresser non pas le cÅ“ur, non pas l’âme, mais les nerfs et la lymphe de cette femme à la fois nerveuse et lymphatique. Si tu peux lui faire naÃtre un désir, tu es sauvé. Mais quitte tes belles idées d’enfant. Si, l’ayant pressée dans tes serres d’aigle, tu cèdes, si tu recules, si l’un de tes sourcils remue, si elle croit pouvoir encore te dominer, elle glissera de tes griffes comme un poisson et s’échappera pour ne plus se laisser prendre. Sois inflexible comme la loi. N’aie pas plus de charité que n’en a le bourreau. Frappe. Quand tu auras frappé, frappe encore. Frappe toujours, comme si tu donnais le knout. Les duchesses sont dures, mon cher Armand, et ces natures de femme ne s’amollissent que sous les coups ; la souffrance leur donne un cÅ“ur, et c’est Å“uvre de charité que de les frapper. Frappe donc sans cesse. Ah ! quand la douleur aura bien attendri ces nerfs, ramolli ces fibres que tu crois douces et molles ; fait battre un cÅ“ur sec, qui, à ce jeu, reprendra de l’élasticité ; quand la cervelle aura cédé, la passion entrera peut-être dans les ressorts métalliques de cette machine à larmes, à manières, à évanouissements, à phrases fondantes ; et tu verras le plus magnifique des incendies, si toutefois la cheminée prend feu. Ce système d’acier femelle aura le rouge du fer dans la forge ! une chaleur plus durable que tout, et cette incandescence deviendra peut-être de l’amour. Néanmoins, j’en doute. Puis, la duchesse vaut-elle tant de peines ? Entre nous, elle aurait besoin d’être préalablement formée par un homme comme moi, j’en ferais une femme charmante, elle a de la race ; tandis qu’à vous deux, vous en resterez à l’A B C de l’amour. Mais tu aimes, et tu ne partagerais pas en ce moment mes idées sur cette matière. — Bien du plaisir, mes enfants, ajouta Ronquerolles en riant et après une pause. Je me suis prononcé, moi, en faveur des femmes faciles ; au moins, elles sont tendres, elles aiment au naturel, et non avec les assaisonnements sociaux. Mon pauvre garçon, une femme qui se chicane, qui ne veut qu’inspirer de l’amour ? eh, mais il faut en avoir une comme on a un cheval de luxe ; voir, dans le combat du confessionnal contre le canapé, ou du blanc contre le noir, de la reine contre le fou, des scrupules contre le plaisir, une partie d’échecs fort divertissante à jouer. Un homme tant soit peu roué, qui sait le jeu, donne le mat en trois coups, à volonté. Si j’entreprenais une femme de ce genre, je me donnerais pour but de….. Il dit un mot à l’oreille d’Armand et le quitta brusquement pour ne pas entendre de réponse. Quant à Montriveau, d’un bond il sauta dans la cour de l’hôtel de Langeais, monta chez la duchesse et, sans se faire annoncer, il entra chez elle, dans sa chambre à coucher. — Mais cela ne se fait pas, dit-elle en croisant à la hâte son peignoir, Armand, vous êtes un homme abominable. Allons, laissez-moi, je vous prie. Sortez, sortez donc. Attendez-moi dans le salon. Allez. — Chère ange, lui dit-il, un époux n’a-t-il donc aucun privilége ? — Mais c’est d’un goût détestable, monsieur, soit à un époux, soit à un mari, de surprendre ainsi sa femme. Il vint à elle, la prit, la serra dans ses bras — Pardonne, ma chère Antoinette, mais mille soupçons mauvais me travaillent le cÅ“ur. — Des soupçons, fi ! Ah ! fi, fi donc ! — Des soupçons presque justifiés. Si tu m’aimais, me ferais-tu cette querelle ? N’aurais-tu pas été contente de me voir ? n’aurais-tu pas senti je ne sais quel mouvement au cÅ“ur ? Mais moi qui ne suis pas femme, j’éprouve des tressaillements intimes au seul son de ta voix. L’envie de te sauter au cou m’a souvent pris au milieu d’un bal. — Ah ! si vous avez des soupçons tant que je ne vous aurai pas sauté au cou devant tout le monde, je crois que je serai soupçonnée pendant toute ma vie ; mais, auprès de vous, Othello n’est qu’un enfant ! — Ha ! dit-il au désespoir, je ne suis pas aimé. — Du moins, en ce moment, convenez que vous n’êtes pas aimable. — J’en suis donc encore à vous plaire ? — Ah ! je le crois. Allons, dit-elle d’un petit air impératif, sortez, laissez-moi. Je ne suis pas comme vous, moi je veux toujours vous plaire… Jamais aucune femme ne sut, mieux que madame de Langeais, mettre tant de grâce dans son impertinence ; et n’est-ce pas en doubler l’effet ? n’est-ce pas à rendre furieux l’homme le plus froid ? En ce moment ses yeux, le son de sa voix, son attitude attestèrent une sorte de liberté parfaite qui n’est jamais chez la femme aimante, quand elle se trouve en présence de celui dont la seule vue doit la faire palpiter. Déniaisé par les avis du marquis de Ronquerolles, encore aidé par cette rapide intus-susception dont sont doués momentanément les êtres les moins sagaces par la passion, mais qui se trouve si complète chez les hommes forts, Armand devina la terrible vérité que trahissait l’aisance de la duchesse, et son cÅ“ur se gonfla d’un orage comme un lac prêt à se soulever. — Si tu disais vrai hier, sois à moi, ma chère Antoinette, s’écria-t-il, je veux… — D’abord, dit-elle en le repoussant avec force et calme, lorsqu’elle le vit s’avancer, ne me compromettez pas. Ma femme de chambre pourrait vous entendre. Respectez-moi, je vous prie. Votre familiarité est très-bonne, le soir, dans mon boudoir ; mais ici, point. Puis, que signifie votre je veux ? Je veux ! Personne ne m’a dit encore ce mot. Il me semble très-ridicule, parfaitement ridicule. — Vous ne me céderiez rien sur ce point ? dit-il. — Ah ! vous nommez un point, la libre disposition de nous-mêmes un point très-capital, en effet ; et vous me permettrez d’être, en ce point, tout à fait la maÃtresse. — Et si, me fiant en vos promesses, je l’exigeais ? — Ah ! vous me prouveriez que j’aurais eu le plus grand tort de vous faire la plus légère promesse, je ne serais pas assez sotte pour la tenir, et je vous prierais de me laisser tranquille. Montriveau pâlit, voulut s’élancer ; la duchesse sonna, sa femme de chambre parut, et cette femme lui dit en souriant avec une grâce moqueuse — Ayez la bonté de revenir quand je serai visible. Armand de Montriveau sentit alors la dureté de cette femme froide et tranchante autant que l’acier, elle était écrasante de mépris. En un moment, elle avait brisé des liens qui n’étaient forts que pour son amant. La duchesse avait lu sur le front d’Armand les exigences secrètes de cette visite, et avait jugé que l’instant était venu de faire sentir à ce soldat impérial que les duchesses pouvaient bien se prêter à l’amour, mais ne s’y donnaient pas, et que leur conquête était plus difficile à faire que ne l’avait été celle de l’Europe. — Madame, dit Armand, je n’ai pas le temps d’attendre. Je suis, vous l’avez dit vous-même, un enfant gâté. Quand je voudrai sérieusement ce dont nous parlions tout à l’heure, je l’aurai. — Vous l’aurez ? dit-elle d’un air de hauteur auquel se mêla quelque surprise. — Je l’aurai. — Ah ! vous me feriez bien plaisir de le vouloir. Pour la curiosité du fait, je serais charmée de savoir comment vous vous y prendriez… — Je suis enchanté, répondit Montriveau en riant de façon à effrayer la duchesse, de mettre un intérêt dans votre existence. Me permettrez-vous de venir vous chercher pour aller au bal ce soir ? — Je vous rends mille grâces, monsieur de Marsay vous a prévenu, j’ai promis. Montriveau salua gravement et se retira. — Ronquerolles a donc raison, pensa-t-il, nous allons jouer maintenant une partie d’échecs. Dès lors il cacha ses émotions sous un calme complet. Aucun homme n’est assez fort pour pouvoir supporter ces changements, qui font passer rapidement l’âme du plus grand bien à des malheurs suprêmes. N’avait-il donc aperçu la vie heureuse que pour mieux sentir le vide de son existence précédente ? Ce fut un terrible orage ; mais il savait souffrir, et reçut l’assaut de ses pensées tumultueuses, comme un rocher de granit reçoit les lames de l’Océan courroucé. — Je n’ai rien pu lui dire ; en sa présence, je n’ai plus d’esprit. Elle ne sait pas à quel point elle est vile et méprisable. Personne n’a osé mettre cette créature en face d’elle-même. Elle a sans doute joué bien des hommes, je les vengerai tous. Pour la première fois peut-être, dans un cÅ“ur d’homme, l’amour et la vengeance se mêlèrent si également qu’il était impossible à Montriveau lui-même de savoir qui de l’amour, qui de la vengeance l’emporterait. Il se trouva le soir même au bal où devait être la duchesse de Langeais, et désespéra presque d’atteindre cette femme à laquelle il fut tenté d’attribuer quelque chose de démoniaque elle se montra pour lui gracieuse et pleine d’agréables sourires, elle ne voulait pas sans doute laisser croire au monde qu’elle s’était compromise avec monsieur de Montriveau. Une mutuelle bouderie trahit l’amour. Mais que la duchesse ne changeât rien à ses manières, alors que le marquis était sombre et chagrin, n’était-ce pas faire voir qu’Armand n’avait rien obtenu d’elle ? Le monde sait bien deviner le malheur des hommes dédaignés, et ne le confond point avec les brouilles que certaines femmes ordonnent à leurs amants d’affecter dans l’espoir de cacher un mutuel amour. Et chacun se moqua de Montriveau qui, n’ayant pas consulté son cornac, resta rêveur, souffrant ; tandis que monsieur de Ronquerolles lui eût prescrit peut-être de compromettre la duchesse en répondant à ses fausses amitiés par des démonstrations passionnées. Armand de Montriveau quitta le bal, ayant horreur de la nature humaine, et croyant encore à peine à de si complètes perversités. — S’il n’y a pas de bourreaux pour de semblables crimes, dit-il en regardant les croisées lumineuses des salons où dansaient, causaient et riaient les plus séduisantes femmes de Paris, je te prendrai par le chignon du cou, madame la duchesse, et t’y ferai sentir un fer plus mordant que ne l’est le couteau de la Grève. Acier contre acier, nous verrons quel cÅ“ur sera plus tranchant. Pendant une semaine environ, madame de Langeais espéra revoir le marquis de Montriveau ; mais Armand se contenta d’envoyer tous les matins sa carte à l’hôtel de Langeais. Chaque fois que cette carte était remise à la duchesse, elle ne pouvait s’empêcher de tressaillir, frappée par de sinistres pensées, mais indistinctes comme l’est un pressentiment de malheur. En lisant ce nom, tantôt elle croyait sentir dans ses cheveux la main puissante de cet homme implacable, tantôt ce nom lui pronostiquait des vengeances que son mobile esprit lui faisait atroces. Elle l’avait trop bien étudié pour ne pas le craindre. Serait-elle assassinée ? Cet homme à cou de taureau l’éventrerait-il en la lançant au-dessus de sa tête ? la foulerait-il aux pieds ? Quand, où, comment la saisirait-il ? la ferait-il bien souffrir, et quel genre de souffrance méditait-il de lui imposer ? Elle se repentait. A certaines heures, s’il était venu, elle se serait jetée dans ses bras avec un complet abandon. Chaque soir, en s’endormant, elle revoyait la physionomie de Montriveau sous un aspect différent. Tantôt son sourire amer ; tantôt la contraction jupitérienne de ses sourcils, son regard de lion, ou quelque hautain mouvement d’épaules, le lui faisaient terrible. Le lendemain, la carte lui semblait couverte de sang. Elle vivait agitée par ce nom, plus qu’elle ne l’avait été par l’amant fougueux, opiniâtre, exigeant. Puis ses appréhensions grandissaient encore dans le silence, elle était obligée de se préparer, sans secours étranger, à une lutte horrible dont il ne lui était pas permis de parler. Cette âme, fière et dure, était plus sensible aux titillations de la haine qu’elle ne l’avait été naguère aux caresses de l’amour. Ha ! si le général avait pu voir sa maÃtresse au moment où elle amassait les plis de son front entre ses sourcils, en se plongeant dans d’amères pensées, au fond de ce boudoir où il avait savouré tant de joies, peut-être eût-il conçu de grandes espérances. La fierté n’est-elle pas un des sentiments humains qui ne peuvent enfanter que de nobles actions ? Quoique madame de Langeais gardât le secret de ses pensées, il est permis de supposer que monsieur de Montriveau ne lui était plus indifférent. N’est-ce pas une immense conquête pour un homme que d’occuper une femme ? Chez elle, il doit nécessairement se faire un progrès dans un sens ou dans l’autre. Mettez une créature féminine sous les pieds d’un cheval furieux, en face de quelque animal terrible ; elle tombera, certes, sur les genoux, elle attendra la mort ; mais si la bête est clémente et ne la tue pas entièrement, elle aimera le cheval, le lion, le taureau, elle en parlera tout à l’aise. La duchesse se sentait sous les pieds du lion elle tremblait, elle ne haïssait pas. Ces deux personnes, si singulièrement posées l’une en face de l’autre, se rencontrèrent trois fois dans le monde durant cette semaine. Chaque fois, en réponse à de coquettes interrogations, la duchesse reçut d’Armand des saluts respectueux et des sourires empreints d’une ironie si cruelle, qu’ils confirmaient toutes les appréhensions inspirées le matin par la carte de visite. La vie n’est que ce que nous la font les sentiments, les sentiments avaient creusé des abÃmes entre ces deux personnes. La comtesse de Sérizy, sÅ“ur du marquis de Ronquerolles, donnait au commencement de la semaine suivante un grand bal auquel devait venir madame de Langeais. La première figure que vit la duchesse en entrant fut celle d’Armand, Armand l’attendait cette fois, elle le pensa du moins. Tous deux échangèrent un regard. Une sueur froide sortit soudain de tous les pores de cette femme. Elle avait cru Montriveau capable de quelque vengeance inouïe, proportionnée à leur état ; cette vengeance était trouvée, elle était prête, elle était chaude, elle bouillonnait. Les yeux de cet amant trahi lui lancèrent les éclairs de la foudre et son visage rayonnait de haine heureuse. Aussi, malgré la volonté qu’avait la duchesse d’exprimer la froideur et l’impertinence, son regard resta-t-il morne. Elle alla se placer près de la comtesse de Sérizy, qui ne put s’empêcher de lui dire — Qu’avez-vous, ma chère Antoinette ? Vous êtes à faire peur. — Une contredanse va me remettre, répondit-elle en donnant la main à un jeune homme qui s’avançait. Madame de Langeais se mit à valser avec une sorte de fureur et d’emportement que redoubla le regard pesant de Montriveau. Il resta debout, en avant de ceux qui s’amusaient à voir les valseurs. Chaque fois que sa maÃtresse passait devant lui, ses yeux plongeaient sur cette tête tournoyante, comme ceux d’un tigre sûr de sa proie. La valse finie, la duchesse vint s’asseoir près de la comtesse, et le marquis ne cessa de la regarder en s’entretenant avec un inconnu. — Monsieur, lui disait-il, l’une des choses qui m’ont le plus frappé dans ce voyage… La duchesse était tout oreilles. … Est la phrase que prononce le gardien de Westminster en vous montrant la hache avec laquelle un homme masqué trancha, dit-on, la tête de Charles Ier en mémoire du roi qui les dit à un curieux. — Que dit-il ? demanda madame de Sérizy. — Ne touchez pas à la hache, répondit Montriveau d’un son de voix où il y avait de la menace. — En vérité, monsieur le marquis, dit la duchesse de Langeais, vous regardez mon cou d’un air si mélodramatique en répétant cette vieille histoire, connue de tous ceux qui vont à Londres, qu’il me semble vous voir une hache à la main. Ces derniers mots furent prononcés en riant, quoiqu’une sueur froide eût saisi la duchesse. — Mais cette histoire est, par circonstance, très-neuve, répondit-il. — Comment cela ? je vous prie, de grâce, en quoi ? — En ce que, madame, vous avez touché à la hache, lui dit Montriveau à voix basse. — Quelle ravissante prophétie ! reprit-elle en souriant avec une grâce affectée. Et quand doit tomber ma tête ? — Je ne souhaite pas de voir tomber votre jolie tête, madame. Je crains seulement pour vous quelque grand malheur. Si l’on vous tondait, ne regretteriez-vous pas ces cheveux si mignonnement blonds, et dont vous tirez si bien parti… — Mais il est des personnes auxquelles les femmes aiment à faire de ces sacrifices, et souvent même à des hommes qui ne savent pas leur faire crédit d’un mouvement d’humeur. — D’accord. Eh ! bien, si tout à coup, par un procédé chimique, un plaisant vous enlevait votre beauté, vous mettait à cent ans, quand vous n’en avez pour nous que dix-huit ? — Mais, monsieur, dit-elle en l’interrompant, la petite-vérole est notre bataille de Waterloo. Le lendemain nous connaissons ceux qui nous aiment véritablement. — Vous ne regretteriez pas cette délicieuse figure qui… — Ha, beaucoup ; mais moins pour moi que pour celui dont elle ferait la joie. Cependant, si j’étais sincèrement aimée, toujours, bien, que m’importerait la beauté ? Qu’en dites-vous, Clara ? — C’est une spéculation dangereuse, répondit madame de Sérizy. — Pourrait-on demander à sa majesté le roi des sorciers, reprit madame de Langeais, quand j’ai commis la faute de toucher à la hache, moi qui ne suis pas encore allée à Londres… — Non so, fit-il en laissant échapper un rire moqueur. — Et quand commencera le supplice ? Là , Montriveau tira froidement sa montre et vérifia l’heure avec une conviction réellement effrayante. — La journée ne finira pas sans qu’il vous arrive un horrible malheur… — Je ne suis pas un enfant qu’on puisse facilement épouvanter, ou plutôt je suis un enfant qui ne connaÃt pas le danger, dit la duchesse, et vais danser sans crainte au bord de l’abÃme. — Je suis enchanté, madame, de vous savoir tant de caractère, répondit-il en la voyant aller prendre sa place à un quadrille. Malgré son apparent dédain pour les noires prédictions d’Armand, la duchesse était en proie à une véritable terreur. A peine l’oppression morale et presque physique sous laquelle la tenait son amant cessa-t-elle lorsqu’il quitta le bal. Néanmoins, après avoir joui pendant un moment du plaisir de respirer à son aise, elle se surprit à regretter les émotions de la peur, tant la nature femelle est avide de sensations extrêmes. Ce regret n’était pas de l’amour, mais il appartenait certes aux sentiments qui le préparent. Puis, comme si la duchesse eût de nouveau ressenti l’effet que monsieur Montriveau lui avait fait éprouver, elle se rappela l’air de conviction avec lequel il venait de regarder l’heure, et, saisie d’épouvante, elle se retira. Il était alors environ minuit. Celui de ses gens qui l’attendait lui mit sa pelisse et marcha devant elle pour faire avancer sa voiture ; puis, quand elle y fut assise, elle tomba dans une rêverie assez naturelle, provoquée par la prédiction de monsieur de Montriveau. Arrivée dans sa cour, elle entra dans un vestibule presque semblable à celui de son hôtel ; mais tout à coup elle ne reconnut pas son escalier ; puis au moment où elle se retourna pour appeler ses gens, plusieurs hommes l’assaillirent avec rapidité, lui jetèrent un mouchoir sur la bouche, lui lièrent les mains, les pieds, et l’enlevèrent. Elle jeta de grands cris. — Madame, nous avons ordre de vous tuer si vous criez, lui dit-on à l’oreille. La frayeur de la duchesse fut si grande, qu’elle ne put jamais s’expliquer par où ni comment elle fut transportée. Quand elle reprit ses sens, elle se trouva les pieds et les poings liés, avec des cordes de soie, couchée sur le canapé d’une chambre de garçon. Elle ne put retenir un cri en rencontrant les yeux d’Armand de Montriveau, qui, tranquillement assis dans un fauteuil, et enveloppé dans sa robe de chambre, fumait un cigare. — Ne criez pas, madame la duchesse, dit-il en s’ôtant froidement son cigare de la bouche, j’ai la migraine. D’ailleurs je vais vous délier. Mais écoutez bien ce que j’ai l’honneur de vous dire. Il dénoua délicatement les cordes qui serraient les pieds de la duchesse. — A quoi vous serviraient vos cris ? personne ne peut les entendre. Vous êtes trop bien élevée pour faire des grimaces inutiles. Si vous ne vous teniez pas tranquille, si vous vouliez lutter avec moi, je vous attacherais de nouveau les pieds et les mains. Je crois, que, tout bien considéré, vous vous respecterez assez pour demeurer sur ce canapé, comme si vous étiez chez vous, sur le vôtre ; froide encore, si vous voulez… Vous m’avez fait répandre, sur ce canapé, bien des pleurs que je cachais à tous les yeux. Pendant que Montriveau lui parlait, la duchesse jeta autour d’elle ce regard de femme, regard furtif qui sait tout voir en paraissant distrait. Elle aima beaucoup cette chambre assez semblable à la cellule d’un moine. L’âme et la pensée de l’homme y planaient. Aucun ornement n’altérait la peinture grise des parois vides. A terre était un tapis vert. Un canapé noir, une table couverte de papiers, deux grands fauteuils, une commode ornée d’un réveil, un lit très-bas sur lequel était jeté un drap rouge bordé d’une grecque noire annonçaient par leur contexture les habitudes d’une vie réduite à sa plus simple expression. Un triple flambeau posé sur la cheminée rappelait, par sa forme égyptienne, l’immensité des déserts où cet homme avait long-temps erré. A côté du lit, entre le pied que d’énormes pattes de sphinx faisaient deviner sous les plis de l’étoffe et l’un des murs latéraux de la chambre, se trouvait une porte cachée par un rideau vert à franges rouges et noires que de gros anneaux rattachaient sur une hampe. La porte par laquelle les inconnus étaient entrés avait une portière pareille, mais relevée par une embrasse. Au dernier regard que la duchesse jeta sur les deux rideaux pour les comparer, elle s’aperçut que la porte voisine du lit était ouverte, et que des lueurs rougeâtres allumées dans l’autre pièce se dessinaient sous l’effilé d’en bas. Sa curiosité fut naturellement excitée par cette lumière triste, qui lui permit à peine de distinguer dans les ténèbres quelques formes bizarres ; mais, en ce moment, elle ne songea pas que son danger pût venir de là , et voulut satisfaire un plus ardent intérêt. — Monsieur, est-ce une indiscrétion de vous demander ce que vous comptez faire de moi ? dit-elle avec une impertinence et une moquerie perçante. La duchesse croyait deviner un amour excessif dans les paroles de Montriveau. D’ailleurs, pour enlever une femme, ne faut-il pas l’adorer ? — Rien du tout, madame, répondit-il en soufflant avec grâce sa dernière bouffée de tabac. Vous êtes ici pour peu de temps. Je veux d’abord vous expliquer ce que vous êtes, et ce que je suis. Quand vous vous tortillez sur votre divan, dans votre boudoir, je ne trouve pas de mots pour mes idées. Puis chez vous, à la moindre pensée qui vous déplaÃt, vous tirez le cordon de votre sonnette, vous criez bien fort et mettez votre amant à la porte comme s’il était le dernier des misérables. Ici, j’ai l’esprit libre. Ici, personne ne peut me jeter à la porte. Ici, vous serez ma victime pour quelques instants, et vous aurez l’extrême bonté de m’écouter. Ne craignez rien. Je ne vous ai pas enlevée pour vous dire des injures, pour obtenir de vous par violence ce que je n’ai pas su mériter, ce que vous n’avez pas voulu m’octroyer de bonne grâce. Ce serait une indignité. Vous concevez peut-être le viol ; moi, je ne le conçois pas. Il lança, par un mouvement sec, son cigare au feu. — Madame, la fumée vous incommode sans doute ? Aussitôt il se leva, prit dans le foyer une cassolette chaude, y brûla des parfums,et purifia l’air. L’étonnement de la duchesse ne pouvait se comparer qu’à son humiliation. Elle était au pouvoir de cet homme, et cet homme ne voulait pas abuser de son pouvoir. Ces yeux jadis si flamboyants d’amour, elle les voyait calmes et fixes comme des étoiles. Elle trembla. Puis la terreur qu’Armand lui inspirait fut augmentée par une de ces sensations pétrifiantes, analogues aux agitations sans mouvement ressenties dans le cauchemar. Elle resta clouée par la peur, en croyant voir la lueur placée derrière le rideau prendre de l’intensité sous les aspirations d’un soufflet. Tout à coup les reflets devenus plus vifs avaient illuminé trois personnes masquées. Cet aspect horrible s’évanouit si promptement qu’elle le prit pour une fantaisie d’optique. — Madame, reprit Armand en la contemplant avec une méprisante froideur, une minute, une seule me suffira pour vous atteindre dans tous les moments de votre vie, la seule éternité dont je puisse disposer, moi. Je ne suis pas Dieu. Ecoutez-moi bien, dit-il, en faisant une pause pour donner de la solennité à son discours. L’amour viendra toujours à vos souhaits ; vous avez sur les hommes un pouvoir sans bornes ; mais souvenez-vous qu’un jour vous avez appelé l’amour il est venu pur et candide, autant qu’il peut l’être sur cette terre ; aussi respectueux qu’il était violent ; caressant, comme l’est l’amour d’une femme dévouée, ou comme l’est celui d’une mère pour son enfant ; enfin, si grand, qu’il était une folie. Vous vous êtes jouée de cet amour, vous avez commis un crime. Le droit de toute femme est de se refuser à un amour qu’elle sent ne pouvoir partager. L’homme qui aime sans se faire aimer ne saurait être plaint, et n’a pas le droit de se plaindre. Mais, madame la duchesse, attirer à soi, en feignant le sentiment, un malheureux privé de toute affection, lui faire comprendre le bonheur dans toute sa plénitude, pour le lui ravir ; lui voler son avenir de félicité ; le tuer non-seulement aujourd’hui, mais dans l’éternité de sa vie, en empoisonnant toutes ses heures et toutes ses pensées, voilà ce que je nomme un épouvantable crime ! — Monsieur… — Je ne puis encore vous permettre de me répondre. Ecoutez-moi donc toujours. D’ailleurs, j’ai des droits sur vous ; mais je ne veux que de ceux du juge sur le criminel, afin de réveiller votre conscience. Si vous n’aviez pas de conscience, je ne vous blâmerais point ; mais vous êtes si jeune ! vous devez vous sentir encore de la vie au cÅ“ur, j’aime à le penser. Si je vous crois assez dépravée pour commettre un crime impuni par les lois, je ne vous fais pas assez dégradée pour ne pas comprendre la portée de mes paroles. Je reprends. En ce moment, la duchesse entendit le bruit sourd d’un soufflet, avec lequel les inconnus qu’elle venait d’entrevoir attisaient sans doute le feu dont la clarté se projeta sur le rideau ; mais le regard fulgurant de Montriveau la contraignit à rester palpitante et les yeux fixes devant lui. Quelle que fût sa curiosité, le feu des paroles d’Armand l’intéressait plus encore que la voix de ce feu mystérieux. — Madame, dit-il après une pause, lorsque, dans Paris, le bourreau devra mettre la main sur un pauvre assassin, et le couchera sur la planche où la loi veut qu’un assassin soit couché pour perdre la tête… Vous savez, les journaux en préviennent les riches et les pauvres, afin de dire aux uns de dormir tranquilles, et aux autres de veiller pour vivre. Eh ! bien, vous qui êtes religieuse, et même un peu dévote, allez faire dire des messes pour cet homme vous êtes de la famille ; mais vous êtes de la branche aÃnée. Celle-là peut trôner en paix, exister heureuse et sans soucis. Poussé par la misère ou par la colère, votre frère de bagne n’a tué qu’un homme ; et vous ! vous avez tué le bonheur d’un homme, sa plus belle vie, ses plus chères croyances. L’autre a tout naïvement attendu sa victime ; il l’a tuée malgré lui, par peur de l’échafaud ; mais vous !… vous avez entassé tous les forfaits de la faiblesse contre une force innocente ; vous avez apprivoisé votre patient pour en mieux dévorer le cÅ“ur ; vous l’avez appâté de caresses ; vous n’en avez omis aucune de celles qui pouvaient lui faire supposer, rêver, désirer les délices de l’amour. Vous lui avez demandé mille sacrifices pour les refuser tous. Vous lui avez bien fait voir la lumière avant de lui crever les yeux. Admirable courage ! De telles infamies sont un luxe que ne comprennent pas ces bourgeoises desquelles vous vous moquez. Elles savent se donner et pardonner ; elles savent aimer et souffrir. Elles nous rendent petits par la grandeur de leurs dévouements. A mesure que l’on monte en haut de la société, il s’y trouve autant de boue qu’il y en a par le bas ; seulement elle s’y durcit et se dore. Oui, pour rencontrer la perfection dans l’ignoble, il faut une belle éducation, un grand nom, une jolie femme, une duchesse. Pour tomber au-dessous de tout, il fallait être au-dessus de tout. Je vous dis mal ce que je pense, je souffre encore trop des blessures que vous m’avez faites ; mais ne croyez pas que je me plaigne ! Non. Mes paroles ne sont l’expression d’aucune espérance personnelle, et ne contiennent aucune amertume. Sachez-le bien, madame, je vous pardonne, et ce pardon est assez entier pour que vous ne vous plaigniez point d’être venue le chercher malgré vous… Seulement, vous pourriez abuser d’autres cÅ“urs aussi enfants que l’est le mien, et je dois leur épargner des douleurs. Vous m’avez donc inspiré une pensée de justice. Expiez votre faute ici-bas, Dieu vous pardonnera peut-être, je le souhaite ; mais il est implacable, et vous frappera. A ces mots, les yeux de cette femme abattue, déchirée, se remplirent de pleurs. — Pourquoi pleurez-vous ? Restez fidèle à votre nature. Vous avez contemplé sans émotion les tortures du cÅ“ur que vous brisiez. Assez, madame, consolez-vous. Je ne puis plus souffrir. D’autres vous diront que vous leur avez donné la vie, moi je vous dis avec délices que vous m’avez donné le néant. Peut-être devinez-vous que je ne m’appartiens pas, que je dois vivre pour mes amis, et qu’alors j’aurai la froideur de la mort et les chagrins de la vie à supporter ensemble. Auriez-vous tant de bonté ? Seriez-vous comme les tigres du désert, qui font d’abord la plaie, et puis la lèchent ? La duchesse fondit en larmes. — Epargnez-vous donc ces pleurs, madame. Si j’y croyais, ce serait pour m’en défier. Est-ce ou n’est-ce pas un de vos artifices ? Après tous ceux que vous avez employés, comment penser qu’il peut y avoir en vous quelque chose de vrai ? Rien de vous n’a désormais la puissance de m’émouvoir. J’ai tout dit. Madame de Langeais se leva par un mouvement à la fois plein de noblesse et d’humilité. — Vous êtes en droit de me traiter durement, dit-elle en tendant à cet homme une main qu’il ne prit pas, vos paroles ne sont pas assez dures encore, et je mérite cette punition. — Moi, vous punir, madame ! mais punir, n’est-ce pas aimer ? N’attendez de moi rien qui ressemble à un sentiment. Je pourrais me faire, dans ma propre cause, accusateur et juge, arrêt et bourreau ; mais non. J’accomplirai tout à l’heure un devoir, et nullement un désir de vengeance. La plus cruelle vengeance est, selon moi, le dédain d’une vengeance possible. Qui sait ! je serai peut- être le ministre de vos plaisirs. Désormais, en portant élégamment la triste livrée dont la société revêt les criminels, peut-être serez vous forcée d’avoir leur probité. Et alors vous aimerez ! La duchesse écoutait avec une soumission qui n’était plus jouée ni coquettement calculée ; elle ne prit la parole qu’après un intervalle de silence. — Armand, dit-elle, il me semble qu’en résistant à l’amour, j’obéissais à toutes les pudeurs de la femme, et ce n’est pas de vous que j’eusse attendu de tels reproches. Vous vous armez de toutes mes faiblesses pour m’en faire des crimes. Comment n’avez-vous pas supposé que je pusse être entraÃnée au delà de mes devoirs par toutes les curiosités de l’amour, et que le lendemain je fusse fâchée, désolée d’être allée trop loin ? Hélas ! c’était pécher par ignorance. Il y avait, je vous le jure, autant de bonne foi dans mes fautes que dans mes remords. Mes duretés trahissaient bien plus d’amour que n’en accusaient mes complaisances. Et d’ailleurs, de quoi vous plaignez-vous ? Le don de mon cÅ“ur ne vous a pas suffi, vous avez exigé brutalement ma personne… — Brutalement ! s’écria monsieur de Montriveau. Mais il se dit à lui-même — Je suis perdu, si je me laisse prendre a des disputes de mots. — Oui, vous êtes arrivé chez moi comme chez une de ces mauvaises femmes, sans le respect, sans aucune des attentions de l’amour. N’avais-je pas le droit de réfléchir ? Eh ! bien, j’ai réfléchi. L’inconvenance de votre conduite est excusable l’amour en est le principe ; laissez-moi le croire et vous justifier à moi-même. Hé bien ! Armand, au moment même où ce soir vous me prédisiez le malheur, moi je croyais à notre bonheur. Oui, j’avais confiance en ce caractère noble et fier dont vous m’avez donné tant de preuves… Et j’étais toute à toi, ajouta-t-elle en se penchant à l’oreille de Montriveau. Oui, j’avais je ne sais quel désir de rendre heureux un homme si violemment éprouvé par l’adversité. MaÃtre pour maÃtre, je voulais un homme grand. Plus je me sentais haut, moins je voulais descendre. Confiante en toi, je voyais toute une vie d’amour au moment où tu me montrais la mort…. La force ne va pas sans la bonté. Mon ami, tu es trop fort pour te faire méchant contre une pauvre femme qui t’aime. Si j’ai eu des torts, ne puis-je donc obtenir un pardon ? ne puis-je les réparer ? Le repentir est la grâce de l’amour, je veux être bien gracieuse pour toi. Comment moi seule ne pouvais-je partager avec toutes les femmes ces incertitudes, ces craintes, ces timidités qu’il est si naturel d’éprouver quand on se lie pour la vie, et que vous brisez si facilement ces sortes de liens ! Ces bourgeoises, auxquelles vous me comparez, se donnent, mais elles combattent. Hé ! bien, j’ai combattu, mais me voilà … - Mon Dieu ! il ne m’écoute pas ! s’écria-t-elle en s’interrompant. Elle se tordit les mains en criant — Mais je t’aime ! mais je suis à toi ! Elle tomba aux genoux d’Armand. — A toi ! à toi, mon unique, mon seul maÃtre ! — Madame, dit Armand en voulant la relever, Antoinette ne peut plus sauver la duchesse de Langeais. Je ne crois plus ni à l’une ni à l’autre. Vous vous donnerez aujourd’hui, vous vous refuserez peut-être demain. Aucune puissance ni dans les cieux ni sur la terre ne saurait me garantir la douce fidélité de votre amour. Les gages en étaient dans le passé nous n’avons plus de passé. En ce moment, une lueur brilla si vivement, que la duchesse ne put s’empêcher de tourner la tête vers la portière, et revit distinctement les trois hommes masqués. — Armand ; dit-elle, je ne voudrais pas vous mésestimer. Comment se trouve-t-il là des hommes ? Que préparez-vous donc contre moi ? — Ces hommes sont aussi discrets que je le serai moi-même sur ce qui va se passer ici, dit-il. Ne voyez en eux que mes bras et mon cÅ“ur. L’un d’eux est un chirurgien… — Un chirurgien, dit-elle. Armand, mon ami, l’incertitude est la plus cruelle des douleurs. Parlez donc, dites-moi si vous voulez ma vie je vous la donnerai, vous ne la prendrez pas… — Vous ne m’avez donc pas compris ? répliqua Montriveau. Ne vous ai-je pas parlé de justice ? Je vais, ajouta-t-il froidement, en prenant un morceau d’acier qui était sur la table, pour faire cesser vos appréhensions, vous expliquer ce que j’ai décidé de vous. Il lui montra une croix de Lorraine adaptée au bout d’une tige d’acier. — Deux de mes amis font rougir en ce moment une croix dont voici le modèle. Nous vous l’appliquerons au front, là , entre les deux yeux, pour que vous ne puissiez pas la cacher par quelques diamants, et vous soustraire ainsi aux interrogations du monde. Vous aurez enfin sur le front la marque infamante appliquée sur l’épaule de vos frères les forçats. La souffrance est peu de chose,mais je craignais quelque crise nerveuse, ou de la résistance…… — De la résistance, dit-elle en frappant de joie dans ses mains, non, non, je voudrais maintenant voir ici la terre entière. Ah ! mon Armand, marque, marque vite ta créature comme une pauvre petite chose à toi ! Tu demandais des gages à mon amour ; mais les voilà tous dans un seul. Ah ! je ne vois que clémence et pardon, que bonheur éternel en ta vengeance… Quand tu auras ainsi désigné une femme pour la tienne, quand tu auras une âme serve qui portera ton chiffre rouge, eh ! bien, tu ne pourras jamais l’abandonner, tu seras à jamais à moi. En m’isolant sur la terre, tu seras chargé de mon bonheur, sous peine d’être un lâche, et je te sais noble, grand ! Mais la femme qui aime se marque toujours elle-même. Venez, messieurs, entrez et marquez, marquez la duchesse de Langeais. Elle est à jamais à monsieur de Montriveau. Entrez vite, et tous, mon front brûle plus que votre fer. Armand se retourna vivement pour ne pas voir la duchesse palpitante, agenouillée. Il dit un mot qui fit disparaÃtre ses trois amis. Les femmes habituées à la vie des salons connaissent le jeu des glaces. Aussi la duchesse, intéressée à bien lire dans le cÅ“ur d’Armand, était tout yeux. Armand, qui ne se défiait pas de son miroir, laissa voir deux larmes rapidement essuyées. Tout l’avenir de la duchesse était dans ces deux larmes. Quand il revint pour relever madame de Langeais, il la trouva debout, elle se croyait aimée. Aussi dut-elle vivement palpiter en entendant Montriveau lui dire avec cette fermeté qu’elle savait si bien prendre jadis quand elle se jouait de lui — Je vous fais grâce, madame. Vous pouvez me croire, cette scène sera comme si elle n’eût jamais été. Mais ici, disons-nous adieu. J’aime à penser que vous avez été franche sur votre canapé dans vos coquetteries, franche ici dans votre effusion de cÅ“ur. Adieu. Je ne me sens plus la foi. Vous me tourmenteriez encore, vous seriez toujours duchesse. Et… mais adieu, nous ne nous comprendrons jamais. Que souhaitez-vous maintenant ? dit-il en prenant l’air d’un maÃtre de cérémonies. Rentrer chez vous ; ou revenir au bal de madame de Sérizy ? J’ai employé tout mon pouvoir à laisser votre réputation intacte. Ni vos gens, ni le monde ne peuvent rien savoir de ce qui s’est passé entre nous depuis un quart d’heure. Vos gens vous croient au bal ; votre voiture n’a pas quitté la cour de madame de Sérizy ; votre coupé peut se trouver aussi dans celle de votre hôtel. Où voulez-vous être ? — Quel est votre avis, Armand ? — Il n’y a plus d’Armand, madame la duchesse. Nous sommes étrangers l’un à l’autre. — Menez-moi donc au bal, dit-elle curieuse encore de mettre à l’épreuve le pouvoir d’Armand. Rejetez dans l’enfer du monde une créature qui y souffrait, et qui doit continuer d’y souffrir, si pour elle il n’est plus de bonheur. Oh ! mon ami, je vous aime pourtant, comme aiment vos bourgeoises. Je vous aime à vous sauter au cou dans le bal, devant tout le monde, si vous le demandiez. Ce monde horrible, il ne m’a pas corrompue. Va, je suis jeune et viens de me rajeunir encore. Oui, je suis une enfant, ton enfant, tu viens de me créer. Oh ! ne me bannis pas de mon Eden ! Armand fit un geste. — Ah ! si je sors, laisse-moi donc emporter d’ici quelque chose, un rien ! ceci, pour le mettre ce soir sur mon cÅ“ur, dit-elle en s’emparant du bonnet d’Armand, qu’elle roula dans son mouchoir… — Non, reprit-elle, je ne suis pas de ce monde de femmes dépravées ; tu ne le connais pas, et alors tu ne peux m’apprécier ; sache-le donc ! quelques-unes se donnent pour des écus ; d’autres sont sensibles aux présents ; tout y est infâme. Ah ! je voudrais être une simple bourgeoise, une ouvrière, si tu aimes mieux une femme au-dessous de toi, qu’une femme en qui le dévouement s’allie aux grandeurs humaines. Ah ! mon Armand, il est parmi nous de nobles, de grandes, de chastes, de pures femmes, et alors elles sont délicieuses. Je voudrais posséder toutes les noblesses pour te les sacrifier toutes ; le malheur m’a faite duchesse ; je voudrais être née près du trône, il ne me manquerait rien à te sacrifier. Je serais grisette pour toi et reine pour les autres. Il écoutait en humectant ses cigares. — Quand vous voudrez partir, dit-il, vous me préviendrez… — Mais je voudrais rester… — Autre chose, ça ! fit-il. — Tiens, il était mal arrangé, celui-là ! s’écria-t-elle en s’emparant d’un cigare, et y dévorant ce que les lèvres d’Armand y avaient laissé. — Tu fumerais ? lui dit-il. — Oh ! que ne ferais-je pas pour te plaire ! — Eh ! bien, allez-vous-en, madame… — J’obéis, dit-elle en pleurant. — Il faut vous couvrir la figure pour ne point voir les chemins par lesquels vous allez passer. — Me voilà prête, Armand, dit-elle en se bandant les veux. — Y voyez-vous ? — Non. Il se mit doucement à ses genoux. — Ah ! je t’entends, dit-elle en laissant échapper un geste plein de gentillesse en croyant que cette feinte rigueur allait cesser. Il voulut lui baiser les lèvres, elle s’avança. — Vous y voyez, madame. — Mais je suis un peu curieuse. — Vous me trompez donc toujours ? — Ah ! dit-elle avec la rage de la grandeur méconnue, ôtez ce mouchoir et conduisez-moi, monsieur, je n’ouvrirai pas les yeux. Armand, sûr de la probité en en entendant le cri, guida la duchesse qui, fidèle à sa parole, se fit noblement aveugle ; mais, en la tenant paternellement par la main pour la faire tantôt monter, tantôt descendre, Montriveau étudia les vives palpitations qui agitaient le cÅ“ur de cette femme si promptement envahie par un amour vrai. Madame de Langeais, heureuse de pouvoir lui parler ainsi, se plut à lui tout dire, mais il demeura inflexible ; et quand la main de la duchesse l’interrogeait, la sienne restait muette. Enfin, après avoir cheminé pendant quelque temps ensemble, Armand lui dit d’avancer, elle avança, et s’aperçut qu’il empêchait la robe d’effleurer les parois d’une ouverture sans doute étroite. Madame de Langeais fut touchée de ce soin, il trahissait encore un peu d’amour ; mais ce fut en quelque sorte l’adieu de Montriveau, car il la quitta sans lui dire un mot. En se sentant dans une chaude atmosphère, la duchesse ouvrit les yeux. Elle se vit seule devant la cheminée du boudoir de la comtesse de Sérizy. Son premier soin fut de réparer le désordre de sa toilette ; elle eut promptement rajusté sa robe et rétabli la poésie de sa coiffure. — Eh ! bien, ma chère Antoinette, nous vous cherchons partout, dit la comtesse en ouvrant la porte du boudoir. — Je suis venue respirer ici, dit-elle, il fait dans les salons une chaleur insupportable. — L’on vous croyait partie ; mais mon frère Ronquerolles m’a dit avoir vu vos gens qui vous attendent. — Je suis brisée, ma chère, laissez-moi un moment me reposer ici. Et la duchesse s’assit sur le divan de son amie. — Qu’avez-vous donc ? vous êtes toute tremblante. Le marquis de Ronquerolles entra. — J’ai peur, madame la duchesse, qu’il ne vous arrive quelque accident. Je viens de voir votre cocher gris comme les Vingt-Deux Cantons. La duchesse ne répondit pas, elle regardait la cheminée, les glaces, en y cherchant les traces de son passage ; puis, elle éprouvait une sensation extraordinaire à se voir au milieu des joies du bal après la terrible scène qui venait de donner à sa vie un autre cours. Elle se prit à trembler violemment. — J’ai les nerfs agacés par la prédiction que m’a faite ici monsieur de Montriveau. Quoique ce soit une plaisanterie, je vais aller voir si sa hache de Londres me troublera jusque dans mon sommeil. Adieu donc, chère. Adieu, monsieur le marquis. Elle traversa les salons, où elle fut arrêtée par des complimenteurs qui lui firent pitié. Elle trouva le monde petit en s’en trouvant la reine, elle si humiliée, si petite. D’ailleurs, qu’étaient les hommes devant celui qu’elle aimait véritablement et dont le caractère avait repris les proportions gigantesques momentanément amoindries par elle, mais qu’alors elle grandissait peut-être outre mesure ? Elle ne put s’empêcher de regarder celui de ses gens qui l’avait accompagnée, et le vit tout endormi. — Vous n’êtes pas sorti d’ici ? lui demanda-t-elle. — Non, madame. En montant dans son carrosse, elle aperçut effectivement son cocher dans un état d’ivresse dont elle se fût effrayée en toute autre circonstance ; mais les grandes secousses de la vie ôtent à la crainte ses aliments vulgaires. D’ailleurs elle arriva sans accident chez elle ; mais elle s’y trouva changée et en proie à des sentiments tout nouveaux. Pour elle il n’y avait plus qu’un homme dans le monde, c’est-à -dire que pour lui seul elle désirait désormais avoir quelque valeur. Si les physiologistes peuvent promptement définir l’amour en s’en tenant aux lois de la nature, les moralistes sont bien plus embarrassés de l’expliquer quand ils veulent le considérer dans tous les développements que lui a donnés la société. Néanmoins il existe, malgré les hérésies des mille sectes qui divisent l’égliseamoureuse, une ligne droite et tranchée qui partage nettement leurs doctrines, une ligne que les discussions ne courberont jamais, et dont l’inflexible application explique la crise dans laquelle, comme presque toutes les femmes, la duchesse de Langeais était plongée. Elle n’aimait pas encore, elle avait une passion. L’amour et la passion sont deux différents états de l’âme que poètes et gens du monde, philosophes et niais confondent continuellement. L’amour comporte une mutualité de sentiments, une certitude de jouissances que rien n’altère, et un trop constant échange de plaisirs, une trop complète adhérence entre les cÅ“urs pour ne pas exclure la jalousie. La possession est alors un moyen et non un but ; une infidélité fait souffrir mais ne détache pas ; l’âme n’est ni plus ni moins ardente ou troublée, elle est incessamment heureuse ; enfin le désir étendu par un souffle divin d’un bout à l’autre sur l’immensité du temps nous le teint d’une même couleur la vie est bleue comme l’est un ciel pur. La passion est le pressentiment de l’amour et de son infini auquel aspirent toutes les âmes souffrantes. La passion est un espoir qui peut-être sera trompé. Passion signifie à la fois souffrance et transition ; la passion cesse quand l’espérance est morte. Hommes et femmes peuvent, sans se déshonorer, concevoir plusieurs passions ; il est si naturel de s’élancer vers le bonheur ! mais il n’est dans la vie qu’un seul amour. Toutes les discussions, écrites ou verbales, faites sur les sentiments, peuvent donc être résumées par ces deux questions Est-ce une passion ? Est-ce l’amour ? L’amour n’existant pas sans la connaissance intime des plaisirs qui le perpétuent, la duchesse était donc sous le joug d’une passion ; aussi en éprouva-t-elle les dévorantes agitations, les involontaires calculs, les desséchants désirs, enfin tout ce qu’exprime le mot passion elle souffrit. Au milieu des troubles de son âme, il se rencontrait des tourbillons soulevés par sa vanité, par son amour-propre, par son orgueil ou par sa fierté toutes ces variétés de l’égoïsme se tiennent. Elle avait dit à un homme Je t’aime, je suis à toi ! La duchesse de Langeais pouvait-elle avoir inutilement proféré ces paroles ? Elle devait ou être aimée ou abdiquer son rôle social. Sentant alors la solitude de son lit voluptueux où la volupté n’avait pas encore mis ses pieds chauds, elle s’y roulait, s’y tordait en se répétant — Je veux être aimée ! Et la foi qu’elle avait encore en elle lui donnait l’espoir de réussir. La duchesse était piquée, la vaniteuse Parisienne était humiliée, la femme vraie entrevoyait le bonheur, et son imagination, vengeresse du temps perdu pour la nature, se plaisait à lui faire flamber les feux inextinguibles du plaisir. Elle atteignait presque aux sensations de l’amour ; car, dans le doute d’être aimée qui la poignait, elle se trouvait heureuse de se dire à elle-même — Je l’aime ! Le monde et Dieu, elle avait envie de les fouler à ses pieds. Montriveau était maintenant sa religion. Elle passa la journée du lendemain dans un état de stupeur morale mêlé d’agitations corporelles que rien ne pourrait exprimer. Elle déchira autant de lettres qu’elle en écrivit, et fit mille suppositions impossibles. A l’heure où Montriveau venait jadis, elle voulut croire qu’il arriverait, et prit plaisir à l’attendre. Sa vie se concentra dans le seul sens de l’ouïe. Elle fermait parfois les yeux et s’efforçait d’écouter à travers les espaces. Puis elle souhaitait le pouvoir d’anéantir tout obstacle entre elle et son amant afin d’obtenir ce silence absolu qui permet de percevoir le bruit à d’énormes distances. Dans ce recueillement, les pulsations de sa pendule lui furent odieuses, elles étaient une sorte de bavardage sinistre qu’elle arrêta. Minuit sonna dans le salon. — Mon Dieu ! se dit-elle, le voir ici, ce serait le bonheur. Et cependant il y venait naguère, amené par le désir. Sa voix remplissait ce boudoir. Et maintenant, rien ! En se souvenant des scènes de coquetterie qu’elle avait jouées, et qui le lui avaient ravi, des larmes de désespoir coulèrent de ses yeux pendant long-temps. — Madame la duchesse, lui dit sa femme de chambre, ne sait peut-être pas qu’il est deux heures du matin, j’ai cru que madame était indisposée. — Oui, je vais me coucher ; mais rappelez-vous, Suzette, dit madame de Langeais en essuyant ses larmes, de ne jamais entrer chez moi sans ordre, et je ne vous le dirai pas une seconde fois. Pendant une semaine, madame de Langeais alla dans toutes les maisons où elle espérait rencontrer monsieur de Montriveau. Contrairement à ses habitudes, elle arrivait de bonne heure et se retirait tard ; elle ne dansait plus, elle jouait. Tentatives inutiles ! elle ne put parvenir à voir Armand, de qui elle n’osait plus prononcer le nom. Cependant un soir, dans un moment de désespérance, elle dit à madame de Sérizy, avec autant d’insouciance qu’il lui fut possible d’en affecter — Vous êtes donc brouillée avec monsieur de Montriveau ? je ne le vois plus chez vous. — Mais il ne vient donc plus ici ! répondit la comtesse en riant. D’ailleurs, on ne l’aperçoit plus nulle part, il est sans doute occupé de quelque femme. — Je croyais, reprit la duchesse avec douceur, que le marquis de Ronquerolles était un de ses amis… — Je n’ai jamais entendu dire à mon frère qu’il le connût. Madame de Langeais ne répondit rien. Madame de Sérizy crut pouvoir alors impunément fouetter une amitié discrète qui lui avait été si long-temps amère, et reprit la parole. — Vous le regrettez donc, ce triste personnage. J’en ai ouï dire des choses monstrueuses blessez-le, il ne revient jamais, ne pardonne rien ; aimez-le, il vous met à la chaÃne. A tout ce que je disais de lui, l’un de ceux qui le portent aux nues me répondait toujours par un mot Il sait aimer ! On ne cesse de me répéter Montriveau quittera tout pour son ami, c’est une âme immense. Ah, bah ! la société ne demande pas des âmes si grandes. Les hommes de ce caractère sont très-bien chez eux, qu’ils y restent, et qu’ils nous laissent à nos bonnes petitesses. Qu’en dites-vous, Antoinette ? Malgré son habitude du monde, la duchesse parut agitée, mais elle dit néanmoins avec un naturel qui trompa son amie — Je suis fâchée de ne plus le voir, je prenais à lui beaucoup d’intérêt, et lui vouais une sincère amitié. Dussiez-vous me trouver ridicule, chère amie, j’aime les grandes âmes. Se donner à un sot, n’est-ce pas avouer clairement que l’on n’a que des sens ? Madame de Sérizy n’avait jamais distingué que des gens vulgaires, et se trouvait en ce moment aimée par un bel homme, le marquis d’Aiglemont. La comtesse abrégea sa visite, croyez-le. Puis madame de Langeais voyant une espérance dans la retraite absolue d’Armand, elle lui écrivit aussitôt une lettre humble et douce qui devait le ramener à elle, s’il aimait encore. Elle fit porter le lendemain sa lettre par son valet de chambre, et, quand il fut de retour, elle lui demanda s’il l’avait remise à Montriveau lui-même ; puis, sur son affirmation, elle ne put retenir un mouvement de joie. Armand était à Paris, il y restait seul, chez lui, sans aller dans le monde ! Elle était donc aimée. Pendant toute la journée elle attendit une réponse, et la réponse ne vint pas. Au milieu des crises renaissantes que lui donna l’impatience, Antoinette se justifia ce retard Armand étaitembarrassé, la réponse viendrait par la poste ; mais, le soir, elle ne pouvait plus s’abuser. Journée affreuse, mêlée de souffrances qui plaisent, de palpitations qui écrasent, excès de cÅ“ur qui usent la vie. Le lendemain elle envoya chez Armand chercher une réponse. — Monsieur le marquis a fait dire qu’il viendrait chez madame la duchesse, répondit Julien. Elle se sauva afin de ne pas laisser voir son bonheur, elle alla tomber sur son canapé pour y dévorer ses premières émotions. — Il va venir ! Cette pensée lui déchira l’âme. Malheur, en effet, aux êtres pour lesquels l’attente n’est pas la plus horrible des tempêtes et la fécondation des plus doux plaisirs, ceux-là n’ont point en eux cette flamme qui réveille les images des choses, et double la nature en nous attachant autant à l’essence pure des objets qu’à leur réalité. En amour, attendre n’est-ce pas incessamment épuiser une espérance certaine, se livrer au fléau terrible de la passion, heureuse sans les désenchantements de la vérité ! Emanation constante de force et de désirs, l’attente ne serait-elle pas à l’âme humaine ce que sont à certaines fleurs leurs exhalations parfumées ? Nous avons bientôt laissé les éclatantes et stériles couleurs du choréopsis ou des tulipes, et nous revenons sans cesse aspirer les délicieuses pensées de l’oranger ou du volkameria, deux fleurs que leurs patries ont involontairement comparées à de jeunes fiancées pleines d’amour, belles de leur passé, belles de leur avenir. La duchesse s’instruisit des plaisirs de sa nouvelle vie en sentant avec une sorte d’ivresse ces flagellations de l’amour ; puis, en changeant de sentiments, elle trouva d’autres destinations et un meilleur sens aux choses de la vie. En se précipitant dans son cabinet de toilette, elle comprit ce que sont les recherches de la parure, les soins corporels les plus minutieux, quand ils sont commandés par l’amour et non par la vanité ; déjà , ces apprêts lui aidèrent à supporter la longueur du temps. Sa toilette finie, elle retomba dans les excessives agitations, dans les foudroiements nerveux de cette horrible puissance qui met en fermentation toutes les idées, et qui n’est peut-être qu’une maladie dont on aime les souffrances. La duchesse était prête à deux heures de l’après-midi ; monsieur de Montriveau n’était pas encore arrivé à onze heures et demie du soir. Expliquer les angoisses de cette femme, qui pouvait passer pour l’enfant gâté de la civilisation, ce serait vouloir dire combien le cÅ“ur peut concentrer de poésies dans une pensée ; vouloir peser la force exhalée par l’âme au bruit d’une sonnette, ou estimer ce que consomme de vie l’abattement causé par une voiture dont le roulement continue sans s’arrêter. — Se jouerait-il de moi ? dit-elle en écoutant sonner minuit. Elle pâlit, ses dents se heurtèrent, et elle se frappa les mains en bondissant dans ce boudoir, où jadis, pensait-elle, il apparaissait sans être appelé. Mais elle se résigna. Ne l’avait-elle pas fait pâlir et bondir sous les piquantes flèches de son ironie ? Madame de Langeais comprit l’horreur de la destinée des femmes, qui, privées de tous les moyens d’action que possèdent les hommes, doivent attendre quand elles aiment. Aller au-devant de son aimé est une faute que peu d’hommes savent pardonner. La plupart d’entre eux voient une dégradation dans cette céleste flatterie ; mais Armand avait une grande âme, et devait faire partie du petit nombre d’hommes qui savent acquitter par un éternel amour un tel excès d’amour. — Hé ! bien, j’irai, se dit-elle en se tournant dans son lit sans pouvoir y trouver le sommeil, j’irai vers lui, je lui tendrai la main sans me fatiguer de la lui tendre. Un homme d’élite voit dans chacun des pas que fait une femme vers lui des promesses d’amour et de constance. Oui, les anges doivent descendre des cieux pour venir aux hommes, et je veux être un ange pour lui. Le lendemain elle écrivit un de ces billets où excelle l’esprit des dix mille Sévignés que compte maintenant Paris. Cependant, savoir se plaindre sans s’abaisser, voler à plein de ses deux ailes sans se traÃner humblement, gronder sans offenser, se révolter avec grâce, pardonner sans compromettre la dignité personnelle, tout dire et ne rien avouer, il fallait être la duchesse de Langeais et avoir été élevée par madame la princesse de Blamont-Chauvry, pour écrire ce délicieux billet. Julien partit. Julien était, comme tous les valets de chambre, la victime des marches et contre-marches de l’amour. — Que vous a répondu monsieur de Montriveau ? dit-elle aussi indifféremment qu’elle le put à Julien quand il vint lui rendre compte de sa mission. — Monsieur le marquis m’a prié de dire à madame la duchesse que c’était bien. Affreuse réaction de l’âme sur elle-même ! recevoir devant de curieux témoins la question du cÅ“ur, et ne pas murmurer, et se voir forcée au silence. Une des mille douceurs du riche ! Pendant vingt-deux jours madame de Langeais écrivit à monsieur de Montriveau sans obtenir de réponse. Elle avait fini par se dire malade pour se dispenser de ses devoirs, soit envers la princesse à laquelle elle était attachée, soit envers le monde. Elle ne recevait que son père, le duc de Navarreins, sa tante, la princesse de Blamont-Chauvry, le vieux vidame de Pamiers, son grand-oncle maternel, et l’oncle de son mari, le duc de Grandlieu. Ces personnes crurent facilement à la maladie de madame de Langeais, en la trouvant de jour en jour plus abattue, plus pâle, plus amaigrie. Les vagues ardeurs d’un amour réel, les irritations de l’orgueil blessé, la constante piqûre du seul mépris qui pût l’atteindre, ses élancements vers des plaisirs perpétuellement souhaités, perpétuellement trahis ; enfin, toutes ses forces inutilement excitées, minaient sa double nature. Elle payait l’arriéré de sa vie trompée. Elle sortit enfin pour assister à une revue où devait se trouver monsieur de Montriveau. Placée sur le balcon des Tuileries, avec la famille royale, la duchesse eut une de ces fêtes dont l’âme garde un long souvenir. Elle apparut sublime de langueur, et tous les yeux la saluèrent avec admiration. Elle échangea quelques regards avec Montriveau, dont la présence la rendait belle. Le général défila presque à ses pieds dans toute la splendeur de ce costume militaire dont l’effet sur l’imagination féminine est avoué même par les plus prudes personnes. Pour une femme bien éprise, qui n’avait pas vu son amant depuis deux mois, ce rapide moment ne dut-il pas ressembler à cette phase de nos rêves où, fugitivement, notre vue embrasse une nature sans horizon ? Aussi, les femmes ou les jeunes gens peuvent-ils seuls imaginer l’avidité stupide et délirante qu’exprimèrent les yeux de la duchesse. Quant aux hommes, si, pendant leur jeunesse, ils ont éprouvé, dans le paroxysme de leurs premières passions, ces phénomènes de la puissance nerveuse, plus tard ils les oublient si complétement, qu’ils arrivent à nier ces luxuriantes extases, le seul nom possible de ces magnifiques intuitions. L’extase religieuse est la folie de la pensée dégagée de ses liens corporels ; tandis que, dans l’extase amoureuse, se confondent, s’unissent et s’embrassent les forces de nos deux natures. Quand une femme est en proie aux tyrannies furieuses sous lesquelles ployait madame de Langeais, les résolutions définitives se succèdent si rapidement, qu’il est impossible d’en rendre compte. Les pensées naissent alors les unes des autres, et courent dans l’âme comme ces nuages emportés par le vent sur un fond grisâtre qui voile le soleil. Dès lors, les faits disent tout. Voici donc les faits. Le lendemain de la revue, madame de Langeais envoya sa voiture et sa livrée attendre à la porte du marquis de Montriveau depuis huit heures du matin jusqu’à trois heures après midi. Armand demeurait rue de Seine, à quelques pas de la chambre des pairs, où il devait y avoir une séance ce jour-là . Mais long-temps avant que les pairs ne se rendissent à leur palais, quelques personnes aperçurent la voiture et la livrée de la duchesse. Un jeune officier dédaigné par madame de Langeais, et recueilli par madame de Sérizy, le marquis d’Aiglemont, fut le premier qui reconnut les gens. Il alla sur-le-champ chez sa maÃtresse lui raconter sous le secret cette étrange folie. Aussitôt, cette nouvelle fut télégraphiquement portée à la connaissance de toutes les coteries du faubourg Saint-Germain, parvint au château, à l’Elysée-Bourbon, devint le bruit du jour, le sujet de tous les entretiens, depuis midi jusqu’au soir. Presque toutes les femmes niaient le fait, mais de manière à le faire croire ; et les hommes le croyaient en témoignant à madame de Langeais le plus indulgent intérêt. — Ce sauvage de Montriveau a un caractère de bronze, il aura sans doute exigé cet éclat, disaient les uns en rejetant la faute sur Armand. — Hé ! bien, disaient les autres, madame de Langeais a commis la plus noble des imprudences ! En face de tout Paris, renoncer, pour son amant, au monde, à son rang, à sa fortune, à la considération, est un coup d’état féminin beau comme le coup de couteau de ce perruquier qui a tant ému Canning à la Cour d’Assises. Pas une des femmes qui blâment la duchesse ne ferait cette déclaration digne de l’ancien temps. Madame de Langeais est une femme héroïque de s’afficher ainsi franchement elle-même. Maintenant, elle ne peut plus aimer que Montriveau. N’y a-t-il pas quelque grandeur chez une femme à dire Je n’aurai qu’une passion ? — Que va donc devenir la société, monsieur, si vous honorez ainsi le vice, sans respect pour la vertu ? dit la femme du procureur-général, la comtesse de Grandville. Pendant que le château, le faubourg et la Chaussée-d’Antin s’entretenaient du naufrage de cette aristocratique vertu ; que d’empressés jeunes gens couraient à cheval s’assurer, en voyant la voiture dans la rue de Seine, que la duchesse était bien réellement chez monsieur de Montriveau, elle gisait palpitante au fond de son boudoir. Armand, qui n’avait pas couché chez lui, se promenait aux Tuileries avec monsieur de Marsay. Puis, les grands-parents de madame de Langeais se visitaient les uns les autres en se donnant rendez-vous chez elle pour la semondre et aviser aux moyens d’arrêter le scandale causé par sa conduite. A trois heures, monsieur le duc de Navarreins, le vidame de Pamiers, la vieille princesse de Blamont-Chauvry et le duc de Grandlieu se trouvaient réunis dans le salon de madame de Langeais, et l’y attendaient. A eux, comme à plusieurs curieux, les gens avaient dit que leur maÃtresse était sortie. La duchesse n’avait excepté personne de la consigne. Ces quatre personnages, illustres dans la sphère aristocratique dont l’almanach de Gotha consacre annuellement les révolutions et les prétentions héréditaires, veulent une rapide esquisse sans laquelle cette peinture sociale serait incomplète. La princesse de Blamont-Chauvry était, dans le monde féminin, le plus poétique débris du règne de Louis XV, au surnom duquel, durant sa belle jeunesse, elle avait, dit-on, contribué pour sa quote-part. De ses anciens agréments, il ne lui restait qu’un nez remarquablement saillant, mince, recourbé comme une lame turque, et principal ornement d’une figure semblable à un vieux gant blanc ; puis quelques cheveux crêpés et poudrés, des mules à talons, le bonnet de dentelles à coques, des mitaines noires et des parfaits contentements. Mais, pour lui rendre entièrement justice, il est nécessaire d’ajouter qu’elle avait une si haute idée de ses ruines, qu’elle se décolletait le soir, portait des gants longs, et se teignait encore les joues avec le rouge classique de Martin. Dans ses rides une amabilité redoutable, un feu prodigieux dans ses yeux, une dignité profonde dans toute sa personne, sur sa langue un esprit à triple dard, dans sa tête une mémoire infaillible faisaient de cette vieille femme une véritable puissance. Elle avait dans le parchemin de sa cervelle tout celui du cabinet des chartes et connaissait les alliances des maisons princières, ducales et comtales de l’Europe, à savoir où étaient les derniers germains de Charlemagne. Aussi nulle usurpation de titre ne pouvait-elle lui échapper. Les jeunes gens qui voulaient être bien vus, les ambitieux, les jeunes femmes lui rendaient de constants hommages. Son salon faisait autorité dans le faubourg Saint-Germain. Les mots de ce Talleyrand femelle restaient comme des arrêts. Certaines personnes venaient prendre chez elle des avis sur l’étiquette ou les usages, et y chercher des leçons de bon goût. Certes, nulle vieille femme ne savait comme elle empocher sa tabatière ; et elle avait, en s’asseyant ou en se croisant les jambes, des mouvements de jupe d’une précision, d’une grâce qui désespérait les jeunes femmes les plus élégantes. Sa voix lui était demeurée dans la tête pendant le tiers de sa vie, mais elle n’avait pu l’empêcher de descendre dans les membranes du nez, ce qui la rendait étrangement significative. De sa grande fortune il lui restait cent cinquante mille livres en bois, généreusement rendus par Napoléon. Ainsi, biens et personne, tout en elle était considérable. Cette curieuse antique était dans une bergère au coin de la cheminée et causait avec le vidame de Pamiers, autre ruine contemporaine. Ce vieux seigneur, ancien Commandeur de l’Ordre de Malte, était un homme grand, long et fluet, dont le col était toujours serré de manière à lui comprimer les joues qui débordaient légèrement la cravate et à lui maintenir la tête haute ; attitude pleine de suffisance chez certaines gens, mais justifiée chez lui par un esprit voltairien. Ses yeux à fleur de tête semblaient tout voir et avaient effectivement tout vu. Il mettait du coton dans ses oreilles. Enfin sa personne offrait dans l’ensemble un modèle parfait des lignes aristocratiques, lignes menues et frêles, souples et agréables, qui, semblables à celles du serpent, peuvent à volonté se courber, se dresser, devenir coulantes ou roides. Le duc de Navarreins se promenait de long en large dans le salon avec monsieur le duc de Grandlieu. Tous deux étaient des hommes âgés de cinquante-cinq ans, encore verts, gros et courts, bien nourris, le teint un peu rouge, les yeux fatigués, les lèvres inférieures déjà pendantes. Sans le ton exquis de leur langage, sans l’affable politesse de leurs manières, sans leur aisance qui pouvait tout à coup se changer en impertinence, un observateur superficiel aurait pu les prendre pour des banquiers. Mais toute erreur devait cesser en écoutant leur conversation armée de précautions avec ceux qu’ils redoutaient, sèche ou vide avec leurs égaux, perfide pour les inférieurs que les gens de cour ou les hommes d’état savent apprivoiser par de verbeuses délicatesses et blesser par un mot inattendu. Tels étaient les représentants de cette grande noblesse qui voulait mourir ou rester tout entière, qui méritait autant d’éloge que de blâme, et sera toujours imparfaitement jugée jusqu’à ce qu’un poète l’ait montrée heureuse d’obéir au roi en expirant sous la hache de Richelieu, et méprisant la guillotine de 89 comme une sale vengeance. Ces quatre personnages se distinguaient tous par une voix grêle, particulièrement en harmonie avec leurs idées et leur maintien. D’ailleurs, la plus parfaite égalité régnait entre eux. L’habitude prise par eux à la cour de cacher leurs émotions les empêchait sans doute de manifester le déplaisir que leur causait l’incartade de leur jeune parente. Pour empêcher les critiques de taxer de puérilité le commencement de la scène suivante, peut-être est-il nécessaire de faire observer ici que Locke se trouvant dans la compagnie de seigneurs anglais renommés pour leur esprit, distingués autant par leurs manières que par leur consistance politique, s’amusa méchamment à sténographier leur conversation par un procédé particulier, et les fit éclater de rire en la leur lisant, afin de savoir d’eux ce qu’on en pouvait tirer. En effet, les classes élevées ont en tout pays un jargon de clinquant qui, lavé dans les cendres littéraires ou philosophiques, donne infiniment peu d’or au creuset. A tous les étages de la société, sauf quelques salons parisiens, l’observateur retrouve les mêmes ridicules que différencient seulement la transparence ou l’épaisseur du vernis. Ainsi, les conversations substantielles sont l’exception sociale, et le béotianisme défraie habituellement les diverses zones du monde. Si forcément on parle beaucoup dans les hautes sphères, on y pense peu. Penser est une fatigue, et les riches aiment à voir couler la vie sans grand effort. Aussi est-ce en comparant le fond des plaisanteries par échelons, depuis le gamin de Paris jusqu’au pair de France, que l’observateur comprend le mot de monsieur de Talleyrand Les manières sont tout, traduction élégante de cet axiome judiciaire La forme emporte le fond. Aux yeux du poète, l’avantage restera aux classes inférieures qui ne manquent jamais à donner un rude cachet de poésie à leurs pensées. Cette observation fera peut-être aussi comprendre l’infertilité des salons, leur vide, leur peu de profondeur, et la répugnance que les gens supérieurs éprouvent à faire le méchant commerce d’y échanger leurs pensées. Le duc s’arrêta soudain, comme s’il concevait une idée lumineuse, et dit à son voisin — Vous avez donc vendu Thornthon ? — Non, il est malade. J’ai bien peur de le perdre, et j’en serais désolé ; c’est un cheval excellent à la chasse. Savez-vous comment va la duchesse de Marigny ? — Non, je n’y suis pas allé ce matin. Je sortais pour la voir, quand vous êtes venu me parler d’Antoinette. Mais elle avait été fort mal hier, l’on en désespérait, elle a été administrée. — Sa mort changera la position de votre cousin. — En rien, elle a fait ses partages de son vivant et s’était réservé une pension que lui paye sa nièce, madame de Soulanges, à laquelle elle a donné sa terre de Guébriant à rente viagère. — Ce sera une grande perte pour la société. Elle était bonne femme. Sa famille aura de moins une personne dont les conseils et l’expérience avaient de la portée. Entre nous soit dit, elle était le chef de la maison. Son fils, Marigny, est un aimable homme ; il a du trait ; il sait causer. Il est agréable, très-agréable ; oh ! pour agréable, il l’est sans contredit ; mais… aucun esprit de conduite. Eh bien ! c’est extraordinaire, il est très-fin. L’autre jour, il dÃnait au Cercle avec tous ces richards de la Chaussée-d’Antin, et votre oncle qui va toujours y faire sa partie le voit. Etonné de le rencontrer là , il lui demande s’il est du Cercle. — " Oui, je ne vais plus dans le monde, je vis avec les banquiers. " Vous savez pourquoi ? dit le marquis en jetant au duc un fin sourire. — Non. — Il est amouraché d’une nouvelle mariée, cette petite madame Keller, la fille de Grandville, une femme que l’on dit fort à la mode dans ce monde-là . — Mais Antoinette ne s’ennuie pas, à ce qu’il paraÃt, dit le vieux vidame. — L’affection que je porte à cette petite femme me fait prendre en ce moment un singulier passe-temps, lui répondit la princesse en empochant sa tabatière. — Ma chère tante, dit le duc en s’arrêtant, je suis désespéré. Il n’y avait qu’un homme de Bonaparte capable d’exiger d’une femme comme il faut de semblables inconvenances. Entre nous soit dit, Antoinette aurait dû choisir mieux. — Mon cher, répondit la princesse, les Montriveau sont anciens et fort bien alliés, ils tiennent à toute la haute noblesse de Bourgogne. Si les Rivaudoult d’Arschoot, de la branche Dulmen, finissaient en Gallicie, les Montriveau succéderaient aux biens et aux titres d’Arschoot ; ils en héritent par leur bisaïeul. — Vous en êtes sûre ?… — Je le sais mieux que ne le savait le père de celui-ci, que je voyais beaucoup et à qui je l’ai appris. Quoique chevalier des ordres, il s’en moqua ; c’était un encyclopédiste. Mais son frère en a bien profité dans l’émigration. J’ai ouï dire que ses parents du nord avaient été parfaits pour lui… — Oui, certes. Le comte de Montriveau est mort à Pétersbourg où je l’ai rencontré, dit le vidame. C’était un gros homme qui avait une incroyable passion pour les huÃtres. — Combien en mangeait-il donc ? dit le duc de Grandlieu. — Tous les jours dix douzaines. — Sans être incommodé ? — Pas le moins du monde. — Oh ! mais c’est extraordinaire ! Ce goût ne lui a donné ni la pierre, ni la goutte, ni aucune incommodité ? — Non ; il s’est parfaitement porté, il est mort par accident. — Par accident ! La nature lui avait dit de manger des huÃtres, elles lui étaient probablement nécessaires ; car, jusqu’à un certain point, nos goûts prédominants sont des conditions de notre existence. — Je suis de votre avis, dit la princesse en souriant. — Madame, vous entendez toujours malicieusement les choses, dit le marquis. — Je veux seulement vous faire comprendre que ces choses seraient très mal entendues par une jeune femme, répondit-elle. Elle s’interrompit pour dire — Mais ma nièce ! ma nièce ! — Chère tante, dit monsieur de Navarreins ; je ne peux pas encore croire qu’elle soit allée chez monsieur de Montriveau. — Bah ! fit la princesse. — Quelle est votre idée, vidame ? demanda le marquis. — Si la duchesse était naïve, je croirais… — Mais une femme qui aime devient naïve, mon pauvre vidame. Vous vieillissez donc ? — Enfin, que faire ? dit le duc. — Si ma chère nièce est sage, répondit la princesse, elle ira ce soir à la Cour, puisque, par bonheur, nous sommes un lundi, jour de réception ; vous verrez à la bien entourer et à démentir ce bruit ridicule. Il y a mille moyens d’expliquer les choses ; et si le marquis de Montriveau est un galant homme, il s’y prêtera. Nous ferons entendre raison à ces enfants-là … — Mais il est difficile de rompre en visière à monsieur de Montriveau, chère tante, c’est un élève de Bonaparte, et il a une position. Comment donc ! c’est un seigneur du jour, il a un commandement important dans la Garde, où il est très-utile. Il n’a pas la moindre ambition. Au premier mot qui lui déplairait, il est homme à dire au roi — Voilà ma démission, laissez-moi tranquille. — Comment pense-t-il donc ? — Très-mal. — Vraiment, dit la princesse, le roi reste ce qu’il a toujours été, un jacobin fleurdelisé. — Oh ! un peu modéré, dit le vidame. — Non, je le connais de longue date. L’homme qui disait à sa femme, le jour où elle assista au premier grand couvert " Voilà nos gens ! " en lui montrant la cour, ne pouvait être qu’un noir scélérat. Je retrouve parfaitement MONSIEUR dans le Roi. Le mauvais frère qui votait si mal dans son bureau de l’Assemblée constituante doit pactiser avec les Libéraux, les laisser parler, discuter. Ce cagot de philosophie sera tout aussi dangereux pour son cadet qu’il l’a été pour l’aÃné ; car je ne sais si son successeur pourra se tirer des embarras que se plaÃt à lui créer ce gros homme de petit esprit ; d’ailleurs il l’exècre, et serait heureux de se dire en mourant Il ne régnera pas long-temps. — Ma tante, c’est le Roi, j’ai l’honneur de lui appartenir, et… — Mais, mon cher, votre charge vous ôte-t-elle votre franc-parler ! Vous êtes d’aussi bonne maison que les Bourbons. Si les Guise avaient eu un peu plus de résolution, Sa Majesté serait un pauvre sire aujourd’hui. Je m’en vais de ce monde à temps, la noblesse est morte. Oui, tout est perdu pour vous, mes enfants ; dit-elle en regardant le vidame. Est-ce que la conduite de ma nièce devrait occuper la ville ? Elle a eu tort, je ne l’approuve pas, un scandale inutile est une faute aussi douté-je encore de ce manque aux convenances, je l’ai élevée et je sais que… En ce moment la duchesse sortit de son boudoir. Elle avait reconnu la voix de sa tante et entendu prononcer le nom de Montriveau. Elle était dans un déshabillé du matin, et, quand elle se montra, monsieur de Grandlieu, qui regardait insouciamment par la croisée, vit revenir la voiture de sa nièce sans elle. — Ma chère fille, lui dit le duc en lui prenant la tête et l’embrassant au front, tu ne sais donc pas ce qui se passe ? — Que se passe-t-il d’extraordinaire, cher père ? — Mais tout Paris te croit chez monsieur de Montriveau. — Ma chère Antoinette, tu n’es pas sortie, n’est-ce pas ? dit la princesse en lui tendant la main que la duchesse baisa avec une respectueuse affection. — Non, chère mère, je ne suis pas sortie. Et, dit-elle en se retournant pour saluer le vidame et le marquis, j’ai voulu que tout Paris me crût chez monsieur de Montriveau. Le duc leva les mains au ciel, se les frappa désespérément et se croisa les bras. — Mais vous ne savez donc pas ce qui résultera de ce coup de tête ? dit-il enfin. La vieille princesse s’était subitement dressée sur ses talons, et regardait la duchesse qui se prit à rougir et baissa les yeux ; madame de Chauvry l’attira doucement et lui dit — Laissez moi vous baiser, mon petit ange. Puis, elle l’embrassa sur le front fort affectueusement, lui serra la main et reprit en souriant — Nous ne sommes plus sous les Valois, ma chère fille. Vous avez compromis votre mari, votre état dans le monde ; cependant nous allons aviser à tout réparer. — Mais, ma chère tante, je ne veux rien réparer. Je désire que tout Paris sache ou dise que j’étais ce matin chez monsieur de Montriveau. Détruire cette croyance, quelque fausse qu’elle soit, est me nuire étrangement. — Ma fille, vous voulez donc vous perdre, et affliger votre famille ? — Mon père, ma famille, en me sacrifiant à des intérêts, m’a, sans le vouloir, condamnée à d’irréparables malheurs. Vous pouvez me blâmer d’y chercher des adoucissements, mais certes vous me plaindrez. — Donnez-vous donc mille peines pour établir convenablement des filles ! dit en murmurant monsieur de Navarreins au vidame. — Chère petite, dit la princesse en secouant les grains de tabac tombés sur sa robe, soyez heureuse si vous pouvez ; il ne s’agit pas de troubler votre bonheur, mais de l’accorder avec les usages. Nous savons tous, ici, que le mariage est une défectueuse institution tempérée par l’amour. Mais est-il besoin, en prenant un amant, de faire son lit sur le Carrousel ? Voyons, ayez un peu de raison, écoutez nous. — J’écoute. — Madame la duchesse, dit le duc de Grandlieu, si les oncles étaient obligés de garder leurs nièces, ils auraient un état dans le monde ; la société leur devrait des honneurs, des récompenses, des traitements comme elle en donne aux gens du Roi. Aussi ne suis-je pas venu pour vous parler de mon neveu, mais de vos intérêts. Calculons un peu. Si vous tenez à faire un éclat, je connais le sire, je ne l’aime guère. Langeais est assez avare, personnel en diable ; il se séparera de vous, gardera votre fortune, vous laissera pauvre, et conséquemment sans considération. Les cent mille livres de rente que vous avez héritées dernièrement de votre grand’tante maternelle payeront les plaisirs de ses maÃtresses, et vous serez liée, garrottée par les lois, obligée de dire amen à ces arrangements-là . Que monsieur de Montriveau vous quitte ! Mon Dieu, chère nièce, ne nous colérons point, un homme ne vous abandonnera pas jeune et belle ; cependant nous avons vu tant de jolies femmes délaissées, même parmi les princesses, que vous me permettrez une supposition presque impossible, je veux le croire ; alors que deviendrez-vous sans mari ? Ménagez donc le vôtre au même titre que vous soignez votre beauté, qui est après tout le parachute des femmes, aussi bien qu’un mari. Je vous fais toujours heureuse et aimée ; je ne tiens compte d’aucun événement malheureux. Cela étant, par bonheur ou par malheur vous aurez des enfants ? Qu’en ferez-vous ? Des Montriveau ? — Hé ! bien, ils ne succèderont point à toute la fortune de leur père. Vous voudrez leur donner toute la vôtre et lui toute la sienne. Mon Dieu, rien n’est plus naturel. Vous trouverez les lois contre vous. Combien avons-nous vu de procès faits par les héritiers légitimes aux enfants de l’amour ! J’en entends retentir dans tous les tribunaux du monde. Aurez-vous recours à quelque fidéicommis si la personne en qui vous mettrez votre confiance vous trompe, à la vérité la justice humaine n’en saura rien ; mais vos enfants seront ruinés. Choisissez donc bien ! Voyez en quelles perplexités vous êtes. De toute manière vos enfants seront nécessairement sacrifiés aux fantaisies de votre cÅ“ur et privés de leur état. Mon Dieu, tant qu’ils seront petits, ils seront charmants ; mais ils vous reprocheront un jour d’avoir songé plus à vous qu’à eux. Nous savons tout cela, nous autres vieux gentilshommes. Les enfants deviennent des hommes, et les hommes sont ingrats. N’ai-je pas entendu le jeune de Horn, en Allemagne, disant après souper — Si ma mère avait été honnête femme, je serais prince régnant. Mais ce SI, nous avons passé notre vie à l’entendre dire aux roturiers, et il a fait la révolution. Quand les hommes ne peuvent accuser ni leur père, ni leur mère, ils s’en prennent à Dieu de leur mauvais sort. En somme, chère enfant, nous sommes ici pour vous éclairer. Hé ! bien, je me résume par un mot que vous devez méditer une femme ne doit jamais donner raison à son mari. — Mon oncle, j’ai calculé tant que je n’aimais pas. Alors je voyais comme vous des intérêts là où il n’y a plus pour moi que des sentiments, dit la duchesse. — Mais ma chère petite, la vie est tout bonnement une complication d’intérêts et de sentiments, lui répliqua le vidame ; et pour être heureux, surtout dans la position où vous êtes, il faut tâcher d’accorder ses sentiments avec ses intérêts. Qu’une grisette fasse l’amour à sa fantaisie cela se conçoit ; mais vous avez une jolie fortune, une famille, un titre, une place à la cour, et vous ne devez pas les jeter par la fenêtre. Pour tout concilier, que venons-nous vous demander ? De tourner habilement la loi des convenances au lieu de la violer. Hé, mon Dieu, j’ai bientôt quatre-vingts ans, je ne me souviens pas d’avoir rencontré, sous aucun régime, un amour qui valût le prix dont vous voulez payer celui de cet heureux jeune homme. La duchesse imposa silence au vidame par un regard ; et si Montriveau l’avait pu voir, il aurait tout pardonné… — Ceci serait d’un bel effet au théâtre, dit le duc de Grandlieu, et ne signifie rien quand il s’agit de vos paraphernaux, de votre position et de votre indépendance. Vous n’êtes pas reconnaissante, ma chère nièce. Vous ne trouverez pas beaucoup de familles où les parents soient assez courageux pour apporter les enseignements de l’expérience et faire entendre le langage de la raison à de jeunes têtes folles. Renoncez à votre salut en deux minutes, s’il vous plaÃt de vous damner ; d’accord ! Mais réfléchissez bien quand il s’agit de renoncer à vos rentes. Je ne connais pas de confesseur qui nous absolve de la misère. Je me crois le droit de vous parler ainsi ; car, si vous vous perdez, moi seul je pourrai vous offrir un asile. Je suis presque l’oncle de Langeais, et moi seul aurai raison en lui donnant tort. — Ma fille, dit le duc de Navarreins en se réveillant d’une douloureuse méditation, puisque vous parlez de sentiments, laissez moi vous faire observer qu’une femme qui porte votre nom se doit à des sentiments autres que ceux des gens du commun. Vous voulez donc donner gain de cause aux Libéraux, à ces jésuites de Robespierre qui s’efforcent de honnir la noblesse. Il est certaines choses qu’une Navarreins ne saurait faire sans manquer à toute sa maison. Vous ne seriez pas seule déshonorée. — Allons, dit la princesse, voilà le déshonneur. Mes enfants, ne faites pas tant de bruit pour la promenade d’une voiture vide, et laissez-moi seule avec Antoinette. Vous viendrez dÃner avec moi tous trois. Je me charge d’arranger convenablement les choses. Vous n’y entendez rien, vous autres hommes, vous mettez déjà de l’aigreur dans vos paroles, et je ne veux pas vous voir brouillés avec ma chère fille. Faites-moi donc le plaisir de vous en aller. Les trois gentilshommes devinèrent sans doute les intentions de la princesse, ils saluèrent leurs parentes ; et monsieur de Navarreins vint embrasser sa fille au front, en lui disant — Allons, chère enfant, sois sage. Si tu veux, il en est encore temps. — Est-ce que nous ne pourrions pas trouver dans la famille quelque bon garçon qui chercherait dispute à ce Montriveau ? dit le vidame en descendant les escaliers. — Mon bijou, dit la princesse, en faisant signe à son élève de s’asseoir sur une petite chaise basse, près d’elle, quand elles furent seules ; je ne sais rien de plus calomnié dans ce bas monde que Dieu et le dix-huitième siècle, car, en me remémorant les choses de ma jeunesse, je ne me rappelle pas qu’une seule duchesse ait foulé aux pieds les convenances comme vous venez de le faire. Les romanciers et les écrivailleurs ont déshonoré le règne de Louis XV, ne les croyez pas. La Dubarry ma chère, valait bien la veuve Scarron, et elle était meilleure personne. Dans mon temps, une femme savait, au milieu de ses galanteries, garder sa dignité. Les indiscrétions nous ont perdues. De là vient tout le mal. Les philosophes, ces gens de rien que nous mettions dans nos salons, ont eu l’inconvenance et l’ingratitude, pour prix de nos bontés, de faire l’inventaire de nos cÅ“urs, de nous décrier en masse, en détail, et de déblatérer contre le siècle. Le peuple, qui est très mal placé pour juger quoi que ce soit, a vu le fond des choses, sans en voir la forme. Mais dans ce temps-là , mon cÅ“ur, les hommes et les femmes ont été tout aussi remarquables qu’aux autres époques de la monarchie. Pas un de vos Werther, aucune de vos notabilités, comme ça s’appelle, pas un de vos hommes en gants jaunes et dont les pantalons dissimulent la pauvreté de leurs jambes, ne traverserait l’Europe, déguisé en colporteur, pour aller s’enfermer, au risque de la vie et en bravant les poignards du duc de Modène, dans le cabinet de toilette de la fille du régent. Aucun de vos petits poitrinaires à lunettes d’écaille ne se cacherait comme Lauzun, durant six semaines, dans une armoire pour donner du courage à sa maÃtresse pendant qu’elle accouchait. Il y avait plus de passion dans le petit doigt de monsieur de Jaucourt que dans toute votre race de disputailleurs qui laissent les femmes pour des amendements ! Trouvez-moi donc aujourd’hui des pages qui se fassent hacher et ensevelir sous un plancher pour venir baiser le doigt ganté d’une Konismark ? Aujourd’hui, vraiment, il semblerait que les rôles soient changés, et que les femmes doivent se dévouer pour les hommes. Ces messieurs valent moins et s’estiment davantage. Croyez-moi, ma chère, toutes ces aventures qui sont devenues publiques et dont on s’arme aujourd’hui pour assassiner notre bon Louis XV, étaient d’abord secrètes. Sans un tas de poétriaux, de rimailleurs, de moralistes qui entretenaient nos femmes de chambre et en écrivaient les calomnies, notre époque aurait eu littérairement des mÅ“urs. Je justifie le siècle et non sa lisière. Peut-être y a-t-il eu cent femmes de qualité perdues ; mais les drôles en ont mis un millier, ainsi que font les gazetiers quand ils évaluent les morts du parti battu. D’ailleurs, je ne sais pas ce que la Révolution et l’Empire peuvent nous reprocher ces temps-là ont été licencieux, sans esprit, grossiers, fi ! tout cela me révolte. Ce sont les mauvais lieux de notre histoire ! Ce préambule, ma chère enfant, reprit-elle après une pause, est pour arriver à te dire que si Montriveau te plaÃt, tu es bien la maÃtresse de l’aimer à ton aise, et tant que tu pourras. Je sais, moi, par expérience à moins de t’enfermer, mais on n’enferme plus aujourd’hui, que tu feras ce qui te plaira ; et c’est ce que j’aurais fait à ton âge. Seulement, mon cher bijou, je n’aurais pas abdiqué le droit de faire des ducs de Langeais. Ainsi comporte-toi décemment. Le vidame a raison, aucun homme ne vaut un seul des sacrifices par lesquels nous sommes assez folles pour payer leur amour. Mets-toi donc dans la position de pouvoir, si tu avais le malheur d’en être à te repentir, te trouver encore la femme de monsieur de Langeais. Quand tu seras vieille, tu seras bien aise d’entendre la messe à la cour et non dans un couvent de province, voilà toute la question. Une imprudence, c’est une pension, une vie errante, être à la merci de son amant ; c’est l’ennui causé par les impertinences des femmes qui vaudront moins que toi, précisément parce qu’elles auront été très-ignoblement adroites. Il valait cent fois mieux aller chez Montriveau, le soir, en fiacre, déguisée, que d’y envoyer ta voiture en plein jour. Tu es une petite sotte, ma chère enfant ! Ta voiture a flatté sa vanité, ta personne lui aurait pris le cÅ“ur. Je t’ai dit ce qui est juste et vrai, mais je ne t’en veux pas, moi. Tu es de deux siècles en arrière avec ta fausse grandeur. Allons, laisse-nous arranger les affaires, dire que le Montriveau aura grisé tes gens, pour satisfaire son amour propre et te compromettre…. — Au nom du ciel, ma tante, s’écria la duchesse en bondissant, ne le calomniez pas. — Oh ! chère enfant, dit la princesse dont les yeux s’animèrent, je voudrais te voir des illusions qui ne te fussent pas funestes, mais toute illusion doit cesser. Tu m’attendrirais, n’était mon âge. Allons, ne fais de chagrin à personne, ni à lui, ni à nous. Je me charge de contenter tout le monde ; mais promets-moi de ne pas te permettre désormais une seule démarche sans me consulter. Conte-moi tout, je te mènerai peut-être à bien. — Ma tante, je vous promets… — De me dire tout… — Oui, tout, tout ce qui pourra se dire. — Mais, mon cÅ“ur, c’est précisément ce qui ne pourra pas se dire que je veux savoir. Entendons-nous bien. Allons, laisse-moi appuyer mes lèvres sèches sur ton beau front. Non, laisse-moi faire, je te défends de baiser mes os. Les vieillards ont une politesse à eux… Allons, conduis-moi jusqu’à mon carrosse, dit-elle après avoir embrassé sa nièce. — Chère tante, je puis donc aller chez lui déguisée ? — Mais, oui, ça peut toujours se nier, dit la vieille. La duchesse n’avait clairement perçu que cette idée dans le sermon que la princesse venait de lui faire. Quand madame de Chauvry fut assise dans le coin de sa voiture, madame de Langeais lui dit un gracieux adieu, et remonta chez elle tout heureuse. — Ma personne lui aurait pris le cÅ“ur ; elle a raison, ma tante. Un homme ne doit pas refuser une jolie femme, quand elle sait se bien offrir. Le soir, au cercle de madame la duchesse de Berri, le duc de Navarreins, monsieur de Pamiers, monsieur de Marsay, monsieur de Grandlieu, le duc de Maufrigneuse démentirent victorieusement les bruits offensants qui couraient sur la duchesse de Langeais. Tant d’officiers et de personnes attestèrent avoir vu Montriveau se promenant aux Tuileries pendant la matinée, que cette sotte histoire fut mise sur le compte du hasard, qui prend tout ce qu’on lui donne. Aussi le lendemain la réputation de la duchesse devint-elle, malgré la station de sa voiture, nette et claire comme l’armet de Mambrin après avoir été fourbi par Sancho. Seulement, à deux heures, au bois de Boulogne, monsieur de Ronquerolles passant à côté de Montriveau dans une allée déserte, lui dit en souriant — Elle va bien, ta duchesse ! — Encore et toujours, ajouta-t-il en appliquant un coup de cravache significatif à sa jument qui fila comme un boulet. Deux jours après son éclat inutile, madame de Langeais écrivit à monsieur de Montriveau une lettre qui resta sans réponse comme les précédentes. Cette fois elle avait pris ses mesures, et corrompu Auguste, le valet de chambre d’Armand. Aussi, le soir, à huit heures, fut-elle introduite chez Armand, dans une chambre tout autre que celle où s’était passée la scène demeurée secrète. La duchesse apprit que le général ne rentrerait pas. Avait-il deux domiciles ? Le valet ne voulut pas répondre. Madame de Langeais avait acheté la clef de cette chambre, et non toute la probité de cet homme. Restée seule, elle vit ses quatorze lettres posées sur un vieux guéridon ; elles n’étaient ni froissées, ni décachetées ; elles n’avaient pas été lues. A cet aspect, elle tomba sur un fauteuil, et perdit pendant un moment toute connaissance. En se réveillant, elle aperçut Auguste, qui lui faisait respirer du vinaigre. — Une voiture, vite, dit elle. La voilure venue, elle descendit avec une rapidité convulsive, revint chez elle, se mit au lit, et fit défendre sa porte. Elle resta vingt-quatre heures couchée, ne laissant approcher d’elle que sa femme de chambre qui lui apporta quelques tasses d’infusion de feuilles d’oranger. Suzette entendit sa maÃtresse faisant quelques plaintes, et surprit des larmes dans ses yeux éclatants mais cernés. Le surlendemain, après avoir médité dans les larmes du désespoir le parti qu’elle voulait prendre, madame de Langeais eut une conférence avec son homme d’affaires, et le chargea sans doute de quelques préparatifs. Puis elle envoya chercher le vieux vidame de Pamiers. En attendant le commandeur, elle écrivit à monsieur de Montriveau. Le vidame fut exact. Il trouva sa jeune cousine pâle, abattue, mais résignée. Il était environ deux heures après-midi. Jamais cette divine créature n’avait été plus poétique qu’elle ne l’était alors dans les langueurs de son agonie. — Mon cher cousin, dit-elle au vidame, vos quatre-vingts ans vous valent ce rendez-vous. Oh ! ne souriez pas, je vous en supplie, devant une pauvre femme au comble du malheur. Vous êtes un galant homme, et les aventures de votre jeunesse vous ont, j’aime à le croire, inspiré quelque indulgence pour les femmes. — Pas la moindre, dit-il. — Vraiment ! — Elles sont heureuses de tout, reprit-il. — Ah ! Eh ! bien, vous êtes au cÅ“ur de ma famille ; vous serez peut-être le dernier parent, le dernier ami de qui j’aurai serré la main ; je puis donc réclamer de vous un bon office. Rendez-moi, mon cher vidame, un service que je ne saurais demander à mon père, ni à mon oncle Grandlieu, ni à aucune femme. Vous devez me comprendre. Je vous supplie de m’obéir, et d’oublier que vous m’avez obéi, quelle que soit l’issue de vos démarches. Il s’agit d’aller, muni de cette lettre, chez monsieur de Montriveau, de le voir, de la lui montrer, de lui demander, comme vous savez d’homme à homme demander les choses, car vous avez entre vous une probité, des sentiments que vous oubliez avec nous, de lui demander s’il voudra bien la lire, non pas en votre présence, les hommes se cachent certaines émotions. Je vous autorise, pour le décider, et si vous le jugez nécessaire, à lui dire qu’il s’en va de ma vie ou de ma mort. S’il daigne… — Daigne ! fit le commandeur. — S’il daigne la lire, reprit avec dignité la duchesse, faites-lui une dernière observation. Vous le verrez à cinq heures, il dÃne à cette heure, chez lui, aujourd’hui, je le sais ; eh ! bien, il doit, pour toute réponse, venir me voir. Si trois heures après, si à huit heures, il n’est pas sorti, tout sera dit. La duchesse de Langeais aura disparu de ce monde. Je ne serai pas morte, cher, non ; mais aucun pouvoir humain ne me retrouvera sur cette terre. Venez dÃner avec moi, j’aurai du moins un ami pour m’assister dans mes dernières angoisses. Oui, ce soir, mon cher cousin, ma vie sera décidée ; et quoi qu’il arrive, elle ne peut être que cruellement ardente. Allez, silence, je ne yeux rien entendre qui ressemble soit à des observations, soit à des avis. — Causons, rions, dit-elle en lui tendant une main qu’il baisa. Soyons comme deux vieillards philosophes qui savent jouir de la vie jusqu’au moment de leur mort. Je me parerai, je serai bien coquette pour vous. Vous serez peut-être le dernier homme qui aura vu la duchesse de Langeais. Le vidame ne répondit rien, il salua, prit la lettre et fit la commission. Il revint à cinq heures, trouva sa cousine mise avec recherche, délicieuse enfin. Le salon était paré de fleurs comme pour une fête. Le repas fut exquis. Pour ce vieillard, la duchesse fit jouer tous les brillants de son esprit, et se montra plus attrayante qu’elle ne l’avait jamais été. Le commandeur voulut d’abord voir une plaisanterie de jeune femme dans tous ces apprêts ; mais, de temps à autre, la fausse magie des séductions déployées par sa cousine pâlissait. Tantôt, il la surprenait à tressaillir émue par une sorte de terreur soudaine ; et tantôt elle semblait écouter dans le silence. Alors, s’il lui disait — Qu’avez vous ? — Chut ! répondait-elle. A sept heures elle le quitta, revint promptement, mais habillée comme aurait pu l’être sa femme de chambre pour un voyage. Elle réclama le bras du vieillard qu’elle voulut pour compagnon, se jeta dans une voiture de louage et tous deux furent, vers les huit heures moins un quart, à la porte de monsieur de Montriveau. Armand, lui, pendant ce temps, avait médité la lettre suivante " Mon ami, j’ai passé quelques moments chez vous, à votre insu ; j’y ai repris mes lettres. Oh ! Armand, de vous à moi, ce ne peut être indifférence, et la haine procède autrement. Si vous m’aimez, cessez un jeu cruel. Vous me tueriez. Plus tard, vous en seriez au désespoir, en apprenant combien vous êtes aimé. Si je vous ai malheureusement compris, si vous n’avez pour moi que de l’aversion, l’aversion comporte et mépris et dégoût ; alors, tout espoir m’abandonne les hommes ne reviennent pas de ces deux sentiments. Quelque terrible qu’elle puisse être, cette pensée apportera des consolations à ma longue douleur. Vous n’aurez pas de regrets un jour. Des regrets ! ah, mon Armand, que je les ignore. Si je vous en causais un seul ?… Non je ne veux pas vous dire quels ravages il ferait en moi. Je vivrais et ne pourrais plus être votre femme. Après m’être entièrement donnée à vous en pensée, à qui donc me donner ?… à Dieu. Oui, les yeux que vous avez aimés pendant un moment, ne verront plus aucun visage d’homme ; et puisse la gloire de Dieu les fermer ! Je n’entendrai plus de voix humaine, après avoir entendu la vôtre, si douce d’abord, si terrible hier, car je suis toujours au lendemain de votre vengeance ; puisse donc la parole de Dieu me consumer ! Entre sa colère et la vôtre, mon ami, il n’y aura pour moi que larmes et que prières. Vous vous demanderez peut-être pourquoi vous écrire ? Hélas ! ne m’en voulez pas de conserver une lueur d’espérance, de jeter encore un soupir sur la vie heureuse avant de la quitter pour un jamais. Je suis dans une horrible situation. J’ai toute la sérénité que communique à l’âme une grande résolution, et sens encore les derniers grondements de l’orage. Dans cette terrible aventure qui m’a tant attachée à vous, Armand, vous alliez du désert à l’oasis, mené par un bon guide. Eh ! bien, moi, je me traÃne de l’oasis au désert, et vous m’êtes un guide sans pitié. Néanmoins, vous seul, mon ami, pouvez comprendre la mélancolie des derniers regards que je jette au bonheur, et vous êtes le seul auquel je puisse me plaindre sans rougir. Si vous m’exaucez, je serai heureuse ; si vous êtes inexorable, j’expierai mes torts. Enfin, n’est-il pas naturel à une femme de vouloir rester dans la mémoire de son aimé, revêtue de tous les sentiments nobles ? Oh ! seul cher à moi ! laissez votre créature s’ensevelir avec la croyance que vous la trouverez grande. Vos sévérités m’ont fait réfléchir ; et depuis que je vous aime bien, je me suis trouvée moins coupable que vous ne le pensez. Ecoutez donc ma justification, je vous la dois ; et vous, qui êtes tout pour moi dans le monde, vous me devez au moins un instant de justice. " J’ai su, par mes propres douleurs, combien mes coquetteries vous ont fait souffrir ; mais alors, j’étais dans une complète ignorance de l’amour. Vous êtes, vous, dans le secret de ces tortures, et vous me les imposez. Pendant les huit premiers mois que vous m’avez accordés, vous ne vous êtes point fait aimer. Pourquoi, mon ami ? Je ne sais pas plus vous le dire, que je ne puis vous expliquer pourquoi je vous aime. Ah ! certes, j’étais flattée de me voir l’objet de vos discours passionnés, de recevoir vos regards de feu ; mais vous me laissiez froide et sans désirs. Non, je n’étais point femme, je ne concevais ni le dévouement ni le bonheur de notre sexe. A qui la faute ! Ne m’auriez-vous pas méprisée, si je m’étais livrée sans entraÃnement ? Peut-être est-ce le sublime de notre sexe, de se donner sans recevoir aucun plaisir ; peut-être n’y a-t-il aucun mérite à s’abandonner à des jouissances connues et ardemment désirées ? Hélas ! mon ami, je puis vous le dire, ces pensées me sont venues quand j’étais si coquette pour vous ; mais je vous trouvais déjà si grand, que je ne voulais pas que vous me dussiez à la pitié… Quel mot viens-je d’écrire ? Ah ! j’ai repris chez vous toutes mes lettres, je les jette au feu ! Elles brûlent. Tu ne sauras jamais ce qu’elles accusaient d’amour, de passion, de folie… Je me tais, Armand, je m’arrête, je ne veux plus rien vous dire de mes sentiments. Si mes vÅ“ux n’ont pas été entendus d’âme à âme, je ne pourrais donc plus, moi aussi, moi la femme, ne devoir votre amour qu’à votre pitié. Je veux être aimée irrésistiblement ou laissée impitoyablement. Si vous refusez de lire cette lettre, elle sera brûlée. Si, l’ayant lue, vous n’êtes pas trois heures après, pour toujours mon seul époux, je n’aurai point de honte à vous la savoir entre les mains la fierté de mon désespoir garantira ma mémoire de toute injure, et ma fin sera digne de mon amour. Vous-même, ne me rencontrant plus sur cette terre, quoique vivante, vous ne penserez pas sans frémir à une femme qui dans trois heures, ne respirera plus que pour vous accabler de sa tendresse, à une femme consumée par un amour sans espoir, et fidèle, non pas à des plaisirs partagés, mais à des sentiments méconnus. La duchesse de Lavallière pleurait un bonheur perdu, sa puissance évanouie ; tandis que la duchesse de Langeais sera heureuse de ses pleurs et restera pour vous un pouvoir. Oui, vous me regretterez. Je sens bien que je n’étais pas de ce monde, et vous remercie de me l’avoir prouvé. Adieu, vous ne toucherez point à ma hache ; la vôtre était celle du bourreau, la mienne est celle de Dieu ; la vôtre tue, et la mienne sauve. Votre amour était mortel, il ne savait supporter ni le dédain ni la raillerie ; le mien peut tout endurer sans faiblir, il est immortellement vivace. Ah ! j’éprouve une joie sombre à vous écraser, vous qui vous croyez si grand, à vous humilier par le sourire calme et protecteur des anges faibles qui prennent, en se couchant aux pieds de Dieu, le droit et la force de veiller en son nom sur les hommes. Vous n’avez eu que de passagers désirs ; tandis que la pauvre religieuse vous éclairera sans cesse de ses ardentes prières, et vous couvrira toujours des ailes de l’amour divin. Je pressens votre réponse, Armand, et vous donne rendez-vous… dans le ciel. Ami, la force et la faiblesse y sont également admises ; toutes deux sont des souffrances. Cette pensée apaise les agitations de ma dernière épreuve. Me voilà si calme, que je craindrais de ne plus t’aimer, si ce n’était pour toi que je quitte le monde. " ANTOINETTE. " — Mon cher cousin, dit la duchesse en arrivant à la maison de Montriveau, faites-moi la grâce de demander à la porte s’il est chez lui. Le commandeur, obéissant à la manière des hommes du dix-huitième siècle, descendit et revint dire à sa cousine un oui qui lui donna le frisson. A ce mot, elle prit le commandeur, lui serra la main, se laissa baiser par lui sur les deux joues, et le pria de s’en aller sans l’espionner ni vouloir la protéger. — Mais les passants ? dit-il. — Personne ne peut me manquer de respect, répondit-elle. Ce fut le dernier mot de la femme à la mode et de la duchesse. Le commandeur s’en alla. Madame de Langeais resta sur le seuil de cette porte en s’enveloppant de son manteau, et attendit que huit heures sonnassent. L’heure expira. Cette malheureuse femme se donna dix minutes, un quart d’heure ; enfin, elle voulut voir une nouvelle humiliation dans ce retard, et la foi l’abandonna. Elle ne put retenir cette exclamation — O mon Dieu ! puis quitta ce funeste seuil. Ce fut le premier mot de la carmélite. Montriveau avait une conférence avec quelques amis, il les pressa de finir, mais sa pendule retardait, et il ne sortit pour aller à l’hôtel de Langeais qu’au moment où la duchesse, emportée par une rage froide, fuyait à pied dans les rues de Paris. Elle pleura quand elle atteignit le boulevard d’Enfer. Là , pour la dernière fois, elle regarda Paris fumeux, bruyant, couvert de la rouge atmosphère produite par ses lumières ; puis elle monta dans une voiture de place, et sortit de cette ville pour n’y jamais rentrer. Quand le marquis de Montriveau vint à l’hôtel de Langeais, il n’y trouva point sa maÃtresse, et se crut joué. Il courut alors chez le vidame, et y fut reçu au moment où le bonhomme passait sa robe de chambre en pensant au bonheur de sa jolie parente. Montriveau lui jeta ce regard terrible dont la commotion électrique frappait également les hommes et les femmes. — Monsieur, vous seriez-vous prêté à quelque cruelle plaisanterie ? s’écria-t-il. Je viens de chez madame de Langeais, et ses gens la disent sortie. — Il est sans doute arrivé, par votre faute, un grand malheur, répondit le vidame. J’ai laissé la duchesse à votre porte… — A quelle heure ? — A huit heures moins un quart. — Je vous salue, dit Montriveau qui revint précipitamment chez lui pour demander à son portier s’il n’avait pas vu dans la soirée une dame à la porte. — Oui, monsieur, une belle femme qui paraissait avoir bien du désagrément. Elle pleurait comme une Madeleine, sans faire de bruit, et se tenait droit comme un piquet. Enfin, elle a dit un O mon Dieu ! en s’en allant, qui nous a, sous votre respect, crevé le cÅ“ur à mon épouse et à moi, qu’étions là sans qu’elle s’en aperçût. Ce peu de mots fit pâlir cet homme si ferme. Il écrivit quelques lignes à monsieur de Ronquerolles, chez lequel il envoya sur-le-champ, et remonta dans son appartement. Vers minuit, le marquis de Ronquerolles arriva. — Qu’as-tu, mon bon ami ? dit-il en voyant le général. Armand lui donna la lettre de la duchesse à lire. — Eh ! bien ? lui demanda Ronquerolles. — Elle était à ma porte à huit heures, et à huit heures un quart elle a disparu. Je l’ai perdue, et je l’aime ! Ah ! si ma vie m’appartenait, je me serais déjà fait sauter la cervelle ! — Bah ! bah ! dit Ronquerolles, calme-toi. Les duchesses ne s’envolent pas comme des bergeronnettes. Elle ne fera pas plus de trois lieues à l’heure ; demain, nous en ferons six, nous autres. — Ah ! peste ! reprit-il, madame de Langeais n’est pas une femme ordinaire. Nous serons tous à cheval demain. Dans la journée, nous saurons par la police où elle est allée. Il lui faut une voiture, ces anges-là n’ont pas d’ailes. Qu’elle soit en route ou cachée dans Paris, nous la trouverons. N’avons-nous pas le télégraphe pour l’arrêter sans la suivre ? Tu seras heureux. Mais, mon cher frère, tu as commis la faute dont sont plus ou moins coupables les hommes de ton énergie. Ils jugent les autres âmes d’après la leur, et ne savent pas où casse l’humanité quand ils en tendent les cordes. Que ne me disais-tu donc un mot tantôt ? Je t’aurais dit — Sois exact. — A demain, donc, ajouta-t-il en serrant la main de Montriveau qui restait muet. Dors, si tu peux. Mais les plus immenses ressources dont jamais hommes d’État, souverains, ministres, banquiers, enfin dont tout pouvoir humain se soit socialement investi, furent en vain déployées. Ni Montriveau ni ses amis ne purent trouver la trace de la duchesse. Elle s’était évidemment cloÃtrée. Montriveau résolut de fouiller ou de faire fouiller tous les couvents du monde. Il lui fallait la duchesse, quand même il en aurait coûté la vie à toute une ville. Pour rendre justice à cet homme extraordinaire, il est nécessaire de dire que sa fureur passionnée se leva également ardente chaque jour, et dura cinq années. En 1829 seulement, le duc de Navarreins apprit, par hasard, que sa fille était partie pour l’Espagne, comme femme de chambre de lady Julia Hopwood, et qu’elle avait quitté cette dame à Cadix, sans que lady Julia se fût aperçue que mademoiselle Caroline était l’illustre duchesse dont la disparition occupait la haute société parisienne. Les sentiments qui animèrent les deux amants quand ils se retrouvèrent à la grille des Carmélites et en présence d’une mère supérieure doivent être maintenant compris dans toute leur étendue, et leur violence, réveillée de part et d’autre, expliquera sans doute le dénoûment de cette aventure. Donc, en 1823, le duc de Langeais mort, sa femme était libre. Antoinette de Navarreins vivait consumée par l’amour sur un banc de la Méditerranée ; mais le pape pouvait casser les vÅ“ux de la sÅ“ur Thérèse. Le bonheur acheté par tant d’amour pouvait éclore pour les deux amants. Ces pensées firent voler Montriveau de Cadix à Marseille, de Marseille à Paris. Quelques mois après son arrivée en France, un brick de commerce armé en guerre partit du port de Marseille et fit route pour l’Espagne. Ce bâtiment était frété par plusieurs hommes de distinction, presque tous Français qui, épris de belle passion pour l’Orient, voulaient en visiter les contrées. Les grandes connaissances de Montriveau sur les mÅ“urs de ces pays en faisaient un précieux compagnon de voyage pour ces personnes, qui le prièrent d’être des leurs, et il y consentit. Le ministre de la guerre le nomma lieutenant-général et le mit au comité d’artillerie pour lui faciliter cette partie de plaisir. Le brick s’arrêta, vingt-quatre heures après son départ, au nord-ouest d’une Ãle en vue des côtes d’Espagne. Le bâtiment avait été choisi assez fin de carène, assez léger de mâture pour qu’il pût sans danger s’ancrer à une demi-lieue environ des rescifs qui, de ce côté, défendaient sûrement l’abordage de l’Ãle. Si des barques ou des habitants apercevaient le brick dans ce mouillage, ils ne pouvaient d’abord en concevoir aucune inquiétude. Puis il fut facile d’en justifier aussitôt le stationnement. Avant d’arriver en vue de l’Ãle, Montriveau fil arborer le pavillon des États-Unis. Les matelots engagés pour le service du bâtiment étaient américains et ne parlaient que la langue anglaise. L’un des compagnons de monsieur de Montriveau les embarqua tous sur une chaloupe et les amena dans une auberge de la petite ville, où il les maintint à une hauteur d’ivresse qui ne leur laissa pas la langue libre. Puis il dit que le brick était monté par des chercheurs de trésors, gens connus aux États-Unis pour leur fanatisme, et dont un des écrivains de ce pays a écrit l’histoire. Ainsi la présence du vaisseau dans les rescifs fut suffisamment expliquée. Les armateurs et les passagers y cherchaient, dit le prétendu contre-maÃtre des matelots, les débris d’un galion échoué en 1778 avec les trésors envoyés du Mexique. Les aubergistes et les autorités du pays n’en demandèrent pas davantage. Armand et les amis dévoués qui le secondaient dans sa difficile entreprise pensèrent tout d’abord que ni la ruse ni la force ne pouvaient faire réussir la délivrance ou l’enlèvement de la sÅ“ur Thérèse du côté de la petite ville. Alors, d’un commun accord, ces hommes d’audace résolurent d’attaquer le taureau par les cornes. Ils voulurent se frayer un chemin jusqu’au couvent par les lieux mêmes où tout accès y semblait impraticable, et de vaincre la nature, comme le général Lamarque l’avait vaincue à l’assaut de Caprée. En cette circonstance, les tables de granit taillées à pic, au bout de l’Ãle, leur offraient moins de prise que celles de Caprée n’en avaient offert à Montriveau, qui fut de cette incroyable expédition, et les nonnes lui semblaient plus redoutables que ne le fut sir Hudson-Lowe. Enlever la duchesse avec fracas couvrait ces hommes de honte. Autant aurait valu faire le siége de la ville, du couvent, et ne pas laisser un seul témoin de leur victoire, à la manière des pirates. Pour eux cette entreprise n’avait donc que deux faces. Ou quelque incendie, quelque fait d’armes qui effrayât l’Europe en y laissant ignorer la raison du crime ; ou quelque enlèvement aérien, mystérieux, qui persuadât aux nonnes que le diable leur avait rendu visite. Ce dernier parti triompha dans le conseil secret tenu à Paris avant le départ. Puis, tout avait été prévu pour le succès d’une entreprise qui offrait à ces hommes blasés des plaisirs de Paris un véritable amusement. Une espèce de pirogue d’une excessive légèreté, fabriquée à Marseille d’après un modèle malais, permit de naviguer dans les rescifs jusqu’à l’endroit où ils cessaient d’être praticables. Deux cordes en fil de fer, tendues parallèlement à une distance de quelques pieds sur des inclinaisons inverses, et sur lesquelles devaient glisser les paniers également en fil de fer, servirent de pont, comme en Chine, pour aller d’un rocher à l’autre. Les écueils furent ainsi unis les uns aux autres par un système de cordes et de paniers qui ressemblaient à ces fils sur lesquels voyagent certaines araignées, et par lesquels elles enveloppent un arbre ; Å“uvre d’instinct que les Chinois, ce peuple essentiellement imitateur, a copiée le premier, historiquement parlant. Ni les lames ni les caprices de la mer ne pouvaient déranger ces fragiles constructions. Les cordes avaient assez de jeu pour offrir aux fureurs des vagues cette courbure étudiée par un ingénieur, feu Cachin, l’immortel créateur du port de Cherbourg, la ligne savante au delà de laquelle cesse le pouvoir de l’eau courroucée ; courbe établie d’après une loi dérobée aux secrets de la nature par le génie de l’observation, qui est presque tout le génie humain. Les compagnons de monsieur de Montriveau étaient seuls sur ce vaisseau. Les yeux de l’homme ne pouvaient arriver jusqu’à eux. Les meilleures longues-vues braquées du haut des tillacs par les marins des bâtiments à leur passage n’eussent laissé découvrir ni les cordes perdues dans les rescifs ni les hommes cachés dans les rochers. Après onze jours de travaux préparatoires, ces treize démons humains arrivèrent au pied du promontoire élevé d’une trentaine de toises au-dessus de la mer, bloc aussi difficile à gravir par des hommes qu’il peut l’être à une souris de grimper sur les contours polis du ventre en porcelaine d’un vase uni. Cette table de granit était heureusement fendue. Sa fissure, dont les deux lèvres avaient la raideur de la ligne droite, permit d’y attacher, à un pied de distance, de gros coins de bois dans lesquels ces hardis travailleurs enfoncèrent des crampons de fer. Ces crampons, préparés à l’avance, étaient terminés par une palette trouée sur laquelle ils fixèrent une marche faite avec une planche de sapin extrêmement légère qui venait s’adapter aux entailles d’un mât aussi haut que le promontoire et qui fut assujettie dans le roc au bas de la grève. Avec une habileté digne de ces hommes d’exécution, l’un d’eux, profond mathématicien, avait calculé l’angle nécessaire pour écarter graduellement les marches en haut et en bas du mât, de manière à placer dans son milieu le point à partir duquel les marches de la partie supérieure gagnaient en éventail le haut du rocher ; figure également représentée, mais en sens inverse, par les marches d’en bas. Cet escalier, d’une légèreté miraculeuse et d’une solidité parfaite, coûta vingt-deux jours de travail. Un briquet phosphorique, une nuit et le ressac de la mer suffisaient à en faire disparaÃtre éternellement les traces. Ainsi nulle indiscrétion n’était possible, et nulle recherche contre les violateurs du couvent ne pouvait avoir de succès. Sur le haut du rocher se trouvait une plate-forme, bordée de tous côtés par le précipice taillé à pic. Les treize inconnus, en examinant le terrain avec leurs lunettes du haut de la hune, s’étaient assurés que, malgré quelques aspérités, ils pourraient facilement arriver aux jardins du couvent, dont les arbres suffisamment touffus offraient de sûrs abris. Là , sans doute, ils devaient ultérieurement décider par quels moyens se consommerait le rapt de la religieuse. Après de si grands efforts, ils ne voulurent pas compromettre le succès de leur entreprise en risquant d’être aperçus, et furent obligés d’attendre que le dernier quartier de la lune expirât. Montriveau resta, pendant deux nuits, enveloppé dans son manteau, couché sur le roc. Les chants du soir et ceux du matin lui causèrent d’inexprimables délices. Il alla jusqu’au mur, pour pouvoir entendre la musique des orgues, et s’efforça de distinguer une voix dans cette masse de voix. Mais, malgré le silence, l’espace ne laissait parvenir à ses oreilles que les effets confus de la musique. C’était de suaves harmonies où les défauts de l’exécution ne se faisaient plus sentir, et d’où la pure pensée de l’art se dégageait en se communiquant à l’âme, sans lui demander ni les efforts de l’attention ni les fatigues de l’entendement. Terribles souvenirs pour Armand, dont l’amour reflorissait tout entier dans cette brise de musique, où il voulut trouver d’aériennes promesses de bonheur. Le lendemain de la dernière nuit, il descendit avant le lever du soleil, après être resté durant plusieurs heures les yeux attachés sur la fenêtre d’une cellule sans grille. Les grilles n’étaient pas nécessaires au-dessus de ces abÃmes. Il y avait vu de la lumière pendant toute la nuit. Or, cet instinct du cÅ“ur, qui trompe aussi souvent qu’il dit vrai, lui avait crié — Elle est là ! — Elle est certainement là , et demain je l’aurai, se dit-il en mêlant de joyeuses pensées aux tintements d’une cloche qui sonnait lentement. Etrange bizarrerie du cÅ“ur ! il aimait avec plus de passion la religieuse dépérie dans les élancements de l’amour, consumée par les larmes, les jeûnes, les veilles et la prière, la femme de vingt-neuf ans fortement éprouvée, qu’il n’avait aimé la jeune fille légère, la femme de vingt-quatre ans, la sylphide. Mais les hommes d’âme vigoureuse n’ont-ils pas un penchant qui les entraÃne vers les sublimes expressions que de nobles malheurs ou d’impétueux mouvements de pensées ont gravées sur le visage d’une femme ? La beauté d’une femme endolorie n’est-elle pas la plus attachante de toutes pour les hommes qui se sentent au cÅ“ur un trésor inépuisable de consolations et de tendresses à répandre sur une créature gracieuse de faiblesse et forte par le sentiment. La beauté fraÃche, colorée, unie, le joli en un mot, est l’attrait vulgaire auquel se prend la médiocrité. Montriveau devait aimer ces visages où l’amour se réveille au milieu des plis de la douleur et des ruines de la mélancolie. Un amant ne fait-il pas alors saillir, à la voix de ses puissants désirs, un être tout nouveau, jeune, palpitant, qui brise pour lui seul une enveloppe belle pour lui, détruite pour le monde. Ne possède-t-il pas deux femmes celle qui se présente aux autres pâle, décolorée, triste ; puis celle du cÅ“ur que personne ne voit, un ange qui comprend la vie par le sentiment, et ne paraÃt dans toute sa gloire que pour les solennités de l’amour ? Avant de quitter son poste, le général entendit de faibles accords qui partaient de cette cellule, douces voix pleines de tendresse. En revenant sous le rocher au bas duquel se tenaient ses amis, il leur dit en quelques mots, empreints de cette passion communicative quoique discrète dont les hommes respectent toujours l’expression grandiose, que jamais, en sa vie, il n’avait éprouvé de si captivantes félicités. Le lendemain soir, onze compagnons dévoués se hissèrent dans l’ombre en haut de ces rochers, ayant chacun sur eux un poignard, une provision de chocolat, et tous les instruments que comporte le métier des voleurs. Arrivés au mur d’enceinte, ils le franchirent au moyen d’échelles qu’ils avaient fabriquées, et se trouvèrent dans le cimetière du couvent. Montriveau reconnut et la longue galerie voûtée par laquelle il était venu naguère au parloir, et les fenêtres de cette salle. Sur-le-champ, son plan fut fait et adopté. S’ouvrir un passage par la fenêtre de ce parloir qui en éclairait la partie affectée aux carmélites, pénétrer dans les corridors, voir si les noms étaient inscrits sur chaque cellule, aller à celle de la sÅ“ur Thérèse, y surprendre et bâillonner la religieuse pendant son sommeil, la lier et l’enlever, toutes ces parties du programme étaient faciles pour des hommes qui, à l’audace, à l’adresse des forçats, joignaient les connaissances particulières aux gens du monde, et auxquels il était indifférent de donner un coup de poignard pour acheter le silence. La grille de la fenêtre fut sciée en deux heures Trois hommes se mirent en faction au dehors, et deux autres restèrent dans le parloir. Le reste, pieds nus, se posta de distance en distance à travers le cloÃtre où s’engagea Montriveau, caché derrière un jeune homme, le plus adroit d’entre eux, Henri de Marsay, qui, par prudence, s’était vêtu d’un costume de carmélite absolument semblable à celui du couvent. L’horloge sonna trois heures quand la fausse religieuse et Montriveau parvinrent au dortoir. Ils eurent bientôt reconnu la situation des cellules. Puis, n’entendant aucun bruit, ils lurent, à l’aide d’une lanterne sourde, les noms heureusement écrits sur chaque porte, et accompagnés de ces devises mystiques, de ces portraits de saints ou de saintes que chaque religieuse inscrit en forme d’épigraphe sur le nouveau rôle de sa vie, et où elle révèle sa dernière pensée. Arrivé à la cellule de la sÅ“ur Thérèse, Montriveau lut cette inscription Sub invocatione sanctae, matris Theresae ! La devise était Adoremus in aeternum. Tout à coup son compagnon lui mit la main sur l’épaule, et lui fit voir une vive lueur qui éclairait les dalles du corridor par la fente de la porte. En ce moment, monsieur de Ronquerolles les rejoignit. — Toutes les religieuses sont à l’église et commencent l’office des morts, dit-il. — Je reste, répondit Montriveau ; repliez-vous dans le parloir, et fermez la porte de ce corridor. Il entra vivement en se faisant précéder de la fausse religieuse, qui rabattit son voile. Ils virent alors, dans l’antichambre de la cellule, la duchesse morte, posée à terre sur la planche de son lit, et éclairée par deux cierges. Ni Montriveau ni de Marsay ne dirent une parole, ne jetèrent un cri ; mais ils se regardèrent. Puis le général fit un geste qui voulait dire — Emportons-la. — Sauvez-vous, cria Ronquerolles, la procession des religieuses se met en marche, vous allez être surpris. Avec la rapidité magique que communique aux mouvements un extrême désir, la morte fut apportée dans le parloir, passée par la fenêtre et transportée au pied des murs, au moment où l’abbesse, suivie des religieuses, arrivait pour prendre le corps de la sÅ“ur Thérèse. La sÅ“ur chargée de garder la morte avait eu l’imprudence de fouiller dans sa chambre pour en connaÃtre les secrets, et s’était si fort occupée cette recherche qu’elle n’entendit rien et sortait alors épouvantée de ne plus trouver le corps. Avant que ces femmes stupéfiées n’eussent la pensée de faire des recherches, la duchesse avait été descendue par une corde en bas des rochers et les compagnons de Montriveau avaient détruit leur ouvrage. A neuf heures du matin, nulle trace n’existait ni de l’escalier ni des ponts de cordes ; le corps de la sÅ“ur Thérèse était à bord ; le brick vint au port embarquer ses matelots, et disparut dans la journée. Montriveau resta seul dans sa cabine avec Antoinette de Navarreins, dont, pendant quelques heures, le visage resplendit complaisamment pour lui des sublimes beautés dues au calme particulier que prête la mort à nos dépouilles mortelles. — Ah ! ça, dit Ronquerolles à Montriveau quand celui-ci reparut sur le tillac, c’était une femme, maintenant ce n’est rien. Attachons un boulet à chacun de ses pieds, jetons-la dans la mer, et n’y pense plus que comme nous pensons à un livre lu pendant notre enfance. — Oui, dit Montriveau, car ce n’est plus qu’un poème. — Te voilà sage. Désormais aie des passions ; mais de l’amour, il faut savoir le bien placer, et il n’y a que le dernier amour d’une femme qui satisfasse le premier amour d’un homme. Genève, au Pré-Lévêque, 26 janvier 1834.
Sauteren parachute. En 2005, près de 30 000 personnes se sont lancées en tandem pour réaliser le rêve d'Icare et relever un défi personnel. Par Pierre Lepidi .
Le saut en chute libre est une activité qui attire beaucoup d’amateurs de sensation forte. C’est en effet, idéal pour booster son adrénaline en weekend après une longue semaine de travail, mais aussi d’explorer les reliefs d’un point de vue extraordinaire et insolite. L’activité consiste en une montée en avion, suivie d’une chute libre avant d’ouvrir son parachute à une certaine distance. Si cette activité attire énormément de personnes, elle en effraie également d’autres. Si vous désirez en connaître davantage, voici tout ce qu’il faut savoir sur ce sujet. Quel âge pour faire du saut en chute libre ? Puisqu’il s’agit d’une activité assez intense, il y a une restriction d’âge d’accès aux activités de saut en chute libre. L’âge minimum pour effectuer un saut en parachute est de 12 ans, à condition que l’enfant mesure plus de 1m40. L’enfant doit également fournir une autorisation parentale, ainsi qu’un certificat médical. L’âge limite pour pouvoir faire un saut en chute libre est fixé à 85 ans. Ceci dit, quelques démarches supplémentaires peuvent être demandées aux personnes plus âgées. En effet, les personnes de plus de 50 ans sont généralement obligées de fournir un certificat médical. Leur condition physique doit également être bonne, et doivent assurer quelques mouvements nécessaires, comme la flexion des genoux, et doivent être en mesure de soulever leur jambes et pieds sans difficulté, car cela va affecter l’atterrissage. Quelles sont les conditions pour faire un saut en chute libre ? En parallèle à l’âge limite, les activités de saut en chute libre, sont régies par quelques conditions d’accès, pour éliminer tout risque lors de l’activité. Si vous envisagez de faire un saut en chute libre, sachez que l’activité est interdite pour Les femmes enceintes ; Les femmes ayant accouché il y a 6 mois ; Les personnes souffrant de maladies chroniques épilepsie, trouble ORL, hémophiles ; Les personnes qui portent des prothèses aux hanches ; Les personnes ayant pratiqué de la plongée 48h avant ; Les personnes ayant consommé de l’alcool 12 heures avant l’activité. En parallèle à ces interdictions et restrictions, il est strictement indispensable que la personne souhaitant faire un saut en chute libre, d’être en bonne santé, et d’avoir une bonne condition physique. Cela va assurer un bon atterrissage sans blessures. Certains centres prennent d’ailleurs, la peine de refuser quelques candidats, s’ils jugent que la condition physique ou le gabarit du postulant ne sont pas adéquats à l’activité. Quels types de saut en chute libre choisir ? Si vous êtes nouveau dans le monde du parachutisme, sachez qu’il y a plusieurs types et formules de sauts, adaptés à chaque individu et niveau. Il est important de sélectionner le type de saut en fonction de ses expériences et connaissances préalables. Voici alors les types de saut en parachute que vous pourrez effectuer, selon votre aptitude et capacité. Le saut en chute libre tandem C’est le meilleur saut en parachute pour les débutants, et les premières expériences. Le parachute en tandem ne va pas vous permettre d’apprendre à faire du parachutisme seul, mais il constitue une très bonne expérience accompagnée pour un premier saut, puisque vous allez acquérir quelques notions de base avant de vous lancer. La progression accompagnée en chute Le PAC est destiné aux personnes qui souhaitent se lancer dans les sauts seuls. Vous serez bien sûr accompagné lors de la chute, mais en ayant votre propre parachute. Pendant l’ouverture du parachute soit à 1500 m, vous allez être guidé par radio pour atterrir convenablement. Vous pourrez faire un saut sans accompagnement au bout de 6 sauts seul. Le saut d’initiation Celui-ci constitue tout simplement le premier saut du saut en progression accompagné. C’est donc un saut d’initiation, durant lequel il est important de rester concentré sur la méthode. La progression traditionnelle Comme son nom l’indique, la progression traditionnelle désigne une formation longue en durée, qui dure plusieurs mois. Elle est d’ailleurs, de moins en moins utilisée à cause de cela, pourtant elle constitue une formation complète similaire au PAC. Combien de temps dure un saut de chute libre ? La durée de votre saut, va être plutôt déterminée par le type de saut que vous avez choisi. En effet, certains sauts peuvent durer plus que d’autres, car le parachute est ouvert plus tard en altitude. Ceci dit, le saut d’une chute libre dure environ 21 minutes répartie comme suit Une quinzaine de minutes pour la montée en avion ; 1 minute de chute libre ; 5 minutes de chute en parachute.
Selonla United States Parachuting Association, il y a environ 3 millions de sauts par an, et le nombre de décès n'est que de 21 (pour 2010). C'est une chance de 0,0007% de mourir d'un skydive, par rapport à une chance de 0,0167% de mourir dans un accident de voiture (d'après la conduite de 10,000 . Selon la United States Parachuting Association, il y a environ 3 millions
Photos Description Carte Disponibilité Résumé Description Expérience de saut en parachute en tandem à Lake District pendant 1h Profitez d'une poussée d'adrénaline comme jamais auparavant avec nos expériences de saut en parachute en tandem. Vous serez témoin d'une vue à couper le souffle sur le Lake District, la baie de Morecambe et le lac Windermere. Peu importe votre niveau d'expérience. Un instructeur professionnel sera à vos côtés pour vous garantir une séance sur mesure. Nous commencerons votre aventure par un bref briefing sur la sécurité. Nous ne prendrons pas beaucoup de temps pour le faire car nos séances de parachutisme en tandem sont l'expérience la plus populaire et la plus sûre pour les débutants complets. Nos instructeurs sont certifiés par la British Parachute Association, ce qui garantit que nous nous efforçons de respecter les normes de sécurité les plus élevées. Une fois que vous vous serez familiarisé avec les procédures, ce sera à vous de sauter le pas. Vous serez harnaché avec votre instructeur pour profiter d'une chute libre jusqu'à 15 000 pieds. Vous pouvez même atteindre une vitesse de 120 mph! C'est une activité passionnante et enrichissante car vous profitez de la vue d'un point de vue unique. Votre famille et vos amis sont les bienvenus! L'âge minimum pour participer est de 16 ans. Les personnes de moins de 18 ans ont besoin d'une autorisation parentale. Le poids maximum est de 15 pierres. Comme nous l'avons mentionné précédemment, vous n'avez pas besoin d'expérience pour sauter. Cependant, nous suggérons d'avoir un bon niveau de forme physique pour réserver. Veuillez vérifier le formulaire 115A de la British Skydiving Association pour vous assurer que vous êtes capable de sauter si vous souffrez d'une condition médicale. Vivez cette expérience maintenant ! Parachutisme Royaume-Uni Royaume-UniParachutisme North West EnglandParachutisme Cumbria Équipement de sécurité et formation Équipement Instructeur Expérience de saut en parachute en tandem Veuillez prévoir une heure de votre journée pour vivre votre expérience de saut en parachute en tandem. Contactez-nous pour trouver la date et l'heure qui vous conviennent le mieux. Disponibilité Informations de base Crédit de fidèlité! Combien paieriez-vous pour cette offre? Questions et réponses sur l'activité Avez-vous des questions sur cette offre? D'autres personnes ayant déjà participé à l'activité vous répondront! Carte Expérience de saut en parachute en tandem à Lake District pendant 1h Cark Airfield Moor Lane Flookburgh Offres associées 1-50 Personnes Voir plus à partir de 249€ 1-1 Personnes Voir plus à partir de 273€ 1-1 Personnes Voir plus à partir de 415€ 1-50 Personnes Voir plus à partir de 426€ 1-1 Personnes Voir plus à partir de 450€ 1-50 Personnes Voir plus à partir de 1,692€ 1-50 Personnes Voir plus à partir de 2,165€ 1-50 Personnes Voir plus à partir de 2,639€
Pourun saut en ouverture automatique (O.A.) la montée en avion dure environ cinq minutes, la chute libre 3 à 4 secondes et la descente sous voile 5 minutes environ. Retenez cependant que les préparatifs et les caprices de la météo peuvent augmenter notablement le temps nécessaire à la réalisation de votre saut.
La Bretagne ou le Sud-Ouest. La Corse ou les Alpes. Lorsqu'il s'agit de choisir le meilleur endroit pour sauter en parachute, chacun a son avis. Les conseils pour bien se préparer, en revanche, sont assez vous intéressera aussiSauter en parachute. L'idée laisse rarement indifférent. Certains ne se posent que peu de questions et pensent avant tout aux sensations fortes qui les attendent. D'autres se montrent plus inquiets. Mais qu'ils se rassurent, les baptêmes se font en saut tandem, depuis un avion - et plus rarement depuis un hélicoptère - accompagné d'un moniteur expérimenté et diplômé d'État, de préférence. Même si vous aurez eu droit, préalablement à votre saut, à un briefing présentant toutes les consignes de sécurité notamment, c'est le moniteur qui se chargera de contrôler la descente et la trajectoire, de l'ouverture du parachute et de l'atterrissage. Pour le reste, voici quelques-unes des choses à savoir avant de faire le grand conditions liées à l'âge, au poids...Sachez d'abord que les moins de 18 ans auront besoin d'une autorisation parentale avant de se lancer dans le vide. Certains centres refusent même les sauts aux jeunes de moins de 15 ans. D'autant qu'un gabarit minimum de 40 kg est généralement requis, quoi qu'il en soit. D'ailleurs, notez également que le poids maximum accepté pour un saut en tandem est habituellement de 90 à 95 kg, sauf si le moniteur qui vous accompagne est particulièrement léger....et à la forme physiquePour sauter en parachute, il faut ensuite tout de même être en plutôt bonne santé. Même s'il est inutile d'avoir la forme physique d'un athlète de haut niveau. Parmi les contre-indications les grossesses, bien sûr, des problèmes ORL liés à la décompression, des problèmes cardiaques ou des douleurs au dos. De toute façon, la plupart des centres vous demanderont un certificat de non contre-indication signé par votre médecin. C'est donc lui qui vous indiquera si vous êtes physiquement apte à sauter ou précautions à prendreConcernant les questions de santé plus ponctuelles, notez que mieux vaut éviter de se jeter dans le vide le lendemain d'une expérience de plongée sous-marine. Ou même moins de 12 heures après avoir consommé de l'alcool. En revanche, pensez à manger avant le saut, car l'expérience vous demandera des forces. Évitez toutefois les aliments gras et préférez les aliments riches en vitamines et en sucres s'habiller ?Côté vestimentaire, n'hésitez pas à porter des vêtements un peu chauds, car en altitude, la température est basse, même en plein été. Les lunettes sont autorisées, même s'il est préférable de porter des lentilles de contact. De toute façon, les unes et les autres seront couvertes par des lunettes de chute. Notez en revanche que les chaussures montantes à lacets sont interdites, car trop difficiles à enlever en vol en cas de besoin. Pour le reste, tout ce qui est matériel technique est bien sûr fourni par le centre qui organise le en parachute toute l'annéeSachez enfin que les sauts en parachute sont en théorie possible tout au long de l'année, de préférence au lever du soleil ou à son coucher. Même si certains centres choisissent de fermer de novembre à mars. Toutefois, si la météo est défavorable nuages, brouillards, pluie, etc., l'avion restera cloué au sol. Et de toute façon, pour profiter au maximum du saut, mieux vaut que le soleil par ce que vous venez de lire ? Abonnez-vous à la lettre d'information La question Santé de la semaine notre réponse à une question que vous vous posez plus ou moins secrètement. Toutes nos lettres d’information
Sauten parachute. 14 juillet 2016 14 Activité 1 : Un particulier doit faire une escale dans un port de la Manche pendant les deux prochains jours. Lire la suite. Bac Pro : Maths Maths : Première Statistiques Tableur TICE . Les énergies renouvelables dans le monde. 14 juin 2016 14 juillet 2016 Vincent Samuel. A l’occasion de la COP21, le journal Sud-Ouest a publié,
Combien de temps dure une licence de parachutisme?La licence A » n’est qu’un débutLicences et monnaie du parachutismeAlors, combien de temps dure une licence de parachutisme ? Pour être à jourEt si je n’ai pas sauté depuis des années ?Sécurité d’abordArticle connexe Pourquoi la devise, la procédure et la répétition aident à renforcer la confiance en parachutisme Article connexe Que puis-je faire avec chaque licence de parachutisme ? Combien de temps dure une licence de parachutisme? Vous avez réussi ! Vous avez conduit jusqu’à la DZ presque tous les week-ends, vous avez attendu la météo, vous avez appris à plier un parachute et vous avez sauté en solo. Vous êtes maintenant un parachutiste licencié, et la plupart des instructeurs vous diront » Vous avez gagné votre licence pour apprendre. » Gagner votre licence est un grand objectif et les rêves deviennent réalité. Mais si vous venez de commencer, que se passe-t-il ensuite ? La licence A » n’est qu’un début Une fois que vous avez obtenu votre licence, un tout nouveau monde d’opportunités s’offre à vous. Cependant, une licence de parachutisme est comme un abonnement à une salle de sport. Vous n’obtiendrez des résultats que si vous y allez ! La première étape pour maximiser votre investissement financier dans ce sport est de prendre l’engagement de continuer à vous montrer, de continuer à découvrir les nombreuses disciplines, événements et camps formidables, de continuer à être en sécurité, ainsi que de créer une communauté à vie de personnes incroyables qui partagent la passion du ciel. Licences et monnaie du parachutisme Chaque licence de parachutisme a un ensemble unique d’exigences à atteindre, et chacune offre un ensemble distinct de privilèges. Avec ces privilèges vient aussi la responsabilité de la monnaie du parachutisme. Il s’agit d’abord d’une question de sécurité, car des changements de techniques, de règles internes ou d’équipement peuvent survenir en peu de temps. La monnaie du parachutisme est également importante car les choses arrivent plus vite et le fait d’être au fait des procédures aide à faire face à toute circonstance hors du commun. Alors, combien de temps dure une licence de parachutisme ? Voici un rapide aperçu des recommandations de l’Association américaine de parachutisme que nous suivons à Skydive Carolina SKYDIVING CURRENCY CHART* LICENSE HELD NOT JUMPED IN TO GET CURRENT Student Status no license, NOT cleared for self-supervision X > 30 Days Repeat most recent level with AFF 1 Student Status no license, cleared for self-supervision 30 Days > x x ≥ 180 Days Refresher training and Jump with Coach or AFF *This Skydiving Currency Chart is a guideline. Skydive Carolina se réserve le droit d’agir dans le cadre de son pouvoir discrétionnaire concernant les moyens de sécurité pour effectuer un saut de devise. Pour être à jour Lorsque vous serez prêt à être à nouveau à jour, vous devrez apporter votre carnet de vol pour vérifier votre expérience, la date et le lieu de votre dernier saut. Si votre dernier saut n’a pas eu lieu à Skydive Carolina, nous vérifierons auprès de la zone de saut de votre plus récent saut. Préparez-vous également à renouveler si ce n’est pas déjà fait votre adhésion à l’USPA, car c’est une condition indispensable pour sauter à Skydive Carolina ! Et si je n’ai pas sauté depuis des années ? Si vous êtes un sauteur qui n’a pas sauté depuis 5 ou 10+ ans, vous êtes toujours considéré comme un parachutiste licencié – même si vous avez un permis A, B, C ou D. Cependant, vous devrez appeler notre bureau pour planifier du temps avec un instructeur, car nous considérons les longs licenciements au cas par cas pour revenir dans nos exigences en matière de devises de parachutisme. On pourrait dire qu’une licence de parachutisme dure dans les limites de nos exigences de devise recommandées avant que vous ne deviez prendre les mesures suivantes pour retourner dans le ciel. Même si la table recommande quelques mois entre les sauts, plus vous sautez, plus vous apprenez, découvrez et commencez à vaincre la peur. Une longue mise à pied donne presque l’impression de repartir à zéro et peut être accablante. C’est pourquoi l’intention de la devise du parachutisme est de vous garder en sécurité et au sommet de votre jeu. Sécurité d’abord Au Skydive Carolina, votre sécurité et votre longévité dans le sport sont notre priorité. Si vous vous sentez un peu brûlé, nous vous recommandons de lire notre article Comment vaincre le burnout qui décrit la fixation d’objectifs pour inspirer les prochaines étapes dans le sport. Vous avez besoin de vous mettre à jour ? Appelez-nous et nous serons prêts à vous accueillir de nouveau dans les cieux ! Article connexe Pourquoi la devise, la procédure et la répétition aident à renforcer la confiance en parachutisme Article connexe Que puis-je faire avec chaque licence de parachutisme ?
Toutevotre expérience de saut en parachute sera enregistrée par les caméras à double mon-ture de nos instructeurs hautement qualifiés. Nous commencerons à filmer et à capturer des images fixes de votre saut en tandem à partir du moment où vous êtes dans un harnais, alors que l’avion monte au-delà de la montagne et des nuages à pleine altitude, la porte s’ouvrant à 10 000 ou
Le serment d’amour saison 1 episode 11 Le serment d’amour Yemin La famille Tarhun est une famille riche et bien connue à Istanbul. Le chef de famille, Hikmet Tarhun Berkant Muftuler, est diagnostiqué avec une maladie en phase terminale et commence donc à s’inquiéter pour l’avenir de sa famille. Sa femme Cavidan […] Accueil Dernières Sorties Turque Le serment d’amour saison 1 episode 10 Le serment d’amour Yemin La famille Tarhun est une famille riche et bien connue à Istanbul. Le chef de famille, Hikmet Tarhun Berkant Muftuler, est diagnostiqué avec une maladie en phase terminale et commence donc à s’inquiéter pour l’avenir de sa famille. Sa femme Cavidan […] Accueil Dernières Sorties Turque Le serment d’amour saison 1 episode 9 Le serment d’amour Yemin La famille Tarhun est une famille riche et bien connue à Istanbul. Le chef de famille, Hikmet Tarhun Berkant Muftuler, est diagnostiqué avec une maladie en phase terminale et commence donc à s’inquiéter pour l’avenir de sa famille. Sa femme Cavidan […] Accueil Dernières Sorties Turque
FelixBaumgartner va tenter un saut en parachute à 36,5 km d'altitude. Il va également essayer de franchir le mur du son lors de sa descente.C'est en direct aujourd'hui à 14h30 (heure française) sur YouTube . Il y a un compte à rebours sur la vidéo. Suivez en direct le saut en parachute depuis l'espace (Red Bull Stratos) - Vidéo
Combien de temps dure tout le processus de parachutisme ? Eh bien Pour la plupart des gens, c’est une aventure d’une demi-journée. Voici cependant un spoiler Pour beaucoup de gens qui sautent avec nous, cette chute libre pour la première fois ne se termine jamais vraiment! Il se renouvelle tous les week-ends et se transforme rapidement en parachutisme en solo. Si vous prévoyez de planifier votre premier saut en parachute en tandem, vous voudrez probablement savoir à quoi vous attendre dans le temps, nous avons donc rassemblé ce guide pratique concernant la durée d’un saut en parachute. Le temps nécessaire pour enregistrer et trier vos documentsLe temps qu’il faut pour vous entraîner à votre parachutismeLe temps qu’il faut pour attendre votre sautLe temps nécessaire à l’équipementLe temps qu’il faut pour arriver à l’altitudeLe temps que vous passerez en chute libre sous le parachuteLe temps que vous passerez dans l’afterglow Le temps nécessaire pour enregistrer et trier vos documents Lorsque vous arrivez sur la dropzone, votre premier arrêt sera le comptoir avant. C’est là que vous remplirez vos documents et serez enregistré pour votre saut. Ce sera fini, mais assurez-vous de prendre le temps de lire attentivement votre renonciation. Le temps qu’il faut pour vous entraîner à votre parachutisme Chez WNY Skydiving, nous sommes fiers de la haute qualité de l’instruction que nous présentons à chaque nouveau parachutiste qui franchit nos portes. Lorsque vous faites du parachutisme avec nous, vous pouvez vous attendre à participer à une école au sol complète qui couvre l’équipement que nous utiliserons, l’avion, les procédures du parachutisme et un peu de ce qu’il faut anticiper dans le cas hautement improbable où nous devons passer au Plan B. Le temps qu’il faut pour attendre votre saut Parce que le parachutisme compte sur tant de variables, il y a souvent une période d’attente entre votre temps de classe et votre équipement . C’est un peu inévitable, mais cela ne signifie pas que cela ne peut pas être amusant! Faites-vous plaisir et apportez des choses pour vous divertir jeux de pelouse, collations, boissons gazeuses, matériel de lecture, une paire de jumelles pour vérifier l’action aérienne overhead la liste est longue. Dans le pire des cas, vous ne finirez pas par les toucher; dans le meilleur des cas, vous passerez un bon moment et rencontrerez beaucoup de nouveaux amis! Le temps nécessaire à l’équipement Il faudra quelques minutes à votre instructeur pour vous adapter soigneusement à votre harnais de parachutisme en tandem. L’objectif sera de vous assurer que vous êtes à l’aise, en sécurité et à la maison avec le fonctionnement de votre équipement. Le temps qu’il faut pour arriver à l’altitude Une fois que vous êtes tous équipés de votre harnais en tandem et que vous vous dirigez vers l’avion, vous serez dans le compte à rebours final. Voler en altitude prend environ une demi-heure dans l’un de nos magnifiques avions Cessna 182 à gros corps. Veuillez noter qu’il y a un bonus supplémentaire inhérent à cela vous obtiendrez une visite panoramique aérienne gratuite de notre magnifique coin de l’État de New York! Nous en sommes assez fiers, et nous sommes sûrs que vous allez être impressionné. Le temps que vous passerez en chute libre sous le parachute Maintenant, nous sommes sur le point de découvrir les bonnes choses how Combien de temps le parachutisme dure ! Par là, nous entendons le saut réel. Le fait est que le temps que vous passerez en chute libre peut changer, en fonction de l’altitude, du poids et du type de saut que vous faites. Les paires de parachutistes en tandem quittent généralement l’avion à une altitude de 10 000 pieds, puis déploient le parachute à 5 000 pieds. Nous calculons le temps de chute libre à 10 secondes pour les 1 000 premiers pieds, puis à 5 secondes pour chaque 1 000 pieds par la suite environ 45 secondes, puis, donner ou prendre. Une fois le parachute ouvert, il faudra environ 2 à 3 minutes pour effectuer la descente. Le temps que vous passerez dans l’afterglow Une fois votre atterrissage triomphal effectué, il vous faudra quelques minutes pour descendre et partir, mais vous serez tellement surpris et émerveillé que vous ne le remarquerez pas! C’est le moment de faire des câlins et de défoncer cinq hordes de parfaits inconnus pendant que vous planifiez votre prochaine visite à 10 000 pieds. Nous vous attendons pour vous accueillir à nouveau !
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Un saut en parachute typique dure cinq à six minutes, dont environ 50 secondes en chute libre et quatre à cinq minutes lors de la descente en parachute. La durée d’un saut en parachute dépend de divers facteurs, notamment l’altitude, le poids et l’équipement utilisé. Cela ne semble pas long, n’est-ce pas ? Mais croyez-nous – ce seront les 50 secondes les plus longues de votre vie ! C’est parce que vous ferez l’expérience de tant de nouvelles stimulations sensorielles, ce qui signifie que vous serez plus alerte – et que le temps vous semblera plus lent – que jamais auparavant. Nous allons explorer ici certains des facteurs qui influent sur la durée de votre saut en parachute. Combien de temps dure la chute libre ? La chute libre est la période du saut en parachute où vous tombez littéralement vers la terre. Après être sorti de l’avion, vous allez accélérer jusqu’à votre » vitesse terminale » et continuer à tomber à cette vitesse jusqu’au moment de déployer votre parachute. Le temps que vous passerez en chute libre est généralement d’environ 50 secondes. Mais cela peut changer, selon l’altitude, le poids et le type de saut. Par exemple, les parachutistes en tandem quittent généralement l’avion à une altitude de 13 500 pieds, puis déploient leur parachute à 5 000 pieds. Nous calculons le temps de chute libre à 10 secondes pour les premiers 1 000 pieds, puis à 5 secondes pour chaque 1 000 pieds suivants. Cela signifie que vous passeriez 50 secondes en chute libre. Pour les parachutistes qui sautent en solo et, par exemple, en position debout, le taux de descente est plus rapide, ce qui signifie moins de temps en chute libre. Les sauteurs expérimentés qui sortent à 13 500 pieds et tombent dans cette position plus rapide pourront compter sur 35 à 40 secondes de temps de chute libre. À quelle vitesse peut-on tomber en chute libre ? La vitesse de chute libre dépend de divers facteurs également, notamment du poids et de la position du corps. Une position stable du corps ventre sur terre entraîne généralement une » vitesse terminale » c’est-à-dire la vitesse la plus rapide que vous atteindrez pendant la chute libre de 120 mph ou 200 km/h. Une position stable tête en bas tomber à l’envers avec la tête vers le sol et les jambes en l’air permet d’obtenir environ 150-180mph 240-290kph. Typiquement, la vitesse terminale d’un saut en tandem se situe quelque part autour de 125mph – un peu plus rapide qu’un parachutiste solo, en raison du fait qu’un tandem est constitué de deux personnes ensemble, mais plus lente que le saut tête en bas. Les parachutistes en tandem utilisent quelque chose appelé drogue » pour un soutien supplémentaire, et cela ralentit légèrement le taux de descente. Le parachutiste le plus rapide de tous les temps est le Suédois Henrik Raimer, qui a atteint 373,6 mph 601,26 km/h lors d’une compétition de parachutisme de vitesse à Chicago en 2016. Combien de temps faut-il pour redescendre sous son parachute ? Le temps nécessaire pour redescendre sur terre sous le parachute dépend de la hauteur de déploiement, de la taille et du poids du parachute. Les parachutistes en tandem déploient généralement leur parachute à 5 000 pieds. Comme il y a deux personnes qui partagent un parachute, les parachutes tandem sont beaucoup plus grands que ceux utilisés par les parachutistes solos – généralement, plus de 300 pieds carrés, contre la moitié pour les sauteurs solos. Il en résulte un temps sous parachute de quatre à cinq minutes. Les parachutistes peuvent augmenter la vitesse de descente de leur parachute en le faisant tourner. Lorsque vous tournez votre parachute, il pointe vers le sol et se déplace donc vers le bas plus rapidement que lorsqu’il va droit devant. La pratique du swooping » en parachutisme consiste à augmenter le taux de descente du parachute, créant ainsi des vitesses plus rapides sur le sol. Un parachutiste solo expérimenté passera généralement deux à trois minutes sous son parachute. Combien de temps dois-je m’attendre à rester au centre de parachutisme ? Bien que le saut en parachute proprement dit dure environ cinq minutes, l’expérience globale est beaucoup plus longue. Une grande partie de l’expérience de parachutisme est, bien sûr, le trajet en avion jusqu’à l’altitude. Notre avion Pac750 XL mettra environ 10 à 12 minutes pour atteindre notre altitude de sortie de 13 500 pieds. Différents avions prendront plus ou moins de temps. En tant que parachutiste tandem, vous serez invité à venir au centre de parachutisme le matin. À votre arrivée, vous serez inscrit par un membre de notre équipe sympathique et un instructeur de parachutisme en tandem vous préparera à votre saut avec un briefing qui dure environ 20 minutes. Selon l’heure à laquelle vous arrivez, il se peut que l’on vous demande de faire la queue pendant que d’autres parachutistes tandem effectuent leur saut. Dans certains cas, des conditions météorologiques défavorables peuvent signifier que les opérations sont mises en attente jusqu’à ce qu’il soit à nouveau possible de sauter en toute sécurité. Tout cela signifie que vous pouvez vous attendre à être au centre de parachutisme pour votre saut en parachute pendant quelques heures. Pendant ce temps, vous pourrez vous détendre dans nos installations et observer les autres parachutistes depuis notre zone de spectateurs lorsqu’ils arrivent pour atterrir. Lorsque vous considérez qu’il s’agit d’une expérience dont vous vous souviendrez pour le reste de votre vie, c’est un temps très court à passer à le faire. Beaucoup de nos clients choisissent d’ajouter un forfait vidéo à leur saut pour pouvoir revivre l’expérience encore et encore. Êtes-vous prêt à sauter en parachute ? Réservez en ligne dès aujourd’hui, ou contactez-nous et nous serons heureux de répondre à toutes vos questions. La plupart des clients choisissent d’ajouter un forfait vidéo à leur saut afin de pouvoir revivre l’expérience encore et encore.
7sauts élèves supplémentaires (places avion, locations de parachutes, pliages compris) dont 1 saut coaché par un moniteur, les briefing et débriefing sous voile, le cours de pliage ainsi qu'un suivi jusqu'à l'autonomie. Tout ceci dans l'objectif de valider le brevet A qui est reconnu dans le monde entier et vous permet d'être autonome en chute, sous voile et au pliage.
Sortie nature - Attrape-moi si tu peux ! Randonnée et balade, Balades, Visites et circuits, Animaux, Nature - Environnement, Plante - FleurATHIS-VAL DE ROUVRE 61100Le 24/08/2022Inclassables petites bêtes, abeilles solitaires, syrphes, cétoines, mouches… inspectent chacune de leurs plantes préférées afin d’y récolter pollen et nectar, et de participer ainsi à leur reproduction. et apprenez à manier le filet à papillons pour les observer de plus près ... Dès 6 ans Sur réservation Chaussures de marcheTro Breizh Foot Competition sportivePlougonvelin 29217Le 23/08/2022Après-midi gratuit de beach soccer, tournois, animations. Ouvert aux jeunes de 6 à 17 ans, de tout horizon licenciées FFF, touristes, population locale, jeunes de centres de vacances, etc…. Inscription sur place, individuelle ou en très jeune public Les contes du jardin Manifestation culturelleBouxwiller 67330Le 24/08/2022Spectacle très jeune public Les contes du jardin Avec la conteuse Christine Fischbach Séance pour les 18 mois – 3 ans à 10h Séance pour les 3-6 ans à 10h45 Je vous ai apporté un bout de mon jardin, Je vais vous le montrer, si vous le voulez bien…… Dans ce jardin, il se passe de drôles de choses ! Des animaux se cachent dans mon jardin Chacun a un secret, Que je vais vous dévoiler ! » À travers des contes, ritournelles et comptines composés et adaptés pour les tout-petits, la conteuse Christine Fischbach emmène les enfants dans son monde vert, peuplé de petits habitants. Ce sera également l’occasion de découvrir les beaux jardins disparus des princes de Bouxwiller. Animation gratuite Durée 25 minutes pour la première séance ; 40 minutes pour la deuxième Places limitées. Réservations obligatoires au 03 88 00 38 39 ou contact Site internet Lieu de rendez-vous Musée[...]Marché montagnard Manifestation culturelleLe Bonhomme 68650Du 22/08/2022 au 29/08/2022Un séjour dans la vallée passe aussi par la découverte des produits du terroir. Profitez du marché montagnard organisé au village Le Bonhomme pour découvrir et rencontrer nos producteurs locaux. Et pourquoi ne pas prolonger la soirée en vous installant autour d'un grill ? Dans une ambiance conviviale, profitez des saveurs de la montagne et dégustez les produits directement sur place. Légumes, charcuterie, viande, truites, fromages, yaourt, gâteaux, confitures, boissons...seront à votre disposition. Faites vous plaisir et régalez vos papilles !Le réveil des chevreuils Visites et circuitsErstein 67150Du 21/08/2022 au 02/10/2022Le chevreuil est un cervidé très répandu dans la plaine d'Alsace. Aux premières heures de la journée, lorsque le soleil se lève sur les prés et les bosquets, nous pourrons observer en toute discrétion cet animal farouche, et apprendre à mieux le connaître. La sortie se prolongera autour d'une boisson prise sur place. ! Sortie limitée à 8 personnesLes lundis gourmands de Qu'es Aquò, à Bagat-en-Quercy Atelier, Plante - FleurSaint-Daunès 46800Du 11/07/2022 au 22/08/2022A 15mins de Montcuq, la ferme Qu'es Aquò, et la ferme de Bonarme vous proposent - la découverte de nos productions bio au jardin pédagogique, - le buffet fermier, bio, végétal et local, de l'apéro au dessert apéritif, planche apéro-végétale, sablés, tartes et salades gourmandes de lentilles et pois chiches, pruneaux au vin, compotes, sorbets aux fruits... 1h30 de visite tout public à la découverte de nos cultures bio et de nos modes de transformation. Visite accessible aux personnes à mobilité réduite nous contacter. Vous pourrez faire le plein de produits que vous aurez dégustés dans notre boutique à la ferme. Selon la météo, pensez à un chapeau, et une bouteille d'eau, pour le temps de la Place aux villages de Lot-et-Garonne Manifestation culturelle, ExpositionSos 47170Du 08/08/2022 au 21/08/2022Partenariat entre la commune et le Place aux villages de Lot-et-Garonne Exposition, Vie localeSos 47170Du 08/08/2022 au 21/08/2022Partenariat entre la commune et le CATHÉDRALE SENS DESSUS DESSOUS Manifestation culturelleLe Mans 72000Le 21/08/2022Un simple miroir à hauteur de nez et tout votre univers visuel est bousculé. Des perspectives nouvelles, des profondeurs inattendues bouleversent votre équilibre. Es détails ignorés, des couleurs oubliées se révèlent. Laissez-vous guider dans une autre réalité. Votre guide sera Laurena Sundgau insolite Visites et circuitsFerrette 68480Le 26/08/2022Visite guidée effectuée par un moniteur du verger à Bendorf avec 138 arbres de différentes espèces. Présentation de différentes variétés de fruits, dégustation de fruits mûrs à la période de la visite. Visite du parc à autruches et autruchons à Sondersdorf. Dégustation de jus de pommes de la ferme du Hornihof, élevage de lamas 300 et de chiens de garde d’Asie centrale. A noter la ferme du Hornihof à Kiffis, dernière étape de la visite, est située sur les hauteurs du village et uniquement accessible via un chemin forestier. Evitez cette visite si votre voiture est trop basse ou peu performante. Visite guidée - Tout près d'Anduze, le château de Tornac Patrimoine - CultureTornac 30140Du 12/07/2022 au 23/08/2022Suivez le guide !Découvrir un lieu, un village, des histoires et des anecdotes en compagnie d'une passionnée, c'est quand même plus sympa !Situé à un emplacement stratégique à l’entrée d’Anduze, ce château offre une vue exceptionnelle sur Anduze et le vignoble de Tornac. Grâce à la visite, le lieu s’anime de son passé au gré des histoires savoureuses.* Infos pratiques - Rendez-vous les mardis 12, 19 et 26 Juillet, ainsi que les mardis 02, 09, 16 et 23 Août 2022- Où? Devant la tour du château- Quand? Départ de la visite à 21h00- Durée 1h30- Tarifs 5€ adulte dès 12 ans et gratuit - de 12 ans- Réservation obligatoire dans les bureaux et points d'information touristique "Cévennes Tourisme"- Possibilité de réservation en ligne au Nombre de places limité à 30 personnesRandonnée bien accompagnée Visites et circuitsBouxwiller Haut Rhin 68480Du 24/08/2022 au 31/08/2022Randonner avec un âne, ça vous dit ? Partez à la découverte des trésors cachés de la forêt de Bouxwiller en compagnie des ânes de la ferme pédagogique ! A noter la balade ne se fait pas à dos d’âne mais aux côtés de l’âne dépanneur pour les petites jambes fatiguées, il faut donc être bon marcheur. Possible UNIQUEMENT SUR RÉSERVATION via" helloasso" billetterie ouverte mi-juin présence d'un adulte au moins obligatoire Les chiens bien éduqués et en laisse sont tolérés Chaussures de marche fortement conseillées, ainsi qu'une tenue adaptée à la météo Musique ensemble Manifestation culturelleHusseren Wesserling 68470Le 21/08/2022Un orchestre éphémère de qualité vous propose un concert, soit devant le musée textile soit en cas de pluie au Pavillon des créateurs. Des musiciens de tous les horizons et de tout âge participent cet été à un stage "musique ensemble" au centre Le Mittel à Mittelwhir. La confédération musicale de Haute Alsace organise ces rendez-vous en collaboration avec Philippe Wendling, membre fondateur du Miraphone tuba quartet, membre de la Musique des gardiens de la paix de Paris et directeur de différents orchestres en France et à l'étranger. Céline Pellmont, diplômée de la Musikhochschules de Bâle à la direction d'orchestre interviendra durant le stage dans le but de renforcer le lien inter-régional et de fédérer les musiciens issus de différentes associations autour d'un projet En'CarspachCarspach 68130Le 28/08/2022De nombreux exposants, artisans, producteurs et artistes locaux vous attendent. Chaudronnier, rémouleur, peintres, sculpteur sur bois, photographe, verrier, céramiste, couturière patchwork, apiculteur, brasseur local, vigneron indépendant entre autres, vous proposeront leurs produits et leurs créations. La journée sera animée par les chanteurs de Music Art’System d’Altkirch, la compagnie de théâtre Canaille et La Princesse Barouline accompagnée de son orgue de Barbarie. Des jeux pour enfants sont prévus pour divertir au maximum les plus petits course en sac, promenades à poney pour les plus petits avec les Écuries du Sundgau, tir à la corde, jeu de dames géant, parcours du guerrier, Chamboul'tout, échasses écolos... Seront également présents le PETR du Sundgau, la Maison de la Nature, Les Brigades Vertes, la MJC et la Médiathèque Vous pourrez déguster tartes flambées et burgers, ainsi que des pâtisseries maisons et d’authentiques crêpes bretonnes servies[...]Stage clown Atelier, Manifestation culturelle, Manifestation culturelle, Manifestation culturelleTOUROUVRE AU PERCHE 61190Du 27/08/2022 au 28/08/2022Sidoine Leroy, comédien – clown, propose deux jours pour jouer et voir naître son/sa Par des exercices de respiration et un travail en mouvement, les stagiaires sont au relâchement du corps. Ensuite, un travail de sensation corporelle et d'improvisation théâtrale amène sur la voie de l'imaginaire. De là, trouvera son autonomie pour créer ses propres jeux. TARIF 100 euros + adhésion annuelle 10 eurosStage clown Cirque - MarionnetteTourouvre au Perche 61190Du 27/08/2022 au 28/08/2022Sidoine Leroy, comédien – clown, propose deux jours pour jouer et voir naître son/sa Par des exercices de respiration et un travail en mouvement, les stagiaires sont au relâchement du corps. Ensuite, un travail de sensation corporelle et d'improvisation théâtrale amène sur la voie de l'imaginaire. De là, trouvera son autonomie pour créer ses propres – LES MARCHANDES D'AIL SpectacleSaint-Georges-sur-Loire 49170Le 26/08/2022À 8 ans, Anne rêvait de devenir femme au foyer. Aujourd'hui, elle est comédienne et lesbienne, et elle cherche à comprendre comment elle s'est déconstruite. À travers une galerie de personnages explosifs, Anne se fraie un passage dans ses souvenirs et nous offre un grand plongeon dans son quotidien. De son baptême à son amour pour Mulan et Xena la guerrière, en passant par ses questionnements, ses coming-outs et sa première histoire d'amour, on suit en accéléré et en images le chemin qu'elle a parcouru pour réussir à s'accepter. Les Marchandes d'Ail s'adresse à vous, mais pas trop aux enfants parfois on parle de sexe. Un spectacle du Collectif aux Petits Oignons Jeu et écriture Anne Moisset Mise en scène Juliette Morin et Manon Robert Regard extérieur Marie-Magdeleine Sommier Conseillé à partir de 13 ans // Durée 55 minutes Ouverture du bar associatif 18h Restauration possible sur place après le spectacle. Prix MÉDIÉVAL "NOUVEAUX CHEMINS DE COMPOSTELLE" Concert, MusiqueLuçon 85400Le 24/08/2022Musiques et Chants des Pèlerins pour St Jacques de Compostelle au XIIème siècle Aymeri Picaud, moine poitevin du XIIème siècle, rédige un opuscule appelé Livre du Pèlerin », véritable guide touristique à l’intention des hommes et des femmes désireux d’effectuer le chemin vers Compostelle, et s’amender auprès du saint apôtre. Cet ouvrage nous mène d’étape en étape, mettant le lecteur en garde contre brigands et rançonneurs citant les rivières dont l’eau est saine, décrivant le caractère des habitants, indiquant les reliques des saints qu’il faut vénérer… Chaque lieu traversé résonnera des sonorités jacquaires appropriées. Musiques essentiellement tirées du Codex Calixtinus », tantôt festives, contemplatives ou dévotionnelles, elles contribueront à la convergence spirituelle vers Saint-Jacques, incontournable voyage à entreprendre pour tout homme du XIIème siècle. E ultreia, e sus eia !Visite guidée Alès, une ville surprenante Patrimoine - CultureAlès 30100Du 11/07/2022 au 22/08/2022Partir à la découverte de la ville d'Alès à travers des histoires, des anecdotes en compagnie d'une passionnée, c'est quand même plus sympa ! Suivez le guide !Vous serez étonnés de découvrir le riche patrimoine dont Alès dispose... Mais certains lieux ne s'ouvrent à la visite qu'avec un guide, alors venez avec nous ! Commentaires, anecdotes et illustrations dans les rues cachées de la ville, vous dévoilent l'histoire du protestantisme, du charbon et de la soie en Cévennes.* Infos pratiques - Rendez-vous les lundis 11, 18 et 25 Juillet ; et les lundis 01, 08, 15 et 22 Août 2022- Où? Rendez-vous à l'Office de Tourisme d'Alès- Quand? Début de la visite à 10h00- Durée de la visite 1h30- Tarifs 5€ à partir de 12 ans, gratuit pour les moins de 12 ans- Réservation obligatoire dans les bureaux et points d'information touristique "Cévennes Tourisme"- Possibilité de réservation en ligne au Attention places limitées à 30 personnesFéeries nocturnes au jardin Manifestation culturelleHusseren Wesserling 68470Du 18/08/2022 au 27/08/2022Quand la féerie des nuits d’été s’invite à Wesserling, les jardins s’illuminent et les sens s’éveillent dans un parc où tout devient magie. Vous découvrirez les Jardins du Parc de Wesserling comme vous ne les avez jamais vu ambiance magique et colorée, sons et lumières d’ambiance. D’aventures en rencontres, vous partirez résoudre de nombreuses énigmes pour obtenir le code mystère et ainsi repartir avec une surprise ! Vous pourrez également profiter de ces soirées pour découvrir et passer un agréable moment dans les Jardins du Parc de Wesserling... Au programme • jeu de piste• parcours d’obstacles• visite guidée animée de nuit• spectacle de feu• jardins illuminésDécouvrir Mimizan, Pontenx-Les-forges ou Mézos autrement en "Tchanquaroue Nomad-e" Nature - EnvironnementMimizan 40200Le 22/08/2022Prendre le temps d'une activité familiale et entre amis accompagnée par le concepteur de cette trottinette électrique XL facile, stable et passe partout. Balade découverte non-sportive de 10 kms. Tarif 1 h 25 € 1h30 30 euros Lieu de rendez vous donné lors de l'inscription A partir de 12 ans. Réservation au 06 23 56 16 88Nuit du phare Saint-Mathieu Danse - Bal - Cabaret, Nature - EnvironnementPlougonvelin 29217Le 23/08/2022Venez vivre une expérience inoubliable et magique ! Après avoir gravi les 163 marches du phare, profitez d’une visite de nuit et assistez au ballet lumineux des phares et balises de la Mer d’Iroise à l'occasion des désormais mythiques nuits du phare Saint-Mathieu ». Sur réservation par ouverte amplifiée Spectacle, MusiqueValence 26000Le 26/08/ ou venez vous exprimer sur scène et faire vibrer le Cause ! Inscription pour monter sur scène com-musique en sorcellerie jeu de rôle nocturne Histoire - Civilisation, Manifestation culturelleTartas 40400Le 28/08/2022Vous franchissez le portail du temps et vous voilà en 1609. La nuit tombe. Vous êtes à une mystérieuse assemblée nocturne. Un sabbat ? Pas le temps de le savoir. Vous voilà de sorcellerie. Survivrez-vous à la Question et aux terribles épreuves infligées par le féroce juge Gaillard de Morlaès ? Pour le découvrir venez participer à ce jeu de rôle, proposé en nocturne pour plus de sensations !Procès en sorcellerie jeu de rôle nocturne Lecture - Conte - PoésieTartas 40400Le 28/08/2022Vous franchissez le portail du temps et vous voilà en 1609. La nuit tombe. Vous êtes à une mystérieuse assemblée nocturne. Un sabbat ? Pas le temps de le savoir. Vous voilà de sorcellerie. Survivrez-vous à la Question et aux terribles épreuves infligées par le féroce juge Gaillard de Morlaès ? Pour le découvrir venez participer à ce jeu de rôle, proposé en nocturne pour plus de sensations !Color funHirsingue 68560Le 26/08/2022Traditionnelle fête de fin d'été dédiée aux jeunes de 10 à 18 ans ayant participé aux animations de l'été. Une après-midi haute en couleurs pour clore la saison estivale, avec des animations sportives et ludiques, suivi d'un lâcher de poudres colorées. Ateliers Lego avec Fanabriques Visites et circuitsLichtenberg 67340Le 21/08/2022L’association Fanabriques de Rosheim et l’équipe du château de Lichtenberg vous proposent le dimanche 21 août plusieurs ateliers autour des célèbres briques Lego Plusieurs espaces de jeux vous sont proposés pour laisser libre cours à votre imagination ! Petites et grands pourront imaginer, créer et s’amuser ensemble à l’infini avec les différents vracs thématiques mis à disposition le classique, le monochrome et les Duplo pour les plus petits. Guidés par les talentueux bénévoles de l’association Fanabriques, vous saurez créer des formes auxquelles vous n’auriez jamais pensé ! Un mur géant de briques sera également installé afin de permettre au public d’écrire, de dessiner à l’aide de briques fixées sur de petites plaques, faites preuve d’imagination ! Alors à vos briques, prêts ? Partez Horaires de 10h à 18h plusieurs créneaux sur la journée, réservation obligatoire. Tarifs [...]Food trucks, artisans et producteurs à Cadillac Fête, Repas - Dégustation, Manifestation culturelle, MarchéCadillac 33410Le 22/08/2022Lundi 22 août de 11h30 à 21h, rendez-vous sur le Port de Cadillac-sur-Garonne pour une escale gourmande avec nos food-truck & stands de dégustation - Les Gourm'ettes burgers & frites maison - Toto lé la spécialités réunionnaises - Chez Sancho - Glaces à la plancha & Bubbles Gaufres - L'E-Choppe à Bières Ambulante Beer TruckDon de sang Don du sangPlouescat 29430Le 26/08/2022Tout au long de l'année, pensez au don du sang, les besoins des patients sont quotidiens! Actuellement les réserves sont en dessous du seuil de sécurité. Réservez votre RDV sur Pour donner votre sang il faut Se sentir en bonne santé Être âgée de 18 à 70 ans Peser au moins 50 kg Être munie d'une pièce d'identité Merci pour votre générosité !Film - Ducobu président Manifestation culturelleOrbey 68370Le 23/08/2022Synopsis Une nouvelle année scolaire démarre pour Ducobu ! A l’école Saint Potache, une élection exceptionnelle va avoir lieu pour élire le président des élèves. C’est le début d’une campagne électorale un peu folle dans laquelle vont se lancer les deux adversaires principaux Ducobu et LéonieUn été sportif à Granville. Manifestation sportiveGranville 50400Le 23/08/2022Vivez un été sportif à Granville. Rendez-vous les mardis et jeudi du 12 juillet au 30 août au Plat gousset pour un réveil musculaire de 9h30 à 10h30 limité à 50 personnes et ouvert en priorité aux 60 ans et +. Rendez-vous les mercredis et vendredis du 13 au 29 juillet à la station fitness du Val-ès-Fleurs de 10h à 11h limité à 20 personnes et ouvert à tous à partir de 18 ans.Visite gourmande au Musée Manoli Repas - Dégustation, Visite guidée, Patrimoine - CultureLa Richardais 35780Du 25/08/2022 au 21/08/2022Picorez la collection du Musée ! entre amis ou en famille, profitez d'un instant de découverte suivi d'une dégustation de produits régionaux. Visite commentée 45min + dégustation de produits locaux Sur réservation. Tarif 6€ par participant. Les dimanches de 16h à 17h – Musée ManoliVisite guidée de l’exposition Inspiration Alsace » Visites et circuitsBouxwiller 67330Le 04/09/2022Visite guidée de l’exposition Inspiration Alsace » Découvrez le travail inspiré et inspirant de la couturière et costumière Rita Tataï, mis en regard avec des pièces anciennes. En créant la marque Geht’s In, cette créatrice de mode s’est inspirée de pièces du costume traditionnel alsacien pour remettre au goût du jour des motifs, des tissus, une allure…En compagnie de Laure Lickel, chargée de médiation, dépoussiérez votre vision du costume alsacien ! Durée 1hTarif GratuitPlaces limitées. Réservations au 03 88 00 38 39 ou contact Musée du Pays de Hanau, 3 place du Château, 67330 Bouxwiller Exposition visible jusqu’au 23 octobre Le portrait à l’aquarelle Manifestation culturelle, Nature - Environnement, Patrimoine - CultureÉcromagny - 70 Du 22/08/2022 au 25/08/2022Comme pour le stage Dessiner un Portrait, que vous soyez débutante ou l’objectif de ce stage est de vous permettre d’aller plus loin dans votre pratique, regarder, comprendre, ressentir et exprimer mais cette fois, en couleur, avec la technique de la peinture à l’aquarelle. Nous[...]Visite guidée de Pont de Barret Vie locale, Visite guidéePont-de-Barret 26160Du 04/08/2022 au 25/08/2022Dès Gaulois celtes aux , cette visite retrace l’histoire de Pont-de-Barret. Un village perché unifié par un grand témoin de son histoire Le vieux des Doris Danse - Bal - CabaretPlouër-sur-Rance 22490Du 27/08/2022 au 28/08/2022De cale en cale, promenade en doris par équipages. Animations sur les cales. - Samedi 27 août Rassemblement à partir de 8h - Départ à 9h précises Départ 9h La Richardais / Arrivée 9h15 Saint-Malo La Passagère Départ 9h45 Saint-Malo / Arrivée 10h Pleurtuit Montmarin Départ 10h30 Pleurtuit / Arrivée 11h Saint-Jouan des Guérets Le Vallion Départ 11h30 Saint-Jouan des Guérets / Arrivée 12h30 La Ville-ès-Nonais Vigneux Escale déjeuner à La Ville-ès-Nonais Départ Arrivée Départ 14h45 La Ville-ès-Nonais / Arrivée 15h30 Langrolay-sur-Rance Le Roué Départ 16h Langrolay-sur-Rance / Arrivée 16h45 Saint-Suliac Le port Départ 17h15 Saint-Suliac / Arrivée 18h Le Minihic-sur-Rance Garel Soirée festive au Minihic-sur-Rance Le Rivage près du camping À partir de 20h - Payant - Nombre de places limité - Sur réservation Repas, chants et danses se dérouleront tout au long de la soirée, qui sera animée par le groupe Carte Blanche. Les repas seront servis entre 20h et 22h - Dimanche 28 août Rassemblement à partir de 8h30 - Départ à 9h30 précises Départ 9h30 Le Minihic-sur-Rance / Arrivée 11h Pleudihen-sur-Rance La Ville Ger Départ 11h30[...]Ateliers d'écriture et éveil corporel Lecture - Conte - Poésie, Danse - Bal - Cabaret, AtelierLucy 76270Le 22/08/2022Rdv au jardin du Crapaud à Trois Pattes. Avec Karine Louis bibliothérapeute et de danse avec Fabienne Jean art-thérapeute, danse de l'Etre et E-Movec. Un ou des enfants invitent un ou des parents, grands parents à partager des moments d'écriture créative et/ou d'éveil corporel et de danse en lien avec les contes et légendes du guidée - Anduze, ruelles et patrimoine Patrimoine - Culture, Pour enfantsAnduze 30140Du 13/07/2022 au 24/08/2022Découvrir un lieu, un village, des histoires et des anecdotes en compagnie d'un e passionné e, c'est quand même plus sympa ! Suivez le guide !On ne soupçonnerait pas ce que cache ce lacis de petites rues. Retracez l’histoire d’Anduze en découvrant ses monuments les plus symboliques la Tour de l’horloge, le Temple, la fontaine Pagode…mais aussi le charme discret de certaines façades.* Infos pratiques - Rendez-vous les mercredis 13, 20 et 27 Juillet et les mercredis 03, 10, 17 et 24 Août 2022- Où? Devant l'Office de Tourisme d'Anduze- Quand? Départ de la visite à 21h00- Tarifs 5 euros pour les adultes dès 12 ans et gratuit - de 12 ans- Durée de la visite 1h30- Réservation obligatoire auprès des bureaux et points d'information touristique "Cévennes Tourisme"- Possibilité de réservation en ligne sur Nombre de places limité à 30 personnesExposition - Bijoux de Sandrine Baur Manifestation culturelleKaysersberg Vignoble 68240Du 16/08/2022 au 22/08/2022Sandrine Baur réalise des bijoux de qualité composés de pierres naturelles et de cristaux Swarowski. La créativité de l’artiste et sa passion pour les travaux manuels lui ont permis d’étoffer sa lignée de bijoux. Retrouvez la cet été pour découvrir ses de la Poudrerie Nationale de Ste Livrade Manifestation culturelle, Histoire - Civilisation, Visites et circuitsCasseneuil 47440Le 24/08/2022Rendez-vous les mercredis des semaines paires à 10h, parking du stade de Casseneuil, route de Ste Livrade. Visite de 2h de la bande dessinée "Les Terrestres"Clamecy 58500Du /00/1e16 au //099Noël Mamère présente la bande dessinée Les Terrestres dont il est l'auteur avec l'illustratrice Raphaelle Macaron. En présence également de Sophie Caillat, l'éditrice. Raphaelle est sceptique par rapport à Noël Mamère, le militant écologiste de la première heure. Ils partent ensemble pour un voyage initiatique. Comment transmettre à la jeune génération sa culture? Comment se comprendre, partager? Aujourd'hui tous les experts sont d'accord, il faut agir vite pour que les humains continuent d'habiter la Terre. Noël Mamère présente à Raphaelle ses amies militantes ...Butô - Grand stage international de daneStrasbourg - 67 Du 22/08/2022 à 0900 au 25/08/2022 à 1200Workshop organisé dans le cadre de Strasbourg danse l’été Son processus pédagogique part du corps physiologique, de l’être enfant, de l’être animal. À partir de là, chaque participant-e se connecte au plus près de son état intérieur du moment, de sa propre énergie, de son propre rythme,[...]le Festivalet Théâtre, Spectacle, Lecture - Conte - Poésie, Visite guidéeRieupeyroux 12240Du 27/08/2022 au 28/08/2022Découvrez le programme et venez encourager la jeune création sur le territoire aveyronnais et célébrer l’héritage de la culture populaire et occitane ! Samedi 27 août Rieupeyroux Gratuit 15h30, place Marie Déléris, devant la médiathèque, Vagabondages en terre d’ici des lectures choisies, à entendre et à partager … Les de la compagnie le talus et des du réseau des médiathèques Aveyron Bas Ségala Viaur vous proposent de vous balader d’un conte à un autre. 17h30, place Saint Martial, au pied de l’église Il était une fois … par les balade accompagnée, dans la sauveté. Venez mettre vos pas dans ceux des de Rieupeyroux, d’hier et d’aujourd’hui. Ils et elles partageront avec vous leur bout de terre et leur histoire. Dimanche 28 août 708 route de salettes sales - Pradinas Entrée à prix libre - Buvette et restauration sur place dans le jardin 16h, spectacle Les Bonnes de Jean Genet d'après Les Bonnes de Jean Genet titre provisoire Spectacle pensé et interprété par Léa Goldstein et Juliane Robillard Castaingts Léa et Juliane ont essayé de monter un spectacle autour de Les Bonnes de Jean Genet. Un spectacle, parce[...]Journées Européennes du Patrimoine Eymet Atelier à ciel ouvert Manifestation culturelle, Patrimoine - Culture, Peinture, Pour enfants, ExpositionEymet 24500Le 17/09/2022Place Gambetta Petits et grands pourront participer à une grande fresque collective sur le thème Eymet, ville d’histoire ». Pinceaux, feutres, crayons, tous les outils d’expressions seront possibles, apporter ce qui vous fait envie. Il ne restera alors plus qu’à ouvrir vos yeux et votre imaginaire ! Le résultat de cette création, née de la coopération de tous, sera exposé à l’Espace Culturel durant la saison. A 1 6 h 3 0 , u n g o û t e r p a r t a g é r é c o m p e n s e r a l e s d e s s i n a t e u r s e n h e r b e !Journées Européennes du Patrimoine Eymet Atelier à ciel ouvert AtelierEymet 24500Le 17/09/2022Place Gambetta Petits et grands pourront participer à une grande fresque collective sur le thème Eymet, ville d’histoire ». Pinceaux, feutres, crayons, tous les outils d’expressions seront possibles, apporter ce qui vous fait envie. Il ne restera alors plus qu’à ouvrir vos yeux et votre imaginaire ! Le résultat de cette création, née de la coopération de tous, sera exposé à l’Espace Culturel durant la saison. A 1 6 h 3 0 , u n g o û t e r p a r t a g é r é c o m p e n s e r a l e s d e s s i n a t e u r s e n h e r b e !Fête du potager Manifestation culturelleHusseren Wesserling 68470Le 28/08/2022La FETE DU POTAGER constitue l’animation majeure de l’association. Elle a lieu chaque année, le dernier dimanche d’août. Elle est l’occasion pour les membres des Jardins de Wesserling » de présenter leur association et leurs projets, d’aller à la rencontre du public mais aussi et surtout d’organiser cet évènement jardin au bénéfice du chantier d’insertion. Cet événement annuel met le potager en ébullition ateliers jardins, ventes de produits du potager, animations, expositions, musique, jeux… Tout est réuni pour passer une agréable journée, conviviale et idéale pour faire le plein d’idées jardin. Au programme Un thème mis à l’honneur avec des animations et des ateliers spécifiques, Des ateliers créatifs avec notamment la réalisation de bocaux décoratifs à partir de fleurs et de légumes des jardins… Des conseils de jardiniers, Des expositions artistiques présentes dans[...]Run ColorAutun 71400Le 28/08/2022Le run color, c'est un parcours à pied sans pression, bref, totalement libre. Le seul impératif, s'habiller en blanc, pour à la fin de la course, devenir un véritable arc-en-ciel ! En début du run color, l'équipe d'Autun Running vous fournit un sac de poudre colorée, des lunettes colorées et votre dossard. A la fin de séance un final de folie avec une ambiance musicale attrayante avec un coach sur motivé tout au long du run ! Run Color, une exclusivité Autun Running et c'est le 28 Aout 2022 au parc central Shumann de St-PantaléonLe Run Color, c'est quoiIl ne s’agit pas d’être le plus rapide ou de franchir la ligne d’arrivée en c’est de participer !!Notre mot d’ordre est Couleurs, Amusement et Plaisir !Entourés des nombreuxes autres coureurses, tu vas vivre une journée exceptionnelle que tu n’es pas près d’oublier ! LA COURSE TRÈS COLORÉE, A chaque km, une projection de couleur, des animations et beaucoup de surprises. Ce n’est pas une compétition, tu peux donc courir à ton rythme ! UNE COURSE POUR TOUS, Nul besoin d’être athlète pour participer, la course n’est pas chronométrée il suffit, au moins, de savoir marcher PLEIN D’ANIMATIONS,[...]Run Color MusiqueAutun 71400Le 28/08/2022Le run color, c'est un parcours à pied sans pression, bref, totalement libre. Le seul impératif, s'habiller en blanc, pour à la fin de la course, devenir un véritable arc-en-ciel ! En début du run color, l'équipe d'Autun Running vous fournit un sac de poudre colorée, des lunettes colorées et votre dossard. A la fin de séance un final de folie avec une ambiance musicale attrayante avec un coach sur motivé tout au long du run ! Run Color, une exclusivité Autun Running et c'est le 28 Aout 2022 au parc central Shumann de St-PantaléonLe Run Color, c'est quoiIl ne s’agit pas d’être le plus rapide ou de franchir la ligne d’arrivée en c’est de participer !!Notre mot d’ordre est Couleurs, Amusement et Plaisir !Entourés des nombreuxes autres coureurses, tu vas vivre une journée exceptionnelle que tu n’es pas près d’oublier ! LA COURSE TRÈS COLORÉE, A chaque km, une projection de couleur, des animations et beaucoup de surprises. Ce n’est pas une compétition, tu peux donc courir à ton rythme ! UNE COURSE POUR TOUS, Nul besoin d’être athlète pour participer, la course n’est pas chronométrée il suffit, au moins, de savoir marcher PLEIN D’ANIMATIONS,[...]Le Brunch d'Apéro ClunyCluny 71250Du /00/1e16 au //099Partagez un moment dans un lieu exceptionnel. Pour notre premier Brunch nous avons mis les petits plats dans les grands ?? Formule "Petit déj" à 12€ De 9h00 à 11h30 - à volonté avec boissons - Viennoiseries - Pancakes - Pains - Œufs mimosa Formule "Midi" à 22€ De 11h30 à 18h00 - à volonté sans boissons - Cake aux olives maison - Verrines - Charcuteries - Rôtis Dinde, bœuf, porc - 4 salades au choix Desserts - Macarons - Meringues - Salade de fruits - Brochette de melon / pastèque P A R T E N A I R E Bière artisanale La Paille Vin Domaine Cindy et Jérémy Vervier Chef à domicile Toques Academy Cluny Capacité limitée - Réservation conseillée Contact 07 79 83 97 15 Parking à disposition Lieu Le Bon Point 65 rue du merle 71250 ClunyConcert du choeur des Davidias Manifestation culturelleIngwiller 67340Le 04/09/2022Le Mini Festival de Musique Juive propose pour cette 12e édition un programme musical varié autour des inspirations yiddish et klezmer pour vous faire vivre une expérience musicale hors du temps ! Le choeur des Davidias se produira à 16h au sein de la Synagogue dIngwiller. Le choeur des Davidias est composé des élèves de l'école privée du même nom située à Brumath. Elody Barret, la fondatrice et directrice, a placé les Arts, notamment le chant et le théâtre au coeur de son projet pédagogique. Les enfants bénéficient ainsi d’une formation lyrique hebdomadaire et en ressortent grandis et passionnés. Une visite guidée de la synagogue est également organisée à 10h le dimanche 4 septembre visite gratuite, sur inscription auprès de l’office de tourisme. Départ à 10h devant la synagogue d’Ingwiller Entrée libre – plateau.
Lachute libre dans un simulateur AirFly est une expérience unique où le rêve de voler devient réalité. Ressentez les sensations réelles du vol en chute libre, exactement comme lors d'un saut en parachute. Le temps de chute libre chez AirFly est au minimum DEUX fois plus long qu'un saut en parachute tandem.*.
Verified answer Ca c'est de la question ! Jordan de son surnom "his airness" possédait une détente assez phénoménale il est vrai. De plus sa capacité à se faufiler entre les défenseurs en étant déjà en l'air donnait l'impression qu'il restait super longtemps en l' Jordan était en avance sur son temps et il avait des qualités athlétiques impressionnantes pour son époque. Si Jordan avait joué à l'époque actuelle il aurait à coup sûre été quand même le meilleur joueur de tout les temps mais sa détente serait passé plus inaperçu tant les qualités des joueurs sur ce point ont c'est mon avis perso!!!Son temps de vol à oui j'oubliais. En fait tout ce que je sais c'est que ses envolés ça reste magique à voir. Je peux vous dire que le gamin qui l'effacera des tablettes est pas né !
FelixBaumgartner, né le 20 avril 1969 à Salzbourg, est un parachutiste et sauteur extrême autrichien qui a battu plusieurs records du monde dont, le 14 octobre 2012, celui du saut le plus haut (39,068 m), devenant le premier homme en chute libre soit 1.173 km/h, soit 729 mph. . Limite extrêmement dangereuse, franchir le mur du son même avec une combinaison adaptée à ce
Vous devez avoir un poids maximum de 113 kg 250 lb. Pesant plus de 230 lbs, il sera coté et un supplément de 35$ sera appliqué au saut. Comment se préparer pour un saut en parachute ?Quel avion pour sauter en parachute ?Pourquoi quand on ouvre un parachute on remonte ?Pourquoi la vitesse de chute ne dépend pas de la masse ?Quel est le prix d’un saut en parachute ?Quel est le poids d’un parachute ?Est-ce que le parachutisme est dangereux ?Quand les premiers parachutes ont été utilisés ?Comment calculer la force d’impact d’un objet ?Comment ne pas avoir peur de sauter en parachute ? Comment se préparer pour un saut en parachute ? image credit © Préparation avant poussière-poussière notre poussière Lire aussi Quelle est la différence entre le Tai Chi et le qi gong ? Un jour à part ça. Le jour où tu sautes en parachute ! … Passe une bonne nuit. … Bon caractère! … Mangez bien, mangez sain ! … Pas d’alcool. … Certains sports. … Préparez vos vêtements. … Notre liste de vérification » des flocons de neige plats ! Quels vêtements pour la combinaison ? La meilleure robe de parachute Nous vous recommandons de porter des vêtements chauds, amples et pas trop serrés. Les vêtements de sport font du bon travail, surtout évitez les pantalons serrés, qui peuvent gêner vos mouvements…. Si vous avez des sous-vêtements techniques c’est encore mieux ! Comment saute-t-il en tandem ? Nous allons ouvrir le parachute et le faire flotter sous le rideau A environ 1500 mètres du sol, le moniteur vous dira que le parachute s’ouvrira rapidement. A l’ouverture, la sensation est similaire au frein lourd de la voiture qui soulève un peu, mais il n’y a pas de douleur. Comment s’est passé le premier entre-deux ? Généralement, le premier saut se fait sur deux chaises, c’est-à-dire qu’un moniteur agréé se colle à vous et gère toute la descente, le trajet, l’ouverture et l’atterrissage du parachute mais vous avez aussi la possibilité de suivre la formation pour sauter seul lors du premier aussi . Articles en relation Quelle est la vitesse maximale d’un bobsleigh ? Quand les soldes à decathlon ? Pourquoi le beach volley ? Quel est le but du jeu d’échec ? Quelle est l’autonomie d’un hélicoptère ? Quel avion pour sauter en parachute ? image credit © Le Pilatus PC6 est un avion parachute des années 2000, une Jeep. Sur le même sujet Comment Gagne-t-on une course de ski alpin ? Le Pilatus PC-6 est une aile ADAC Short Takeoff and Landing construite par la société suisse Pilatus Aircraft. Quel est le prix de la bouillie de parachute ? Réserver un saut en tandem 199 € Le coût des stages de baptême est de 199 € 3000m par jour Parisjump est ouvert, 0 240 en semaine 4000m et 0 270 € les week-ends et jours fériés 4000m. Vous sauterez dans les meilleures conditions pour réaliser une chute libre. Quels sont les risques du parachutisme ? Si c’est trop rapide, les parasites sont à risque d’hypoxie apport insuffisant d’oxygène. Pourquoi quand on ouvre un parachute on remonte ? image credit © Lorsque le parachute ouvre sa manette des gaz, l’air s’engouffre vers le capot et impose une forte résistance, qui est dans un premier temps supérieure à la gravité la chute est cassée en quelques secondes d’environ 200 km/h à 15 km/h, procurant une accélération supérieure 3 et 6 g, donnant vue en parachute… Lire aussi Comment choisir une aile de snowkite ? Comment ouvrir les oreilles après qu’une brosse a sauté ? avaler et avaler en trempant votre nez pour ouvrir les trompes d’Eustache et équilibrer la pression entre l’oreille moyenne et l’extérieur. Qu’est-ce qu’un mouvement de parachute ? Les étapes 2 et 4 correspondent au mouvement de l’exercice en uniforme. En fait la distance parcourue par le parachute est constante entre deux instants différents 2. … Pendant la phase 3 la vitesse du parachute diminue, en effet, le parachute ouvre le parachute ce qui réduit sa chute. Quand on ouvre le balcon, est-ce qu’on monte ? Contrairement à la croyance populaire, lorsque le parachute s’ouvre, le parachute ne retourne pas dans le ciel. La chute libre est facilement raccourcie. Un freinage » et pourtant toujours impitoyable, le corps supporte alors une pression de 2 à 3 G. Pourquoi la vitesse de chute ne dépend pas de la masse ? image credit © Emplacement & quot; Calculs & quot; http//calculis. Lire aussi Comment soigner naturellement l’apnée du sommeil ?net/vitesse, qui fournit des calculatrices pour déterminer la vitesse du corps en chute libre, ajoute La vitesse du corps en chute libre ne dépend pas de sa densité, mais dépend uniquement de l’accélération du champ gravitationnel qui est sous, quand il s’agit de terrain le jardin… Quelle est la vitesse maximale du corps en chute libre ? Vitesse Baumgartner 1 341,9 km/h. Pourquoi tout le corps tombe-t-il à la même vitesse ? Cela nous permet de prouver que les radicaux libres sont inclus dans le MRU, c’est-à-dire qu’ils ont été modifiés par référence ininterrompue. … Puisque les deux corps lâchés en même temps appartiennent à une référence ininterrompue, ils tombent tous à la même vitesse. Quel est le prix d’un saut en parachute ? image credit © Réserver un saut en tandem 199€ Le coût du premier cours est de 199€ à 3000m tous les jours Parisjump est ouvert, 240€ la semaine 4000m et 270€ les week-ends et jours fériés 4000m. Voir l'article Pourquoi Dit-on canoë-kayak ? Vous sauterez dans les meilleures conditions pour réaliser une chute libre. Comment saute-t-on en parachute ? Le saut tombe à au moins 3000 mètres, généralement plus de 4000 mètres, chute libre d’environ 30 secondes à 1 minute. Le parachute s’ouvre à une hauteur de 1 500 m. Quand dois-je étudier seul ? Il faut au moins six sauts pour revendiquer une indépendance complète. Cette méthode est disponible à partir de 15 ans et nécessite un examen médical avant toute intervention, une attestation est requise lors de l’ouverture d’un Quel est le poids d’un parachute ? y compris le poids du moniteur, le poids du passager et le poids du tandem environ 25 kg. Lire aussi Quelle différence entre Marche et randonnée ? Quel est le poids minimum du parachute ? Sans rien faire de mal, l’échelle pour fabriquer une poudre de parachute n’est pas quelque chose qui peut être pris à la légère. En dessous de 38 à 40 kg la ceinture passager tandem sera tendue au maximum. Il est donc fortement déconseillé de transporter des poids légers. Combien de parachute ? Exigences de courbe d’apprentissage Voltige. Vous devez avoir un poids maximum de 113 kg 250 lb. Est-ce que le parachutisme est dangereux ? Après un bref briefing, les candidats peuvent sauter. Depuis plusieurs années, des sessions privées en montagne sont organisées et aucun accident mortel n’est à déplorer. Sur le même sujet Comment Retenir sa respiration pendant un long moment. La glace ne peut donc pas être décrite comme un jeu sérieux. Qui peut apprendre ? Toute personne âgée de 12 à 85 ans dont la taille correspond à la tâche plus de 65 ans, nous contacter au 0658053301. Condition physique suffisante pour une bonne santé. Un certificat médical est recommandé, mais pas obligatoire si vous avez entre 18 et 49 ans en cas de doute, contactez votre médecin. Quelle est la probabilité de sauter en parachute ? Rare Les accidents sont très rares. En France, en 2018, 3 personnes sont mortes lors du boom, de 680 000 blocs. En 2017, aucun accident mortel n’est survenu. Quand les premiers parachutes ont été utilisés ? La création d’un parachute moderne. Fin 1796, André-Jacques Garnerin réussit à monter un chien. Sur le même sujet Comment se joue le tchoukball ? Il a ensuite fabriqué un instrument en voile. Pour lui, il lança avec succès le 22 octobre 1797 un ballon à 915 mètres au-dessus du Tivoli à Paris. Quand le parachute a-t-il été créé ? Le mot parachute a été inventé par Louis-Sébastien Lenormand comme un parasol, qui a été sauté par un inspecteur de Montpellier le 26 décembre 1783. Qui a inventé le premier parachute ? Pourquoi dit-on qu’avant que le parachute ne s’ouvre, le parachute est dans une cour libre ? la première étape de la chute du parachute lorsque le parachute est ouvert. On pense que le parachutiste est dans une cour libre. …, ces 2 valeurs sont raisonnables, donc le parachutiste passera par une vitesse de 100 g qui le tuerait à coup sûr. Comment calculer la force d’impact d’un objet ? La formule officielle. CE = ½ M X V². Pour trouver la bonne solution, il faut diviser les Joules par gravité, par exemple 9,81… Données problématiques Un camion de 40 tonnes roule à 90 km/h. Sur le même sujet Comment S’habiller pour faire du sport. Produit de la puissance / seconde. Comment est calculée une panne de courant ? Normalement, Force = accélération x x. Eh bien cela devrait être possible en reconnaissant que votre arme a expiré en très peu de temps, mais comment l’obtenir à ce moment-là ? Comment est calculée la force d’un objet ? Multipliez la densité d’accélération. La puissance F nécessaire pour déplacer un objet dense m avec l’accélération a est donnée par la formule F = m × a. Ainsi, force = masse est multipliée par l’accélération X Source de la recherche. Comment ne pas avoir peur de sauter en parachute ? Tester un vol en soufflerie peut être une bonne solution pour tester quelques sensations similaires à celles de la poussière de parachute, vous aurez donc une petite introduction à la sensation, même si la poussière de parachute, vous devez tomber dans l’espace depuis l’avion. A voir aussi Comment choisir son poste au football américain ? très bien. Qu’est-ce que ça fait d’être poussiéreux ? En automne cela ne donne pas l’impression de tomber, car le vent vous pousse. Vous pouvez atteindre 200km/h, vous ne ressentez pas la même vitesse qu’une voiture par exemple. Vous n’avez plus les standards habituels, c’est un tout nouveau sens de l’humour. Comment respirer en sautant en parachute ? Respirer librement à l’automne La chute de 200 km/h provoquera beaucoup d’air d’environ 40-50 secondes c’est à ce moment que vous remarquerez l’excellente sensation de poussière de neige. Il est recommandé de respirer par le nez, simplement. Combien de temps faut-il pour sauter en parachute ? De 5 à 15 minutes au sol – de 12 à 25 minutes à bord pour admirer le paysage et la préparation – de 30 secondes à 1 minute en chute libre – de 5 à 12 minutes à l’atterrissage sous le capot – ATTENTION, A VOIR LES NOMBREUSES ACTIVITÉS, …
Unsaut en parachute PAC est un saut d’initiation que nous faisons seuls et pour lequel on est maître du déclenchement de votre parachute. Cependant, nous sommes accompagnés en l’air par deux moniteurs durant l’automne qui assurent notre sécurité et assurent le bon déroulement du saut. La formation dure plusieurs heures, y compris le pliage, la bonne
Prêt à vous élancer dans les airs au-dessus de l’eau pour vivre des sensations incomparables ? Avec le parachute ascensionnel, vous êtes tracté par un bateau à grande vitesse qui vous fera vous envoler pour profiter de la mer vue d’en haut. Mais combien de temps dure une séance de parachute ascensionnel ? Combien de temps dure un vol en parachute ascensionnel ? Généralement, le vol en parachute ascensionnel en lui-même dure de 10 à 15 minutes. Cette durée varie cependant d’une séance à l’autre et peut changer en fonction de l’offre que vous avez choisie pour votre vol. On trouve également des séances de 5 minutes dans les airs, ce qui conviendront aux débutants souhaitant découvrir de nouvelles sensations sans forcer. D’autres formules proposent en revanche de pousser la durée du vol jusqu’à 30 minutes, voire 45 minutes, ce qui ravira les plus audacieux et les amateurs d’activités aériennes ! Quel que soit votre profil, vous pouvez choisir une durée de vol adaptée à vos envies en réservant votre séance de parachute ascensionnel pour vivre un moment inoubliable seul ou à plusieurs. Ces activités pourraient vous intéresser Hérault 34 La note de ce produit est sur 5. 116 avis 80 € Voir plusà propos du produit Parachute ascensionnel à La Grande-Motte Var 83 La note de ce produit est sur 5. 28 avis 90 € Voir plusà propos du produit Parachute Ascensionnel à Hyères - Presqu'île de Giens Pyrénées orientales 66 La note de ce produit est sur 5. 50 avis 70 € Voir plusà propos du produit Parachute Ascensionnel à Argelès-sur-Mer Gard 30 La note de ce produit est sur 5. 49 avis 80 € Voir plusà propos du produit Parachute Ascensionnel au Grau-du-Roi Pyrénées orientales 66 La note de ce produit est sur 5. 7 avis 90 € Voir plusà propos du produit Parachute Ascensionnel à Port Barcarès Hérault 34 La note de ce produit est sur 5. 23 avis 60 € Voir plusà propos du produit Parachute Ascensionnel à Vendres près de Valras Plage Voir plus d'activités Quelle est la durée d’une séance complète de parachute ascensionnel ? Si le vol en parachute au-dessus de l’eau dure généralement une dizaine de minutes, il vous faudra prévoir un peu plus de temps pour l’activité dans son ensemble ! En effet, une séance de parachute ascensionnel débute par un briefing avec les moniteurs qui vous détailleront les règles de sécurité à respecter pendant le vol. Vous serez ensuite équipé d’un harnais et d’un gilet de sauvetage avant de monter à bord du bateau. Une fois en mer, vous prendrez progressivement de la vitesse pour vous envoler pendant la durée prévue, puis vous ralentirez pour redescendre sur l’eau. Comptez donc sur un minimum de 30 minutes environ pour une excursion complète !
Combiende temps dure la chute libre ? Le temps de chute libre dépend bien évidemment de votre poids, qui entrainera une chute plus ou moins longue. Mais de façon générale, vous chuterez pendant 30 secondes jusqu'à 1 minute. Ensuite, vous aurez le temps d'admirer le paysage porté par la voile du parachute, pendant un quart d'heure.
Avec les beaux jours, les personnes ayant toujours rêvé de s'offrir un saut en parachute se laisseront plus facilement tenter. Il fait beau, chaud, le ciel est dégagé, c'est le moment de l'année idéal pour sauter le pas. Cependant, avant de se jeter dans le vide, mieux vaut connaître quelques informations pour savoir ce qui vous attend… Un saut en parachute, comment ça se passe ?Ce qu'il faut savoir avant de se lancer Un saut en parachute, comment ça se passe ? Pour commencer, il est bon de faire une petite piqûre de rappel surtout s'il s'agit de votre premier saut en parachute. Le saut en parachute est une pratique sportive qui se fait au sein de club, associations et écoles de parachutismes. Pour les débutants, les étapes qui composent cette activité se dérouleront souvent de la même manière d'un lieu à l'autre. Tout d'abord, il faudra prendre rendez-vous en précisant combien de personnes comptent faire un saut en parachute pour que l'organisme qui s'occupera de préparer l'activité puisse anticiper. Une fois sur place, des professionnels commenceront par vous expliquer comment va se dérouler l'activité, ils vous sensibiliseront aux diverses consignes de sécurité et répondront aux différentes questions. Ensuite, c'est à la phase d'équipement qu'il faudra passer. Bien souvent, une combinaison sera fournie, mais il est préférable de venir dans des vêtements confortables, baskets aux pieds. Des lunettes et parfois des casques seront également prêtés le temps de la durée du saut. Arrive ensuite le moment de grimper dans l'avion, chaque personne qui sautera sera accompagnée d'un professionnel qui sautera avec elle en tandem c'est à dire accroché l'un à l'autre. Ainsi, tout le monde montera à bord et l'avion prendra de la hauteur jusqu'à la bonne altitude. Viendra ensuite le moment tant attendu du saut en parachute. C'est le moniteur qui sécurisera les attaches et donnera ensuite le top » pour sauter depuis l'avion, s'en suivra ensuite un temps de chute libre, puis le moniteur ouvrira le parachute ce qui permettra de terminer la course vers le sol. Enfin viendra le moment de l’atterrissage. Il faut parfois un petit temps pour se remettre de ses émotions, mais c'est une expérience qui est généralement très appréciée par celles et ceux qui décident de se lancer plus d'informations sur le sujet sur le blog Ce qu'il faut savoir avant de se lancer Même si le saut en parachute est une activité très régulièrement pratiquée, il n'en reste pas moins qu'elle comporte des risques et il faudra donc s'assurer de s'adresser à un club, une association ou encore une école de parachutisme sérieuse qui a l'habitude de proposer ce type de prestation. Les personnes souffrant de problèmes cardiaques, vertébraux ou ORL ne pourront pas pratiquer le saut en parachute, car cela représente un risque de santé. Qui plus est, les mineurs seront acceptés la plupart du temps à partir de l'âge de 15 ans, mais uniquement avec une autorisation parentale en leur possession. Il existe également un poids et une taille minimum et maximum à respecter pour pouvoir sauter. Ainsi, il faudra commencer par se renseigner auprès de l'organisme choisi afin de savoir s'il sera effectivement possible de vivre cette expérience. Côté coût, il faudra bien souvent compter entre 250€ et 400€ pour un premier saut un article sur le sujet ici. Les tarifs sont variables selon l'organisme, mais aussi la situation géographique, car tous les panoramas ne sont pas les mêmes. Enfin, il est tout à fait possible de garder une trace de cette expérience. En effet, il sera bien souvent possible d'opter pour plusieurs types d'options vidéos et photos. On pourra par exemple opter pour l'installation d'une GoPro il n'est pas possible d'apporter la sienne, c'est l'organisme uniquement qui fournira le matériel, mais il sera également possible de demander à ce qu'un second sauteur filme la descente en se tenant en face de soi. Un coût supplémentaire qui peut être considérable, mais qui peut en valoir la peine si l'on souhaite se souvenir de ce moment unique et avoir des preuves que l'on l'a effectivement fait!. Passionné d'informatique ?, de cyclisme ? enfin de sports en général et de pâtisserie ?, c'est à moi que reviennent ces sujets. J'espère qu'aux travers de mes publications et celles de Hugo vous trouverez les réponses à vos questions. J'aurai plaisir à répondre à vos questions complémentaires en commentaires ? En cours 3 min Sauter en parachute ce…
Unsaut en tandem va vous permettre de vivre l’euphorie de la chute libre sans vous soucier de quoi que ce soit ! 10 à 15 minutes de vol en avion, puis accroché à un moniteur tandem hautement qualifié, vous sauterez à 4000 mètres d’altitude. Vitesse de pointe : PLUS DE 200km/h !!! La descente sous le parachute dure 5-6 minutes, soit
Les sensations de la chute libre sans sauter en parachute. La chute libre en soufflerie indoor skydive est une activité qui peut être pratiquée par absolument tout le monde. Et si vous aviez encore un doute, voici un article qui vous explique en détail de quoi il s’agit. Vous cherchez une activité originale pour un EVG / EVJF ? Vous avez envie d’une sortie un peu différente pour vos week-ends en famille ou entre amis ? Alors oui, vous pouvez réserver une session de chute libre en soufflerie ! L’activité n’est pas du tout réservée aux parachutistes, aujourd’hui, la chute libre s’est énormément démocratisée. En plus, on commence à trouver de l’indoor skydive dans de nombreuses grandes villes d’Europe comme Madrid ou Paris. Ce qui fait que l’activité commence à être vraiment accessible à tous ! La simulation de chute libre n’est pas une activité particulièrement contraignante physiquement. Psychologiquement, pas de risque d’avoir le vertige, peur du vide, peur de l’avion… Après une formation de 20 minutes pour apprendre les bons mouvements et pouvoir planer seul, vous entrez dans un tube de verre sécurisé et vous vous laissez porter par le vent ! Facile et vraiment unique en son genre ! En fonction de la formule choisie, vous passerez 2 minutes à 10 minutes au total dans la soufflerie, généralement par tranche d’environ 40 secondes. La simulation d’une chute libre d’un avion est donc parfaite puisque c’est à peu près le temps qui s’écoule avant l’ouverture du parachute. On recommande de faire l’activité en groupe pour partager les bons moments et les situations un peu loufoques comme pa exemple devoir se gainer sur un tabouret pour adopter la position de la chute libre lors du briefing. Ou quand on oublie de fermer la bouche pendant notre tour dans les airs… On vous laisse découvrir ! A savoir, si vous avez un handicap, il est possible de pratiquer la chute libre avec un minimum de préparation avant. Les moniteurs sont souvent formés à l’accompagnement des personnes à mobilité réduite. Et, bien évidemment, le vent artificiel se charge de vous maintenir en l’air. A noter aussi que l’air qui est soufflé, arrive avec une puissance phénoménale pour pouvoir reproduire les effets d’une chute dans le ciel et ainsi vous faire voler donc ne soyez pas trop étonné s’il vous arrive en pleine figure. Vous avez un masque sur les yeux et si le vent dans le nez vous empêche de respirer, alors demandez un casque intégral fermé ou détendez vous pour apprendre à respirer en l’air. Sinon vous pouvez partir en apnée mais vous ne tiendrez pas longtemps et vous n’apprécierez pas les sensations unique de l’expérience. Donc restez zen, calmez-vous et kiffez le moment car ça ne dure qu’une minute par session donc c’est assez court et il faut mieux en profiter. Si vous vous sentez à l’aise, alors le moniteur pourra vous proposer de monter tout en haut du tube de verre fly-up, ça vous coûtera 9 euros de plus mais ça vaut bien le coup. L’expérience de la chute libre en soufflerie coûte fois quatre fois moins cher qu’un saut en parachute et dure deux fois plus longtemps donc c’est un bon compromis pour débuter. Indoor skydive pratique sportive D’abord, non, ce n’est pas une question de nom qui différencie la pratique. La chute libre en soufflerie ou depuis un avion est un véritable sport. Il existe de multiples disciplines dans la chute libre comme le Freestyle, le Freefly, le Swooping… Le plus connu étant surement le Vol Relatif. La soufflerie permet à un athlète de s’entraîner à maîtriser parfaitement ses mouvements pendant la chute libre. L’espace restreint du tube oblige les sportifs à être précis et à contrôler l’ampleur de leurs mouvements. C’est un bonus non-négligeable pour aller chercher la perfection lors d’un saut en parachute ou une compétition. Vous avez sans aucun doute vu la vidéo incroyable de Luke Aikins, qui a sauté sans parachute… Eh bien s’il a réussi à atteindre sa cible 7,5 kilomètres plus bas c’est grâce à une parfaite maîtrise de la chute libre ! Non, vous n’atteindrez pas son niveau en ne pratiquant que la soufflerie. Mais on le sait, tous les sports demandent une répétition inlassable de certains mouvements. Et l’indoor skydive est une solution simple pour garder la forme en hiver et ne pas perdre ses acquis ! Les conditions pour participer à une session de chute libre en soufflerie Que ce soit pour une pratique sportive ou juste pour une sortie entre potes, il y a quand même des conditions. Cette activité reste dans le domaine sportif et peut présenter des risques si elle est pratiquée n’importe comment. Chaque structure de chute libre indoor a ses propres degrés de règles évidemment. Néanmoins, les bases sont toujours les mêmes. – Un poids maximum pour la pratique généralement autour de 110 / 120 kilos. Au-delà, vous pouvez toujours vous renseigner auprès de la structure pour savoir s’ils peuvent adapter la puissance du ventilateur. Vous ne courrez aucun risque mais ce serait dommage de ne pas vous envoler ! – Un âge minimum propre à chaque structure, sachez quand même que les jeunes enfants sont souvent admis. Chez iFly par exemple, les enfants à partir de 5 ans sont les bienvenus. Ils doivent être accompagnés de leurs parents qui sont tenus d’assister au briefing. Vous pouvez donc programmer une sortie indoor skydive en famille ! – Pas de blessures récentes si vous avez le bras dans le plâtre… Non. Si vous vous êtes luxé l’épaule ou démis un genou récemment… Non. Dans le doute, parlez en à votre médecin et surtout, mentionnez le à vos moniteurs ! – Bien sûr, mais on ne le répètera jamais assez être en pleine possession de vos moyens. Si vous êtes sous l’influence de la drogue ou de l’alcool, vous risquez de vous voir refuser l’accès à la soufflerie ! A l’intérieur du tube, il faut que vous soyez attentif aux consignes de votre moniteur. Cela passe par avoir l’esprit clair, comme dans beaucoup de sports. – Activité déconseillée aux femmes enceintes. Il faudra attendre quelques mois mais en attendant, prenez des notes sur la technique… Et surtout des photos, beaucoup de photos ! Par rapport au saut en parachute Vous n’avez jamais sauté en parachute parce que ça vous fait peur ? Eh bien vous pouvez mettre de côté la peur de sauter d’un avion en marche… et quand même connaître le plaisir de la chute libre. La simulation est parfaite, le vent créé par un ventilateur géant vous porte et vous fait sourire bêtement, comme lors d’un vrai saut ! Vous apprendrez de la même façon que lors d’un saut en parachute à vous positionner correctement en l’air pour avoir un maximum de portance et ne pas piquer du nez. La différence c’est que sous vos pieds, il y a un filet, pas des champs. La technique de chute libre ne varie pas entre un saut en parachute et l’indoor skydive. La sensation de la chute libre est très similaire que vous sautiez en parachute ou que vous soyez en soufflerie. En fait, les lois physiques s’appliquent quoi qu’il arrive et la sensation de flottement est tout à fait comparable. Par contre, le paysage et l’adrénaline n’ont rien à voir… C’est évident. Toujours est-il que l’indoor skydive est vraiment une super expérience ! Vous êtes maintenant convaincus que cette activité est ouverte à tous. Il ne vous reste plus qu’à trouver un simulateur de chute libre proche de chez vous et à vous lancer ! Voir les activités de soufflerie avec Adrenaline Hunter
Soldatsaméricains largués par des C-141 Starlifter en Australie en 2001 lors d'un entraînement. Le parachutisme militaire est la technique consistant à mettre en place au sol, par parachute, du personnel, du matériel ou des approvisionnements dans le cadre d'opérations militaires. L'utilisation du parachute comme moyen de secours n'entre
MARSEILLE, 27 juin 2007 AFP - 16h07 Un parachutiste français réussit une simulation d'un saut de 40 km de haut Un parachutiste français, Michel Fournier, a effectué mercredi avec succès à Marseille une simulation d'un saut de 40 kilomètres d'altitude dans un caisson recréant les conditions de pression atmosphérique, a constaté une journaliste de l'AFP. Michel Fournier, 63 ans, ambitionne d'effectuer ce "grand saut" en conditions réelles au Canada cet été et d'établir ainsi le record du monde de saut en chute libre. L'Américain Joseph Kittinger avait sauté de 31 kilomètres en 1961 mais son record n'a pas été officiellement homologué, tandis qu'un Russe qui tentait les 24 km est mort lors de sa tentative, a précisé l'équipe organisant ce défi. Le test effectué dans un caisson "hypobare" -à très basse pression- de la société marseillaise d'ingénierie en milieux extrêmes Comex, a permis de tester la fiabilité de l'équipement de Michel Fournier notamment son scaphandre pressurisé. Un précédent test en 2005 avait permis de découvrir des anomalies. "C'était le test capital et ça a marché!", s'est réjoui Michel Fournier, déjà détenteur du record de France de saut en chute libre mètres de haut. Lors du saut réel, Michel Fournier, sera vêtu d'une combinaison composée d'un matériau tenu secret qui lui permettra de résister à des températures allant jusqu'à -115 degrés. Il devrait atteindre une vitesse vertigineuse, au-delà de la vitesse du son 340,3 m/s. © 2007 AFP. ça n'était pour l'instant qu'une simulation, mais ce Michel Fournier va tenter le saut prochainement aucune date n'est donnée, par contre. quelqu'un pourrait nous parler un peu des conditions atmosphériques rencontrées on imagine des conditions idéales, bien sûr et des difficultés liées à un tel saut en très haute atmosphère?
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